mercredi 14 mai 2008

Deux hommes de paix, Georges W. Bush et Ehoud Olmert, parlent … de paix!

« Le monde repose sur trois choses : la vérité, la justice et la paix »

(Zacharie 8:16)

Sur le site officiel du gouvernement américain, le rédacteur Merle Kellerhals écrit que le président Bush accordera une grande importance au processus de paix israélo-palestinien ainsi qu’à divers dossiers intéressant le Liban, l’Irak et l’Afghanistan dans le cadre de son voyage en Israël, en Arabie saoudite et en Égypte du 13 au 18 mai. « Le président réaffirmera son engagement personnel en faveur de la paix entre les Israéliens et les Palestiniens et encouragera la poursuite des efforts visant à mettre en œuvre la solution de deux États : un Israël démocratique et une Palestine démocratique vivant côte à côte en paix et en sécurité », a indiqué son conseiller pour la sécurité nationale, M. Stephen Hadley.

Puisque la paix au Moyen-Orient engage deux ou plusieurs partenaires, force était de rappeler que la Palestine fait partie de ces négociations. Toutefois, pas toute la Palestine. M. Hadley a affirmé que les Palestiniens qui habitaient dans la bande de Gaza auraient le choix de se joindre aux autres Palestiniens pour faire partie du nouvel État palestinien ou de continuer à subir le joug du Hamas, mouvement que les États-Unis considèrent comme une organisation terroriste et qui s’est emparé du pouvoir que détenait auparavant l’Autorité palestinienne.

Monsieur Bush, l’homme de la paix dans le monde, se présentera avec un rameau d’olivier d’une main sans tendre l’autre main à tous les palestiniens. Comme il ne viendra pas, tant s’en faut, avec une main tendue aux autres peuples voisins. « Pour moi, le régime iranien est la plus grande menace pour la paix au Moyen-Orient en raison de son programme nucléaire et de son soutien à des groupes tels que le Hezbollah chiite libanais », a affirmé le président Bush lors d’une interview à une chaîne de télévision privée israélienne.

Ehoud Olmert déclarait à RFI : « je ne connais pas un seul homme politique ou un Premier ministre comme moi qui n’ait pas dix amis avec des couteaux dissimulés dans le dos, prêts à les sortir. C’est la politique. Si vous ne voulez pas être mêlé à cela, il ne faut pas y rentrer. Si vous en êtes, vous savez que cela se passe comme cela, et que vous devez être prêt à faire face. Moi, je suis prêt ! » Georges W. Bush réitère sa confiance à Ehoud Olmert. « J’ai de bonnes relations avec le premier ministre. Je trouve qu’il s’agit d’un homme franc, honnête et ouvert ». Pourtant, Washington se prépare à l’éventualité d’un changement possible de leadership en Israël. Instructions auraient été données afin que Tsipi Livni, ministre israélienne des Affaires étrangères et suppléante du Premier ministre, soit traitée avec tout le cérémonial dû à un chef d’État en cas d’absence d’Ehoud Olmert. Le président n’a pas hésité à se dire également convaincu que le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, est un réel partenaire pour la paix.

Comment un président américain, qui n’a plus de crédibilité dans le monde, pourrait-il reconnaître qu’Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas sont tous deux vraiment trop faibles pour imposer des concessions à leur camp? Quelle est en réalité la situation qui s’impose à notre analyse : M. Olmert est dans la tourmente étant soupçonné de corruption. Son interlocuteur, le président Mahmoud Abbas, ne parvient même pas à imposer à des Palestiniens divisés les concessions indispensables à un accord. Georges W. Bush est sur une fin de règne peu glorieuse lorsqu’il s’agit de paix.

Le Liban traverse sa plus grave crise politique depuis la fin de la guerre civile en 1990. La majorité parlementaire antisyrienne, au Liban, soutenue par la France et les États-Unis, refuse de négocier « avec un pistolet pointé sur la tête ». Le Hezbollah demande que le Premier ministre Fouad Siniora annonce publiquement l’annulation de récentes mesures prises à son encontre, et accepte une invitation au dialogue lancée par le président du Parlement Nabih Berri, l’un des chefs de l’opposition.

Deux hommes de paix, Georges W. Bush et Ehoud Olmert, se rencontrent pour établir une paix durable au Proche-Orient. Le Figaro rapporte que le troisième partenaire pour la paix, Mahmoud Abbas, aurait dit à Georges W. Bush, lors de sa visite à Washington le mois dernier, avoir cru à une plaisanterie en découvrant les positions de négociations israéliennes, bien éloignées des paramètres établis par Bill Clinton lors des précédentes négociations. Selon les Palestiniens, les négociateurs israéliens souhaitent conserver, en plus des grands blocs de colonies, la vallée du Jourdain jusqu’aux abords de Naplouse, soit environ 10 % de territoire supplémentaire.

Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne (AP), Salaam Fayad, a déclaré ce mardi qu’Israël ne devrait pas célébrer son soixantième anniversaire pendant que les « Palestiniens sont en train de souffrir ». Ces remarques ont été faites lors d’un discours prononcé devant des dignitaires étrangers et des intellectuels palestiniens à Ramallah. De l’autre côté de la frontière, du côté israélien, des officiels proches du ministre de la Défense, Ehoud Barak ont dit qu’Israël penchait désormais pour un cessez-le-feu après l’offre du chef des services de renseignements égyptiens, Omar Suleiman. Israël inclinerait à accepter graduellement l’offre et à aboutir plus tard à un cessez-le-feu complet après la libération du caporal Gilad Shalit.

Mark Steyn, du Jewish World Review, cite un article de Richard Cohen publié dans le Washington Post : « Israël était une erreur, une erreur bien intentionnée, une erreur pour laquelle personne n’est coupable, mais l’idée de créer une nation de Juifs européens dans une zone d’Arabes musulmans (et certains Chrétiens) a produit un siècle de guerre et de terrorisme du type que nous observons aujourd’hui. Israël combat le Hezbollah dans le Nord et le Hamas dans le Sud, mais son ennemi le plus formidable, c’est l’histoire elle-même ». Pour Mark Steyn, Cohen, voix réputée modérée dans les journaux les plus connus des deux capitales les moins anti-israéliennes d’Occident, a internalisé la même logique qu’Ahmadinejad : Israël ne devrait pas se trouver là où il se trouve.

Marc Steyn rappelle que : « sur une petite bande de terre plus étroite en son point le plus étroit que beaucoup de municipalités américaines, Israël a bâti une économie moderne avec un PIB par habitant de 30.000 $ - figurant remarquablement dans la moyenne de l’Union Européenne. Si vous objectez que cela est dû uniquement à la bénédiction de l’Uncle Sam, eh bien, au cours des 30 années passées, le deuxième plus grand bénéficiaire de l’aide des USA a été l’Égypte : son PIB par habitant est de 5.000 $, et l’Amérique n’a rien d’autre à montrer comme retour sur investissement que Mohammed Atta, le pilote d’un vol unique venu à vous à travers les fenêtres du bureau ».

Quel est le retour sur investissement de la création de l’État d’Israël pour la population palestinienne? Les colonies israéliennes continuent de s’étendre et les barrages militaires entravent toujours leur circulation. Et Jimmy Carter, le messager de la paix, l’a bien noté : « neuf mille nouvelles habitations de colons israéliens ont été annoncées en Palestine, le nombre de barrages routiers en Cisjordanie a augmenté et l’étranglement de Gaza s’est resserré. Le Hamas m’a rappelé qu’il avait précédemment insisté pour instaurer un cessez-le-feu dans toute la Palestine, incluant à la fois Gaza et la Cisjordanie, ce qu’Israël avait refusé. Le Hamas avait alors fait une proposition publique de cessez-le-feu mutuel restreint à Gaza, ce que les Israéliens avaient considéré puis refusé également ».

George Bush et Ehoud Olmert devraient évoquer l’objectif du tracé d’un État palestinien. Avec ou sans les palestiniens? Aucun rendez-vous tripartite n’est inscrit au programme officiel de Georges W. Bush. Il pourrait être mal vu pour M. Olmert de se rendre dans un État arabe en plein 60ième anniversaire de la création d’Israël, tout comme l’image de M. Abbas pourrait souffrir d’un déplacement dans l’État hébreu 60 ans après ce que les Palestiniens qualifient de « Catastrophe ».

Le 14 mai 1948, David Ben Gourion, chef de la communauté juive de Palestine, proclamait la naissance de l’État d’Israël. L’Amérique fut la première à reconnaître Israël. Israël se veut un État fondé sur l’égalité de tous ses citoyens. Les Palestiniens entendent marquer l’anniversaire de la « Nakba », la « Catastrophe » que fut pour eux la création d’Israël en 1948. Quelque 760.000 Palestiniens ont été poussés à l’exode lors de la création de l’État d’Israël. Tous les députés arabes de la Knesset étaient présents à une procession organisée en Galilée à l’occasion de la « Nakba ». Ce qui fait dire à Guy Senbel, de Guysen International News, que le droit des minorités en Israël est respecté au point où des membres de la Knesset affichent l’ambition que la Nation qu’ils représentent disparaisse un jour.

Le président américain George W. Bush prononcera un discours devant le Parlement israélien lors d’une visite qu’il entame mercredi pour participer aux célébrations du 60e anniversaire d’Israël. Il ne se rendra pas devant le parlement palestinien! Il est vrai que, selon Shimon Pérès, chaque guerre fut l’expression du refus d’un État juif. Il l’a rappelé avec force : « Si les Arabes avaient accepté la proposition de partage en 1947, il n’y aurait pas eu besoin d’attendre Annapolis. Il y aurait eu un État palestinien, et toutes les personnes qui ont été tuées dans les guerres seraient vivantes aujourd’hui ». Pour Georges W. Bush, les guerres en Irak et en Afghanistan furent également un refus de la démocratie à l’américaine.

Des personnalités politiques comme l’ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, l’ancien président tchèque Vaclav Havel, l’ancien secrétaire d’État américain et lauréat du Prix Nobel de la paix, Henry Kissinger, l’ancien chef de la diplomatie allemande Joshka Fisher et l’ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin seront présents en Israël pour souligner ce 60ième anniversaire.

(Sources : AFP, Jerusalem Post, Jewish World Review, Le Figaro, Presse canadienne)

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