La nouvelle vient de tomber. Eliot Spitzer, le gouverneur démocrate de l’État de New York, ancien pourfendeur des pratiques frauduleuses des grandes banques américaines dans les années quatre-vingt-dix, vient d'informer son entourage qu’il était impliqué dans un réseau de prostitution. La nouvelle est parue sur le site Internet du New York Times et viendrait d’une source anonyme des milieux policiers fédéraux.
En février dernier, le gouverneur démocrate accusait l’administration de Georges W. Bush d’avoir fermé les yeux sur l’endettement illégal de nombreuses familles dans le cadre du scandale des « subprimes ». Il avait dénoncé les banques pour des pratiques jugées déloyales, voire illégales, qui ont mené à la faillite de nombreuses familles américaines aux prises avec des taux hypothécaires qu’elles ne peuvent acquitter. Il avait alors qualifié la situation du crédit bancaire d’un « tsunami » sur le marché de la dette. Selon le gouverneur Spitzer, autant le président Bush que les autorités de régulation (SEC) ont démontré un laxisme en permettant aux banques des dérives en matière de crédit et en mettant pas en place des outils de contrôle.
Le réseau dans lequel serait impliqué le gouverneur Spitzer, est connu sous le nom de « Emperor’s Club V.I.P. ». Toutefois, rien ne permet de relier le gouverneur Spitzer à ce réseau précis. Toutefois, les déclarations de d’Eliot Spitzer coincident avec l’arrestation, par les autorités fédérales, de personnes œuvrant dans le réseau de prostitution « Emperor’s Club V.I.P. ». Selon le New York Times, ce réseau aurait des ramifications dans des villes comme New York, Washington, Miami, Londres et Paris. Les profits de ce réseau dépasseraient le million de dollars en blanchiment. Un rendez-vous coûterait entre 1.000 et 5.000 dollars l’heure. Les coûts pour un week-end complet, en compagnie d’une prostituée de luxe, pouvaient s’élever à 50.000 $. Le mode de paiement se faisait comptant, par carte de crédit ou transfert bancaire. Le chef du réseau, Mark Brener, 62 ans, du New Jersey, embauchait plus d’une cinquantaine de prostituées dans les villes de New York, Washington, Miami, Londres et Paris.
À la mi-février, le gouverneur Spitzer se trouvait à Washington. Il aurait fait appel à une prostituée dans la nuit du 13 février dernier, selon la déposition d’une des personnes en état d’arrestation pour prostitution. Pour l’instant, personne des autorités policières fédérales n’a voulu commenter l’affaire.
Élu en novembre 2006, Eliot Spitzer succédait ainsi à George Pataki. Docteur en droit, Spitzer a travaillé pour le juge Robert W. Sweet à Manhattan pour rejoindre par la suite le cabinet juridique Paul, Weiss, Rifkind, Wharton & Garrison. En 2006, soutenu notamment par deux anciens maires de New York, David Dinkins et Ed Koch et par l'homme d'affaires républicain Donald Trump, Eliot Spitzer est le candidat démocrate au poste de gouverneur. Le 7 novembre 2006, il est élu avec 69% des voix contre 29% au républicain John Faso et 1% au libertarien John Clifton.
En octobre dernier, Jean Charest, le premier ministre du Québec, rencontrait le gouverneur démocrate de New York Eliot Spitzer pour discuter entre autres choses d’un lien « grande vitesse » entre New York et Montréal. « Le gouverneur Spitzer et le premier ministre Charest ont discuté du projet de train à grande vitesse lors de leur dernière rencontre. Nous avons convenu de garder nos yeux ouverts. Nous n’avons pas pris de décision, mais nous sommes ouverts à la discussion », avait déclaré son attachée de presse, Jennifer Givner, à La Presse Affaires.
Rien n’arrêtait Eliot Spitzer. Alors qu'il était procureur général de l'Etat de New-York, Eliot Spitzer, celui qui a fait trembler les grands noms de Wall Street pour leurs pratiques frauduleuses dans les années quatre-vingt dix, portait plainte, pour « escroquerie » et « manipulation de comptes », contre le numéro un mondial de l'assurance, AIG. Toujours dans le cadre de ses enquêtes sur les banques de Wall Street et le scandale des « mutual funds », la nouvelle « terreur » du capitalisme, comme il a été surnommé par les milieux financiers, Eliot Spitzer, obtient la tête de Jeffrey Greenberg, patron de Marsh & McLennan, le premier courtier américain, qui tombe sous le poids des charges qui lui sont reprochées, à savoir encaissement de commissions occultes et organisation d’enchères truquées .
C’est ce même Eliot Spitzer qui avait obtenu un accord de plusieurs millions de dollars la société Intermix Media, et son logiciel espion de collecte de données, d’affichage de pop-up et de redirection. Il avait également obtenu, à l’été de 2005, un dédommagement de 10 millions pour une série de pots de vin (payola) faits aux programmeurs de stations de radio (vacances, nuits d'hôtels, etc.) afin de les inciter à passer les titres du label. Il s’agissait déjà de SonyBmg.
Le magazine Time l'avait baptisé « Croisé de l'année » à l'époque.
(Sources : Cyberpresse, Reuters, AFP, New-York Times, New York Post)
Video de la campagne d'Eliot Spitzer pour le poste de gouverneur de New York
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Et cette autre vidéo dans laquelle Eliot Spitzer s'improvise acteur.