mercredi 5 mars 2008

Geert Wilders, député aux Pays Bas, au centre d’une nouvelle polémique sur l'Islam

Le moins qu’on puisse dire est que les Pays Bas ont des relations particulièrement tendues avec la communauté musulmane. Geert Wilders, chef du parti PVV (9 sièges sur 150 au Parlement), connu pour sa coupe de cheveux péroxydée et son islamophobie, est au centre d’une nouvelle polémique qui secoue les Pays Bas. À la fin du mois dernier, le gouvernement néerlandais a convoqué le député pour le mettre en garde. En novembre, le gouvernement avait déjà convoqué M. Wilders pour les mêmes motifs.


Geert Wilders, 44 ans, est ce député qui a appelé le Parlement néerlandais à interdire le « livre saint » des musulmans qu'il compare à « Mein Kampf » d'Hitler. C’est également ce même député qui avait auparavant appelé les musulmans, désirant rester aux Pays-Bas, à déchirer la moitié du Coran. Dans une lettre ouverte aux journaux néerlandais, publiée en août, Geert Wilders avait décrit le « livre saint » des musulmans comme un texte fasciste qui exhorte les croyants à tuer et violer. Il répète à l’envi que l’islam relève d’une « culture arriérée » et qu’il est « incompatible avec la démocratie ». Geert Wilders vit sous protection policière depuis l'assassinat en 2004 du cinéaste et polémiste Theo van Gogh, égorgé par un islamiste après la diffusion sur une chaîne publique de son film « Submission », dénonçant l'oppression des femmes dans le monde islamique.


Les ministres néerlandais de la Justice, Ernst Hirsch Ballin, et des Affaires étrangères, Maxime Verhagen, ont une nouvelle fois invité le député d'extrême droite, Geert Wilders, à une prudence de circonstances puisque son film, « Fitna », qui sortira sous peu, attaque violemment le Coran. Ce projet fait parler de lui depuis quatre mois dans le monde entier. Le député s’est montré furieux à l’issue de cette rencontre : « C'était une heure d'intimidation pure ». La conversation avait porté sur les éventuelles conséquences juridiques pour M. Wilders si son film était blasphématoire ou incitait à la violence. Les autorités chercheraient le moyen de censurer le documentaire ou en interdire la diffusion en raison de son caractère hautement polémique.


Vidéo d'une quinzaine de minutes, le document sera bientôt prêt et sera diffusé en mars, sans doute sur un site Internet, a indiqué le député. Le film dénonce ce que Geert Wilders appelle le « tsunami de l'islamisation ». Son titre « Fitna » est un mot arabe qui signifie les querelles, la discorde. Geert Wilders tiendrait, dans son film, des propos très virulents à l'égard de l'islam. Il qualifie le Coran de livre « affreux et fasciste ». Plusieurs craignent que l’auteur n'exécute sa menace ou ne brûle le « Coran » devant la caméra. Le film montrerait notamment des images de l'actualité sanglante des pays musulmans : « une décapitation en Irak, une lapidation en Iran et une exécution en Arabie saoudite, où la charia est appliquée », en les rapprochant de sourates du Coran. Selon un quotidien néerlandais, le film se termine par une photo du prophète Mahomet. Or, l'islam interdit toute représentation physique du prophète. De plus, Geert Wilders distille les informations au compte goutte. Il a précisé qu’il « arriverait quelque chose » au prophète Mahomet à la fin du film – sans préciser quoi.


Avant même la diffusion du film, de nombreuses associations musulmanes néerlandaises ont déjà appelé les musulmans du pays au calme, les priant de ne pas répondre à la provocation. Mais, d’ores et déjà, en Afghanistan, des voix s’élèvent pour dénoncer les propos du cinéaste. Les talibans ont menacé de multiplier les attaques contre les soldats néerlandais déployés en Afghanistan si le film de Geert Wilders était diffusé. « Le film de Geert Wilders, chef du Parti pour la liberté, est "une insulte à l'islam" », a déclaré un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid tout en poursuivant : « Nous appelons les Nations unies à faire cesser toute action qui porte atteinte aux relations "entre le monde musulman et le reste du monde ».


Le député a été informé par le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, lui-même ressortissant hollandais, des retombées de cette nouvelle polémique si le film est diffusé comme prévu. Il y a tout lieu de craindre, selon ce dernier, que la diffusion du film « Fitna » ne mette les 1.665 soldats néerlandais, en mission en Afghanistan, et déployés dans le cadre de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf), en danger. Pour toute réponse, Geert Wilders réplique que : « le cabinet peut se courber et s'incliner devant l'islam. Moi, jamais je ne capitulerai ».


Le Premier ministre néerlandais, Jan Peter Balkenende, craint que les Pays-Bas ne soient également la cible de sanctions économiques. L'Iran et l'Égypte ont exprimé leur indignation, menaçant les Pays-Bas d'un boycottage économique et déplorant des « attaques gratuites ». Le Parlement iranien est prêt. « Un liste a déjà été dressée dans le monde musulman des produits néerlandais, a déclaré Maxime Verhagen, le ministre des Affaires étrangères, qui craint qu’une société laitière, comme Campina, subisse un dommage substantiel. Le Pakistan a déjà ordonné aux fournisseurs de service Internet de bloquer le site YouTube, sur lequel la vidéo de Geert Wilders sera sans doute diffusée.


Selon le quotidien Telegraaf, la coalition au pouvoir est divisée sur la décision à prendre et sur les moyens juridiques de censurer la diffusion du film. Nonobstant le fait que le gouvernement néerlandais recherche un moyen de neutraliser le film, le premier ministre a fermement défendu le droit de Geert Wilders à la liberté d’expression et il s’est vu dans l’obligation de condamner les menaces qui visent plus particulièrement « la sécurité de citoyens et d'entreprises néerlandais à l'étranger », ainsi que les « militaires néerlandais en mission » et « notre réputation à l'échelle internationale ».


Comme l’indique Sabine Cessou, de RFI, « malgré les polémiques, la critique du modèle multiculturel et la remise en question de la tolérance néerlandaise font toujours mouche. Si des élections devaient se tenir aujourd’hui, le PVV de Geert Wilders remporterait 15 sièges au Parlement, selon les sondages. Rita Verdonk, l’ancienne ministre de l’Intégration, connue pour son extrême fermeté, entend surfer sur la même vague. Elle s’apprête à fonder son propre parti, Trots op Nederland (Fiers des Pays-Bas), au mois d’avril. Ce mouvement veut lui aussi marcher dans les pas de Pim Fortuyn, leader charismatique de la droite populiste, assassiné en 2002 par un activiste de gauche néerlandais


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Sources - (AFP, Le Monde, Libération, Presse canadienne)