Le 2 mai 1990 avait lieu la première rencontre entre le président sud-africain, Frederik de Klerk, et Nelson Mandela. Dix-huit ans plus tard, quatorze ans après la fin de l’Apartheid, le prix Nobel de la paix, Nelson Mandela, même après son passage à la tête de l’exécutif sud-africain, est encore considéré, à 90 ans, comme un terroriste aux États-Unis. « L’Afrique du Sud est un pays avec lequel nous avons maintenant d’excellentes relations, mais il est plutôt embarrassant que j’aie encore à intervenir personnellement pour autoriser l’entrée sur le territoire de mon homologue sud-africain, sans parler du grand dirigeant Nelson Mandela », a déclaré Condoleezza Rice, la secrétaire d’État américaine.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, Nelson Mandela, le leader historique du Congrès national africain (ANC), et son parti figurent encore sur les listes noires américaines. Ce n’est que la semaine dernière que la commission des Affaires étrangères du Sénat a présenté un projet de loi pour lever ces restrictions. L’Histoire, aux États-Unis, est souvent occultée. Il est vrai que, en janvier 2003, lors d’un discours au International Women’s Forum, Mandela s’était opposé fermement à l’attaque des États-Unis et du Royaume-Uni contre l’Irak sans l’aval des Nations unies. Il avait accusé le président George W. Bush de vouloir « plonger le monde dans l’holocauste ».
Emprisonné en 1962, puis condamné à cinq ans de prison en 1963, et, après un procès où il contesta la justice d’apartheid, Nelson Mandela sera condamné à la détention à perpétuité en 1964 en raison de ses activités politiques clandestines, devenant au fil des années, le plus célèbre et l’un des plus anciens prisonniers politiques.
Libéré partiellement le 7 décembre 1988, il est mis en résidence surveillée. Le 5 juillet 1989, il rencontre au Cap le président Pieter Botha. Il fut définitivement libéré le 11 février 1990 sur ordre de Frederik de Klerk qui, pour des raisons politiques, mit fin à la clandestinité de l’ANC, et le sollicita pour maintenir la paix civile en Afrique du Sud. Les deux hommes ont travaillé ensemble pour instaurer la fin de l’apartheid et un régime de transition. En 1993, Nelson Mandela reçoit, avec le président sud-africain de l’époque, Frederik Willem de Klerk, le Prix Nobel de la paix pour leurs actions en faveur de la fin de l’apartheid et l’établissement de la démocratie dans le pays. Son autobiographie Un long chemin vers la liberté, publiée en 1995, raconte son enfance, son engagement politique, ses longues années de prison et son accession au pouvoir.
Pendant que les États-Unis s’empêtrent dans leur peur viscérale du terrorisme et dans leurs listes qui atteignent un sommet du ridicule, des anciens s’organisent pour œuvrer à la paix dans le monde. Dont Nelson Mandela. Des anciens dirigeants politiques, des quatre coins du monde, tels Nelson Mandela, l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, ou encore l’ancien président américain Jimmy Carter, tissent leur toile pour constituer un véritable réseau d’influence. Baptisée The Elders, cette organisation recherchera par tous les moyens à dénouer des crises et favoriser les compromis. La tournée de Jimmy Carter au Moyen-Orient en est une illustration éloquente.
Selon rue89, le monde souffre véritablement d’une crise de la gouvernance globale. Qui peut citer, aujourd’hui, le nom du discret successeur de Kofi Annan à la tête de l’ONU? Quel dirigeant en exercice d’Amérique, d’Europe ou d’Asie a actuellement suffisamment d’autorité et de poids pour lancer des initiatives sur la crise alimentaire ou celle du climat, pour tenter de mettre fin aux guerres du Moyen Orient, aux tensions d’Asie et d’Afrique. Aucun et c’est inquiétant. La question à se poser est bien celle que formule rue89 : on peut même se demander si les papys ne vont pas sauver la planète.
En 2001, Nelson Mandela effectuait une visite de trois jours au Canada pour recevoir la citoyenneté d'honneur du Canada à l’âge de 83 ans. Pendant que les États-Unis s’interrogent sur la quadrature du cercle, partout dans le monde, les occasions font florès pour souligner le combat et les victoires de Nelson Mandela. Le 29 mars 1988, Dulcie September, représentante de l’African National Congress (ANC), en France, était assassinée dans le 10ième arrondissement de Paris. A l’occasion du 20ème anniversaire de sa mort, la ville d’Arcueil, où elle habitait, lui a rendu hommage lors de diverses manifestations qui ont eu lieu du 5 au 11 avril 2008. Pour le maire, monsieur Daniel Breuiller, l'occasion était particulièrement bien choisie pour souligner le combat qu’elle menait contre l’apartheid et qui devait continuer à s’incarner en France où le racisme est une maladie qui gangrène notre société, peut-être que la fidélité à sa mémoire était de faire vivre son combat, pas seulement en déposant une fleur, mais en menant aussi la bataille contre le racisme en France, qui n’est certes pas l’apartheid, mais qui gangrène la société française.
Soweto, la comédie musicale de Serge Bilé, qui retrace les dernières années de Nelson Mandela au pénitencier de Robben-Island, en Afrique du Sud, et les affrontements que se livrèrent les partisans et les opposants de l’apartheid, sera jouée au Casino de Paris, les 25, 26 et 27 avril prochains. Le 27 juin prochain, un concert sera donné en l'honneur de Nelson Mandela, à Hyde Park, à Londres, pour son anniversaire.
C’est Pierre Lepape qui a eu cette belle parole lors de la disparition d’Aimé Césaire : « Plus l’Afrique va mal, plus la parole de Césaire lui est indispensable pour ne pas sombrer dans le nihilisme du désespoir. Les mots de Césaire et l’exemple de Mandela ».
« 46664 », est le numéro de cellule que Nelson Mandela a porté en prison, soit de sa détention, en 1964, à sa libération, en 1990. C’est ce même numéro, « 46664 », que Nelson Mandela et sa Fondation ont choisi comme emblème de leur campagne de lutte contre le sida. En réalité, « 46664 » met plus particulièrement l’accent sur deux enjeux : la bataille contre l’épidémie du sida et l’amélioration des conditions de vie des enfants dans les régions rurales. Le 14 février dernier, à Johannesburg, Céline Dion n’était pas la première artiste à collaborer avec la Fondation Nelson-Mandela. Depuis 2003, les concerts 46664 servent aussi à amasser des fonds pour la Fondation Nelson-Mandela.
Video : Danyel Waro chante Mandela
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