Il y a tant d’événements qui marquent,en la jalonnant à un moment ou l’autre, notre vie. Que ce soit une lecture, un film, une émission de télévision. Un de ces événements mérite notre plus haute considération : celui qui consacre les mots du Québec. En effet, depuis vendredi, le Québec bat au rythme des mots avec le 23ièmeFestival international de la poésie de Trois-Rivières. Lors de cette première édition, en 1985, un an après la création de la Fondation Les Forges, que le Festival International de la Poésie, noté par l’Unesco, voit le jour à Trois-Rivières et que Félix Leclerc, grand connaisseur des mots, alors invité d’honneur, déclare Trois-Rivières « Capitale de la Poésie ».
Le Festival a, depuis cette consécration, remporté le « Merit Award in special events and promotion », qui récompense les plus belles initiatives d’animation urbaine en Amérique du Nord en 2005. Deux villes se partageaient le prix ex aequo, Trois-Rivières et Los Angeles. Au cours du lancement de la programmation, le 5 septembre dernier, le Festival avait annoncé les lauréats de nombreux prix de poésie.
Le Grand Prix Quebecor du Festival international de la poésie a été décerné à Pierre Ouellet pour son recueil Dépositions, publié aux Éditions Le Noroît. Le Prix Piché de la Poésie de l’Université du Québec à Trois-Rivières a été remis à la poétesse Joanne Morency pour sa poésie intitulée Qui donc est capable de tant de clarté? Le Prix Félix-Antoine-Savard a été offert à Suzanne Jacob pour sa suite poétique intitulée Ils ont été nombreux à répondre, parue dans le numéro 125 de la revue Estuaire. La poétesse Georgette Leblanc s’est vu octroyer le Prix Félix-Leclerc de la poésie pour son recueil Alma, publié aux Éditions Perce-Neige, en octobre 2006. Le 17e Prix international de Poésie Antonio Viccaro a été remis au poète français Roland Nadaus pour l’ensemble de son œuvre.
Le Festival, qui a pour thème « Pour que se touchent à nouveau nos regards », vers sorti de la plume de la poétesse Hélène Dorion, c’est dix jours de poésie, 400 activités, 100 poètes, 30 pays représentés provenant des cinq continents. L’événement attire chaque année environ 40 000 personnes de tous âges. En 2007, Le Festival de la poésie attend environ 150 poètes provenant d’au moins 30 pays de tous les continents ainsi que des éditeurs et des traducteurs. Il a ouvert son programme avec la présentation du film Un cri au bonheur, un film dans lequel 21 poèmes sont mis en images par 11 cinéastes. Tous Québécois. Ces vingt et un poèmes ont été mis en images dans une œuvre orchestrée par Philippe Baylaucq. Claude Beausoleil, Marie-Claire Blais, Pierre Morency et André Roy sont quelques-uns des poètes invités. Paule Baillargeon, Manon Barbeau, André Forcier, Denis Villeneuve, Michel Brault figurent au nombre des cinéastes du collectif.
Ce qui caractérise bien le Québec, ce sont ses cordes à linge. Derrière les maisons, une grande corde roulante est tendue du mur de la maison à un poteau pour permettre de mettre son singe à sécher au soleil. Le Festival reprend cette image pour en faire « La Corde à poèmes », Place-de-l’Hôtel de Ville, qui reçoit les poèmes du grand public. Les poèmes des étudiants du réseau scolaire de la Mauricie sont accrochés sur la corde à poèmes durant tout le Festival : « Dans le parc Champlain, on peut voir de grande cordes attachées aux arbres sur lesquelles sont suspendues des poèmes des élèves des écoles primaires ou secondaires, des banderoles avec dessins et phrases poétiques et de petits récital de chants. Les gens circulent dans le parc, dans les rues et visitent les musées, le centre culturel et les expositions dans les vitrines de magasins, etc. Les rues sont bondées de gens qui lisent, qui entendent et qui vivent au rythme de la poésie ».
Comme rien n’est parfait dans ce bas monde, le Festival international de la poésie s’ouvre également sur une polémique. Alexandre Gauthier et quatre autres copropriétaires ont repris l’administration du café-bistrot Le Charlot cet été. Le Bistrot a décidé de profiter de l’événement pour organiser un off-festival de la poésie du lundi 1er au samedi 6 octobre, dans l’optique de « créer des espaces dans lesquels la poésie pourra émerger ». Ce programme comprendrait donc une soirée « micro-libre » le lundi, un spectacle de théâtre spontané le lendemain, une prestation de peinture en direct le mercredi et une soirée jazz et poésie le jeudi. Le poète Lucien Francoeur sera sur place le vendredi, alors que la soirée du samedi 6 octobre sera consacrée à la relève.
Le président du Festival, Gaston Bellemare, qualifie l’activité off-festival de parasite : « Ça peut juste faire du tort. Ce sont des parasites. Regardez cela, ils vont se promener dans nos événements pour dire aux poètes d’aller chez eux ». Le concept du micro ouvert est de l’antipoésie. Pour lui, un poète digne de cette appellation doit avoir publié via une maison d’édition. En analogie, il prétend que ce n’est pas parce que quelqu’un a un violon qu’il peut jouer dans un orchestre symphonique.
« Je comprends que ce n’est pas parce que tu as un violon que tu peux automatiquement jouer dans l’orchestre symphonique, mais tu peux jouer du violon quand même! », répond l’un des propriétaires concepteurs de l’événement, Alexandre Gauthier, étudiant à l’Université du Québec à Trois-Rivières qui fréquente le Festival international de la poésie depuis longtemps, comme spectateur. Il dit croire aussi en la démocratisation de cette forme d’expression. Pour Alexandre, tout le monde est digne de livrer sa poésie, qu’il ait publié ou non!
Hugo St-Amant Lamy se présente comme non poète. Il lance un véritable pavé dans une lettre ouverte : « du festival de quelle poésie parle-t-on ? De la poésie bureaucratique d’une demande de subvention au Conseil des arts et lettres ? De celle, le doigt en l’air, des cocktails au foyer de la salle J.-Antonio-Thompson ? Des recueils standardisés qui sortent à intervalles réguliers des presses des Écrits des Forges ? Quelle surprise que des jeunes ayant connu la poésie par Rimbaud et Baudelaire recherchent plus que cela dans un événement consacré au poème! » […] La non poésie de la relève serait-elle un danger pour le statu quo littéraire qui dure à Trois-Rivières depuis une vingtaine d’années ? »
Vaclav Havel, ancien président de la République tchèque, lance un appel mondial : « Tous les jours sur toute la planète, dans une pléthore de conférences internationales érudites, on peut écouter des débats savants sur les droits de l’homme et des proclamations pleines de sentiments pour les défendre. Alors comment est-il possible que la communauté internationale reste incapable de réagir efficacement pour dissuader les dirigeants militaires birmans d’avoir recours à une répression toujours plus sévère, telle que celle qu’ils ont commencé à infliger à Rangoon et dans ses temples bouddhistes ? Ce ne sont pas les victimes innocentes de la répression qui perdent leur dignité, mais plutôt la communauté internationale, dont l’incapacité à agir signifie qu’elle se contente de regarder, impuissante, les victimes subir leur destin »
_____________________
Le régime de la honte
Le lecteur est invité à consulter - à la fin de cet article - les images d'un meurtre, celui du journaliste japonais tué à bout portant.
La junte militaire de Birmanie n’hésite pas à sacrifier sa population pour protéger ses intérêts : 13 morts et des dizaines de blessés en moins de 72 heures. L’ambassadeur australien en Birmanie a affirmé que le nombre de personnes tuées lors des récentes manifestations dans ce pays était bien plus élevé que le chiffre officiellement avancé par le régime birman.
« Que ceux qui ont battu les moines soient frappés par la foudre », ont scandé en birman des poignées de manifestants. « Les moines ont accompli leur tâche et, désormais, nous devons poursuivre le mouvement », affirme un leader étudiant. Des moines bouddhistes, qui avaient été le fer de lance de la contestation avant d’être interpellés par centaines ces derniers jours, étaient rares vendredi dans les rues de Rangoun, quadrillées depuis le matin par la police. L’armée en a arrêté par centaines jeudi lors de raids dans des monastères et on ignore ce qu’ils sont devenus. Des bonzes jurent qu’ils ne renonceront pas. La junte militaire birmane continue d’étouffer le mouvement de protestation populaire en dispersant par la force de nouvelles manifestations et en coupant la principale liaison à l’internet.
Le numéro deux de l’église bouddhiste unifiée du Vietnam (EBVU), Thich Quang Do, appelle les Nations unies et tous les États membres à une action urgente, via tous les principaux organes de l’ONU, pour exhorter le gouvernement birman à arrêter toutes les attaques. La Chine et la Russie refusent de condamner les violences de cet intolérable régime corrompu jusqu’à l’os. Nicolas Sarkozy Sarkozy a appelé l’ensemble des sociétés privées, Total par exemple, à faire preuve de la plus grande retenue, s’agissant des investissements en Birmanie, en demandant qu’il n’y en ait pas de nouveaux. Les Amis de la Terre ont dénoncé une mascarade, après les déclarations du président français Nicolas Sarkozy sur la présence du groupe pétrolier Total en Birmanie. La secrétaire d’Etat française aux Droits de l’Homme, Rama Yade, estime que le retrait de Total de Birmanie ne changerait pas la situation, soulignant que le groupe pétrolier américain Chevron était également présent en Birmanie. Les ministres du Groupe des huit pays les plus industrialisés ont condamné mercredi la répression violente contre des manifestants ordonnée par la junte birmane.
Cette insupportable junte militaire gouverne le pays le plus corrompu de la planète, affirme l’organisation Transparency International (TI) dans un rapport publié mercredi.
La Birmanie est sous la protection de la Chine. Grande mosaïque, elle englobe un nombre considérable d’ethnies : les Birmans (75 %), les Shans (11 %), les Arakans (6 %), les Karens (5 %), les Môns (3 %), les Kachins (2,5 %), les Chins, les Karennis (Kayahs), les Lahus, les Rohingyas, les Gurkhas, les Palaungs, les Méos (Hmongs), les Nagas, les Akhas, les Lisaws, les Kadus, les Was, les Mokens (ou Mawkens), etc. Le pays compte aussi 150 000 Chinois et 800 000 Indiens. Il n’y a plus de Parlement et l’Exécutif militaire ne fonctionne qu’en birman. Colonie britannique, la Birmanie proclama son indépendance le 4 janvier 1948 et refusa de faire partie du Commonwealth.
Sous l’œil bienveillant du généralissime, Than Shwe,la Birmanie est dirigée par une véritable narcodictature. La Birmanie est devenue le premier pays producteur d’opium et d’héroïne du monde, et fournit la moitié de la production mondiale d’héroïne. La plupart des régions de production du pavot sont situées dans des zones contrôlées par l’armée nationale ou par les milices qui ont signé des accords avec Rangoon. La Chine est devenue un pays de transit qui a détrôné la Thaïlande et le gouvernement de Pékin renouvelle régulièrement des ventes d’armes à la Birmanie.
Le généralissime, Than Shwe, 74 ans, a succédé à Saw Maung à la tête de l’État en 1992 et supervisé, en 2003, la réarrestation de l’opposante Aung San Suu Kyi, provisoirement mise en liberté. Than Shwe est président du Conseil pour la paix de l’État et le développement (SPDC), nom de la junte militaire au pouvoir. Than Shwe, bourreau de la Birmanie, maintient, avec la protection de la Chine, son pays sous le régime du secret et de la peur tout en renforçant le rôle de l’armée et en étouffant toute aspiration démocratique. Than Shwe accentue le repli de la Birmanie sur elle-même, alors que les pays voisins du Sud-Est asiatique s’ouvraient et commençaient à faire profiter les populations du développement économique.
Enfermés dans une mentalité de camp retranché et habités par un esprit traditionnellement isolationniste, le seul repli stratégique que pourraient faire Than Shwe et ses généraux, dans leur élan de répression pourrait être causé par le moral des troupes, pour qui s’attaquer aux moines bouddhistes, personnages vénérés dans tout le pays, constitue une intolérable offense à ce qu’elles ont de plus sacrés. Il convient de noter que 45 pour cent du budget de l’État est consacré à l’armée. En février dernier, des rumeurs voulaient que la santé du chef de l’État, le généralissime Than Shwe, soit mauvaise. Il aurait été opéré des reins à Singapour. Ce qui, bien évidemment, dans un pareil, permet toutes les spéculations autour du pouvoir. Il serait question de lutte de succession et de la possibilité pour cet autre Général, Thura Shwé Man, d’aspirer à la direction de la junte.
Selon Reporters sans frontières, Than Shwe et ses généraux ont renforcé la paranoïa du pouvoir militaire en place depuis 1988. A l’occasion de la fête nationale de la Birmanie en 2006, le général Than Shwe a appelé ses compatriotes à « être extrêmement vigilants » car les puissances occidentales essaient de dominer à travers les médias et les droits de l’homme. Le nombre de visas accordés à des journalistes étrangers a chuté en 2005.
La Libre Belgique dépeint l’homme en ces termes : Than Shwe est la main de fer sans le gant de velours. Le généralissime de 74 ans, féru d’astrologie, a commencé sa carrière militaire au sein du département de la guerre psychologique, dont il a gardé le goût du contrôle des idées et de la presse. Au pouvoir, il a maintenu son pays sous le régime du secret et de la peur, renforcé le rôle de l’armée et plongé la population dans une pauvreté immense tout en finançant les achats luxueux de sa femme et de ses filles. C’est Than Shwe encore qui, redoutant une attaque américaine, a décidé le déménagement des principales administrations du pays en 2005.
Sous la dictature de Than Shwe, toutes les exactions sont permises : trafic d’héroïne érigé en système politique, tortures en tout genre des personnes incarcérées, souvent sans procès, génocide et nettoyage ethnique. Le généralissime s’accorde tous les pouvoirs : museler les médias, emprisonner les journalistes étrangers et interdire toute forme d’expression dissidente (Amnesty International).
Pourquoi le généralissime Than Shwe a-t-il pu, sans coup férir, renverser, en mai 2003, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix, en procédant à son arrestation et en portant ainsi un coup fatal au processus de réconciliation, entamé en 2002 ? Aung San Suu Kyi, 61 ans, a été assignée à résidence, située sur l’avenue de l’Université qui longe le lac Inya, pendant dix des dix-sept dernières années et est quasi privée de tout contact avec l’extérieur. Un émissaire de l’ONU avait, le 11 novembre 2006, rencontré, à Rangoun, Aung San Suu Kyi. La « Dame de Rangoun » incarne l’espoir démocratique en Birmanie, un pays placé sous la houlette des militaires depuis 1962.
Selon Jeune Afrique, malgré une économie exsangue et un isolement diplomatique de plus en plus pesant, la junte a fait marche arrière dans le processus de démocratisation, revenant à une politique de répression tous azimuts. L’explication de cette volte-face est peut-être à chercher dans cette confidence du général Than Shwe, lors d’un Conseil des ministres : « La Birmanie ne figure qu’en cinquième position de la liste des pays hostiles établie par le département d’État américain ». Il est vrai que la Birmanie ne fait pas partie de l’axe du Mal défini par George W. Bush, que les Américains ont déjà fort à faire en Afghanistan et en Irak.
La vie quotidienne en Birmanie est réglée par décrets. En Birmanie, l’organisation de réunions de plus de cinq personnes est interdite, aucun fonctionnaire n’a le droit d’appartenir à un syndicat ou à un parti politique, à l’exception des rares organisations sponsorisées par le gouvernement, dont l’Union for Solidarity and Development Association (USDA) – vitrine associative du régime créée en 1993 par Than Shwe et dont la carte de membre est obligatoire pour tout fonctionnaire, étudiant, soldat... – mais aussi la Myanmar Red Cross ou la Myanmar Women Entrepreneurial Association.
En Birmanie, toute activité politique, surtout si elle est contraire aux intérêts du régime, est rapidement étouffée : les meetings, grèves, expressions publiques ou distributions de pamphlets à Rangoun sont rares (par simple peur de la population, mais surtout du fait de la présence continue et crainte des réseaux de renseignements), et leurs auteurs sont généralement appréhendés dans les dix premières minutes. Toute critique à l’encontre du régime ou de l’armée est proscrite. Le décret n° 5/96, édicté en 1996, interdit à toute personne de critiquer, de dénoncer ou même de commenter les activités de la Convention sous peine de sanction immédiate (vingt ans de prison, sans aucune possibilité d’appel, puisque les tribunaux civils n’existent pas). Réactivé avec l’ouverture de la seconde Convention nationale, en mai 2004, ce décret instaure une tolérance « zéro » pour tout commentaire négatif, empêchant même les délégués de la nouvelle Convention de s’exprimer publiquement (Les Études du CERI - n° 114 - mars 2005).
Nombre de familles birmanes se tournent vers le sangha, ou communauté bouddhique, pour instruire leurs enfants. La Birmanie compte plus de 80 pour cent de bouddhistes (soit plus de 40 millions). Les moines (de tout âge) seraient un peu plus de 300 000 (novices compris), dont un petit dixième de nonnes. Les monastères ont, en 1988, été au cœur de la vague contestatrice, aux côtés des étudiants et des activistes politiques. Nombre de bonzes ont participé, voire mené certaines manifestations prodémocratiques, dénonçant le régime et appelant à une plus grande tolérance, et ce au risque de leur liberté ou même de leur vie. Depuis, la junte a cherché à contrôler la communauté des moines, d’abord en l’infiltrant, puis en restreignant ses libertés : les bonzes n’ont pas le droit d’association et d’expression publique, ni celui d’appartenir à un quelconque mouvement politique. Le régime militaire a créé une association d’Etat pour gérer cette communauté : la Sangha Maya Nayaka. Les bonzes sont forcés d’y adhérer, récompensés par une série de titres honorifiques ou de compensations financières (la junte a ainsi redoré la plupart des pagodes du pays, afin d’améliorer le karma des leaders...). Surveillés, encadrés, les moines bouddhistes ne constituent plus aujourd’hui une véritable force contestatrice, même si leur degré de mobilisation politique reste très difficile à évaluer (Les Études du CERI - n° 114 - mars 2005).
Le réveil des bonzes
Rangoun est devenue la ville de la honte. Sein Win est le premier ministre du gouvernement birman en exil. Selon lui, le Prix Nobel de la Paix, sa cousine Aung San Suu Kyi, placée en résidence surveillée depuis 2003, aurait été transférée dans une prison. Mais selon un diplomate occidental à Rangoun joint par téléphone par l’AFP, « Nous avons plutôt eu un démenti », a-t-il dit, ajoutant que « tout porte à croire » que la lauréate du Prix Nobel de la Paix est encore dans sa résidence.
Dans l’hymne national birman, la population chante les mots de l’espoir : « Que nous soyons épargnés des dangers, que nous soyons épargnés de la pauvreté, que nos cœurs et nos esprits soient en paix ! » Hier, encore, 100 000 manifestants avaient investi les rues de Rangoun. Demain, elles seront à nouveau désertes. Selon la volonté de la junte au pouvoir. Pour croire encore que l’hymne national n’est pas qu’une suite de mots sans conséquences.
Le 15 août 2007, le régime du généralissime Than Shwe augmente brusquement les prix des carburants (essence : +66%, diesel +100%, gaz naturel comprimé : +535%), ce qui entraîne le doublement immédiat des tarifs dans les transports en commun et une vive colère au sein de la population. Depuis le 19 août, des moines bouddhistes marchent dans les rues de plusieurs villes de Birmanie en réaction à cette hausse forte du prix des carburants. Ces marches se transforment de plus en plus en mouvement de révolte plus étendu contre la junte au pouvoir. Le point culminant de ces marches s’est déroulé le 22 septembre dernier lorsqu’Aung San Suu Kyi a prié devant son domicile avec un millier de moines, autorisés par la police à passer devant sa maison.
Malgré les menaces, « si les moines sont allés à l’encontre des règles et des règlements d’obéissance aux enseignements bouddhistes, nous prendrons des mesures conformément à la loi existante », les moines bouddhistes tiennent bon. Le 24 septembre, 100 000 personnes se sont jointes à eux pour des marches pacifiques à Rangoun. En 1988, les généraux avaient réprimé dans le sang des manifestations en faveur d’un avènement de la démocratie. Même si les bonzes jouissent d’une grande autorité morale auprès de la population et qu’ils sont donc difficilement attaquables, la junte n’hésite devant aucun obstacle pour réprimer sa population et soigner ses intérêts.
Les moines l’avaient annoncé et ont montré leur détermination : avec la violence de la répression, les moines rentrent dans leurs monastères laissant maintenant le soin à la population de poursuivre cette revendication à la démocratie.. Les bonzes boycottent les aumônes de militaires, ce qui équivaut à une excommunication pour les bouddhistes. La France n’hésite pas à donner son appui : « L’ampleur des manifestations populaires et la participation des moines aux mouvements de protestation ont illustré le mécontentement de la population birmane. La junte est tenue pour responsable devant la communauté internationale de la sécurité des manifestants ». En contrepartie, la Chine s’est montrée particulièrement odieuse dans ses déclarations : « Nous espérons que toutes les parties feront preuve de retenue et apporteront les réponses appropriées aux problèmes qui se posent, afin que ces problèmes ne s’aggravent et ne s’étendent pas, afin qu’ils n’affectent pas la stabilité du Myanmar et encore moins la paix et la stabilité régionales ».
Depuis mercredi 26, la junte fait toujours usage de la force pour mettre un terme à neuf jours de manifestations massives à l’appel des moines bouddhistes. Aux dernières heures, le bilan se chiffre à neuf personnes, dont un journaliste japonais, qui ont été tuées et des centaines d’autres arrêtées, alors que la junte tente toujours, non sans mal, de briser un mouvement de protestation. Selon le journal birman en exil The Irrawaddy, cité par Courrier International, à Rangoon, l’armée a pris d’assaut plusieurs monastères dans la nuit de mercredi à jeudi et quelque 700 bonzes auraient été arrêtés.
Kenji Nagai, un vidéo-reporter de 50 ans travaillait pour l’agence APF basée à Tokyo. Il est le premier étranger tué depuis le début des violences à Rangoun. Au moins 50 000 personnes, en majorité des jeunes et des étudiants, avaient de nouveau bravé mercredi une interdiction de manifester contre la junte, selon des estimations citées par des témoins. « Vous êtes nourris par le peuple, mais vous tuez le peuple et vous tuez les moines ! » s’étranglait de rage un vieillard (L’Orient Le Jour).
À Paris, c’est l’indignation. Une pancarte flotte à une centaine de mètres de l’ambassade de Birmanie : « Kouchner où est ton ingérence humanitaire ? ». Aung Ko a 71 ans. Il quitté la Birmanie en 1975. Il est inquiet car une partie de sa famille est encore là-bas. Il n’a plus d’illusions : « Ce qu’a dit Sarkozy en recevant le Premier ministre Sein Win, c’est bien mais je crois que la communauté internationale se fout de la Birmanie ». A Washington, George W. Bush appelle justement le monde à faire pression sur la junte pour mettre fin à la répression. Les États-Unis ont annoncé qu’ils imposaient de nouvelles sanctions économiques contre 14 hauts responsables du gouvernement birman en raison de cette répression. Les ministres des Affaires étrangères de l’Association des pays du sud-est asiatique (Asean) ont exigé jeudi que la junte birmane « cesse immédiatement » d’utiliser la violence contre les manifestants pro-démocratie. L’Asean, dont la Birmanie est membre et dont Singapour assume actuellement la présidence tournante, a fait savoir au gouvernement birman que la crise actuelle portait atteinte à « la crédibilité » du groupe. L’Asean comprend la Birmanie, Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam.
L’attitude de Pékin éveille le scepticisme de la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui tient la Chine pour co-responsable de la tournure des événements : « Si les généraux écrasent la révolte dans le sang, c’est avec l’accord tacite de Pékin ». affirme le journal. Comment, sinon, interpréter l’appel du gouvernement chinois, mardi, à rétablir la « stabilité » en Birmanie ? Selon la Süddeutsche Zeitung, Pékin redoute le boycott de certains États aux Jeux Olympiques de l’an prochain. Mais ses efforts diplomatiques visent également des intérêts économiques : quoiqu’il arrive en Birmanie, la Chine souhaite continuer à exploiter les réserves de gaz et de pétrole et à construire des barrages dans le pays.
Les eurodéputés demandent « à la Chine et à la Russie de soutenir pleinement une déclaration claire du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant le recours à la force » en Birmanie, dans une résolution adoptée à une écrasante majorité au lendemain d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à la situation dans ce pays. Cet appel est resté sans suite : à cause de la Chine et la Russie, alliées de Rangoon, l’ONU n’a pu s’entendre sur un texte qui aurait été publié collectivement. La Chine a tout de même appelé junte et manifestants à faire preuve de modération, convient-il de le répéter.
Les quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU, réunis en urgence, n’ont pu s’accorder, mercredi 26 septembre, que pour demander au régime birman de faire preuve de « retenue » et d’accepter une visite d’Ibrahim Gambari, un émissaire de l’ONU. « C’est tout ce qu’on pouvait faire », a reconnu Bernard Kouchner qui préside le Conseil de sécurité jusqu’à la fin du mois. « La communauté internationale, en dehors des déclarations, n’a pas vraiment de levier », a constaté le ministre français qui a longtemps plaidé pour le droit d’ingérence humanitaire (Le Monde). Une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur la situation en Birmanie se tiendra mardi prochain à Genève. Pour quels nouveaux résultats ?
Voici les images d’un meurtre : le policier tire à bout portant sur le journaliste japonais. Ce qui ajoute à la honte et à la réprobation internationale de cette junte corrompue.
Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a demandé au Congrès près de 190 milliards de dollars pour financer les guerres en Irak et en Afghanistan en 2008, soit 42 milliards de plus que prévu. Ce budget pour l'année fiscale 2008 (qui commence en octobre) serait le plus important consacré par les États-Unis depuis six ans à la guerre contre le terrorisme. Si le Congrès approuve la demande de budget révisé du président, le financement total de la guerre en Irak dépasserait les 600 milliards. Combien coûterait une guerre en Iran ?
À la tribune de l'Assemblée générale annuelle des Nations unies, le premier ministre irakien Nouri al-Maliki a mis en garde les pays de la région contre ces attentats qui représentent un danger pour eux aussi et sur un Irak faible qui n'est pas dans leur intérêt. Message destiné à l'Iran et à la Syrie. Qui a le plus à craindre ? L'Irak contre l'Iran ? ou l'Iran contre les États-Unis ?
Vous rappelez-vous de Hans Blix ? Haut fonctionnaire international, il s’est fait connaître en Occident en 2002 alors qu’il est responsable des inspecteurs chargés d’enquêter sur les stocks d’armes de destruction massives de l’Irak. Il a occupé le poste de Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de 1981 à 1997. Il est nommé, par la suite, Président exécutif de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection des Nations unies (COCOVINU) en janvier 2000.
Pourquoi reparle-t-on de cet homme aujourd’hui ? Parce qu’il semble que le scénario qu’a vécu Hans Blix se répète : le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, semble, dans la crise avec Téhéran, se placer en travers du chemin, comme hier Hans Blix et ses inspecteurs en armements chimiques et bactériologiques en Irak. Hans Blix, qui avait plaidé jusqu’au bout en 2003 pour la poursuite des inspections, exhorte maintenant Paris et Washington à modérer leurs propos sur le nucléaire iranien : « Je pense qu’on doit être plus prudent dans le langage que ce qui a été le cas aux États-Unis et à Paris », a-t-il affirmé.
Comme Hans Blix, à l’époque, Mohamed ElBaradei en a fait une affaire de principe : aucune grande puissance ne dictera sa conduite à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), basée à Vienne. Il récuse fermement la perspective, à ce stade, d’une option militaire contre l’Iran. Hans Blix, dans une entrevue à l’Express en avril dernier, déclarait : « Si la Corée du Nord a déjà fait exploser un engin atomique, l’Iran, en revanche, semble incapable de franchir ce stade avant dix ou quinze ans, si j’en crois les études des services de contre-espionnage américains. C’est la raison pour laquelle, à présent, des menaces militaires contre Téhéran me semblent prématurées. Il faut négocier ».
Dès sa nomination à la tête de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection de l’Onu (Cocovinu) en avril 2000, il avait fait savoir que ses rapports et ceux de ses inspecteurs, sous ses ordres, seraient transmis uniquement au secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, et au Conseil de sécurité, contrairement à la pratique de la précédente mission d’inspection, l’UNSCOM, dont certains membres informaient directement leurs gouvernements, ce qui avait entraîné l’accusation d’espionnage.
Pour Hans Blix, convient-il de le rappeler : « Le risque est beaucoup plus important en Asie, où le Japon pourrait développer l’arme atomique en peu de temps, s’il le voulait. Au Moyen-Orient, en revanche, l’Arabie saoudite ou la Syrie n’ont pas commencé. En Égypte, même, le développement d’un programme prendrait beaucoup de temps ». En analyste avisé, l’ancien Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) prévient que : « il existe 27 000 armes atomiques déployées dans le monde, dont 12 000 sont prêtes à l’emploi. A mon sens, tous les pays dotés du feu nucléaire devraient prendre des initiatives pour réduire leurs arsenaux respectifs et, à terme, les éliminer ».
En 2004, Hans Blix fait paraître un livre : « Irak, les armes introuvables ». À Cette occasion, il accordait une entrevue à Radio Tunis Chaîne Internationale (RTCI). C’est à ce titre qu’il faisait remarquer que : « nul pays n’est obligé d’accepter des inspections internationales sauf avec son consentement. Et quand la Tunisie ou la Suède accepte les inspections c’est parce que nous savons que les deux pays ont accepté le traité de non prolifération (TNP), et en acceptant cela nous acceptons aussi les inspections de l’AIEA. Israël n’a jamais accepté ce traité, alors ils n’ont pas triché, ils ont seulement refusé d’avoir des inspections sur toutes ses installations nucléaires. Les Israéliens ont volontairement soumis un peu d’équipement sur inspection mais c’est [plutôt] sur une base volontaire non pas sur la base du traité. Il y a aussi l’Inde et le Pakistan qui n’ont jamais accepté ce traité et alors ils n’ont pas triché, mais alors vous pouvez dire à juste titre que ça ne change pas beaucoup la question ».
Pour monsieur Blix : « il n’existe pas seulement un double standard mais plusieurs standards. Et on commence par les américains où on accepte qu’ils ont une bombe nucléaire et ensuite on a accepté les autres quatre grandes puissances du Conseil de sécurité. [… ] On peut voir différents degrés de résistance et la résistance est très forte contre l’Iran, l’Irak ou la Corée du Nord mais on voit moins de résistance contre Israël, l’Inde ou le Pakistan. La perspective qu’on devrait avoir maintenant ce n’est pas seulement d’éviter la prolifération mais d’éviter l’existence des armes nucléaires. Il faut avoir un désarmement et pas seulement de travailler contre la prolifération ».
Hans Blix soulignait en avril dernier l’incongruité des négociations qui sont menées avec l’Iran : « C’est une façon de parler semblable à celle employée pour s’adresser à un enfant : d’abord tu obéis, et ensuite tu auras ta récompense. Et ça, je crois que c’est humiliant. Les Iraniens s’y sont opposés en disant non, nous sommes d’accord pour discuter, nous voulons discuter sur la suspension de l’enrichissement, mais nous ne sommes pas d’accord pour suspendre avant les discussions ». Blix souhaite que l’Iran arrête de procéder à l’enrichissement d’uranium, mais juge que la méthode utilisée à l’heure actuelle est « une piètre diplomatie, une piètre façon d’arriver à un résultat ».
Que dit maintenant celui qui est projeté au premier plan de l’actualité des négociations avec l’Iran ? « Nous avons affaire à un dossier très lié à la paix, à la sécurité et à la stabilité régionale au Proche-Orient et c’est pourquoi je demanderai à tout le monde de ne pas se laisser emporter jusqu’à ce que nous soyons parvenus au bout de la procédure » (d’inspection des sites nucléaires iraniens, entamée en février 2003). Mohamed ElBaradei s’est attiré ces dernières semaines les foudres des États-Unis. Le 5 septembre, le quotidien américain Washington Post lui reprochait de vouloir signer une « paix séparée » avec l’Iran, au moment où le conseil de sécurité de l’ONU débat d’une troisième salve de sanctions à l’encontre de Téhéran.
Il a essuyé également une vive remontrance de la secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, qui juge que « le travail de l’AIEA n’est pas de faire de la diplomatie » et que l’agence devrait se limiter à un rôle « technique ». Monsieur ElBaradei avait, contre le discours de « guerre », opposé que : « Nous devons toujours nous souvenir que l’usage de la force ne peut être envisagé (que quand) toutes les autres options son épuisées. Je ne crois pas du tout que nous en soyons là ». Il avait rappelé simplement que : « Il y a des règles sur l’usage de la force. J’espère que chacun tirera des leçons de la situation en Irak où 700 000 civils innocents ont perdu la vie sur la présomption qu’un pays possède des armes nucléaires ».
Les voix, qui s’opposent à la poursuite des inspections en Iran, accusent le messager de mauvaise foi. Selon l’analyste Mark Fitzpatrick de l’Institut international d’études stratégiques (IISS) à Londres, M. ElBaradei se rend coupable de « couper l’élan d’une dynamique de pression sur l’Iran dans le sens de davantage de sanctions ». « L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) reste encore incapable d’évaluer le caractère pacifique du programme nucléaire iranien », affirme Mohamed ElBaradei qui déplore également le fait que : « l’Iran n’a pas encore suspendu ses activités d’enrichissement et poursuit la construction du réacteur à eau lourde à Arak. Cela est regrettable en dépit des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU appelant l’Iran à adopter des mesures destinées à renforcer la confiance ».
Force est de constater que Mahmoud Ahmadinejad, en se braquant comme il vient de le faire devant l’Assemblée générale des Nations Unies, n’aide pas sa cause en décrétant le dossier du nucléaire iranien « clos » et constituait désormais une question « ordinaire » relevant de l’AIEA. Discours qu’il destinait avant pour les Iraniens. Qu’Ahmadinejad considère personnellement le dossier du nucléaire « clos » est une chose. Que la communauté internationale se refuse à cette perspective en est une chose. Mahmoud Ahmadinejad provoque non plus le Grand Satan mais ses propres alliés : la Chine et la Russie qui refusent obstinément que l’Iran se dote de l’arme nucléaire.
Le président Nicolas Sarkozy, tout en lançant un avertissement sévère à l’Iran, a qualifié, devant l’Assemblée générale des Nations Unies, « d’inacceptable » le fait que Téhéran se dote de l’arme nucléaire tout en ajoutant que « l’Iran a droit à l’énergie nucléaire à des fins civiles ». Il a jouté : « En laissant l’Iran se doter de l’arme nucléaire, nous ferions courir un risque inacceptable à la stabilité de la région et du monde ». Plus tôt, George W. Bush s’était contenté de citer, devant la même assemblée, ces « régimes brutaux (qui) dénient à leur peuple les droits fondamentaux inscrits dans la Déclaration universelle » des droits de l’homme ».
Le diplomate égyptien, Prix Nobel de la Paix en 2005, insiste auprès de la communauté internationale pour laisser à l’AIEA le temps nécessaire (jusqu’à la fin de l’année 2007) pour faire toute la lumière sur les activités nucléaires de l’Iran, conformément à un calendrier négocié le mois dernier avec Téhéran. Selon lui, les experts de l’AIEA doivent poursuivre leurs inspections du programme nucléaire iranien afin de déterminer s’il est ou non strictement pacifique.
Deux questions s’imposent :
a) Est-ce que l’Iran contrevient ou non à ses obligations dans le cadre du Traité de non prolifération (TNP) ? Selon ce traité, la construction d’une usine d’enrichissement d’uranium n’est pas interdite.
b) Pour l’heure, le TNP permet aux États signataires de développer leur capacité nucléaire, à usage civil, en autant qu’ils permettent à l’AIEA d’effectuer des inspections de leurs installations. L’Iran vise-t-il réellement de se doter de l’arme nucléaire, comme le clame Nicolas Sarkozy, alors que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ne parvient toujours pas à une conclusion définitive dans ce dossier.
Nous assistons pour l’heure à la répétition du scénario qui a précédé l’invasion de l’Irak et aux mêmes appels à la prudence que lançait Hans Blix devant l’Assemblée générale des Nations Unies. ElBaradei l’explique fort bien : « Je vois d’une part que l’Iran poursuit son enrichissement (d’uranium) sans que nous fassions les vérifications solides qui s’imposent et de l’autre côté les tambours de guerre (de ceux) qui disent qu’en fait, la solution c’est de bombarder l’Iran ». Selon ElBaradei : « L’AIEA n’a pas constaté par exemple d’installations, d’activités d’enrichissement non-déclarées ni de militarisation de leur programme, et elle n’a pas reçu d’informations à ce sujet de la part d’agences de renseignement ».
Malheureusement, ce n’est pas le message qu’attendent les grandes puissances du chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), ElBaradei. Hans Blix a payé de sa réputation sa ténacité et ses convictions de défendre la vérité au détriment du mensonge américain. ElBaradei a tout lieu de craindre un nouveau dérapage : « Cette hypothèse me fait frémir parce qu’une partie de la rhétorique utilisée me rappelle celle d’avant la guerre menée par les États-Unis et la Grande-Bretagne contre l’Irak en 2003 ».
Qu’ont en commun les États-Unis, la Chine et l’Iran ? Leur opposition à l’abolition de la peine de mort. Cette affirmation devrait se confirmer sous peu puisque le président du Conseil italien, Romano Prodi, a lancé mardi aux Nations unies une campagne pour la mise en place d’un moratoire international sur la peine de mort. Selon Romano Prodi, il y aurait « une tendance croissante » dans le monde contre la peine capitale et il en appelle de ses vœux pour un avenir plus juste et une société qui se serait « au moins libérée de la vengeance ». Pasquale Ferrara, porte-parole du ministère des Affaires étrangères italien, affirme que 90 pays ont exprimé leur soutien à l’initiative de l’Italie en faveur du moratoire.
Cette résolution sera présentée en octobre 2007 au cours de la 62e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Il est probable que ce texte obtiendra le soutien de pays situés dans toutes les régions du monde. Amnesty International mène une campagne de mobilisation, avec la Coalition mondiale contre la peine de mort et d’autres organisations non gouvernementales, en vue de soutenir cette résolution.
Comme l’indique Amnesty International, 133 pays et territoires qui ont aboli la peine capitale de jure ou de facto. Depuis 1990, plus de 50 pays et territoires ont aboli la peine de mort pour tous les crimes. Certains sont des pays d’Afrique (parmi les exemples récents figurent la Côte d’Ivoire, le Libéria, Rwanda) ; d’autres, des Amériques (Canada, Mexique, Paraguay) ; d’autres encore, d’Asie et du Pacifique (Bhoutan, Philippines, Samoa) ou bien d’Europe et d’Asie centrale (Albanie, Moldavie, Monténégro, Serbie, Turquie).
À l’échelle mondiale, il est difficile de connaître le nombre total de condamnés à mort qui sont actuellement dans l’attente de leur exécution. À la fin de l’année 2006, ce nombre oscillait entre 19 185 et 24 646 personnes, sur la base d’informations provenant des groupes de défense des droits humains, des médias et des quelques données officielles disponibles.
Au cours de l’année 2006, au moins 1 591 prisonniers ont été exécutés dans 25 pays et territoires et 3 861 personnes condamnées à mort dans 55 pays et territoires. Ces chiffres reflètent uniquement les cas dont Amnesty International a eu connaissance et sont certainement en deçà de la réalité.
Le Pakistan a exécuté 82 personnes, l’Irak et le Soudan chacun au moins 65, mais ces chiffres sont sans doute bien inférieurs aux chiffres réels. Aux États-Unis, on a enregistré 53 exécutions dans 12 États.
Selon la Coalition mondiale, vingt-et-une (21) pendaisons ont eu lieu en Iran pendant la seule journée du 5 septembre. Cela porte le nombre d’exécutions iraniennes à au moins 189 depuis le début de l’année. La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme rappelle que « la lapidation est un châtiment inhumain et dégradant qui viole l’article 7 du Pacte international pour les droits civils et politiques, ratifié par la République islamique ».
Depuis 1990, à la connaissance d’Amnesty International, neuf pays ont exécuté 54 prisonniers condamnés à mort pour des crimes commis alors qu’ils avaient moins de dix-huit ans : l’Arabie saoudite, la Chine, les États-Unis, l’Iran, le Nigéria, le Pakistan, la République démocratique du Congo (RDC), le Soudan et le Yémen. La Chine, les États-Unis, le Pakistan et le Yémen ont depuis lors fait passer à dix-huit ans l’âge minimum que doit avoir un délinquant au moment des faits pour être passible de la peine de mort. Les États-Unis et l’Iran ont chacun procédé à plus d’exécutions de mineurs délinquants que les sept autres pays réunis, et l’Iran a même dépassé les États-Unis, qui ont exécuté 19 mineurs délinquants depuis 1990. L’arriération mentale ne fait pas non plus reculer les juges, procureurs et gouverneurs : on évalue à trente le nombre de retardés mentaux exécutés depuis 1976.
En Chine, selon Amnesty International, les médias nationaux rapportaient, le 8 juin 2007, une diminution du nombre de personnes condamnées à la peine capitale et exécutées au cours des cinq premiers mois de l’année par rapport à la même période l’an dernier. Ce qui ne doit pas nous faire oublier qu’entre 1990 et 1998, Amnesty International avait recensé plus de 25 400 condamnations à mort et plus de 16 600 exécutions. Un autre rapport de cette organisation notait que, parmi 1 526 personnes exécutées en 2002 dans 31 pays, 1 060 étaient le fait des autorités judiciaires chinoises. Des statistiques hallucinantes ! Un site se spécialise à recenser au jour le jour les exécutions en Chine.
Rue89 précise que, en janvier 2007, le Japon comptait 100 condamnés dans le couloir de la mort, dont un cinquième condamnés en 2006 seulement. La peine capitale reste soutenue par une majorité de la population au Japon. Néanmoins, l’ONG Ensemble contre la peine de mortsouligne que « les exécutions, qui le plus souvent ont lieu en été et à la fin de l’année, se déroulent lorsque le Parlement est en congé pour éviter toute discussion parlementaire ». Aux États-Unis, depuis le rétablissement de la peine de mort par la Cour suprême fédérale, en 1976, 1092 condamnés ont été exécutés dont 400 dans le seul État du Texas. À ce jour, 3400 détenus attendant la sentence finale dans les couloirs de la mort.
Depuis 1973, aux États-Unis, 124 condamnés à mort ont été remis en liberté après que la preuve de leur innocence eut été apportée. Six libérations de ce type ont eu lieu en 2004, deux en 2005, une en 2006 et une jusqu’à présent en 2007.
En 2006, les parlementaires du New Jersey ont instauré un moratoire sur les exécutions et mis sur pied une commission chargée d’étudier tous les aspects de l’application de la peine capitale dans cet État. Dans son rapport final, en janvier 2007, la commission a recommandé l’abolition de ce châtiment.
Comme le rapporte Rue89, en 1998, Georges W. Bush, alors gouverneur du Texas, devait statuer sur le sort de Karla Faye Tucker, condamnée à mort. Elle s’était convertie en prison au christianisme, et était même devenue pasteur. De nombreuses églises avaient demandé sa grâce. Il a refusé d’intervenir que : « il faut de très sérieuses raisons pour se mettre en travers des choix des juges ». En 2000, il a rejeté le dernier recours en grâce d’une arrière-grand-mère, âgée de soixante-deux ans, Betty Lou Beets, condamnée à mort pour avoir tué son mari qui abusait d’elle. Bush avait reçu des milliers de lettres demandant sa grâce. Il avait alors donné la même explication: « J’ai la conviction que la justice a étudié l’affaire en profondeur ». En 2007, George W. Bush a décidé de dispenser de prison Scooter Libby, ancien directeur de cabinet du vice-président Dick Cheney, condamné pour avoir menti à la justice dans l’affaire Valerie Plame. Il a expliqué que la prison était une peine « excessive », compte tenu des services rendus par Libby à la nation, et de son casier judiciaire vierge.
L’écrivain russe Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski (1821-1881), impliqué dans la conspiration de Pétrachevski, est arrêté et condamné à mort. Sa peine est commuée en exil. Quatre ans en Sibérie, « seulement » quatre ans grâce au tsar Alexandre III qui amnistie les condamnés politiques. Il revient diminué physiquement et moralement de ces travaux forcés : crises d’épilepsie, besoin de solitude et caractère farouche. Il écrira dans l’Idiot : « Mettre à mort un meurtrier est une punition sans commune mesure avec le crime qu’il a commis ».
Quelques ministres font leurs classes. D’aucuns créent quelques maux de tête au grand patron. D’autres le satisfont pleinement. Nous passerons en revue trois ministres, trois femmes, trois styles. Des ministres qui ne laissent personne dans l’indifférence. Elles s’expriment. Elles débattent. Elles s’imposent. Voici donc Rama Yade, Rachida Dati etFadela Amara vues très librement à travers la presse française. Un dénominateur commun dans notre quête : comment ces trois femmes ont-elles réagi à cette question délicate des tests ADN pour prouver les filiations en cas de regroupement familial ? « L’ADN fait aujourd’hui son entrée dans la politique d’immigration : la biologisation touche désormais aux fondements mêmes de la famille, et en même temps de la Nation, dont elle prétend dire la vérité », (Éric Fassin).
________________________
Selon une presse, encline à dénicher les « gaffes ministérielles », la secrétaire d’État aux Affaires étrangères et aux Droits de l’homme aurait commis, en étant interrogée sur la mort d’une immigrée chinoise alors qu’elle tentait d’échapper à la police, un sérieux impair diplomatique endéclarant le plus naïvement du monde : « J’ai envie que nous allions à l’étranger parler droits de l’homme avec les Russes, avec les Chinois, sans avoir honte de nous-mêmes. Nous ne sommes pas la Chine, nous ne sommes pas la Russie. Notre pays n’est pas une dictature. Nous ne sommes pas une nation qui passe son temps à violer les droits de l’homme ». Le rappel à l’ordre vient de haut, semble-t-il : « Rama Yade a gagné haut la main la palme de l’impudence diplomatique », constate Jean-Marie Le Pen dans un communiqué.
La question à se poser, bien évidemment, est la suivante : selon le raisonnement de la ministre, la Chine et la Russie sont-elles des dictatures ? Déjà que Nicolas Sarkozy, devant la conférence des ambassadeurs, avait dénoncé la « brutalité » de la Russie tout en déclarant à l’issue d’une rencontre avec Vladimir Poutine que : « la France veut avoir un partenariat, la France ne veut pas diviser ».
Lilian Thuram, footballeur d’origine antillaise, dans un entretien à l’AFP avec le chanteur Manu Chao, le vendredi 21 septembre dernier, n’a pas hésité pas à dire ce qu’il pense de Rama Yade : « Rama Yade existe parce qu’elle est noire », chose que le footballeur trouve « triste » car pour lui, « il fallait une Noire dans le casting », et ce fut Rama Yade. Or, continue-t-il, « ce n’est pas parce qu’on est noir ou blanc qu’on a telle ou telle valeur ». Cette opinion a été formulée en même que celle, de Lilian Thuram, sur la prestation de Nicolas Sarkozy à Dakar. Le footballeur antillais qualifie : « le discours sarkozyste de Dakar de raciste et colonialiste, ajoutant que le président français n’avait même pas compris pourquoi les Africains se sont sentis insultés. Ca prouve tout le décalage et tout le mépris, la vision raciale des gens ».
En entrevue sur France 2, la ministre, après sa visite aux squatteurs d’Aubervilliers, déclarait : « Ce n’est pas parce qu’on est jeune qu’on n’est pas compétent, il faut faire confiance à cette jeunesse française et c’est ce que Nicolas Sarkozy a fait ». La secrétaire d’État avait, le 6 septembre dernier, et dans l’improvisation la plus complète, rendu visite à des squatteurs d’origine africaine à Aubervilliers. Ce déplacement ministériel faisait suite à l’expulsion de 70 familles en application d’une décision de justice prise à la demande la municipalité communiste d’Aubervilliers. Devant le tollé de commentaires soulevés par cette initiative, le Premier ministre François Fillon lui avait demandé des explications.
Sur l’introduction de tests ADN pour les candidats au regroupement familial, la ministre a eu une réaction mitigée : « Le projet de loi sur l’immigration n’a pas pour objet d’interdire le regroupement familial ni d’interdire l’immigration légale, mais simplement de poser des règles pour que les choses soient claires ». Pour toute réponse, la ministre a expliqué que : « De tels tests sont déjà pratiqués dans plusieurs pays européens », a rappelé Rama Yade, insistant sur la base volontaire de ces tests ADN. « Cette proposition vise à répondre à la difficulté de prouver la filiation des gens dans certains pays à cause des défections en matière d’état-civil ». La ministre a senti le besoin de préciser : « Je ne ferai pas partie de ceux qui vous diront qu’il est illégitime de faire venir sa famille, de par mon histoire personnelle ». Sa patronne, la ministre du Logement, Christine Boutin, s’est dite, pour sa part, choquée par cet amendement, adopté malgré tout par 91 voix contre 45.
Pour montrer à quel point cette jeune ministre respire la candeur et la fraîcheur, elle s’est empressée d’accepter une entrevue sur France 2 pour déclarer, comme le rapporte le Figaro. Jugée gaffeuse par certains de ses collègues, Rama Yade a décidé de ne pas baisser la tête et même de griffer ses contempteurs : « Les jeunes ont besoin aussi d’être entendus, avec leurs imperfections c’est vrai. Ils auront toujours le temps d’être âgés, d’être vieux ».
________________________
Une autre ministre a fait couler beaucoup d’encre. Rachida Dati. Patrick Gaubert, président de la Ligue Internationale contre le Racisme et l’antisémitisme (LICRA) et député européen, qualifie, dans le Nouvel Observateur, son bilan ainsi : « Rachida Dati a quand même beaucoup encaissé à son arrivée au ministère, parce qu’elle était une femme, parce qu’elle était fille d’immigrés. La justice est une vieille dame bien française et bien bourgeoise et des magistrats ont réagi un peu méchamment. Il y a certes eu la valse des départs à son cabinet. C’est vrai qu’elle est un peu dure, mais peut-être que des gens n’ont pas apprécié son attitude tout simplement parce que c’était elle. Aurait-ce été la même si cela avait été Perben ? »
Pour Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’homme (LDH), Rachida Dati : « a exécuté fidèlement le programme que Nicolas Sarkozy lui avait assigné. Rachida Dati a été nommée parce qu’elle est une femme, parce qu’elle est issue de l’immigration maghrébine. Mais nous ne jugeons pas la ministre sur sa personne. De toute manière, elle est un instrument de communication, tout comme l’est Rama Yade ou Fadela Amara. Mais les parcours personnels de ces personnes ne sont pas importants ».
Pour Florence Aubenas, grand reporter au Nouvel Observateur : « Rachida Dati est une ministre très typique de Nicolas Sarkozy. Elle est dans la norme. Et, je pense qu’il est malvenu de dénoncer cette soi-disant maltraitance quand on sait comment elle traite ses collaborateurs à son cabinet. Sept d’entre eux sont partis grosso modo parce qu’elle s’était conduite de manière insultante avec eux ». Et Serge Portelli, vice-président du tribunal de Paris, ajoute : « Les premiers mois de Rachida Dati sont calamiteux. Son action est confuse, part dans tous les sens et est dans la ligne démagogique de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy. Son bilan signe la fin du Garde des Sceaux : Rachida Dati n’est pas Garde des Sceaux mais porte-parole de Nicolas Sarkozy ».
Interpellée sur la mise en place de tests ADN pour prouver les filiations en cas de regroupement familial, la ministre a prudemment indiqué qu’elle « n’avait pas lu le texte de l’amendement ».
________________________
« Pour nous les femmes des cités, Fadela, c’est une icone, comme Rachida Dati. Ce sont des modèles, ce sont des femmes des cités qui sont arrivées à un certain niveau, alors pour nous c’est très encourageant, on se dit si elles sont arrivées, alors, nous aussi on va y arriver », confie Lynda Maouchi, 34 ans, jeune vaudaise d’origine algérienne, au quotidien Le Monde.
Ex-présidente du mouvement « Ni putes, ni soumises » (NPNS), Fadela Amara est co-auteure d’un livre, publié en 2006 et intitulé « La racaille de la République », qui devait rendre la parole aux jeunes des quartiers insultés par Nicolas Sarkozy. Son passage au gouvernement n’est pas passé inaperçu. Elle a été nommée secrétaire d’État chargée de la politique de la Ville, sous la tutelle de Christine Boutin. Jusqu’à la présentation au Conseil des ministres de son travail préparatoire au prochain plan gouvernemental destiné aux banlieues, Fadela Amara avait peu fait parler d’elle. Elle a mis en ligne, sur Internet, un site bien spécial : « Tolérance zéro contre la glandouille».
Dans cette action « à donf », l’ex-chef de file de « Ni putes ni soumises » déplore qu’en banlieue, « trop d’acteurs de terrain et d’associations (soient) marginalisés, méprisés,vassalisés. Trop de talent négligé. Trop de blocages, trop de lobbies, trop de chasses gardées, trop de forteresses, trop de tabous. Trop de convenances et d’habitudes qui ont sclérosé et empêché d’agir efficacement ». Une énumération relatée par Le Figaro.
Cette initiative a donné lieu à un commentaire du collectif AC le feu qui a estimé que Fadela Amara participait à une « stigmatisation » et une « dévalorisation » des jeunes sans travail en ayant intitulé son plan sur les banlieues « Tolérance zéro contre la glandouille », et lui a demandé de « parler français ». Ce à quoi la ministre a répliqué : « Fadela Amara a estimé que le collectif avait «le droit de s’exprimer», tout en regrettant qu’il «ne réponde pas aux demandes de participation» aux projets du gouvernement pour la banlieue ».
Une consultation du site en question démontre bien, qu’au-delà du titre un peu provocateur, tout est rédigé dans un français correct. La ministre annonce notamment : « A partir de la mi-septembre jusqu’à la fin-novembre, des réunions publiques se tiendront dans tous les départements de métropole et d’Outre-mer, dans chaque ville, dans chaque quartier pour permettre à tous d’échanger et de donner leur opinion sur ce que doit être la ville de demain. Fin novembre, nous aurons les propositions du terrain. Nous les inclurons dans le plan. Et nous proposerons avant la fin de l’année, dans le cadre d’une conférence associative et dans un endroit symbolique le tracé d’un renouveau pour la ville ».
Seul problème avec cette excellente initiative d’un blog sur la Tolérance zéro, est qu’il n’est pas mis à jour fréquemment. Pour exemple, la page principale a fait l’objet d’une dernière rédaction le 7 septembre dernier. Seuls les commentaires s’accumulent au fil des jours et de leurs publications. La section de la Revue de presse n’affiche qu’un seul communiqué en date du 20 juin 2007. Sous la rubrique La politique de la ville, une cause nationale, la dernière mise à jour relève également du 7 septembre. Tout s’est figé le 6 septembre. Il convient de s’interroger sur le sérieux de cette initiative et sur les résultats qu’en escompte la ministre.
Sur le site officiel du ministère du Logement et de la Ville, Délégation interministérielle de la Ville, peu d’informations sont remises à jour relativement à la tournée de la ministre et aux résultats de ses réunions publiques qui se tiennent, semble-t-il, dans tous les départements de métropole et d’Outre-mer, dans chaque ville, dans chaque quartier, « pour permettre à tous d’échanger et de donner leur opinion ».
Autant sur le site du ministère que sur celui du blog de la ministre, tout s’est arrêté le 6 ou le 7 septembre 2007. Cherchez à comprendre. Pour comprendre la démarche de la ministre dans son programme de consultations des départements et des villes, j’ai consulté son agenda en ligne. La ministre semble aux abonnées absentes. Rien.
Sur la mise en place de tests ADN pour prouver les filiations en cas de regroupement familial, la ministre Amara s’est déclarée défavorable aux tests ADN pour les candidats au regroupement familial, une pratique qui la « heurte » parce qu’elle « jette l’opprobre sur les étrangers qui veulent venir chez nous ». La ministre a poursuivi : « Je respecterai le débat démocratique de notre pays, mais oui ça me heurte en tant que fille d’immigrés ».
Il se trouvera plus d’un observateur pour dire que la victoire de Pauline Marois dans Charlevoix est un signe d’une victoire aux prochaines élections générales. Force est de constater la victoire éclatante de madame Marois qui l’emporte avec un score de 59 pour cent des voix contre 37 pour cent des voix pour Conrad Harvey. Et le taux de participation de 58 pour cent ajoute à cette victoire.
Fait intéressant à noter : il semble que la longévité attend madame Marois, dans Charlevoix, puisque les électeurs ont la réputation d’être fidèle à leur député ou députée, n’en ayant élu que quatre différents en 63 ans (Canoë). De sa nouvelle circonscription, madame Marois a déclaré : « Nous allons devoir démontrer que nous sommes capables de répondre aux attentes de la population, que nous représentons une véritable alternative. Nous devons travailler à créer un État plus solidaire, avec le désir profond de créer de la richesse, pour la partager ».
Un élément qu’il convient de retenir est le fait que le Parti libéral n’avait soumis aucun candidat. Jean Charest préférait laisser toute la place à Pauline Marois pour qu’elle puisse s’assurer de siéger à l’Assemblée nationale en tant que chef du Parti québécois. À la rentrée parlementaire du 16 octobre prochain, Mme Marois deviendra la première femme élue, chef de parti, à siéger au Salon bleu. Pour madame Marois, c’est également le parcours de la combattante puisqu’elle attend ce moment depuis fort longtemps. « Ça, c’est une victoire qui fait du bien », a-t-elle lancé, prévenant aussi ses troupes péquistes qu’elles devaient maintenant conquérir le cœur des Québécois comme elles avaient réussi à le faire avec les citoyens de Charlevoix.
Agée de 58 ans, madame Marois est devenue, le 26 juin dernier, chef du Parti québécois après la démission d’André Boisclair, qui a choisi de quitter le navire à la suite d’une dure défaite électorale. Elle a été élue pour la première fois en 1981 en devenant députée dans La Peltrie. En plus d’occuper ses fonctions de députée, elle a notamment été ministre de la Santé, de l’Éducation et des Finances.
Ce retour de madame Marois, en politique, après son départ, le 20 mars 2006, marque la consécration d’une longue carrière jalonnée de succès et d’échecs. Elle avait en particulier perdu à deux reprises la course à la direction du Parti québécois en 1985 et en 2005. En août 2004, elle contestait ouvertement le leadership de Bernard Landry, en réclamant une course à la direction, à laquelle elle serait candidate. Cette course avait donné la victoire à André Boisclair. Madame Marois n’a pas toujours fait l’unanimité. Loin s’en faut. En 2002, alors qu’elle cumule Finances, Industrie, Commerce, Économie sociale, Recherche, Science et Technologie, soit presque toute la sphère économique de l’État québécois, elle est confrontée au fait que son mari, l’homme d’affaires Claude Blanchet, dirige en même temps la Société générale de financement (SGF), une société d’État dont la mission est d’intervenir dans le développement économique du Québec par le biais d’investissements de capitaux gouvernementaux. Le Premier ministre Bernard Landry prend alors la gestion de la SGF afin d’éviter toute apparence de conflit d’intérêt.
En mai dernier, alors qu’elle annonçait sa candidature au poste de chef du Parti québécois, Pauline Marois annonçait en même temps son intention de procéder à des changements profonds : mettre en veilleuse le processus référendaire, s’adapter aux aspirations des Québécois et renouer avec le nationalisme identitaire : « Je propose que nous mettions de côté l’échéancier référendaire pour travailler sur le projet de pays, l’expliquer, en discuter et écouter les gens sur la façon dont ils le voient. Si on me choisit comme chef de ce parti, c’est aussi cette orientation-là que l’on choisit ».
A ce propos, madame Marois s’est retrouvée au cœur d’une polémique après la visite de Ségolène Royal à Montréal. Ségolène Royal a de nouveau dérapé en déclarant qu’elle a reçu de madame Marois la confidence qu’il « n’y aura pas de référendum sur l’indépendance du Québec ». « Pauline Marois me l’a dit. Je ne crois pas trahir un secret en disant cela », a ajouté Mme Royal au journaliste Ludovic Hirtzmann. Madame Marois a dû s’en expliquer : « J’ai dit à Ségolène exactement ce que je dis depuis le début, à savoir que pour le moment, il n’est pas question de parler de la mécanique référendaire, mais de parler du projet de pays, et que quand viendra le temps, on sera bien capable d’identifier le moment où l’on voudra se poser la question » (Le Soleil).
En commentaire, Gilbert Lavoie, éditorialiste au Soleil, écrit que : « L’anecdote illustre à quel point l’échéancier référendaire demeure un sujet délicat pour les péquistes. Il est plausible que Mme Marois ait dit à Ségolène Royal qu’elle n’entrevoyait pas de référendum sur la souveraineté dans un avenir rapproché. Au lendemain de son couronnement à la tête du PQ, elle a déclaré qu’il faudrait peut-être attendre deux ou trois mandats. Mais il ressort une chose de l’incident, c’est que la souveraineté du Québec a été évoquée pendant la rencontre avec Ségolène Royal, et que le discours de Mme Marois a été davantage rassurant que porteur d’un programme pressé pour faire la souveraineté. C’est suffisant pour énerver les orthodoxes qui se méfient comme la peste de leurs leaders, qu’ils soupçonnent de faire passer la recherche du pouvoir avant l’objectif souverainiste ».
Madame Marois est pleinement consciente de ses nouvelles responsabilités : « La victoire d’aujourd’hui ne s’arrêtera pas là. Il va falloir continuer à écouter, comprendre et surtout, il va falloir démontrer que nous sommes capables de répondre aux attentes de la population ».
Le couple Marois-Blanchet a longtemps été scruté par une presse « people » au Québec. À la veille de son élection dans Charlevoix, « The Gazette », a lancé un véritable pavé dans la mare en révélant que quelque 7 des 41 acres du domaine de l’Île-Bizard, occupé par Pauline Marois et son conjoint à l’ouest de Montréal, appartiendraient à l’État, des terres expropriées en 1978 par les Péquistes et destinées au prolongement de l’autoroute 40. Le couple a, depuis, sommé le quotidien The Gazette de se rétracter, à défaut de quoi des procédures seront entreprises à son encontre. Le domaine du couple serait évalué à trois (3) millions de dollars. De quoi faire beaucoup d’envieux.
Ce qui a été précisé, dans cette affaire, est que Claude Blanchet a un droit de passage pour se rendre à sa maison. Il a choisi d’aménager ce terrain à ses frais tout en étant conscient que les aménagements sont temporaires et que n’importe quand, ils pourraient disparaître. Dans son communiqué, le Parti québécois précisait que : « Beaucoup de gens ont des droits de passage sur des terres publiques et choisissent de les aménager. Pensons par exemple à la bande de terrains que possèdent les villes dans les rues et les ruelles et que les gens aménagent. N’importe quand la ville peut décider d’y effectuer des travaux, et ce, en dépit du fait que ces bandes aient été aménagées, sans dédommagement pour les travaux effectués. Les choses ne sont pas différentes dans le cas de Claude Blanchet ».
Le défi qui se présente maintenant à Pauline Marois en sera un de confiance et de crédibilité. Il faut rappeler que le 1o septembre dernier, selon un nouveau sondage mené par la firme Léger Marketing pour le réseau de télévision TVA, Le Journal de Montréal et le quotidien The Gazette, 34 pour cent des répondants voteraient pour le Parti québécois (PQ), 30 pour cent pour l’Action démocratique (ADQ), et 28 pour cent pour le Parti libéral du Québec (PLQ). Parallèlement, 63 pour cent des répondants se sont dits insatisfaits du gouvernement de Jean Charest, près de la moitié (48 pour cent) souhaitent même que ce dernier quitte la direction du PLQ. Quelque 46 pour cent des répondants estiment être mieux servis par un gouvernement minoritaire, contre 38 pour cent qui favorisent un gouvernement fort.
Madame Marois obtient la faveur du tiers des répondants qui estime qu’elle ferait « le meilleur premier ministre ». Mario Dumont arrive deuxième, alors que le premier ministre Jean Charest est troisième. En outre, 86 pour cent des répondants se disent prêts à élire une femme à la tête du gouvernement du Québec. Mais madame Marois ne doit pas ignorer que 68 pour cent des Québécois, contre 60 pour cent pour elle-même, ont une bonne opinion de Mario Dumont, chef de l’Action démocratique du Québec. En fait, Mario Dumont est la personnalité qui a la meilleure cote parmi les politiciens. Le hic est que, selon ce même sondage, 53 pour cent des personnes questionnées estiment qu’il n’a pas l’expérience et les compétences nécessaires pour devenir premier ministre et 63 pour cent des répondants estiment que son équipe n’a pas non plus l’expérience et les compétences requises pour former le gouvernement.
Et la chose à laquelle devra s’attaquer prioritairement madame Marois est le caractère présomptueux reconnu trop souvent dans certaines déclarations des députés de sa formation : « Ce soir, c’est une victoire très claire contre l’ADQ, dans un comté qui n’était pas facile, a analysé le député de Rousseau, François Legault. Faut comprendre que nous étions dans la Capitale nationale, où l’ADQ a eu des succès. C’était un bon test pour Pauline Marois auprès des travailleurs forestiers, des agriculteurs, et je pense que c’est un bon présage pour la suite des choses, pour la prochaine élection générale ». Pierre Curzi a été plus audacieux : « C’était un test qui n’était pas négligeable. Secrètement, nous avions une crainte que la majorité ne soit pas significative, or, elle l’est », a-t-il martelé, en ajoutant : « Ce sera la première femme premier ministre du Québec » en début de soirée (Le Devoir). Pour rappel, 46 pour cent des répondants québécois estimaient, le 10 septembre dernier, être mieux servis par un gouvernement minoritaire. Rien ne terminerait plus en catastrophe la carrière de madame Marois que d’être élue à la tête d’un gouvernement minoritaire. La défaite est un plat qui se mange très froid au sein du Parti québécois.
L’ennemi numéro un est en ville. Mahmoud Ahmadinejad est à New York pour prononcer une allocution devant l’Assemblée générale des Nations Unies, mardi. Quel sera le bilan de ce voyage du président iranien aux États-Unis au moment où les États-Unis cherchent à provoquer des « petits incidents irritants » en retour des « piques » que leur adresse - encore ce week-end - l’Iran ? Cet « État voyou » s’inscrit toujours dans « l’axe du mal », ne l’oublions pas. Est-ce que ce voyage sera marqué du sceau des règles de la diplomatie ? A suivre.
____________________
L’Iran aime bien provoquer. Cela ne fait aucun doute. Lors de la 15e exposition internationale sur le Coran, qui s’est déroulée, mardi 18 septembre, à Téhéran, les organisateurs se sont servis des drapeaux israéliens et américains comme tapis, histoire d’illustrer l’opposition iranienne au « big devil » (le grand satan), les États-Unis, et le « little devil » (le petit satan), Israël. Samedi, encore, à l’occasion d’un défilé militaire, l’Iran a montré les fleurons de son industrie de l’armement dont des avions de chasse dernier cri et surtout un nouveau missile à longue portée, le Ghadr-1 (« puissance »), pouvant franchir 1 800 km. Israël et l’Iran ne sont séparés que d’au plus d'un millier de kilomètres - ainsi que toutes les bases militaires américaines de la région.
Mahmoud Ahmadinejad en remet : « Ceux qui pensent qu'avec des instruments désuets comme la guerre psychologique et les sanctions économiques ils peuvent arrêter la marche de l'Iran vers le progrès, ils se trompent lourdement ». Cette parade intervient bien évidemment avant la visite du président iranien aux États-Unis où il doit présenter son point de vue aux Nations Unies. Par la même occasion, l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien, met en garde les pays tentés par une attaque militaire contre l'Iran : « Une agression militaire contre l'Iran n'est pas comme si on frappe et on s'enfuit. Quiconque lance une agression (contre l'Iran) souffrira sérieusement des conséquences ».
La dernière intervention en la matière – où le terme de guerre a été évoqué – est celle, remarquée, du ministre des Affaires étrangères de la France. Vendredi, dans le cadre d'une visite de Bernard Kouchner à Washington, les États-Unis et la France ont affirmé être sur la même longueur d'onde et ils ont à nouveau menacé l'Iran de sanctions si ce dernier ne cède pas à la pression internationale pour suspendre son programme nucléaire. « Bernard et moi voyons ces questions de manière très similaire », a déclaré Condoleezza Rice à l'issue d'un déjeuner avec son homologue. Cette belle unanimité n’est pourtant pas partagée : Washington et Paris doutent que les Russes et les Chinois soient prêts à décider dans l'immédiat de nouvelles sanctions crédibles contre Téhéran. Comme on pouvait s'y attendre, Mohammad-Ali Hosseini, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a condamné les remarques de M. Kouchner en déclarant que l'utilisation de « mots convulsifs » était en contradiction avec la dignité historique et culturelle, ainsi que les positions de la France. L'agence IRNA attaque directement le président français : « Le nouveau locataire de l'Elysée veut aujourd'hui copier la Maison Blanche », écrit Irna en ajoutant que « cet Européen s'est mis dans la peau des Américains et imite leurs hurlements ».
« Je n'aurais pas employé le mot guerre, il (M. Kouchner) s'en est lui même expliqué », a commenté Nicolas Sarkozy. À défaut du chef de l’État, c’est l'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, qui est venu au secours de Bernard Kouchner, vendredi, estimant que : « Ce n'est pas parce que quelqu'un dit : 'il y a un risque de guerre', qu'il faut être complètement épidermique sur les mots ». Hubert Védrine juge « évident qu'on a affaire à des gens qui ne souhaitent pas la guerre ». Monsieur Védrine se référait à Nicolas Sarkozy et à Bernard Kouchner. Devant la presse américaine, M. Kouchner a promis de ne plus l'utiliser, évoquant « ce mot que je prononcerai plus puisqu'apparemment, cela choque » (Le Monde). Comme dirait Churchill : « La politique est plus dangereuse que la guerre. En guerre, on ne peut être tué qu’une fois. En politique, plusieurs fois... »
S’agissant du président, il réitère l’obligation d'œuvrer pour convaincre les Iraniens de renoncer à leur projet nucléaire « par la discussion, par le dialogue, par les sanctions ». « Si les sanctions ne sont pas suffisantes, je souhaite des sanctions plus fortes », a-t-il indiqué. « Ce n'est pas exclusif d'un dialogue avec les Iraniens », a ajouté le chef de l'État français.
À la veille donc de son arrivée aux États-Unis, Mahmoud Ahmadinejad veut marquer les esprits. Organisée dans le cadre des commémorations de la guerre Iran-Irak (1980-1988), l'imposante parade montrait de nombreux slogans antiaméricains et anti-israéliens. Des véhicules militaires arboraient des inscriptions : « Mort à l'Amérique » et « Mort à Israël ». Au début du défilé, trois Saegheh, le nouvel avion de chasse iranien, présenté comme un appareil dernier cri, ont par ailleurs survolé la parade. Fait important à noter : tout comme en 2006, les attachés militaires européens n'ont pas assisté au défilé afin d'éviter de cautionner les inscriptions antiaméricaines et anti-israéliennes, selon un diplomate européen (AFP).
Dans une interview, diffusée dimanche sur CBS, lors de l'émission hebdomadaire « 60 minutes », Ahmadinejad réitère son souhait de se rendre sur le site où se trouvait le World Trade Center (WTC). Il dit toutefois qu'il « n'insistera pas » si les autorités locales ne réussissent pas à mettre en place « la coordination nécessaire ». Le New York Post évoque la « tempête de réactions furieuses provoquée par la requête insultante de l'homme qui a aidé les terroristes irakiens à tuer des GI's ». Interrogé sur « l'insulte » que représenterait sa visite à Ground Zero, Ahmadinejad s'est dit « étonné » par la question. Le dirigeant iranien s'est demandé comment le journaliste pouvait parler « au nom de toute une nation ». Après que le président iranien eût manifesté le désir de déposer une gerbe sur le site du World Trade Center, le Daily News - à la une de son numéro de jeudi - a lancé ce message d'accueil : « Va en enfer! ».
Ce dimanche, pour bien marquer le pas, l’hebdomadaire Newsweek soutient que le vice-président des États-Unis, Dick Cheney, aurait envisagé de demander à Israël de lancer des missiles contre le site nucléaire iranien de Natanz pour provoquer des représailles de Téhéran et obtenir ainsi un prétexte pour que l'armée américaine frappe à son tour. Israël jugerait par contre qu'une action militaire serait rendue nécessaire dès 2008 pour faire obstacle aux programmes de recherche nucléaire de l'Iran qui devrait oeuvrer encore plusieurs années pour contrôler le feu nucléaire.
Qu'importe. « L'Assemblée générale des Nations unies est une bonne occasion pour présenter les solutions du peuple iranien pour régler les problèmes du monde », déclare Mahmoud Ahmadinejad. Au cours de son séjour, il entend même rencontrer des intellectuels et des hommes politiques indépendants américains. Il profitera donc de son bref séjour aux États-Unis pour présenter États-Unis les positions du peuple iranien car, selon Ahmadinejad, ils sont très désireux de les entendre. « L'Iran est une puissance influente et le monde doit savoir que cette puissance a toujours été au service de la paix, de la stabilité, de la fraternité et de la justice », a déclaré le président iranien Mahmoud Ahmadinejad dans un discours qui précède sa visite à New Yorik. Celui qui doit s'adresser aux Nations unies mardi, ajoute que la guerre psychologique et les sanctions économiques étaient des moyens dépassés utilisés par les pays occidentaux.
Les États-Unis se préparent à l’arrivée de Mahmoud Ahmadinejad. Selon un accord de 1947, les villes et pays abritant des institutions de l'ONU doivent garantir leur accès aux représentants étrangers. Le porte-parole du Département d'État a rappelé que les États-Unis n'avaient pas de relations diplomatiques avec l'Iran et que « selon les accords existants avec l'ONU », les responsables de tels pays pouvaient circuler « selon leurs vœux et aussi selon les exigences de la sécurité » dans un rayon de 40 kilomètres autour du quartier général des Nations Unies. Qu’à cela ne tienne, Ahmadinejad s’est fait inviter par la prestigieuse université de Columbia. La décision du président de l’Université a suscité beaucoup de commentaires très critiques mais ce dernier persiste et signe : « La foi en la liberté reste l’arme la plus puissante de notre pays contre les régimes répressifs ».
Un porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Fratto, a exprimé le souhait que le régime islamique accorde aux Iraniens la liberté dont M. Ahmadinejad bénéficiera aux États-Unis. « Nous sommes dans un pays où les gens peuvent venir s'exprimer, exprimer leur opinion, et nous en sommes fiers. Même les gens dont nous trouvons les idées et les convictions répugnantes, voire dangereuses », a dit M. Fratto devant la presse.
En novembre 1988, alors que le leader palestinien, Yasser Arafat, devait participer à une conférence des Nations Unies sur le Proche-Orient, les États-Unis lui avaient interdit l'accès, obligeant ainsi l'Assemblée générale à déplacer la réunion à Genève. Depuis, Ahmadinejad s’est s'adressé à l'Assemblée générale de l'ONU en 2005 et 2006. Hugo Chavez, son homologue vénézuélien, a, l'année dernière, utilisé le podium onusien pour traiter George Bush de « diable ».
Mardi prochain, George W. Bush et Mahmoud Ahmadinejad vont s’adresser à la même tribune. Nicolas Sarkozy également. L'un des candidats républicains à la Maison Blanche en 2008, Mitt Romney, mormon multimillionnaire, déclarait, lundi dernier, que le président iranien devrait être interdit de participation à l'Assemblée générale des Nations Unies et inculpé de génocide. Romney a appelé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à retirer l'invitation au président iranien de participer à l'Assemblée générale et estimé que le gouvernement américain devrait reconsidérer son soutien financier à l'organisation internationale s'il ne le faisait pas : « Si l'ONU ne réagit pas aux menaces de l'Iran », a estimé M. Romney, « les États-Unis doivent reconsidérer leur niveau de financement aux Nations unies au moment où nous voulons reconstruire et revitaliser les partenariats internationaux pour faire face aux menaces du 21e siècle ».
Mahmoud Ahmadinejad, arrivé dimanche à New York, sera l’objet d’une manifestation officielle prévue ce lundi 24 septembre par de nombreuses organisations et comités juifs américains : « Nous croyons que cette manifestation est particulièrement importante à cause de la hausse permanente des propos tenus par l’Iran contre Israël et les Juifs », a déclaré Malcom Henlein, vice-président exécutif de la Conférence des Présidents des organisations juives américaines, qui participera à cette manifestation.
Gil Courtemanche, écrit dans Le Devoir, édition du samedi 22 septembre 2007 : « Ça fait dix ans que vous dites à l’Infoman que ce qu’il fait est ridicule, dix ans que vous dites que le Québec n’existe pas, dix ans qu’on ne vous a pas vu rire, dix ans que vous méprisez de votre œil intellectuel les émissions de variétés et, pour refaire votre image, vous voulez être invité à Tout le monde en parle et pourquoi pas au Banquier ? »
Stéphane Dion se définit ainsi : « Au-delà de la stratégie, c’est une question de personnalité. Je suis une personne plutôt discrète, j’aime parler des choses et pas forcément de moi ». Rarement message aura montré autant de difficultés à atteindre son but. « Je dois me battre contre une caricature de moi-même », a déploré le chef du Parti libéral. Il n’a jamais si bien dit.
D’entrevues en entrevues, Stéphane Dion semble vouloir infléchir l’opinion publique pour qu’elle retienne une perception plus favorable de sa personne. Puisqu’il a lui-même une très haute estime de soi : « Ca a donné aux gens l’impression d’un Stéphane Dion qui est tout fait caricatural, qui n’est pas ce que je suis, et qui n’est pas ce que je peux donner aux gens, a-t-il ajouté, en citant les raisons de son engagement en politique. (...) Si les gens ne savent pas qui je suis et ce que je peux faire pour eux, eh bien, ils ne s’intéresseront pas aux libéraux ».
Monsieur Dion y va même d’une question à laquelle il trouve sa propre réponse : « Qu’est-ce qui ne colle pas ? Je pense que beaucoup de gens au Québec croient que je ne suis pas pro-Québécois, c’est aussi simple que ça ». Dans une candeur infinie, à la limite du ridicule, Stéphane Dion explique que : « la caricature l’a emporté sur la personne, et là, la personne doit l’emporter sur la caricature ».
Relativement à son travail pour rebâtir le parti libéral, Stéphane Dion se console : « Ce qu’on voit d’intéressant sur le terrain, c’est que les gens nous respectent maintenant. Ce n’est plus l’agressivité de 2006. Il y a beaucoup de respect, de l’écoute ; pas encore de l’appui. Donc, il y a une étape additionnelle qu’on doit encore franchir ». Et le chef peut compter sur le député libéral Denis Coderre qui a salué « l’acte d’humilité », de « courage » et d’ « audace » de M. Dion : « On peut pogner. Ce n’est pas un problème de pognage. Mais peut-être qu’il y a une autre poignée qu’il faut prendre, par exemple ». Comme cela est bien dit.
En août 2006, Norman Spector voyait en Stéphane Dion un universitaire très éloigné des arcanes de la politique : « En tant qu’ancien universitaire, M. Dion montre un grand empressement à cataloguer des événements courants dans un cadre analytique, ce qui peut créer des difficultés en politique. Si vous examinez minutieusement les œuvres des plus grands philosophes, vous trouverez des contradictions dans leurs pensées ; dans le cas de M. Dion, les points faibles de sa politique en matière de défense nationale, par exemple, sautent aux yeux ».
Le chef libéral dit croire que les Québécois ne rejettent pas ses idées. Selon lui, ils rejettent plutôt la caricature de ses idées faite par ses adversaires, au départ les indépendantistes puis maintenant les conservateurs. Il parle peu de la Loi sur la clarté. L’image que retiennent de Stéphane Dion les observateurs, aguerris de la scène politique, est justement cette la Loi sur la clarté.
Peu avant le référendum de 1995, Stéphane Dion multipliait les déclarations pour pourfendre le projet souverainiste. « Il ne faut pas faire sentir les Québécois coupables d’être nationalistes, dit-il en conférence. Il serait surprenant qu’ils ne le soient pas, tant le nationalisme est répandu dans le monde. Il ne faut pas s’opposer à la sécession avec l’anti-nationalisme mais avec l’anti-sécessionnisme ». Plus tard, en tant que président du Conseil privé de la reine pour le Canada et ministre des Affaires intergouvernementales sous Jean Chrétien, Stéphane Dion poussait pour l’adoption de la Loi sur la clarté (projet de loi C-20 sur la clarté référendaire adopté en mars 2000 par la Chambre des communes). Il s’en expliquait en 2006 : « J’avais le devoir de m’assurer que mon pays, à la fin du siècle, ne donnerait pas un mauvais signal à la planète. Si les Canadiens ne sont pas capables de rester unis, quel pays le pourra ? », disait-il en se rappelant de cette époque.
Hervé Rivet a été le directeur général du Parti libéral du Canada au Québec. Dans une lettre ouverte, Réveillez-vous !, il écrit : « Pendant que toute la classe politique du Québec se penche sur les questions de l’identité québécoise au sein du Canada et de la modernisation de la fédération, M. Dion et sa garde rapprochée se refusent à faire les constats qui s’imposent. Au mieux, ils sont incapables de tirer les leçons du passé. Au pire, ils marginalisent les individus au sein du PLC qui tentent de faire avancer ces débats à la fois souhaitables et nécessaires ».
Lysiane Gagnon ne manque pas, dans son analyse, Le problème c’est le chef, d’écorcher en profondeur le chef libéral : « Incapable de définir un nouveau discours québécois, incapable de rallier les partisans d’Ignatieff, incapable de faire un mouvement en direction des nationalistes qui forment le gros de l’électorat francophone, dépassé par Stephen Harper qui, tout Albertain soit-il, a compris leur besoin de reconnaissance, Stéphane Dion, isolé du Québec par la pensée, l’est aussi physiquement, son entourage étant essentiellement constitué d’Ontariens anglophones ».
Pendant ce temps, monsieur Dion, secoué par les résultats de sa dernière élection, réfléchit sur les moyens qu’il lui faut prendre pour rehausser l’image de sa personne (sa crise identitaire, quoi). Parmi ces moyens, Stéphane Dion a l’intention, déclarait-il à Céline Galipeau, de participer à des émissions de variétés. « Je n’ai jamais été très ouvert à cela, mais maintenant je dois l’être […] je n’ai jamais mis ma personne sur la table et je me rends compte qu’un chef doit faire cela ».
Après avoir œuvré une dizaine d’années dans le secteur privé des communications (radio-télévision), je me suis orienté vers le secteur de la Fonction publique du Canada et du Québec du 1970 à 2005. J’ai occupé des fonctions de conseil, de gestion et d’analyste. Je me suis particulièrement intéressé à la télédiffusion des débats parlementaires, aux services en ligne gouvernementaux et aux communications stratégiques gouvernementales. J’ai touché au domaine des relations internationales et du développement international au sein du gouvernement du Canada et auprès d’une importante université francophone du Québec. J’ai œuvré enfin auprès d’une société internationale d’informatique à titre d’analyste-conseil avant de prendre ma retraite en 2006.