L’arrivée au pays d’un grand nombre de travailleurs originaires de la France, d’Haïti, du Maghreb et d’autres pays où le français est utilisé expliquerait que notre langue soit de plus en plus souvent présente au travail, non seulement au Québec mais aussi dans d’autres provinces dont le Nouveau-Brunswick et l’Ontario. Quelque 77,3 pour cent des immigrants, qui n’ont appris aucune des langues officielles du Canada au berceau, parlent français au travail. Ce pourcentage était de 76 pour cent la première fois que Statistique Canada l’a mesuré, en 2001. Au Québec, cette proportion atteignait 94,3 pour cent, en légère hausse depuis 2001.
Selon Statistique Canada, la situation a peu changé dans la métropole entre 2001 et 2006. Les plus récentes données disponibles indiquent que 60 pour cent des travailleurs qui résident sur l’île de Montréal parlent français le plus souvent au travail.
En ce qui concerne la langue de travail, près de 2,8 millions de Canadiens ont déclaré utiliser plus d’une langue au travail, en hausse par rapport aux quelque 2,5 millions dénombrés en 2001. Les francophones et les allophones sont plus susceptibles d’utiliser plus d’une langue au travail que ne le sont les anglophones. Chez les allophones du Québec, qui forment 70 % de la main-d’œuvre immigrante de la province, c’est le français qui a dominé. La proportion d’allophones du Québec qui utilisent l’anglais au travail a diminué, passant de 72,5 % en 2001 à 70,9 % en 2006.
Pour les francophones hors Québec, si l’anglais est sans conteste la langue dominante dans les entreprises, l’utilisation du français est soit stable, soit en hausse dans presque tous les coins du pays. C’est notamment le cas à Ottawa ainsi que dans certaines villes du Nouveau-Brunswick. Lors du Recensement de 2006, 69,1 % des 577 000 travailleurs francophones hors Québec ont déclaré employer le français au travail. Le taux le plus élevé d’usage du français a été observé chez les francophones du Nouveau-Brunswick.
Statistiques Canada nous informe dans un premier temps que l’emploi a progressé dans toutes les régions du pays. Au Québec, le taux de chômage avait, en janvier dernier, diminué pour se fixer à 6,8 %, soit un creux inégalé depuis 33 ans. C’est l’Ouest canadien, notamment l’Alberta et la Colombie-Britannique, qui a profité des hausses d’emplois les plus fortes. Le taux de croissance le plus rapide de l’emploi a été enregistré dans l’industrie de l’extraction minière, pétrolière et gazière. Ce qui place l’Alberta en position privilégiée puisqu’à elle seule, cette province est à l’origine de 70 % de la croissance de l’emploi dans ce secteur d’activité. Le secteur de la construction a aussi affiché une forte croissance de 4,5 pour cent par année en moyenne. Selon les estimations, l’effectif du secteur s’est accru de 196 200 travailleurs en cinq ans.
Fait étonnant, la deuxième industrie en importance, dans le secteur des services au Canada, les soins de santé et l’assistance sociale, a augmenté de 199 900 travailleurs, soit un taux annuel moyen de 2,6 %, nettement supérieur à la moyenne nationale. Cette hausse a porté l’effectif total des soins de santé et de l’assistance sociale à 1 667 700 travailleurs en 2006. La progression a été généralisée, qu’il s’agisse des services de soins ambulatoires, des laboratoires médicaux ou des hôpitaux. Parmi les travailleurs de la santé, le nombre d’aides-infirmiers et de préposés aux bénéficiaires a progressé de 37 100, et l’effectif du personnel infirmier a augmenté de 37 000. Ces hausses s’expliquent par le gonflement de la demande de services de soins de santé qui, lui, va de pair avec la croissance des dépenses publiques dans ce domaine.
Un bémol toutefois. S’il y a une nette croissance de l’emploi, il y aussi une nette décroissance de la main-d’œuvre. Entre 2001 et 2006, le Canada a vu son taux d’emploi total grimper de 1,7 pour cent. Il s’agit de la meilleure performance parmi les pays du G7. Par contre, Statistiques Canada rappelle que la moitié des travailleurs du pays ont plus de 40 ans et quelque 15,3 pour cent sont à moins de dix ans de l’âge officiel de la retraite. L’âge médian de la population active a franchi la barre des 40 ans pour la première fois, passant de 39,5 ans en 2001 à 41,2 ans en 2006. En 2006, on comptait 1,9 nouveau travailleur pour chaque retraité. Cinq ans auparavant, on observait 2,7 entrées sur le marché du travail pour chaque départ.
Les données révèlent aussi une intensification du vieillissement de la population active du Canada. En 2006, les travailleurs âgés de 55 ans et plus représentaient 15,3 % de l’ensemble de la population active, comparativement à 11,7 % en 2001. Ce phénomène est attribuable au vieillissement de la génération du baby-boom et à la propension accrue des travailleurs plus âgés à participer au marché du travail.
L’immigration de travailleurs qualifiés semble une solution prometteuse à la pénurie appréhendée de main-d’œuvre. Entre 2001 et 2006, 1,1 million de personnes se sont établies au pays. Plus de la moitié d’entre elles avaient entre 25 et 54 ans. Entre 2001 et 2006, le Québec a connu la plus forte hausse migratoire de son histoire. 87 % des immigrants s’installent dans la grande région métropolitaine de Montréal.
Un perdant, en contrepartie, celui du secteur de la fabrication qui a cédé 136 700 emplois durant cette période de cinq ans, soit l’équivalent d’une baisse de 1,4 % par année. Ce fléchissement s’est produit dans le contexte d’une appréciation rapide du dollar canadien et du déplacement de la production du Canada vers d’autres pays.
Au plan de la scolarité, les jeunes vont non seulement à l’école plus longtemps que leurs parents, mais ils choisissent aussi des métiers différents. A peine un jeune Canadien sur dix a un métier, comparativement à 13 pour cent des personnes de 55 à 64 ans. Ainsi, six (6) Canadiens âgés de 25 à 64 ans sur 10 ont terminé des études postsecondaires sous une forme ou une autre. Un diplômé de l’enseignement postsecondaire sur cinq a étudié en commerce, gestion et marketing.
Aucun pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) n’a un taux de scolarité de niveau collégial et universitaire plus élevé que le Canada au sein de la population adulte. Le Canada prend le sixième rang des pays de l’OCDE en ce qui a trait à la proportion de diplômés universitaires au sein la population des adultes de 25 à 64 ans, ex aequo avec l’Australie et la Corée (23 %). Dans la tranche des 25 à 34 ans, environ 23 pour cent ont fait un cours collégial et 29 pour cent détiennent un diplôme universitaire. Ces pourcentages sont inférieurs à 20 pour cent parmi les 55 à 64 ans. Les titulaires d’un grade universitaire âgés de 25 à 64 ans représentent, pour leur part, 23 % de la population. Plus de la moitié des immigrants récents (arrivés au pays entre 2001 et 2006) sont titulaires d’un grade universitaire. En 2006, le tiers (33 %) des femmes âgées de 25 à 34 ans avaient un grade universitaire, comparativement à 25 % pour leurs homologues de sexe masculin.
Les jeunes adultes sont moins nombreux à suivre une formation dans les métiers que ne l’étaient leurs parents. En 2006, environ 10 % des adultes de 25 à 34 ans avaient un diplôme d’une école de métiers, comparativement à 13 % des adultes âgés de 55 à 64 ans.
(Sources : Statistiques Canada, Presse canadienne)
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