vendredi 29 juin 2007

À la recherche d'espaces verts

Semaine qui se termine dans l'épuisement. Semaine éprouvante. Sujets difficiles à traiter. Sujets divers ? Non. Sujets d'hiver à vous glacer le dos en pleine canicule. Dans une lumière aveuglante, la chaleur ajoute à l'inconfort. Je recherche pour moi-même quelques zones d'ombre. Je vais trouver ma Part d'ombre, dont parle Ellroy. Je quitte, pour le week-end, mes livres (à l'exception de celui de Nick Flynn, Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie chez Gallimard que j'apporte dans mes bagages), ma musique, mon ordinateur, un environnement douillet pour me réfugier vers les espaces ouverts. Peu jongleur avec mes mots, je laisse au lecteur les autres mots qu'il faut pour écrire une poésie.


Si je tends la main à l'homme qui se noie, il m'entraînera au fond.


Je ne peux pas lui servir de canot de sauvetage.


(Nick Flynn)


Entre temps, je vous livre un Dead Can Dance qui a


bousculé toutes mes références musicales.


Une belle page de l'humanité tirée du très beau film Baraka


 



 


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À lundi.


 


 

jeudi 28 juin 2007

Le droit aux enlèvements, selon la vision du Hamas

Gilad Shalit est ce jeune soldat israélien enlevé en juin 2006 par des groupes palestiniens. Son cas émeut la population israélienne. Selon le Yediot Aharonot, un sondage montre qu’une forte majorité d’Israéliens (61 %) est prête à accepter la libération de « centaines de prisonniers palestiniens y compris des meurtriers ». Le vice-Premier ministre d’Israël, Eli Yishaï, avait formulé le souhait que des négociations soient entreprises avec le Hamas pour une libération immédiate du jeune soldat. Le ministre de l’Habitat, Meir Sheetrit, membre du parti centriste Kadima d’Olmert, s’est joint au vice-premier ministre pour souhaiter la tenue de négociations.


Dans un enregistrement sonore, le jeune soldat a livré un témoignage qui a ému : « Moi le soldat Guilad, fils de Noam Shalit, détenu par les Brigades du martyr Ezzedine Al-Kassem, je vous transmets, papa, maman, mon frère, ma sœur, mes amis de l’armée, le bonjour depuis ma prison, et je vous languis tous. Je suis déjà emprisonné depuis un an, ma santé s’est encore détériorée et j’ai besoin d’une hospitalisation prolongée. Je regrette le manque d’intérêt pour mon sort du gouvernement israélien et de Tsahal, ainsi que leur refus de répondre aux exigences des Brigades Al-Kassem. Il est évident qu’ils doivent accéder à ces revendications pour que je puisse être libéré de prison, en particulier du fait que j’étais en mission dans le cadre d’une opération militaire, et sous les ordres de l’armée. Je n’étais pas un trafiquant de drogue. De même que j’ai père et mère, de même des milliers de détenus palestiniens ont des papas et des mamans à qui il faut restituer leurs enfants. J’ai grand espoir en mon gouvernement pour qu’il montre plus d’intérêt pour mon sort, et qu’il réponde aux exigences des Moujahiddines. Caporal Gilad Shalit ».


Le Hamas n’en démord pas. Les ravisseurs réclament la libération par Israël de centaines de prisonniers palestiniens en échange de celle de Shalit. Ils exigent la libération de toutes les femmes, tous les mineurs et de 1.000 autres prisonniers arabes, dont des responsables de groupes militants palestiniens.


Comment libérer Gilad Shalit, sans risquer de remettre des dizaines de terroristes sur le marché de la mort ?


Un député, Rav Itshak Lévy, (Ihoud Leoumi – Mafdal), a, en novembre 2002, perdu sa fille, Ayelet – Hashahar, au cours d’un attentat près du marché de Mah’ané Yehouda à Jérusalem. Malgré ce drame, il a proposé, en échange de Gilad Shalit, la libération des terroristes, et parmi eux, les assassins de sa fille, à condition qu’ils soient expulsés du pays. Dans une lettre adressée au Premier ministre, le député indique « que la seule voie possible pour accepter un échange, est de faire ne sorte que les terroristes libérés soient transférés dans un État arabe, et soient interdits d’entrée en Israël, inclus la Judée-Samarie et Gaza (…) Nous ne sommes pas attachés à une quelconque vengeance, et le retour de nos fils à la maison est plus importante à nos yeux que l’emprisonnement de tel ou tel terroriste. Mais il faut qu’ils ne puissent plus constituer un danger pour notre population » (Arouts Sheva).


Pour Ehoud Olmert : « Israël ne parlera pas avec le Hamas, le Hamas n'est pas un partenaire ».Cette déclaration s’inscrit bien évidemment dans cette politique qui veut que Israël considère le Hamas, qui ne reconnait pas l'existence de l'État hébreu et prône la poursuite de la lutte armée, comme une organisation terroriste avec laquelle il refuse officiellement tout contact.


Après cette diffusion du jeune soldat Gilad Shalit, un autre prisonnier est apparu en public : âgé de 45 ans, Alan Johnston, correspondant anglais à Gaza pour la BBC, a été enlevé le 12 mars dernier dans une rue de Gaza. Johnston, détenu par l’Armée de l’Islam, mouvement palestinien apparemment lié à Al-Qaïda, est apparu dans un enregistrement vidéo avec une ceinture d'explosifs à la taille. Selon son message, toute tentative du Hamas de donner l'assaut afin de le libérer entraînerait sa mort.


L’Armée de l’Islam exige la libération de Sajida Rishawi, une Irakienne condamnée à mort en Jordanie pour avoir participé en novembre 2005 à des attentats-suicide, de l'islamiste Abou Mohammad Al-Maqdissi, détenu en Jordanie depuis juillet 2005 (il est soupçonné d'être le guide spirituel du No2 d'Al-Qaïda, Abou Moussab al-Zarqawi), et d'Abou Qatada, considéré comme le guide spirituel d'Al-Qaïda en Europe, détenu en Grande-Bretagne. « Il n'y aura pas de compromis, soit (Johnston) restera en captivité pour mille ans, soit il sera égorgé tel un agneau », a menacé le groupe l’Armée de l’Islam.


Le Hamas n’approuve pas cet enlèvement. Il a réitéré son appel à la libération inconditionnelle du journaliste : « Nous disons clairement que les ravisseurs de Johnston doivent le libérer immédiatement et sans condition et ne pas porter atteinte à sa vie ». Depuis qu'il a pris le contrôle de Gaza, le mouvement de la résistance islamique (Hamas) s'est engagé à obtenir la libération de Johnston, pour tenter apparemment de s'attirer les bonnes grâces de la communauté internationale et d'affirmer son autorité sur le petit territoire.


Pour Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, cité par le Nouvel Observateur, « Alan est le quatorzième journaliste enlevé à Gaza depuis janvier 2005. Les treize fois précédentes, l'Autorité et les responsables palestiniens ont négocié avec les ravisseurs, et les journalistes ont été rapidement libérés. Le problème, c'est que personne n'a jamais été sanctionné. Pourquoi les enlèvements s'arrêteraient-ils ? » Selon Robert Ménard : « cette prise d'otage va à l'encontre des intérêts des Palestiniens. Alan est le dernier journaliste occidental à vivre à Gaza. Il a fait ce choix pour continuer de montrer les conditions de vie de la population. Depuis qu'il n'est plus là, il n'y a plus personne qui vit leur drame ».


Après avoir pris le pouvoir le 15 juin dans la bande de Gaza, le Hamas avait, selon le quotidien Le Monde, affirmé être en négociations avec l'Armée de l'islam en vue d'obtenir sa libération. « Nous ne permettrons à personne de ternir la réputation de notre peuple et de sa lutte et par conséquent nous mettons en garde contre toute atteinte à la vie de Johnston », avait rappelé le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum.


Ces choses là étant dites, y a-t-il un pilote dans l’avion ? D’un côté, le Hamas négocie la libération du jeune soldat israélien, et de l’autre, il exige d’un groupuscule une soumission inconditionnelle aux ordres qu’il lui transmet. L’exemple vient de haut. La main gauche ignore ce que fait la main droite. Aux yeux du monde, le Hamas s’enfonce un peu plus, chaque jour.


 


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mercredi 27 juin 2007

Bonjour. Ici Téhéran en information continue...

Permettez-moi, une fois n'est pas coutume, de relayer dans son intégralité une information parue dans le Figaro , édition du 26 juin 2007 :

Les autorités iraniennes lanceront la semaine prochaine une chaîne satellitaire d’information en continu et en anglais.

Mohammed Sarafraz, le directeur des services internationaux de la Radio-télévision de la République islamique d'Iran, explique :

"Les informations sont pour la plupart couvertes par les médias occidentaux. Nous aimerions avoir notre mot à dire et montrer l’autre versant de l’histoire". C’est par ces quelques mots que le directeur de la programmation de la télévision iranienne justifie l’irruption, lundi prochain, de Press TV, la première chaîne satellitaire iranienne d'information en langue anglaise.

La rivale des CNN, BBC World, Al Jazira ou France 24 disposera de journalistes iraniens et étrangers (Britanniques et Américains notamment) répartis dans vingt-six bureaux à travers le monde (Téhéran, bien sûr, mais également Washington, New York, Londres, Beyrouth et Damas, et peut-être Bagdad et le Caire).

Press TV dispose déjà d’un site d’information en anglais très riche, avec des vidéos.

Quels seront les grands réseaux qui prendront le risque d'offrir à leur aimable clientèle la chaîne satellitaire d'information en continu venant de Téhéran ?

Informez-moi s.v.p.

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mardi 26 juin 2007

La Palestine ou l'« irakisation » de tout le Proche-Orient

Station balnéaire de Charm el-Cheikh à la mer Rouge, en Égypte. Lieu particulièrement prédestiné pour des rencontres au sommet. C’est là que s’était déroulée la conférence internationale sur l'Irak, deuxième tentative pour obtenir de ses voisins directs des engagements pour la stabilité du pays, après celle du 10 mars à Baghdad qui a déçu les attentes. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki avait appelé tous les pays à annuler les dettes de son pays, dettes qui s’élevaient à quelque 50 milliards de dollars notamment envers l’Arabie saoudite, le Koweït, la Russie et la Chine. Une première tranche de 100 milliards de dollars avait déjà été annulée par les pays membres du Club de Paris.


Cette fois-ci, à l'initiative du président égyptien, Hosni Moubarak, le roi Abdallah II de Jordanie, le président palestinien Mahmoud Abbas et le premier ministre israélien Ehud Olmert discuteront de la situation dans les territoires palestiniens après la prise du pouvoir dans la bande de Gaza par le mouvement Hamas, ainsi que de la nécessité de la reprise du processus de paix au Proche-Orient. Cette réunion des « grands » du Proche-Orient se veut une ouverture sur un grand sommet quadripartite israélo-arabe.


Comme d’habitude, beaucoup d’espoir. Il faudra attendre pour les résultats. Mahmoud Abbas attend de ce sommet le soutien si essentiel dans sa lutte contre le mouvement islamiste Hamas, ainsi que des démarches concrètes de la part de la direction israélienne en vue d'améliorer la vie des Palestiniens. Le président palestinien entend demander « la levée complète du siège et la mise en place d'actions concrètes pour faire avancer le processus de paix vers la création d'un État palestinien ». Dans son allocution, Mahmoud Abbas à lancer, à son homologue Ehud Olmert, une invitation officielle : « Je vous appelle à entamer des négociations politiques sérieuses selon un calendrier agréé, dans le but d'établir un État palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale, vivant au côté d'Israël ».


Pour démontrer une certaine ouverture, le gouvernement israélien vient d’approuver « le principe » du transfert de centaines de millions de dollars de taxes douanières et impôts dus aux Palestiniens. Ce dégel, par l'État hébreux, des 600 millions de dollars appartenant aux Palestiniens, ainsi que l'allègement de la vie des populations dans les territoires occupés en Cisjordanie, ont, bien évidemment, pour seuls buts de renforcer le président Abbas face au Hamas.


Ehud Olmert a également annoncé qu'il comptait libérer 250 prisonniers du Fatah, le mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas. Ces prisonniers palestiniens devaient s'engager à « ne plus être impliqués dans le terrorisme ». « Il est important que chaque Palestinien comprenne que nous tendrons la main à ceux qui sont prêts à entretenir des relations de paix et de réconciliation avec nous », a ajouté le premier ministre israélien. « Il n'y a pas d'autre solution que deux États vivant en paix et en sécurité ».


En ce moment très délicat, avec le Fatah d'un côté et le Hamas de l'autre, il est très important, pour Israël, de rassembler tous les pays modérés pour contribuer à la stabilité dans la région et de relancer le processus de paix.


Jamais la Palestinienne n’a autant frôlé la catastrophe depuis que le Hamas, qui règne en maître absolu dans la bande de Gaza, a mis en déroute toutes les forces sous contrôle du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et de son mouvement Fatah. M. Hosni Moubarak, l’hôte de la rencontre de Charm el-Cheikh avait condamné le « coup d'État » du Hamas dans ce mini-territoire, Gaza, de 360 km2 verrouillé entre Israël et l'Égypte.


La question que se posent les observateurs politiques, aguerris aux nombreuses querelles fratricides du Proche-Orient, est l'atteinte possible de l’objectif de cette conférence de conférer une impulsion aux relations entre Palestiniens et Israéliens, de créer une atmosphère qui puisse contribuer à la reprise du processus de paix au Proche-Orient.


La rupture entre les deux factions palestiniennes est profonde. Leïla Shahid, Déléguée générale de la Palestine auprès de l'Union européenne, de la Belgique et du Luxembourg, rappelle, dans une entrevue accordée au Nouvel Observateur, que : « les militants du Hamas, ces derniers mois, ont accumulé les frustrations ; ils avaient gagné les élections mais ils se sont sentis très vite dépossédés de cette victoire, puisque la communauté internationale, menée par les États-Unis et le Fatah lui-même, a continué à les boycotter. Un an plus tard, Mahmoud Abbas a corrigé cette erreur, il a initié un dialogue avec le Hamas et constitué un gouvernement d'union nationale, sous la caution de l'Arabie Saoudite et des pays arabes. Le Hamas a alors fait un effort en disant qu'il respectait les accords signés par l'OLP, qu'il acceptait donc la reconnaissance d'Israël et le processus politique engagé. Pourtant le boycott international a continué. Ce nouvel échec a amené les gens du Hamas à croire qu'il n'y avait plus d'autre issue que le rapport de force. Ils l'ont planifié et, malheureusement, exécuté ».


Cette opinion rejoint celle qu’émettait tout récemment Jimmy Carter qui, en termes durs, dénonçait le comportement d’Israël, des États-Unis et de l’Union européenne. Selon l’ancien président le prix Nobel de la paix, les USA l’Europe et Israël doivent mettre un terme à leur politique favorisant le Fatah au détriment du Hamas, faute de quoi ils condamnent le peuple palestinien à une aggravation du conflit entre les mouvements rivaux. Jimmy Carter juge que le Hamas, en dehors du fait d’avoir gagné un mandat électoral incontestable qui aurait du lui permettre de diriger le gouvernement, avait fait la preuve d’une meilleure organisation tant politique que militaire lors de sa confrontation avec le Fatah. Loin d’avoir encouragé le Hamas dans sa transition vers la vie politique parlementaire, Israël et les USA, avec l’accord de l’Union Européenne, ont cherché à renverser le résultat des urnes, en écartant le Hamas et en aidant Abbas à conserver les rênes du pouvoir politique et militaire. « Cette conduite était criminelle », a-t-il déclaré en poursuivant : « Les États-Unis et Israël ont décidé de punir le peuple de Palestine, et ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour empêcher un compromis entre Hamas et Fatah ».


Les leaders du Hamas, y compris le chef du gouvernement palestinien limogé Ismaïl Haniyeh, refusent de reconnaître, pour légitime, la décision de Mahmoud Abbas de mettre sur pied un nouveau gouvernement, proposent de renouer le dialogue interpalestinien et de former un gouvernement de coalition. Mahmoud Abbas exclut, pour sa part, tout dialogue avec les « putschistes » du Hamas. Il les appelle plutôt à déposer les armes et à demander pardon au peuple palestinien.


Matti Steinberg est spécialiste des mouvements palestiniens, professeur à l'université hébraïque de Jérusalem et au Centre interdisciplinaire de Herzliya. Il a expliqué au correspondant du quotidien Le Monde, à Jérusalem, que Mahmoud Abbas « incarne maintenant la stabilité, ce à quoi aspire la Cisjordanie, mais il va être jugé sur ses résultats, et s'il n'est pas capable d'en apporter, l'opinion se retournera vers le Hamas. Le Hamas se renforce chaque fois que l'Autorité palestinienne s'affaiblit. Je préfère parler de l'Autorité plutôt que du Fatah parce que je ne sais plus très bien ce qu'est le Fatah aujourd'hui. Dans cet affaiblissement, ce n'est pas tant la corruption qui joue que l'absence de résultats politiques par rapport à Israël. Le vrai sujet est là. Il faut donc raviver un processus politique, rendre la perspective de deux États (israélien et palestinien) à nouveau envisageable ».


Comme le rappelle à nouveau Leïla Shahid : « Nous étions déjà divisés entre deux secteurs géographiques. Maintenant nous sommes aussi divisés en deux entités politiques ». Comment ne pas être d’accord avec son constat : « Si l'on continue à prendre en otages des populations misérables ou à vouloir attiser le feu, alors on va tout droit vers une « irakisation » de tout le Proche-Orient. […] Les Palestiniens, toutes tendances confondues, ne supporteront pas que l'on maltraite encore plus les gens de Gaza. Est-ce cela que le monde souhaite ? »


 


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Sources : RIA Novosti, AFP, Reuters, Nouvel Observateur, Le Monde


 


 

lundi 25 juin 2007

« Les femmes américaines ne veulent plus de Bush pour gouverner le pays »

Courrier International, reprenant une analyse de Newsweek, titre : « les femmes ne veulent plus de Georges W. Bush pour gouverner le pays ». « Je ne m'attendais pas à ce que Bush soit capable de mener à bien une politique de santé ou d’éducation, je pensais par contre qu'il savait faire la guerre, or il a perdu sur tous les tableaux », confirme Ann Lewis, responsable de la communication au Parti démocrate. La politique de santé et plus particulièrement l’accès aux médicaments pour le troisième âge est un désastre. Les femmes n’y croient plus du tout. Aux yeux des femmes, seule l’élite est favorisée par les mesures prises depuis quatre ans par le gouvernement actuel.


Hormis ce désaveu des femmes américaines, force est de convenir que, dans la vie du président américain, tout ne va pas très bien. Selon un sondage publié par l'hebdomadaire Newsweek, sa cote de popularité a atteint un nouveau niveau historique, faisant du 43e président des États-Unis le plus impopulaire depuis Richard Nixon. En janvier 1974, sept mois avant sa démission, Nixon ne pouvait compter que sur 23% d'opinion favorable.


Fait plus grave : la lutte contre le terrorisme, priorité numéro un de l'administration Bush, vient de basculer dans le camp des insatisfactions. 50% des Américains désapprouvent la politique de leur président en matière de terrorisme.


Mince consolation pour le président américain, le congrès démocrate va de mal en pis : selon un sondage Gallup, il n'y aurait que 14% des Américains qui font confiance au Congrès, dominé par une majorité démocrate, le plus bas score jamais enregistré par cet institut, tandis qu'un groupe de 32% se dit satisfait de l'action du président George W. Bush. Newsweek, pour sa part, n’évaluait qu’à 26% les américains qui se disent satisfaits de M. Bush. Sa politique concernant l'assurance-maladie est approuvée à 28%, et désapprouvées à 61%. Quant à l'immigration, 23% des Américains interrogés sont d'accord avec son action, et 63% contre.


« Les Américains sont mécontents de nous, démocrates et républicains, parce que nous ne faisons pas avancer les choses », constate le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid. La majorité démocrate (qui repose sur l’ajout de deux indépendants) ne garantit pas à ce parti la marge de manœuvre nécessaire pour mener à terme ses réformes dont celle sur l'immigration et pour imposer une date de retrait des troupes américaines que le président américain refuse catégoriquement. Il faut 60 voix pour faire adopter une loi et bloquer l'opposition.


 


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Voici une revue de dix dossiers embarrassants avec lesquels devra composer le président américain jusqu’aux prochaines élections de 2008.


Premier dossier embarrassant : Guantanamo. John Bellinger est le conseiller juridique du Département d’État. À son avis, fermer Guantanamo est plus facile à dire qu’à faire. Il répondait à Colin Powell qui avait estimé que si cela ne tenait qu’à lui, Guantanamo serait fermé « pas demain mais cet après-midi ». Le problème semblerait, selon ce qu’explique John Bellinger, de taille : « Les pays critiquent et se plaignent volontiers sur Guantanamo, mais peu ont accepté d’aider à le fermer. Beaucoup de pays ne veulent pas reprendre leurs ressortissants et seule l’Albanie a accepté de recevoir des détenus Ouïgours ». Que faire des quelque 375 prisonniers ?


Pour Amnesty International, la solution consiste à : « inculper les détenus de crimes reconnus et les traduire devant des tribunaux civils ordinaires, ou les libérer en s’assurant qu’ils ne subiront pas de mauvais traitements supplémentaires ». Madame Condoleezza Rice est on ne peut plus claire sur la question : « Les États-Unis n'ont pas l'intention de devenir les geôliers du monde ». Rien n’est simple dans l’entourage du président Georges W. Bush : l'administration Bush est totalement divisée sur la question de Guantanamo. Le vice-président Cheney et ses alliés s’opposent au fait que ce transfert conférerait à des prisonniers des droits qu’ils ne méritent pas. Selon son opinion : « la chose importante à retenir est que les gens qui sont à Guantanamo sont des personnes mauvaises ».


Le lieutenant-colonel Stephen Abraham a travaillé de septembre 2004 à mars 2005 au bureau des Commissions de révision du statut (CSRT) à Guantanamo, comme agent de liaison avec les services de renseignement et comme juge. Il dénonce la procédure administrative sur le statut des détenus de Guantanamo, dans un document de justice rendu public la semaine dernière. Un jour, le lieutenant-colonel Abraham a été désigné juge d'une CSRT en compagnie de deux officiers de l'armée de l'air : "Dans ce qui nous a été présenté comme un exposé précis des faits, il n'y avait même pas la plus infime trace d'une preuve objectivement crédible". C'est ce témoignage que les avocats de dizaines de détenus de Guantanamo ont déposé devant la Cour suprême pour dénoncer leur détention sans inculpation.


Deuxième dossier embarrassant : les cellules souches. Monsieur Bush semble gouverner maintenant en imposant son veto présidentiel. La question des cellules souches a fait l'objet de son deuxième veto présidentiel dans ce domaine en 11 mois. Pourtant, ce projet de loi sur le financement de la recherche embryonnaire était, selon des sondages, approuvé par plus de 60% des électeurs américains en tant que moyen de combattre de nombreuses maladies. C'est la troisième fois depuis l'année dernière que le président Bush oppose son veto à une loi votée par le Congrès. « J’ai clairement fait savoir au Congrès et au peuple américain que je ne permettrai pas à notre pays de passer outre cette barrière morale. L’an dernier, le Congrès a adopté un projet de loi semblable et comme promis, j’y ai mis mon veto. Aujourd’hui je tiens de nouveau ma promesse et j’oppose mon véto à cette législation », a dit le président des États-Unis.


Monsieur Bush ignore ou feint d’ignorer que, d'après une étude menée par des chercheurs du centre médical de l'Université Duke et de celle Johns Hopkins, le nombre d'embryons potentiellement disponibles pour la recherche en la matière pourrait être dix fois plus élevé que les estimations précédentes, ce qui signifie une augmentation de 100 fois du nombre de cellules souches pouvant être utilisées dans les recherches financées par l'État.


« Nous voyons là une fois de plus que le président fait passer l'idéologie avant la science, la politique avant les besoins de nos familles, nous voyons une fois de plus combien lui et son parti sont désormais en rupture avec la réalité », a déclaré la sénatrice Hillary Clinton, qui mène actuellement la course présidentielle chez les démocrates.


Troisième dossier embarrassant : le départ des troupes d’Irak. En matière d'affaires étrangères, la politique du président en Irak est sévèrement critiquée : « Il est responsable de la guerre, il a commencé la guerre, il a mal géré la guerre et il refuse de mettre fin à la guerre », résumait Hillary Clinton lors d'un débat télévisé début juin. Fait à noter toutefois, madame Clinton qui a voté pour la guerre ne s’en excuse nullement auprès des Américains car, dit-elle, elle a voté sur la bonne foi des informations fournies par le présent.


Le général David Petraeus, le commandant américain à la tête des forces américaines en Irak, vient de lancer un pavé dans la mare du président Georges W. Bush, au cours d'un entretien à la télévision de Fox News. Il a tout bonnement rejeté toute conception que l’armée américaine aura réussi à pacifier l’Irak avant septembre prochain, le moment où l’ambassadeur américain à Bagdad Ryan Crocker et lui-même devront présenter un rapport d’étape au Congrès américain. Parlant de Bagdad, le commandant américain a déclaré : « Presque tous reconnaissent qu’une situation comme celle-là, avec les très nombreux défis que doit relever l’Irak, ne sera pas résolue en une année, ni même deux. En fait, typiquement, je pense de façon historique, les opérations de contre-insurrection ont duré au moins neuf ou dix ans. La question est, bien sûr, avec quelle intensité ».


Le porte-parole de la Maison-Blanche a minimisé les propos du général Petraeus en décrivant ces déclarations comme l'énoncé d'une « doctrine standard quand il s'agit de lutte contre l'insurrection » : « Cela ne veut pas dire qu'on a des gens en position de combat offensive pendant dix ans ». D’aucuns observent que les plans sont faits pour une occupation indéfinie du pays riche en pétrole.


Quatrième dossier embarrassant : le projet américain de défenses anti-missiles. Notons enfin que le projet américain de défenses anti-missiles contre les « États voyous » comme l'Iran, semble montrer du plomb dans l’aile. Jacques Hubert-Rodier note, pour Les Échos, qu'une analyste, Victoria Samson, du Center for Defense Information, s'interroge sur la précipitation d'étendre le système à des alliés alors que le système aux Etats-Unis n'a pas fait encore ses preuves. Car il y a une particularité au projet cher au président George W. Bush : celle de ne pas être soumis aux autres contraintes sur les tests et sur l'efficacité que les autres programmes militaires américains. Ce qui donne l'impression d'un brutal emballement de la machine bureaucratique. Le General Accounting Office (GAO), équivalent d'une Cour des comptes du Congrès américain, soulignait que le programme avait donné des résultats, mais « moindres et à un coût élevé ».


Cinquième dossier embarrassant : le Proche-Orient. Sur la question du Proche-Orient, le Péruvien Alvaro de Soto, coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Proche-Orient a remis son dernier rapport, qui s’étale sur 50 pages, au secrétaire général de l’ONU le 5 mai, avant de quitter la scène professionnelle. Ce « rapport de fin de mission » énumère des constats additionnés tout au long des deux dernières années par un acteur de premier plan de la scène diplomatique proche-orientale. Alvaro de Sotos reproche aux États-Unis d’avoir « poussé à une confrontation entre le Hamas et le Fatah », et il cite un diplomate américain qui lui confie « J’aime cette violence », alors les heurts palestiniens fratricides se développent. Quant à l’Onu « il y règne une sorte de réflexe conditionné, pour toute situation où l’Onu doit se prononcer, de se demander d’abord comment Israël et les États-Unis réagiront plutôt que de réfléchir sur quelle proposition il est plus juste de prendre », écrit l’ex-coordinateur spécial des Nations-Unies. Cette obstination américaine a précipité l’échec du gouvernement d’union nationale palestinien et ruiné l’offre de paix globale de la diplomatie saoudienne, qui prévoit une normalisation totale des pays arabes avec Israël en échange de la création d’un État palestinien sur la base des frontières de 1967. M. de Soto estime dorénavant de plus en plus difficile, voire « impossible », la création d’un État palestinien. Il dénonce « la prison à ciel ouvert » qu’est devenue la bande de Gaza.


Les Américains sont très près de penser que tout ce que touche George W. Bush au Moyen-Orient semble en effet se transformer en désastre.


Le Roi saoudien Abdallah se désillusionne progressivement sur une alliance avec Bush relativement à la question du Proche-Orient. L’ex-ambassadeur Daniel Kurtzer, délégué en chef de Washington en Israël pendant le premier mandat de Bush et maintenant professeur à l’université de Princeton, en donne une explication courte : « Nos amis arabes sont intimement convaincus que nous ne savons pas ce que nous faisons ». « Les américains ont un besoin urgent de repenser leur politique ratée au Moyen-Orient », écrit enfin Daniel Levy, un ancien négociateur de paix israélien qui dirige le Middle East Initiative au New America Foundation (NAF).


À 29 ans, Malalai Joya est la plus jeune députée à l'Assemblée afghane. En raison de ses opinions tranchées, le parlement afghan a adopté une motion qui suspend la jeune députée pour les trois prochaines années, jusqu'à échéance de son mandat. Comme le note Agnes Gruda, du quotidien de Montréal La Presse, ni son sexe ni son jeune âge ne l'empêchent de dire tout haut ce qu'elle pense. Malalai Joya a déclaré que le Parlement «était pire qu'une étable». « Dans une étable, il y a des vaches qui donnent du lait et des ânes qui portent des fardeaux. Mais eux, ils sont pires que des vaches et des ânes, ils sont comme des dragons », a-t-elle développé. Lors de son passage à Montréal, elle a déclaré : « Je dois vous dire qu'il n'y a pas eu de changements fondamentaux aux conditions lamentables dans lesquelles vit le peuple afghan. Quand une nation entière vit à l'ombre des fusils et des seigneurs de la guerre, comment les femmes peuvent-elles expérimenter la liberté ? » Tout en poursuivant que « la situation en Afghanistan ne changera jamais pour le mieux tant que les seigneurs de la guerre ne seront pas désarmés ». Son jugement est impitoyable : « Je crois qu'aucune nation ne peut donner la liberté à une autre nation. La libération devrait être réalisée par le peuple lui-même. Si le Canada et d'autres pays veulent vraiment aider les Afghans, ils doivent agir de manière indépendante, au lieu de devenir l'instrument des mauvaises politiques des États-Unis. Ils doivent s'ajuster aux souhaits et besoins des Afghans et cesser de soutenir les seigneurs de la guerre ».


Sixième dossier embarrassant : les départs précipités. Michael Bloomberg, 65 ans, est le maire de New-York et il gère une fortune colossale dans un réseau de médias qui porte son nom. Il a annoncé le 19 juin qu'il quittait le Parti républicain. Il n’a pas confirmé ses intentions relativement à la possibilité qu’il se présente aux élections présidentielles de 2008. Rob Portman est le directeur chargé du budget au cabinet du président. En poste que depuis avril 2006 seulement, il démissionne officiellement pour se consacrer davantage à sa famille. Cette démission suit de quelques jours celle de l'un des plus proches et fidèles conseillers de M. Bush, Dan Bartlett, stratège de la communication. La Maison Blanche a, bien évidemment, réfuté que ces départs signifient l'abandon d'un navire en difficulté.


Septième dossier embarrassant : l’Affaire Libby. Ainsi en a décidé le Juge Réginald Walton : « Libby devra se présenter à une prison dans six à huit semaines à moins que ses avocats ne persuadent une cour d'appel de le libérer ». Ancien directeur de cabinet du vice-président Dick Cheney, condamné à 30 mois de prison pour parjure dans l'affaire de Valerie Plame. Les conservateurs exhortent le président George Bush d'accorder sa grâce à Libby avant qu'il ne soit incarcéré. Un porte-parole de la Maison blanche a affirmé que le président n'interviendrait pas dans l'immédiat. Interviendra-t-il plus tard ?


Huitième dossier embarrassant : les secrets de Dick Cheney. Le représentant démocrate Henry Waxman, qui préside une commission parlementaire, accuse les services de M. Cheney de se soustraire, depuis 2003, à un décret présidentiel qui rend obligatoire, à toute entité de l'exécutif, de rendre compte annuellement de la quantité d'informations qu'elle garde secrètes. Le vice-président Cheney, personnage des plus controversés, ne s’embarrasse pas d’étendre les prérogatives de l'exécutif aux dépens du législatif, là où l'un des grands principes est celui de l'équilibre et du contrôle mutuel des pouvoirs. Le vice-président s'est même opposé à une inspection de ses bureaux en 2004. Quand l'office compétent est devenu trop insistant, la vice-présidence a recommandé la dissolution de celui-ci. L'utilisation faite par l'administration et la vice-présidence d'informations confidentielles a été au cœur du récent procès de Lewis Libby.


Neuvième dossier embarrassant : l’amitié russo-américaine. Vladimir Poutine ne veut plus s’embarrasser de sentiments de culpabilité face à l’histoire de son pays. La comparaison qu’il invoque est saisissante : « Nous avons eu des pages terribles […] mais dans d'autres pays il y a eu pire », a affirmé le président russe au cours d'une rencontre la semaine dernière avec des professeurs en sciences humaines.


· « En tout cas, nous n'avons pas utilisé des armes nucléaires contre la population civile ».


· « Nous n'avons pas arrosé d'agents chimiques des milliers de kilomètres et n'avons pas jeté sur un petit pays sept fois plus de bombes que pendant toute l'histoire de la Grande Guerre Patriotique, comme ce fut le cas au Vietnam ».


· « Nous n'avons pas eu d'autres pages noires comme le nazisme, par exemple».


Comme l’indique Yakov M. Rabkin, professeur titulaire au département d'histoire à l'Université de Montréal : « Poutine s'en prend à la campagne que mène Washington pour faire propager la démocratie en la comparant à « la mission civilisatrice » des puissances coloniales des siècles passés. Le leader russe y voit une simple tentative d'obtenir des avantages politiques et économiques. […] Poutine se sent suffisamment fort pour dire ce que plusieurs alliés des États-Unis n'osent pas prononcer en public : l'unilatéralisme américain déstabilise le monde et fait avancer le terrorisme ».


Vladimir Poutine a proposé aux Américains d'intégrer dans leur bouclier antimissile le radar de Gabala en Azerbaïdjan. Un journaliste occidental a comparé cette proposition de Poutine à une prise de judo réussie. En rejetant la proposition russe, les Américains dévoilent leurs cartes. S'ils veulent réellement se défendre contre des missiles iraniens, note Ria Novosti, ils n'ont besoin que du radar de Gabala et de plusieurs missiles intercepteurs quelque part dans le sud (Vladimir Poutine a cité la Turquie et l'Irak). Tôt ou tard, la Maison Blanche devra reconnaître qu'elle préfère surveiller les lancements de missiles provenant de Russie.


Dixième dossier embarrassant : la destitution de Dick Cheney. Concluons cette revue en soulignant qu’il y a désormais sept élus de la chambre des représentants américaine qui soutiennent le projet de loi pour destituer Dick Cheney. Les représentantes démocrates de Californie Barbara Lee et Lynn Woolsey ont ajouté leurs signatures au projet le 7 juin. Mise de l’avant par Denis Kucinich, cette procédure vise la destitution du vice président Dick Cheney pour manipulation de renseignement ayant conduit à la guerre en Irak et pour menaces ouvertes contre l’Iran (Solidarité et Progrès). Il est intéressant de noter que le Washington Post, publie depuis dimanche, le premier d’une série d’articles - A Different Understanding With the President - signés Barton Gellman et Jo Becker qui analysent la gestion et les méthodes privilégiées par le vice-président pour parvenir à ses fins politiques. A cette occasion, vous pourrez consulter en photos la vie et la carrière du vice-président américain.


 


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vendredi 22 juin 2007

Afghanistan : où est la vérité ? Où est le mensonge ?

Reconstruction, dites-vous ? Développement ? Selon le rapport du 3 mai 2007 sur l’enregistrement des réfugiés afghans au Pakistan, rédigé conjointement par le gouvernement pakistanais et le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 87 pour cent des Afghans du Pakistan ont déclaré qu’ils n’avaient pas prévu de rentrer chez eux dans l’immédiat. Il y aurait à ce jour 2 153 088 Afghans déclarés au Pakistan. Plus de 70 pour cent de ces Afghans réfugiés sont illettrés et la plupart sont sans qualification, ce qui les empêche de plus en plus souvent de trouver des emplois.

Les Russes ont compté jusqu’à 140 000 hommes en Afghanistan, avant de déclarer forfait. Pourquoi les Occidentaux feraient-ils mieux ? Aux 30 000 hommes de l’Isaf s’ajoutent 8 000 Américains de l’opération Enduring Freedom. L’armée afghane ne compte que 28 000 hommes, et chacun s’interroge à Kaboul sur la manière dont elle atteindra en 2009 l’effectif de 70 000 prévu par les accords de Bonn.

Selon le chroniqueur William Pfaff, de l’International Herald Tribune, l’Afghanistan va devenir le cimetière de l’Otan. Il appartient, dit-il, aux européens d’amener les USA à reconnaitre cette réalité, car ils en seront incapables par eux-mêmes : « L’Afghanistan est plus grand que l’Irak. Les forces de l’OTAN tentent de battre et de chasser du pays un mouvement religieux et politique qui s’enracine dans la société Pachtoune, dont les membres sont estimés à 12,5 millions en Afghanistan, 28 millions au Pakistan voisin, et 40 ou 45 millions internationalement. C’est absurde », écrit William Pfaff.

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Que fait le Canada ? Reconstruction ? Développement ? Non. La guerre. Un major quelconque relatait sur les ondes de la radio canadienne que ses soldats étaient déçus de participer, dans l’ombre, à la reconstruction et de ne pas être au champ de batailles, ce pour quoi ils ont été formés.

Que fait la France ? Reconstruction ? Développement ? Comme le fait remarquer Leo Michel, du quotidien Le Monde : « Le leitmotiv français qui est que l’OTAN doit rester exclusivement une “organisation militaire” se heurte en effet aux réalités actuelles du terrain, et il n’y a au sein de l’Alliance atlantique aucune velléité (pas même de la part des États-Unis) d’en faire une agence de reconstruction ou d’assistance aux populations civiles ».

« La France maintiendra son dispositif en Afghanistan. Elle entend le faire évoluer pour être encore plus efficace et en particulier pour mieux assurer la formation de l’armée afghane », a déclaré le Premier ministre François Fillion lors d’un point de presse conjoint avec son homologue canadien Stephen Harper, qu’il a reçu, début du mois de juin, à Matignon. « Le président Sarkozy a indiqué - c`est la même position pour le Canada - que notre présence en Afghanistan n`est pas permanente. Nous sommes là pour établir la sécurité, la stabilité, en collaboration avec nos alliés », a poursuivi le Premier ministre français.

Le président Nicolas Sarkozy avait réaffirmé, dans une entrevue publiée le 5 juin par le New York Times, le désir de la France de retirer ses troupes d’Afghanistan, tout en soulignant qu’un tel retrait n’était pas imminent. En complément, le ministre français de la Défense, Hervé Morin, lors d’un point de presse à l’issue d’un entretien à Paris avec son homologue américain Robert Gates, déclarait : « Aujourd’hui, nous devons mener des opérations pour reconstruire l’Afghanistan, et des opérations de formation et d’encadrement pour que l’armée et la police afghanes assurent par elles-mêmes la sécurité du pays. La volonté de la France c’est de s’inscrire dans ces actions là en priorité ».

Le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, de passage à Montréal, se refuse à l’évidence : « À peine plus du quart des personnes sondées, au Canada, croient que l’objectif visé est d’instaurer la paix et la démocratie dans ce pays en reconstruction, l’Afghanistan ».

Pourquoi revenir une fois de plus sur la question de la présence militaire en Afghanistan ? Parce que l’opinion publique n’est pas encore convaincue du bien-fondé de la démarche du gouvernement Harper : « Pas moins de 62% des 1000 personnes questionnées ont dit croire que la décision du premier ministre Stephen Harper d’envoyer des troupes canadiennes en Afghanistan a pour but principal d’entretenir de bonnes relations avec Washington » (Sondage Léger Léger, pour le compte du Journal de Montréal).

Rien de plus détestable que des députés qui font la source oreille. Jusqu’en période électorale.

Cela peut se comprendre du Parti conservateur, aligné sur Georges W. Bush. Cela se comprend moins du Bloc québécois dont les députés font la sourde oreille à l’opinion de la population qui les a élus. Le Parti démocratique est le seul à prendre position et à prendre en compte l’opinion des Canadiens et des Québécois. Répétons encore une fois haut et fort pour le Bloc québécois : « Quarante et un % des répondants sont d’avis qu’Ottawa devrait ordonner le retrait immédiat des troupes canadiennes, 21 % pensent qu’il devrait l’ordonner avant 2009, 20 % en 2009 comme prévu et 12 % après 2009 si nécessaire ».

Comme si cela ne suffisait pas, élevons à nouveau notre voix pour redire aux députés du Bloc québécois que près des deux tiers des Québécois appuient la manifestation antiguerre qui aura lieu, dans les rues de la vieille capitale, alors que les soldats du Royal 22e participeront à une manifestation de visibilité pour souligner la fin de huit mois d’entraînement intensif et le début des vacances avant le déploiement de 2000 des leurs en Afghanistan. Un sondage Léger Marketing montre encore une fois qu’une forte majorité de Québécois s’oppose à l’envoi de ces 2000 militaires de la base de Valcartier en Afghanistan.

Pourquoi, diable, le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, plaiderait-il le contraire et ne souhaiterait-il pas, comme il l’a fait à Montréal, cette semaine, le maintien de la mission militaire du Canada dans le sud de l’Afghanistan, alors que le soutien de l’opinion publique s’étiole après la mort de 60 soldats ? Pourquoi en serait-il autrement ? Trois autres soldats canadiens viennent de perdre la vie en Afghanistan.

Depuis 2002, la présence militaire canadienne a débuté à Kaboul pour, l’an dernier, transférer 2.500 soldats afin de combattre dans la province de Kandahar (sud), confrontée à la résurgence des talibans.

Le gouvernement minoritaire conservateur de monsieur Harper oppose un niet catégorique à l’opinion canadienne et songe même à prolonger la mission au-delà de février 2009 : en avril dernier, ce gouvernement est parvenu à bloquer l’adoption, par la Chambre des Communes, d’une résolution de l’opposition qui voulait fixer à février 2009 la date limite de la présence militaire canadienne en Afghanistan.

Rien de plus sourds que des députés jusqu’au moment de leur réélection.

Le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, ne donne pas dans le détail, résumant son analyse de la situation à sa plus simple expression : « Je pense que cela prendra plus de temps (que prévu) pour créer les conditions propices à la reconstruction et au développement de l’Afghanistan ».

Selon le sondeur Léger et Léger, les Québécois ont de tout temps été les plus hostiles à la mission du Canada en Afghanistan, mais celle-ci est aussi de moins en moins populaire dans le reste du pays. 67% des Canadiens croient que le Canada devrait mettre un terme à sa mission en février 2009, indiquait un autre sondage la semaine dernière.

Cela atteint la sensibilité du secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, vous croyez ? « Mon message sera: je sais combien cela est dramatique lorsque des soldats canadiens paient le prix fort, mais je sais que vous êtes là pour la bonne cause, pour défendre les valeurs universelles et les propager », a-t-il su si bien dire.

Pour bien illustrer son propos, rien de mieux, à défaut de statistiques et de sondages, que de l’illustrer à l’aide l’histoire : « Le secrétaire néerlandais a aussi évoqué la solidarité essentielle qui doit exister entre les membres de l’OTAN pour poursuivre leur mission en Afghanistan. Il a même comparé la mission afghane à la libération de l’Europe des troupes nazies ». Ce que feint d’ignorer Jaap de Hoop Scheffer est simple : « 62 % des répondants au sondage croient que l’envoi de troupes canadiennes en Afghanistan sert à maintenir de bonnes relations avec les États-Unis, plutôt qu’à ramener la démocratie et la paix ».

Et pourtant.

Selon l’Agence IRIN, Ajab Khan, 36 ans, qui vit au Pakistan depuis 25 ans, explique que sa famille a débattu de la possibilité de retourner au pays et finalement décidé de n’en rien faire, l’année dernière, à la suite d’une courte visite de l’autre côté de la frontière poreuse qui sépare les deux pays. « Quand j’y suis retourné, [j’ai bien vu qu’on] ne pouvait pas revenir. Les choses ne se sont pas arrangées du tout », a déploré M. Khan.

Aujourd’hui, plus de cinq ans après l’effondrement du régime taliban, poursuit l’Agence IRIN, les Afghans sont exaspérés de voir que certaines questions telles que l’emploi, l’hébergement, l’insécurité et l’accès aux terres ne sont toujours pas réglées – autant de conditions fondamentales à leur rapatriement et à leur bien-être.

Pour Nematullah, un habitant de Nangarhar, déclare, en haussant les épaules : « Les Talibans deviennent de plus en plus forts de jour en jour et nous ne faisons pas confiance aux Américains. Ils resteront là tant qu’ils y trouveront leur compte. [Après] ils s’envoleront comme des pigeons et nous abandonneront comme ils l’ont fait dans le passé ».

Martin Bröckelmann-Simon, de l’aide catholique Misereor, écrit : « Nous constatons que la façon de mener la guerre prend un caractère de plus en plus radical. Particulièrement du fait que le nombre de victimes parmi la population civile augmente gravement ».

La situation est-elle meilleure en Allemagne ? Un conseiller en politique militaire du gouvernement fédéral allemand, a lancé, de Kaboul, cet avertissement adressé au ministre des affaires étrangères, accompagné de vifs reproches aux troupes de l’OTAN : « C’est pour moi une profonde contradiction, en ce qui concerne le comportement des troupes occidentales en Afghanistan. […] Il est insupportable de constater que les troupes de la coalition et de la FIAS s’en prennent consciemment à certaines parties de la population civile et détruisent ainsi les germes de la société civile ». Cette lettre explosive a été communiquée à Monitor. Voici un autre extrait de cette lettre : « Il n’y a aucune excuse valable pour tout le mal causé par les militaires occidentaux à une population innocente ».

Avons-nous en définitive accès à une analyse objective de ce qui se passe en Afghanistan ? Monsieur le secrétaire général, Jaap de Hoop Scheffer, nous dit-il ce qu’il faut que nous sachions ou ce qu’il souhaite que nous sachions ?

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jeudi 21 juin 2007

L'horreur dans un orphelinat de Bagdad

L’Orient le Jour relate cette information du réseau américain CBS que je transmets intégralement. L’horreur a des limites.


L’horreur dans un orphelinat de Bagdad


Quand ils sont arrivés, « les soldats croyaient qu’ils étaient tous morts ». La semaine dernière, les soldats américains du 82e Airborne et des affaires civiles ont découvert un cauchemar sans nom : vingt-quatre garçons, âgés de 3 à 15 ans, abandonnés dans l’orphelinat al-Hanan, dans l’ouest de Bagdad. Squelettiques, parfois attachés à leur lit, blessés, gisant sur le sol, les enfants semblaient plus morts que vivants. Les militaires ont « lancé un ballon de basket pour voir s’ils réagissaient. L’un des enfants a alors levé la tête, s’est penché, a regardé avant de s’allonger à nouveau par terre. Là, ils ont dit : « Oh, ils sont vivants » », a expliqué le sergent américain Mitchell Gibson à la chaîne de télévision américaine CBS, qui a révélé l’affaire. L’un des enfants, que les médecins croyaient mort, avait « le corps couvert de mouches et était incapable de bouger. Nous avons dû bouger sa tête et la tenir pour être sûrs » qu’il était vivant, a affirmé le militaire. « La seule chose qui bougeait était les yeux. Il avait des mouches sur toutes les plaies dans la bouche, les yeux, le nez et les oreilles », a-t-il ajouté. Face au spectacle terrible de ces enfants, un soldat a évoqué les camps de la mort en Bosnie.




Pourtant, la cuisine de l’orphelinat était bien approvisionnée en nourriture, selon les images diffusées par CBS . Des paquets contenaient également des vêtements. Selon des soldats, cette nourriture et ces vêtements pourraient être destinés au marché noir au lieu d’être donnés aux enfants. Pire encore, les soldats ont découvert des responsables de l’orphelinat en train de cuisiner pour eux-mêmes, à quelques centaines de mètres seulement des enfants affamés. Des photos diffusées par CBS montrent d’ailleurs des employés de l’orphelinat, deux femmes, posant au milieu de ces enfants mourants. Elles ne semblaient pas le moins du monde dérangées.




Des responsables du conseil local ont accouru pour découvrir le terrible spectacle. Interrogé par Lara Logan, la journaliste de CBS, le président du conseil, Ali Soheil, ne pouvait retenir ses larmes. Les soldats américains ne cachaient pas non plus leur émotion. L’armée américaine a ensuite aidé l’armée irakienne à évacuer l’orphelinat et à apporter des soins médicaux aux enfants, dont certains ont été placés dans des familles d’accueil, selon le lieutenant-colonel Garver. « Quand je l’ai emmené, l’enfant a immédiatement souri, et à mesure que nous approchions de l’ambulance, il a commencé à rire. C’était presque comme s’il comprenait ce qui se passait », a expliqué à CBS le sergent Michael Beale, en se remémorant le jour de l’évacuation des orphelins. Selon la journaliste de CBS, la plupart des enfants souffraient d’un manque flagrant de contacts humains.




Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki s’est prononcé pour l’ouverture d’une enquête afin de punir les responsables de cette situation, selon un communiqué de ses services. Mais d’après CBS, les autorités irakiennes sont parvenues à appréhender seulement deux vigiles de l’établissement. Le responsable de l’orphelinat est toujours en fuite.


 


 

mercredi 20 juin 2007

Londres provoque-t-elle l'Islam ?

Avis au lecteur. Cet article a été publié sur le forum citoyen 100papiers. Il a suscité beaucoup de commentaires qui se sont enflammés sous la passion des uns et l’intolérance des autres. Je crois au droit d’informer et ce droit dépasse celui des frontières, qu’elles soient géographiques ou d’ordre religieux. Sera-t-il possible un jour de regarder l’Islam avec tolérance et l’Islam pourra-t-elle jeter un regard de paix sur le monde qui ne partage pas ses convictions ? Puissions-nous y parvenir, un jour. Pierre R. Chantelois


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Salman Rushdie a passé ces quelques dix-huit dernières années dans la clandestinité. Clandestinité qui risque de se poursuivre de plus bel jusqu’à sa mort, emportant avec lui son nouveau titre de Sir Salman Rushdie.



Sa Majesté la Reine Élizabeth II célèbre ses 81 ans. Tout n’aurait été qu’un simple anniversaire, malgré ses fastes et ses défilés, s’il n’était pas survenu, entre temps, un événement fâcheux : Salman Rushdie, le blasphémateur, qui a été contraint de vivre dans la clandestinité pendant des années en raison d’une fatwa lancée contre lui, vient d’être fait chevalier à l’occasion de l’anniversaire royal. Anoblissement jugé offensant par le Pakistan. Londres tente d’insulter et de diffamer les musulmans.

Dans la liste des nouveaux Commandeurs de l’Empire britannique figure la journaliste de la chaîne d’information CNN, Christiane Amanpour, qui a la double nationalité iranienne et britannique.

Âgé de 59 ans, la vie de Salman Rushdie a basculé lorsqu’il a été menacé par une fatwa lancée, en 1989, par le fondateur de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny. Ce dernier a « condamné à mort » Rushdie en raison de son roman « Les versets sataniques » jugé blasphématoire pour l’islam.

Il a passé ces quelques dix-huit dernières années dans la clandestinité. Clandestinité qui va se poursuivre de plus bel.

Le Pakistan vient de manifester son plus vif désaccord au fait de voir ennoblir l’écrivain blasphématoire. Son exigence, formulée auprès de Londres, est de retirer à Salman Rushdie le titre de chevalier qui lui a été décerné par la reine Elizabeth II. Ce titre noble offenserait les musulmans. Le ministre pakistanais aux affaires religieuses a même estimé que cette distinction justifierait des attentats-suicide.

Les députés pakistanais ont approuvé une résolution présentée par le ministre des Affaires parlementaires, Sher Afgan Khan Niazi. « Le titre “Sir” accordé par la Grande-Bretagne à Salman Rushdie le blasphémateur blesse les sentiments des musulmans dans le monde. Chaque religion a droit au respect. Je demande au gouvernement britannique de retirer immédiatement ce titre car il crée une haine religieuse », a déclaré le ministre devant l’Assemblée nationale pour qui l’anoblissement de Salman Rushdie est également : « « une source de souffrance pour les musulmans et cela va encourager les gens à commettre des blasphèmes contre le prophète Mahomet ».

Dans sa logique imperturbable, le ministre des Affaires parlementaires, Sher Afgan Khan Niazi, poursuit : « L’Ouest accuse les musulmans d’extrémisme et de terrorisme mais quelqu’un qui ferait exploser une bombe sur son corps aurait raison de le faire à moins que le gouvernement britannique ne présente des excuses et ne retire (à l’écrivain en exil) son titre de Sir ».

Dans l’est du Pakistan, à Multan, des étudiants islamistes ont brûlé des effigies de la reine Elizabeth II et de Salman Rushdie. Une centaine de manifestants portant des banderoles condamnant l’écrivain ont également scandé « Tuez-le ! Tuez-le ! ».

Un nouveau tsunami se profile à l’horizon.

L’Iran mesure sa position en qualifiant d’acte d’« islamophobie » cet anoblissement : « Donner une médaille ou anoblir quelqu’un qui est l’une des figures les plus haïes de la communauté islamique est un signe très clair d’islamophobie chez les hauts responsables britanniques », a déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne, Mohammad Ali Hosseini.

Téhéran a promis en 1998 de ne pas appliquer sa fatwa contre l’écrivain britannique. Par contre, l’Organisation to Commemorate Martyrs of the Muslim World offre une récompense de £75,000 à quiconque mettra à exécution la Fatwa. Le secrétaire de l’Organisation, Forouz Rajaefar, a déclaré dans une entrevue au TimeOnLine, de Londres : « The British and the supporters of the anti-Islam Salman Rushdie could rest assured that the writer’s nightmare will not end until the moment of his death and we will bestow kisses on the hands of whomsoever is able to execute this apostate ». Avec bien sûr une infinie gratitude financière de £75,000. Michael Binyon, du Time, évalue à environ £10 million les coûts de la protection de Salman Rushdie depuis 1989.

En 1989, l’ayatollah Khomeini avait lancé une fatwa condamnant Salman Rushdie à mort suite à la publication des Versets sataniques. Le guide suprême de la Révolution islamique iranienne jugeait le livre blasphématoire envers l’islam. L’écrivain britannique d’origine indienne avait alors dû entrer dans la clandestinité.

Le groupe Iran-Resist propose une théorie qu’il faut traiter avec beaucoup de circonspection. Pour les fins d’un éclairage complet, sur la question de l’écrivain blasphématoire, aux yeux de l’Islam, il convient de la présenter.

« Quand Rushdie publia les « Versets Sataniques » en septembre 1988, personne en Iran n’a réagi. Rushdie n’était pas perçu comme un élément hostile. Le livre avait alors passé inaperçu. La date correspond au moment de la fin de la guerre Iran-Irak quand, comme maintenant, Rafsandjani voulait renouer avec les Américains.

Et comme aujourd’hui, ce rapprochement n’était pas du goût des Russes qui étaient alors des Soviétiques. C’est alors que certains services de KGB ont traduit les bonnes feuilles du livre afin d’inciter les mollahs à réagir en intégristes et ce afin de saboter le rapprochement avec les Américains.

L’inspiration du KGB a été bien fondée, les mollahs ont saisi l’occasion sans probablement saisir la portée négative de leur geste. C’est en février 1989, au moment de la commémoration de la révolution islamique, que les cerveaux du régime ont lancé leur fatwa contre cet écrivain quasi inconnu et son livre franchement indigeste et illisible que le fondateur de ce site avait acheté en 1989 en signe de protestation contre cette fatwa.

Depuis cette date, les menaces contre Rushdie sont renouvelées chaque fois que le régime des mollahs est en baisse de popularité dans l’opinion islamique internationale. D’ailleurs l’autre pays qui a protesté est le Pakistan, un autre État islamique dont le président est en difficulté ».

Chinua Achebe, père de la littérature africaine moderne, vient d’obtenir le prestigieux prix « Booker Prize » (équivalent britannique du Goncourt) d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Des écrivains tels qu’Ian McEwan, Philip Roth et Salman Rushdie étaient également en course pour le prix doté d’une bourse de £60 000.

En conclusion, Londres refuse de revenir sur sa décision, estimant que le titre de Salman Rushdie est amplement mérité. Mais il faut se rappeler ce vœu formulé par Forouz Rajaefar : « we will bestow kisses on the hands of whomsoever is able to execute this apostate ». Salman Rushdie n’aura jamais droit à une retraite dorée.

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mardi 19 juin 2007

Georges Bush cèdera-t-il aux pressions l’exhortant de gracier Lewis “Scooter” Libby ?

L’air est beaucoup vicié dans l’entourage du président Georges W. Bush. Dans certaines coulisses qui font jouer très fortement les règles des influences occultes, on s’impatiente. Le ton doit être à la clémence. « Scooter Libby will go to prison six to eight weeks from now, unless President Bush intervenes », écrit John Dickerson, de Slate.com. Libby devra donc se présenter à une prison dans six à huit semaines à moins que ses avocats ne persuadent une cour d'appel de le libérer ou que les pressions soient suffisamment importantes pour que le président Bush le gracie.


Les conservateurs exhortent en effet le président George Bush d’accorder sa grâce à Libby avant qu'il ne soit incarcéré. Il serait inacceptable, à leurs yeux, de contraindre Scooter Libby de revêtir l’uniforme orange : « It has always been the view among Cheney loyalists and former Bush administration officials who have followed the case closely that the president would never allow Libby to spend a single day in an orange jumpsuit », comme l’écrit Dickerson.


Les éditorialistes du National Review Online sont unanimes sur le pardon qui s’impose dans les circonstances : « President Bush should pardon I. Lewis “Scooter” Libby. The trial that concluded in a guilty verdict on four of five counts conclusively proved only one thing : A White House aide became the target of a politicized prosecution set in motion by bureaucratic infighting and political cowardice ».


Si jamais Libby devait finir en prison : « It would be seen by the religious and policy conservatives as the president abandoning his loyalty virtue for the hedonistic pleasure of political expediency », écrit Mike Allen du site The Politico.


Lewis "Scooter" Libby avait imploré la Cour : « J'ai l'espoir que le tribunal et le jury tiendront compte de ma vie tout entière ». Ce à quoi le procureur Patrick Fitzgerald avait répondu : « Quelle que soit la sanction que vous choisirez de prononcer, elle devra affirmer clairement que c'est la vérité qui compte, pas le statut d'une personne dans la vie ». Le 6 mars dernier, le verdict est tombé :




  • coupable de faux témoignage et d’entrave à la justice dans l’affaire Valerie Plame ;

  • coupable d'avoir menti au FBI qui enquêtait sur la fuite ayant exposé le nom de Valerie Plame ;

  • condamné à 30 mois de prison, d’une amende de 250 000 $US et d'une période probatoire de deux ans.



Le coup est dur à encaisser. Le juge Reginald Walton ordonne à Lewis Libby de commencer à purger sa peine sans attendre l'issue de la procédure d'appel : « Tout le monde est responsable au regard de la loi américaine », estime le juge Reginald Walton, qui, du même souffle, ajoute : « même si vous travaillez à la Maison blanche, vous devez respecter la loi comme tous les autres Américains ».


Une dizaine de juristes d’infléchir le juge Walton en l’informant que l'appel de Libby était recevable et qu’il devrait, en conséquence, recevoir favorablement sa demande de maintien en liberté. L’honorable juge persiste et signe : il est de son avis que la défense n'a pas montré qu'elle avait des chances de l'emporter en appel. « La preuve de la culpabilité de M. Libby dans ce dossier est accablante », dit-il. Le juge révèle même avoir été harcelé au téléphone avant de rendre son verdict et avoir reçu des lettres menaçant sa famille.


Le président (George W. Bush) se dit très mal pour tout ce que Scooter et sa famille, en particulier ses jeunes enfants, sont en train de traverser. « Scooter Libby a encore le droit de faire appel, et donc comme par le passé, le président va continuer à ne pas intervenir dans la procédure judiciaire », a déclaré une porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino. D’aucuns reconnaissent que Lewis "Scooter" Libby n’est pas le dernier venu dans les hautes sphères de Washington. Il ne faut pas par exemple sous-estimer le rôle qu’il a joué dans la prise de décision pour la guerre en Irak est central : c’était Libby qui avait élaboré une vaste étude pour démontrer les raisons justifiant une offensive américaine en Irak. D’un mensonge à l’autre…


Libby pourrait espérer bénéficier d’une grâce présidentielle à la fin du mandat de George W. Bush, en automne 2008. C’est au moins l’hypothèse avancée par plusieurs médias et analystes américains. Il faut rappeler les mots bienveillants du vice-président américain, Dick Cheney, dans cette affaire de condamnation : « En tant qu’amis, nous espérons que notre système (judiciaire) parviendra à un résultat final en conformité avec ce que nous savons de cet homme de bien ». À défaut des résultats attendus du système judiciaire pour cet « homme de bien » qu’est Lewis "Scooter" Libby, il devrait y avoir la grâce présidentielle. Georges W. Bush compte 113 grâces depuis le début de sa présidence, alors qu'en huit ans, son prédécesseur, Bill Clinton, en avait accordé 396. Une de plus ou de moins ? C’est là toute la question.


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lundi 18 juin 2007

« Rumsfeld a menti pour se protéger » : d’Abou Ghraïb à Guantanamo – honte et désespoir



Le 28 avril 2004, les photos d’Abou Ghraïb sont rendues publiques par l’émission 60 Minutes. La soldate Lynndie England tient en laisse un prisonnier au sol, étendu nu. Elle est surnommée « la fille à la laisse ». Charles Graner, de quinze ans son aîné, est maintenant son amant. Il prend les photos. Rue89 raconte cette anecdote qui illustre bien les deux personnages : « England part en vacances avec Graner et un autre militaire à Virginia Beach. Là, Graner prend toutes sortes de photos de lui et England en train de baiser, des photos de sodomies, de fellations prise par le troisième larron du voyage, ou d’England mettant sa poitrine dans l’oreille du copain militaire complètement saoul ». Lynndie England a été condamnée à trois ans de prison et renvoyée de l’armée pour manquement à l’honneur. Le caporal Charles Graner a été condamné à la plus forte peine, 10 ans de prison. Au cours de son procès, il avait affirmé avoir agi sur ordre du renseignement militaire.

Ivan Frederick, sergent-chef, a vécu lui aussi entre les murs de la honte, dans la prison du désespoir. Il a plaidé coupable : « Oui, nous avons entassé les prisonniers les uns sur les autres. Et ensuite, le sergent Javal Davis, un autre soldat impliqué dans l’affaire, a commencé à sauter sur la pile ». Toutefois, il rejette la responsabilité de ce qui s’est passé à la prison d’Abou Ghraïb sur l’encadrement militaire et policier du centre de détention.

Trois ans après la révélation de l’affaire dans laquelle n’ont été condamnés que des soldats, le seul officier américain inculpé dans le scandale des sévices infligés dans la prison irakienne d’Abou Ghraïb vient de comparaître à Washington lors d’une audience préliminaire. Steven Jordan, lieutenant-colonel, 51 ans, a été inculpé fin avril 2006 pour avoir contraint des prisonniers à se mettre nus et pour les avoir menacés avec des chiens d’attaque. Il a été également inculpé pour entrave à la justice, manquement au devoir, fausses déclarations aux enquêteurs, et conduite inconvenante pour un officier. Il risque jusqu’à 22 ans de prison s’il est reconnu coupable.

La prison d’Abou Ghraïb est située à une trentaine de km à l’ouest de Bagdad et a été le centre d’exécutions de masse et de tortures sous le régime de Saddam Hussein. En 2004, elle a poursuivi sa macabre vocation en devenant le symbole de l’occupation après les révélations de sévices infligés aux prisonniers par des soldats américains. En septembre 2006, elle a été vidée et remise aux autorités irakiennes. Les 4 537 détenus de la prison d’Abou Ghraib ont été transférés au Camp Cropper, centre de détention installé à proximité de l’aéroport.

En mai 2006, le président George W. Bush avait déclaré que le scandale d’Abou Ghraïb avait été la « plus grosse erreur » commise par les États-Unis en Irak.

Un général américain, Antonio Taguba, chargé de l’enquête sur Abou Ghraïb, est cité par le New-York Time. Selon ce général, Donald Rumsfeld, alors ministre de la Défense, cherchait à « s’acquitter, lui et beaucoup de ses proches, en mentant, le tout pour se protéger ». Tous les hauts responsables ont évité d’examiner le dossier alors même que des gardiens de la prison comparaissaient devant la justice. En dépit de sa rencontre avec le ministre de la Défense, au cours de laquelle il l’informe du rapport qu’il avait préparé, Rumsfeld témoigne le lendemain devant le Congrès n’avoir aucune idée de l’ampleur des méfaits commis dans la prison.

En 2005, neuf hommes, qui disent avoir été arrêtés à tort, détenus et torturés par l’armée américaine, avaient déposé plainte pour tortures contre M. Rumsfeld et trois militaires de haut rang, responsables selon eux d’avoir ordonné les interrogatoires violents et de n’avoir rien fait pour empêcher les dérives. Un juge fédéral a rejeté leur plainte en mars dernier (France Presse).

Trois ans après les révélations sur la prison d’Abou Ghraib, l’armée américaine est à nouveau ébranlée par un scandale. Le lieutenant-colonel William Steele, en charge de la prison de Camp Cropper, a été arrêté et il est détenu au Koweït. L’État-major lui reproche d’avoir « aidé l’ennemi » et d’avoir eu des relations « inappropriées » avec deux femmes.

Selon l’armée américaine, « monsieur Steele est accusé d’avoir, entre le 1er octobre 2005 et le 31 octobre 2006, aidé l’ennemi en fournissant un téléphone portable non surveillé à des détenus ». « Entre le 20 octobre 2005 et le 11 décembre 2006, monsieur Steele est aussi accusé d’avoir fraternisé avec la fille d’un détenu et accordé des privilèges à une interprète pour maintenir avec elle une relation inappropriée ». L’officier américain est aussi mis en cause pour avoir conservé illégalement des documents classifiés, refusé d’obéir à des ordres et possédé des vidéos pornographiques interdites.

Des généraux se révèlent

Ricardo Sanchez était, jusqu’en juillet 2004, chef des forces américaines en Irak. Il avait quitté ses fonctions après avoir été éclaboussé par le scandale de la prison d’Abou Ghraïb. De sa retraite, prise en 2006, il intervient publiquement : « Je suis absolument convaincu que les États-Unis ont actuellement une crise de leadership ». Selon lui, les États-Unis devront un jour « s’interroger sur ce qu’est la victoire, et pour le moment je ne suis pas sûr que les États-Unis sachent vraiment ce qu’est la victoire ».

Le général Peter Pace présidait depuis deux ans aux opérations en Irak et en Afghanistan. Il pensait obtenir une nouvelle nomination pour deux ans. Le secrétaire américain à la défense, Robert Gates, a créé la surprise en annonçant son remplacement par l’amiral Michael Mullen, chef des opérations navales. Il a indiqué qu’il avait préféré ne pas voir s’engager une nouvelle épreuve au Congrès au sujet de l’Irak. Le général Pace était nettement trop proche de Donald Rumsfeld, contraint à la démission en novembre 2006. (Le Monde, 09.06.07).

Après Abou Ghraïb

L’expérience d’Abou Ghraïb n’a pas suffi. Selon un rapport du Conseil de l’Europe publié le 8 juin, la Pologne et la Roumanie ont couvert les détentions illégales et les actes de torture de la CIA sur leur territoire entre 2002 et 2005. Ces deux pays auraient été choisis parce qu’ils étaient « économiquement vulnérables », qu’ils « dépendaient du soutien américain pour leur développement stratégique », et qu’ils étaient « vraiment pro-Occidentaux » (Le Monde, 8 juin 2007).

Selon le rapporteur de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), Dick Marty, un accord secret est intervenu entre les alliés de l’OTAN en octobre 2001 et il a posé le cadre qui a permis à la CIA de procéder à ces détentions ainsi qu’à d’autres activités illégales en Europe. M. Marty a déclaré, lors d’une rencontre de presse, que ses conclusions se fondent sur le recoupement de plus de trente témoignages recueillis auprès de membres de services de renseignement, aux États-Unis et en Europe, et sur une nouvelle analyse des « chaînes de données » produites par le système international de traitement des plans de vol.

Trop peu trop tard, Colin Powell

Trop peu trop tard, c’est maintenant que Colin Powell considère que Washington devrait abandonner l’idée d’un système spécial pour utiliser des procédures déjà existantes. « Nous avons ébranlé la confiance que le monde avait dans le système judiciaire de l’Amérique en conservant un endroit comme Guantanamo et en créant des choses comme la commission militaire ». Et d’ajouter : « Nous n’en avons pas besoin, et cela nous fait plus de mal que de bien ».

Dans son rapport publié au début avril 2007, Amnesty International avait affirmé que la plupart des détenus de la base militaire de Cuba étaient « maintenus dans des conditions cruelles d’isolement qui bafouent les normes internationales ». L’organisation réclame depuis plusieurs années la fermeture du centre.

Monsieur Colin Powell a-t-il lu le petit manuel, publié le mercredi 6 septembre 2006, sur les « opérations de collecte de renseignement humain » ?

Interdites

· nudité forcée ;

· coups, humiliation sexuelle ;

· usage de chiens ;

· privation de nourriture ou d’eau ;

· simulacres d’exécutions, simulacre de noyade (waterboarding) ;

· chocs à l’électricité, brûlures ;

· cagoules ;

· hypothermie.

Autorisées

Deux techniques ont été ajoutées :

· les interrogateurs ont le droit de se faire passer pour quelqu’un d’autre ;

· séparation pour empêcher la concertation.

Bush ou Harper ?

Selon Amnesty International, le Canada est le seul pays à ne pas réclamer le rapatriement de son citoyen de Guantanamo. Amnesty donne l’exemple des gouvernements britannique et australien qui ont rapatrié leurs citoyens détenus à Guantanamo. Humans Rights Watch juge également que le Canada ne devrait pas rester silencieux lorsqu’un de ses ressortissants est soumis à un processus « fondamentalement vicié ». Omar Khadr est accusé d’avoir tué un soldat américain avec une grenade, en 2002, en Afghanistan. Il avait 15 ans à ce moment. Un magistrat militaire américain vient de rejeter les accusations contre lui en raison d’un détail de procédure mais Khadr demeure emprisonné. Pour le secrétaire général d’Amnesty International Canada, Alex Neve, Omar Khadr « a été abandonné par son gouvernement ». Cela s’explique selon lui par la réputation que s’est acquise la famille Khadr au Canada, aucun homme politique ne voulant donner l’impression de faire quelque chose en sa faveur. La famille Khadr ne renie pas ses liens avec Oussama ben Laden.

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vendredi 15 juin 2007

Sarkozy pense à Tony Blair pour le poste de président de l'Union européenne

Selon le Financial Time, Nicolas Sarkozy viserait rien de moins que Tony Blair pour occuper la présidence de l'Union européenne. Pour cela, le président de la République française entend soumettre la question à ses homologues lors du sommet de Bruxelles des 21 et 22 juin. Cette proposition à candidature traduirait bien évidemment le rapprochement important de la France avec la Vieille Albion. Mais pourrait déplaire à quelques autres pays de l'Union. Le marathon est ouvert. Le président de la République française semble privilégier ces courses à obstacles.


Monsieur Sarkozy aurait déjà, à ce jour, soulevé la question de cette candidature avec Angela Merkel. Le hic de cette démarche toutefois vient d'une absence de popularité de monsieur Blair auprès des gouvernements italiens et espagnols. Certains hésiteraient même à soutenir cette candidature en raison du rôle qu'a joué Tony Blair auprès des États-Unis et de son alignement un peu trop empressé dans la guerre contre l'Irak.


Dans l'entourage de monsieur Blair, personne ne veut supputer cette nouvelle. Tony Blair attendrait la fin réelle de son mandat pour envisager la direction qu'il entend prendre à l'avenir.


Cette stratégie du président français n'est pas sans réflexion géopolitique : en nommant Tony Blair à la tête de la présidence de l'Union européenne, Nicolas Sarkozy fait également un rapprochement stratégique avec l'Amérique, puisque tout un chacun sait fort bien toute l'amitié que porte le président américain à son voisin britannique. Le président français consoliderait et renforcerait le jeu des influences entre la France, l'Union et l'Amérique sur des questions comme l'environnement, le développement et les relations bilatérales. Et cette nomination éloignerait cette mauvaise réputation de Vieille Europe qu'avait laissée planer Georges W. Bush au plus fort de la crise sur l'Irak.


En coulisse, comme l’indique l’hebdomadaire Le Point, l’activisme français aurait ainsi tendance à agacer. A commencer par l’Allemagne, actuellement à la présidence tournante de l’Union et plongée, elle aussi, depuis de longs mois dans la rédaction d'un nouveau projet, une version allégée de la Constitution qui sortirait des limbes. Un traité simplifié ? « Laissons les Français croire que c’est leur idée », ironise l’Allemand Hans-Gert Pöttering, le président du Parlement européen. « Sarkozy ne peut pas prétendre surmonter le blocage constitutionnel à coups de séances de jogging », grince un autre eurodéputé allemand. De fait, la chancelière allemande, Angela Merkel, bosse. Beaucoup et discrètement. « C’est du gros calibre », confie un haut fonctionnaire européen. José Manuel Barroso, le président de la Commission, lui-même, en reste béat d’admiration. « Faut que j’envoie un SMS à Angela ! » s’exclame-t-il après chaque séance de travail.


La discrétion et la ténacité de la chancelière allemande tranchent quelque peu avec le flamboyant et gourmand Nicolas Sarkozy, tout en rapidité et très peu en nuances.


Qui vivra verra.


 

jeudi 14 juin 2007

Place à l'armée rose !

Une association de Berkeley en Californie a offert un scoop à la chaîne CBS. Berkeley Sunshine Project étudie les dépenses militaires américaines depuis de nombreuses années.

1994. Laboratoire Wright de l'US Air Force, États-Unis d’Amérique. Un chercheur demande un budget de 7,5 millions de dollars. L’objet de la recherche : créer une bombe. Une bombe aphrodisiaque. Composée de produits chimiques spéciaux, cette bombe, surnommée « gay bomb », aurait eu pour objectif de disséminer une hormone, en territoire ennemi, qui aurait contaminé les soldats masculins ennemis afin qu’ils s’adonnent à des contacts et à des relations homosexuelles. Rien de mois : « The Ohio Air Force lab proposed that a bomb be developed that contained a chemical that would cause enemy soldiers to become gay, and to have their units break down because all their soldiers became irresistably attractive to one another », écrit CBS.

Comme nous l’indiquions précédemment, l'existence du projet a été dévoilée en décembre 2004, grâce à la loi sur l'accès à l'information, par le Sunshine Project, un groupe de militants qui lutte depuis Austin (Texas) et Hambourg (Allemagne) contre les armes biologiques. Reprise par la BBC en janvier 2005, l'histoire a vite été oubliée jusqu'au 4 juin 2007. Comme en 2005, le Pentagone a confirmé l'authenticité du document, précisant que la soi-disant bombe gaie faisait partie des centaines d'idées que l'armée américaine reçoit et rejette chaque année (Cyberpresse).

« Un exemple dégoutant mais totalement non-létal serait un puissant aphrodisiaque, en particulier si ce produit chimique provoque des attitudes homosexuelles », indique ainsi une note écrite en janvier 1994 par un laboratoire de l’US Air Force (consulter le document en PDF) (Le Figaro).

Choc.Fr pousse l’information à son comble : « D'autres idées, destinées à décimer l'ennemi sans le tuer, ont été évoquées. Les scientifiques en charge de ce projet voulaient ainsi créer une substance chimique qui devait rendre l'haleine de l'ennemi tellement forte et malodorante qu'il serait facilement identifiable, même s'il tentait de se cacher au milieu de civils. Pêle-mêle, les scientifiques de l'US AIR Force du laboratoire de Dayton, dans l'Ohio, avait également pensé développer une substance qui rendrait le moindre rayon de soleil insupportable sur la peau. Une autre devait attirer des hordes de rats enragés. Dans la même veine, la "Who? Me? Bomb", qui était en projet depuis 1945 devait provoquer d'intenables flatulences parmi les troupes ennemies, rendues ainsi facilement détectables à l'odeur. Tous ces projets, aujourd'hui abandonnés, faisaient partie d'une volonté de l'armée américaine de développer des armes efficaces mais non mortelles ».

Cette histoire n'a pas amusé Equality California et d'autres associations LGBT (lesbian, gay, bisexual and transgender) qui ont rappelé que de nombreux soldats gays et lesbiennes combattent au sein de l'armée américaine et ne sont pas de «sous-soldats, leur comportement sexuels ne les empêchent pas de combattre».

Si cela vous amuse, voici la video consacrée à cette nouvelle insolite.

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