samedi 16 février 2008

Michel Drucker à Montréal : « La presse d'opinion a franchi la ligne jaune, elle est devenue une presse "people" »

Michel Drucker, de passage au Québec, pour promouvoir son livre, Mais qu'est-ce qu'on va faire de toi ?, déclare, dans une entrevue qu’il accordait au Devoir, « J'ai passé ma vie à répondre à deux questions. D'abord, à "qu'est-ce qu'on va faire de toi" et ensuite, à ce coup de téléphone de mon père. Ce furent mes deux moteurs pour avancer ».

Sur les exigences de la télévision publique comparées à celles du secteur privé, Michel Drucker a son opinion : « Dans le secteur public, nous ne sommes pas obligés de nous adresser à des consommateurs. Quand j'invite Jean Daniel [du Nouvel observateur], je ne me dis pas que je vais perdre les ménagères qui veulent acheter de la lessive. Le privé, lui, est obligé de s'adresser à des cibles imposées par le tyran publicitaire ».

Sur la téléréalité, l’animateur français a aussi son opinion : « C'est le déshonneur de la télévision, le contraire de la création ». Et comme l’indique Paul Cauchon, du Devoir, dans son récent livre, Michel Drucker en remet : « la télé voyeuse, celle qui lorgne par le trou de la serrure, celle qui fait son beurre de la détresse morale, de la misère sexuelle, celle qui filme les désoeuvrés de la télé-réalité comme des rats de laboratoire, ne sera jamais la mienne ».

Michel Drucker dresse le bilan suivant de la presse française : « La véritable « pipolisation » vient maintenant de la presse d'opinion. Les problèmes conjugaux de Sarkozy ou de Ségolène Royal, ce n'est pas moi qui en ai parlé. C'est sur le site du Nouvel observateur, le magazine le plus sérieux de la gauche, intellectuel, cultivé, lettré, que j'ai lu que Sarkozy allait divorcer. C'est sur le site de L'Express qu'on a appris sa nouvelle flamme. C'est le site du Nouvel obs' qui a publié récemment ce texto honteux sur Sarkozy. Il est vrai que les politiques jouent la transparence, mais la presse d'opinion fait des choses que jamais je n'oserais faire. Elle a franchi la ligne jaune, elle est devenue une presse "people" ».

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