samedi 29 septembre 2007

Birmanie - Les images de la honte et de la répression militaire

Vaclav Havel, ancien président de la République tchèque, lance un appel mondial : « Tous les jours sur toute la planète, dans une pléthore de conférences internationales érudites, on peut écouter des débats savants sur les droits de l’homme et des proclamations pleines de sentiments pour les défendre. Alors comment est-il possible que la communauté internationale reste incapable de réagir efficacement pour dissuader les dirigeants militaires birmans d’avoir recours à une répression toujours plus sévère, telle que celle qu’ils ont commencé à infliger à Rangoon et dans ses temples bouddhistes ? Ce ne sont pas les victimes innocentes de la répression qui perdent leur dignité, mais plutôt la communauté internationale, dont l’incapacité à agir signifie qu’elle se contente de regarder, impuissante, les victimes subir leur destin »

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Le régime de la honte

Le lecteur est invité à consulter - à la fin de cet article - les images d'un meurtre, celui du journaliste japonais tué à bout portant.

La junte militaire de Birmanie n’hésite pas à sacrifier sa population pour protéger ses intérêts : 13 morts et des dizaines de blessés en moins de 72 heures. L’ambassadeur australien en Birmanie a affirmé que le nombre de personnes tuées lors des récentes manifestations dans ce pays était bien plus élevé que le chiffre officiellement avancé par le régime birman.

« Que ceux qui ont battu les moines soient frappés par la foudre », ont scandé en birman des poignées de manifestants. « Les moines ont accompli leur tâche et, désormais, nous devons poursuivre le mouvement », affirme un leader étudiant. Des moines bouddhistes, qui avaient été le fer de lance de la contestation avant d’être interpellés par centaines ces derniers jours, étaient rares vendredi dans les rues de Rangoun, quadrillées depuis le matin par la police. L’armée en a arrêté par centaines jeudi lors de raids dans des monastères et on ignore ce qu’ils sont devenus. Des bonzes jurent qu’ils ne renonceront pas. La junte militaire birmane continue d’étouffer le mouvement de protestation populaire en dispersant par la force de nouvelles manifestations et en coupant la principale liaison à l’internet.

Le numéro deux de l’église bouddhiste unifiée du Vietnam (EBVU), Thich Quang Do, appelle les Nations unies et tous les États membres à une action urgente, via tous les principaux organes de l’ONU, pour exhorter le gouvernement birman à arrêter toutes les attaques. La Chine et la Russie refusent de condamner les violences de cet intolérable régime corrompu jusqu’à l’os. Nicolas Sarkozy Sarkozy a appelé l’ensemble des sociétés privées, Total par exemple, à faire preuve de la plus grande retenue, s’agissant des investissements en Birmanie, en demandant qu’il n’y en ait pas de nouveaux. Les Amis de la Terre ont dénoncé une mascarade, après les déclarations du président français Nicolas Sarkozy sur la présence du groupe pétrolier Total en Birmanie. La secrétaire d’Etat française aux Droits de l’Homme, Rama Yade, estime que le retrait de Total de Birmanie ne changerait pas la situation, soulignant que le groupe pétrolier américain Chevron était également présent en Birmanie. Les ministres du Groupe des huit pays les plus industrialisés ont condamné mercredi la répression violente contre des manifestants ordonnée par la junte birmane.

Cette insupportable junte militaire gouverne le pays le plus corrompu de la planète, affirme l’organisation Transparency International (TI) dans un rapport publié mercredi.

La Birmanie est sous la protection de la Chine. Grande mosaïque, elle englobe un nombre considérable d’ethnies : les Birmans (75 %), les Shans (11 %), les Arakans (6 %), les Karens (5 %), les Môns (3 %), les Kachins (2,5 %), les Chins, les Karennis (Kayahs), les Lahus, les Rohingyas, les Gurkhas, les Palaungs, les Méos (Hmongs), les Nagas, les Akhas, les Lisaws, les Kadus, les Was, les Mokens (ou Mawkens), etc. Le pays compte aussi 150 000 Chinois et 800 000 Indiens. Il n’y a plus de Parlement et l’Exécutif militaire ne fonctionne qu’en birman. Colonie britannique, la Birmanie proclama son indépendance le 4 janvier 1948 et refusa de faire partie du Commonwealth.

Sous l’œil bienveillant du généralissime, Than Shwe,la Birmanie est dirigée par une véritable narcodictature. La Birmanie est devenue le premier pays producteur d’opium et d’héroïne du monde, et fournit la moitié de la production mondiale d’héroïne. La plupart des régions de production du pavot sont situées dans des zones contrôlées par l’armée nationale ou par les milices qui ont signé des accords avec Rangoon. La Chine est devenue un pays de transit qui a détrôné la Thaïlande et le gouvernement de Pékin renouvelle régulièrement des ventes d’armes à la Birmanie.

Le généralissime, Than Shwe, 74 ans, a succédé à Saw Maung à la tête de l’État en 1992 et supervisé, en 2003, la réarrestation de l’opposante Aung San Suu Kyi, provisoirement mise en liberté. Than Shwe est président du Conseil pour la paix de l’État et le développement (SPDC), nom de la junte militaire au pouvoir. Than Shwe, bourreau de la Birmanie, maintient, avec la protection de la Chine, son pays sous le régime du secret et de la peur tout en renforçant le rôle de l’armée et en étouffant toute aspiration démocratique. Than Shwe accentue le repli de la Birmanie sur elle-même, alors que les pays voisins du Sud-Est asiatique s’ouvraient et commençaient à faire profiter les populations du développement économique.

Enfermés dans une mentalité de camp retranché et habités par un esprit traditionnellement isolationniste, le seul repli stratégique que pourraient faire Than Shwe et ses généraux, dans leur élan de répression pourrait être causé par le moral des troupes, pour qui s’attaquer aux moines bouddhistes, personnages vénérés dans tout le pays, constitue une intolérable offense à ce qu’elles ont de plus sacrés. Il convient de noter que 45 pour cent du budget de l’État est consacré à l’armée. En février dernier, des rumeurs voulaient que la santé du chef de l’État, le généralissime Than Shwe, soit mauvaise. Il aurait été opéré des reins à Singapour. Ce qui, bien évidemment, dans un pareil, permet toutes les spéculations autour du pouvoir. Il serait question de lutte de succession et de la possibilité pour cet autre Général, Thura Shwé Man, d’aspirer à la direction de la junte.

Selon Reporters sans frontières, Than Shwe et ses généraux ont renforcé la paranoïa du pouvoir militaire en place depuis 1988. A l’occasion de la fête nationale de la Birmanie en 2006, le général Than Shwe a appelé ses compatriotes à « être extrêmement vigilants » car les puissances occidentales essaient de dominer à travers les médias et les droits de l’homme. Le nombre de visas accordés à des journalistes étrangers a chuté en 2005.

La Libre Belgique dépeint l’homme en ces termes : Than Shwe est la main de fer sans le gant de velours. Le généralissime de 74 ans, féru d’astrologie, a commencé sa carrière militaire au sein du département de la guerre psychologique, dont il a gardé le goût du contrôle des idées et de la presse. Au pouvoir, il a maintenu son pays sous le régime du secret et de la peur, renforcé le rôle de l’armée et plongé la population dans une pauvreté immense tout en finançant les achats luxueux de sa femme et de ses filles. C’est Than Shwe encore qui, redoutant une attaque américaine, a décidé le déménagement des principales administrations du pays en 2005.

Sous la dictature de Than Shwe, toutes les exactions sont permises : trafic d’héroïne érigé en système politique, tortures en tout genre des personnes incarcérées, souvent sans procès, génocide et nettoyage ethnique. Le généralissime s’accorde tous les pouvoirs : museler les médias, emprisonner les journalistes étrangers et interdire toute forme d’expression dissidente (Amnesty International).

Pourquoi le généralissime Than Shwe a-t-il pu, sans coup férir, renverser, en mai 2003, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix, en procédant à son arrestation et en portant ainsi un coup fatal au processus de réconciliation, entamé en 2002 ? Aung San Suu Kyi, 61 ans, a été assignée à résidence, située sur l’avenue de l’Université qui longe le lac Inya, pendant dix des dix-sept dernières années et est quasi privée de tout contact avec l’extérieur. Un émissaire de l’ONU avait, le 11 novembre 2006, rencontré, à Rangoun, Aung San Suu Kyi. La « Dame de Rangoun » incarne l’espoir démocratique en Birmanie, un pays placé sous la houlette des militaires depuis 1962.

Selon Jeune Afrique, malgré une économie exsangue et un isolement diplomatique de plus en plus pesant, la junte a fait marche arrière dans le processus de démocratisation, revenant à une politique de répression tous azimuts. L’explication de cette volte-face est peut-être à chercher dans cette confidence du général Than Shwe, lors d’un Conseil des ministres : « La Birmanie ne figure qu’en cinquième position de la liste des pays hostiles établie par le département d’État américain ». Il est vrai que la Birmanie ne fait pas partie de l’axe du Mal défini par George W. Bush, que les Américains ont déjà fort à faire en Afghanistan et en Irak.

La vie quotidienne en Birmanie est réglée par décrets. En Birmanie, l’organisation de réunions de plus de cinq personnes est interdite, aucun fonctionnaire n’a le droit d’appartenir à un syndicat ou à un parti politique, à l’exception des rares organisations sponsorisées par le gouvernement, dont l’Union for Solidarity and Development Association (USDA) – vitrine associative du régime créée en 1993 par Than Shwe et dont la carte de membre est obligatoire pour tout fonctionnaire, étudiant, soldat... – mais aussi la Myanmar Red Cross ou la Myanmar Women Entrepreneurial Association.

En Birmanie, toute activité politique, surtout si elle est contraire aux intérêts du régime, est rapidement étouffée : les meetings, grèves, expressions publiques ou distributions de pamphlets à Rangoun sont rares (par simple peur de la population, mais surtout du fait de la présence continue et crainte des réseaux de renseignements), et leurs auteurs sont généralement appréhendés dans les dix premières minutes. Toute critique à l’encontre du régime ou de l’armée est proscrite. Le décret n° 5/96, édicté en 1996, interdit à toute personne de critiquer, de dénoncer ou même de commenter les activités de la Convention sous peine de sanction immédiate (vingt ans de prison, sans aucune possibilité d’appel, puisque les tribunaux civils n’existent pas). Réactivé avec l’ouverture de la seconde Convention nationale, en mai 2004, ce décret instaure une tolérance « zéro » pour tout commentaire négatif, empêchant même les délégués de la nouvelle Convention de s’exprimer publiquement (Les Études du CERI - n° 114 - mars 2005).

Nombre de familles birmanes se tournent vers le sangha, ou communauté bouddhique, pour instruire leurs enfants. La Birmanie compte plus de 80 pour cent de bouddhistes (soit plus de 40 millions). Les moines (de tout âge) seraient un peu plus de 300 000 (novices compris), dont un petit dixième de nonnes. Les monastères ont, en 1988, été au cœur de la vague contestatrice, aux côtés des étudiants et des activistes politiques. Nombre de bonzes ont participé, voire mené certaines manifestations prodémocratiques, dénonçant le régime et appelant à une plus grande tolérance, et ce au risque de leur liberté ou même de leur vie. Depuis, la junte a cherché à contrôler la communauté des moines, d’abord en l’infiltrant, puis en restreignant ses libertés : les bonzes n’ont pas le droit d’association et d’expression publique, ni celui d’appartenir à un quelconque mouvement politique. Le régime militaire a créé une association d’Etat pour gérer cette communauté : la Sangha Maya Nayaka. Les bonzes sont forcés d’y adhérer, récompensés par une série de titres honorifiques ou de compensations financières (la junte a ainsi redoré la plupart des pagodes du pays, afin d’améliorer le karma des leaders...). Surveillés, encadrés, les moines bouddhistes ne constituent plus aujourd’hui une véritable force contestatrice, même si leur degré de mobilisation politique reste très difficile à évaluer (Les Études du CERI - n° 114 - mars 2005).

Le réveil des bonzes

Rangoun est devenue la ville de la honte. Sein Win est le premier ministre du gouvernement birman en exil. Selon lui, le Prix Nobel de la Paix, sa cousine Aung San Suu Kyi, placée en résidence surveillée depuis 2003, aurait été transférée dans une prison. Mais selon un diplomate occidental à Rangoun joint par téléphone par l’AFP, « Nous avons plutôt eu un démenti », a-t-il dit, ajoutant que « tout porte à croire » que la lauréate du Prix Nobel de la Paix est encore dans sa résidence.

Dans l’hymne national birman, la population chante les mots de l’espoir : « Que nous soyons épargnés des dangers, que nous soyons épargnés de la pauvreté, que nos cœurs et nos esprits soient en paix ! » Hier, encore, 100 000 manifestants avaient investi les rues de Rangoun. Demain, elles seront à nouveau désertes. Selon la volonté de la junte au pouvoir. Pour croire encore que l’hymne national n’est pas qu’une suite de mots sans conséquences.

Le 15 août 2007, le régime du généralissime Than Shwe augmente brusquement les prix des carburants (essence : +66%, diesel +100%, gaz naturel comprimé : +535%), ce qui entraîne le doublement immédiat des tarifs dans les transports en commun et une vive colère au sein de la population. Depuis le 19 août, des moines bouddhistes marchent dans les rues de plusieurs villes de Birmanie en réaction à cette hausse forte du prix des carburants. Ces marches se transforment de plus en plus en mouvement de révolte plus étendu contre la junte au pouvoir. Le point culminant de ces marches s’est déroulé le 22 septembre dernier lorsqu’Aung San Suu Kyi a prié devant son domicile avec un millier de moines, autorisés par la police à passer devant sa maison.

Malgré les menaces, « si les moines sont allés à l’encontre des règles et des règlements d’obéissance aux enseignements bouddhistes, nous prendrons des mesures conformément à la loi existante », les moines bouddhistes tiennent bon. Le 24 septembre, 100 000 personnes se sont jointes à eux pour des marches pacifiques à Rangoun. En 1988, les généraux avaient réprimé dans le sang des manifestations en faveur d’un avènement de la démocratie. Même si les bonzes jouissent d’une grande autorité morale auprès de la population et qu’ils sont donc difficilement attaquables, la junte n’hésite devant aucun obstacle pour réprimer sa population et soigner ses intérêts.

Les moines l’avaient annoncé et ont montré leur détermination : avec la violence de la répression, les moines rentrent dans leurs monastères laissant maintenant le soin à la population de poursuivre cette revendication à la démocratie.. Les bonzes boycottent les aumônes de militaires, ce qui équivaut à une excommunication pour les bouddhistes. La France n’hésite pas à donner son appui : « L’ampleur des manifestations populaires et la participation des moines aux mouvements de protestation ont illustré le mécontentement de la population birmane. La junte est tenue pour responsable devant la communauté internationale de la sécurité des manifestants ». En contrepartie, la Chine s’est montrée particulièrement odieuse dans ses déclarations : « Nous espérons que toutes les parties feront preuve de retenue et apporteront les réponses appropriées aux problèmes qui se posent, afin que ces problèmes ne s’aggravent et ne s’étendent pas, afin qu’ils n’affectent pas la stabilité du Myanmar et encore moins la paix et la stabilité régionales ».

Depuis mercredi 26, la junte fait toujours usage de la force pour mettre un terme à neuf jours de manifestations massives à l’appel des moines bouddhistes. Aux dernières heures, le bilan se chiffre à neuf personnes, dont un journaliste japonais, qui ont été tuées et des centaines d’autres arrêtées, alors que la junte tente toujours, non sans mal, de briser un mouvement de protestation. Selon le journal birman en exil The Irrawaddy, cité par Courrier International, à Rangoon, l’armée a pris d’assaut plusieurs monastères dans la nuit de mercredi à jeudi et quelque 700 bonzes auraient été arrêtés.

Kenji Nagai, un vidéo-reporter de 50 ans travaillait pour l’agence APF basée à Tokyo. Il est le premier étranger tué depuis le début des violences à Rangoun. Au moins 50 000 personnes, en majorité des jeunes et des étudiants, avaient de nouveau bravé mercredi une interdiction de manifester contre la junte, selon des estimations citées par des témoins. « Vous êtes nourris par le peuple, mais vous tuez le peuple et vous tuez les moines ! » s’étranglait de rage un vieillard (L’Orient Le Jour).

À Paris, c’est l’indignation. Une pancarte flotte à une centaine de mètres de l’ambassade de Birmanie : « Kouchner où est ton ingérence humanitaire ? ». Aung Ko a 71 ans. Il quitté la Birmanie en 1975. Il est inquiet car une partie de sa famille est encore là-bas. Il n’a plus d’illusions : « Ce qu’a dit Sarkozy en recevant le Premier ministre Sein Win, c’est bien mais je crois que la communauté internationale se fout de la Birmanie ». A Washington, George W. Bush appelle justement le monde à faire pression sur la junte pour mettre fin à la répression. Les États-Unis ont annoncé qu’ils imposaient de nouvelles sanctions économiques contre 14 hauts responsables du gouvernement birman en raison de cette répression. Les ministres des Affaires étrangères de l’Association des pays du sud-est asiatique (Asean) ont exigé jeudi que la junte birmane « cesse immédiatement » d’utiliser la violence contre les manifestants pro-démocratie. L’Asean, dont la Birmanie est membre et dont Singapour assume actuellement la présidence tournante, a fait savoir au gouvernement birman que la crise actuelle portait atteinte à « la crédibilité » du groupe. L’Asean comprend la Birmanie, Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam.

L’attitude de Pékin éveille le scepticisme de la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui tient la Chine pour co-responsable de la tournure des événements : « Si les généraux écrasent la révolte dans le sang, c’est avec l’accord tacite de Pékin ». affirme le journal. Comment, sinon, interpréter l’appel du gouvernement chinois, mardi, à rétablir la « stabilité » en Birmanie ? Selon la Süddeutsche Zeitung, Pékin redoute le boycott de certains États aux Jeux Olympiques de l’an prochain. Mais ses efforts diplomatiques visent également des intérêts économiques : quoiqu’il arrive en Birmanie, la Chine souhaite continuer à exploiter les réserves de gaz et de pétrole et à construire des barrages dans le pays.

Les eurodéputés demandent « à la Chine et à la Russie de soutenir pleinement une déclaration claire du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant le recours à la force » en Birmanie, dans une résolution adoptée à une écrasante majorité au lendemain d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à la situation dans ce pays. Cet appel est resté sans suite : à cause de la Chine et la Russie, alliées de Rangoon, l’ONU n’a pu s’entendre sur un texte qui aurait été publié collectivement. La Chine a tout de même appelé junte et manifestants à faire preuve de modération, convient-il de le répéter.

Les quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU, réunis en urgence, n’ont pu s’accorder, mercredi 26 septembre, que pour demander au régime birman de faire preuve de « retenue » et d’accepter une visite d’Ibrahim Gambari, un émissaire de l’ONU. « C’est tout ce qu’on pouvait faire », a reconnu Bernard Kouchner qui préside le Conseil de sécurité jusqu’à la fin du mois. « La communauté internationale, en dehors des déclarations, n’a pas vraiment de levier », a constaté le ministre français qui a longtemps plaidé pour le droit d’ingérence humanitaire (Le Monde). Une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur la situation en Birmanie se tiendra mardi prochain à Genève. Pour quels nouveaux résultats ?

Voici les images d’un meurtre : le policier tire à bout portant sur le journaliste japonais. Ce qui ajoute à la honte et à la réprobation internationale de cette junte corrompue.

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