Rien n’arrête ni n’arrêtera Barack Obama. Une vidéo – humoristique et fort bien rythmée – fait du futur prétendant à la Maison Blanche la nouvelle coqueluche du Bollywood. Nous ne sommes pas toutefois devant une œuvre d’art. Loin s’en faut. Autant pendant un certain temps, les Américains doutaient de la position de Barack Obama sur l’Irak, autant maintenant, à la lumière du récent rapport du Renseignement américain, la population semble lui donner raison. Il a été le seul à marteler l’importance de « négocier » avec l’Iran et de « rencontrera le président Ahmadinejad ». Or ledit rapport prône justement une stratégie fondée sur les pressions diplomatiques et sur les négociations.
Que fait-on avec un candidat qui menace les clans adverses. « Il y a beaucoup de choses que les électeurs ne savent pas à propos de Barack Obama », avait lancé Howard Wolfson, directeur de communication de Mme Clinton. On multiplie les rumeurs. D’où viennent ces rumeurs ? De partout et de nulle part. Ne dit-on pas que Barack Obama est « musulman »? De l’autre côté de la clôture, ce n’est guère mieux : Hillary Clinton a bien des difficultés, attaquée sur son flanc par « The Advocate », à mettre fin aux rumeurs sur son homosexualité présumée. Qui sont ceux ou celles qui chuchotent qu’il est une « taupe islamique » ? Allez savoir. La bataille se poursuit sur Internet, où le site Web de Mme Clinton comprend un « Fact Hub » donnant une liste des mensonges proférés par M. Obama sur la question de l’assurance médicale. Quant à M. Obama, son équipe a créé une page intitulée « Hillary Attacks » énumérant les attaques qu’elle a lancées contre lui.
Ces rumeurs n’ont pas empêché le magazine Time de lui consacrer sa première page. La conjoncture des sondages favorise ce regain d’attention pour le jeune candidat. Barack Obama continue à grignoter des votes à sa plus proche rivale, Hillary Clinton. Elle apparaît fragile en Iowa, devancée dans un sondage du week-end dernier par Barack Obama (25% contre 28%). L’Iowa sera le premier état à se prononcer sur les candidatures démocrates. Au plan national, toutefois, la candidate de New York domine : elle bénéficie de 45% des intentions de vote selon une enquête parue mercredi dans le LA Times contre 21% pour son rival Obama. Dans le New Hampshire, Hillary Clinton est créditée de 35% d’intentions de vote contre 29% pour son principal rival, Barack Obama.
Aux États-Unis, la religion occupe une place bien évidente et elle s’annonce comme un facteur important pour la présidentielle 2008 aux États-Unis. Selon l’institut Pew, 63 % des personnes interrogées se disaient mal à l’aise à la perspective de voter pour un candidat qui « ne croirait pas en Dieu ». Malgré la séparation de l’État et de l’Église, le candidat républicain, Mitt Romney, a martelé que les États-Unis sont « une nation sous Dieu, et nous avons bien confiance en Dieu ». Ces deux devises sont comme des pierres angulaires du patriotisme américain, inscrites dans le serment d’allégeance et sur les billets de banque.
L’ensemble des prétendants démocrates et républicains ont été interrogés sur leurs convictions religieuses. Obama, dont le deuxième prénom est Hussein, ne cesse de se battre contre des préjugés tenaces qui lui prêtent des penchants pour l’islam au motif qu’il a passé une partie de son enfance en Indonésie. Membre de l’Église unie du Christ, il se définit simplement comme un chrétien. Hillary Clinton, met en avant son éducation méthodiste et explique que sa foi l’a aidée à sauver son mariage avec l’ancien président Bill Clinton.
François Durpaire et Olivier Richomme ont consacré une biographie passionnante à celui qui pourrait bientôt devenir le premier président noir des États-Unis, « L’Amérique de Barack Obama » (Ed. Demopolis). Pour François Durpaire, le plus grand obstacle qui se dresse devant Barack Obama est une autre candidate de son parti : Hillary Clinton. « C’est une élection hyper indécise », confie l’historien. « Je pense que ça va se jouer dans les primaires, début 2008. S’il les gagne, oui, il a des chances d’être élu président. Car je pense que c’est un candidat démocrate qui va remporter les élections. (…) Le bilan des Républicains est tellement lourd, que je ne les vois vraiment pas gagner ».