Monsieur Georges W. Bush se rend, pour la première fois de ses deux mandats, en Israël et en Cisjordanie. Les trois jours de visite du chef de la Maison Blanche doivent être marqués jeudi par un entretien à Ramallah (Cisjordanie) avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. M. Bush se rendra vendredi à Bethléem, ainsi qu’au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem.
Cette visite ne se fait pas dans le calme et la sérénité. Loin s’en faut. Détail trivial, au point de départ. La visite d’État du président américain George Bush devait coûter aux contribuables israéliens un million deux cents mille dollars, soit 25.000 dollars par heure passée sur le territoire israélien. Pour ne courir aucun risque, Israël a mis en place un dispositif sans précédent pour sécuriser la visite de George Bush. Dix mille cinq cents policiers sont déployés à Jérusalem, où les principales artères seront interdites à la circulation durant plusieurs heures, pour protéger les déplacements du cortège présidentiel. La sécurité israélienne est épaulée par les 250 agents américains du Secret Service, la protection rapprochée des présidents américains, 150 conseillers sécuritaires et 200 autres agents de différents services de sécurité, également dépêchés par Washington pour l’occasion, sans oublier 15 maîtres-chiens renifleurs d’explosifs. La mairie de la capitale et la coopérative de transports « Egged » ont d’ailleurs publié sur leurs sites internet les itinéraires de délestage que devront emprunter les usagers.
Monsieur Bush, par-dessus tous les objectifs annoncés de paix et de démocratie régionale, cherche par ce voyage au Moyen-Orient à laisser un legs autre que celui d’un président belliqueux qui a mis à mal et à sang une partie de la région. Le président Shimon Peres et le Premier ministre Ehud Olmert ont fait mines réjouies lorsque le président américain s’est engagé à garantir la sécurité d’Israël « en tant qu’État juif ». Le président a précisé que : « l’alliance entre nos deux pays contribue à garantir la sécurité d’Israël en tant qu’État juif ».
Rameau d’olivier en main, le président Georges W. Bush ne pouvait parler que de paix : « Nous recherchons une paix durable. Nous voyons une nouvelle occasion pour la paix, ici en Terre sainte, et pour la liberté à travers la région ». Et il rappelle, avec une nouvelle humilité qui sied fort bien dans les circonstances, que « l’Amérique ne peut dicter les termes d’un futur état. Le seul moyen d’avoir une paix durable, le seul moyen d’obtenir un accord qui signifie quelque chose, c’est que les deux parties se réunissent et fassent ces choix difficiles, mais nous allons les aider, nous voulons les aider ».
Lors d’une rencontre de presse, les deux hommes, Georges W. Bush et Ehud Olmert, ont rappelé l’essentiel de leur message commun : il est impensable qu’un État palestinien serve de base de lancement au terrorisme. « J’attends d’Israël qu’il protège ses citoyens », a affirmé le président américain. Le Premier ministre, pour sa part, a déclaré : « Il n’y aura pas de paix si ce terrorisme ne s’arrête pas ».
Le Premier ministre israélien n’est pas sans difficultés, soumis à une haute surveillance de ses deux factions rivales : « l’aile Beneliezer issue du parti travailliste et favorable à un échange de territoire avec les Palestiniens et même à des contacts limités avec le Hamas à Ghaza. L’aile Livni tente de doubler le Premier ministre par sa droite critiquant la mollesse du successeur d’Ariel Sharon et son manque de détermination face aux Palestiniens » (M’hamed Khodja, Jeune Indépendant).
Nessim Cohen-Tanugi, écrit sur Arouts 7 : « Dans une interview accordée au Jerusalem Post du 1er janvier, Ehud Olmert, friand de “mots” politiques, reconnaît avoir fait le choix du retour aux frontières de 1967 et se résigner à la division de Jérusalem. « Même les meilleurs amis d’Israël pensent que l’avenir est le retour aux frontières de 1967 et la division de Jérusalem », a déclaré le Premier ministre. Le rôle du Premier Ministre israélien serait de défendre l’intérêt d’Israël. C’est bien là où le bât blesse avec Olmert : il n’a ni grand dessein, ni même de projet politique, il va du côté où va le vent et flaire la position la plus « vendable ». S’il avait été combattif - et ce qui serait le moindre pour un dirigeant - il plaiderait pour ou contre cette hypothèse en fonction de ce qu’il pense être l’intérêt national du pays qu’il dirige et non par de tels arguments. Mais non ! Olmert suit l’opinion publique, s’engage sur le chemin de la plus grande pente ! »
Le maire de Jérusalem, Uri Lupolianski, a affirmé au président américain que la Ville sainte devait rester “réunifiée” sous souveraineté israélienne.” Le maire a remis au président Bush le « fac similé » d’une carte datant de 1581 représentant le monde connu à l’époque, avec Jérusalem en son centre. Rappelons qu’Israël avait annexé la partie orientale de Jérusalem à l’issue de la guerre israélo-arabe de juin 1967. Le 30 juillet 1980, une « loi fondamentale » votée par le Parlement avait proclamé Jérusalem « réunifiée et capitale éternelle d’Israël ».
Est-ce que le président Georges W. Bush a prévu, au programme, une visite des nouvelles colonisations ? Le président des États-Unis pourra-t-il, à quelques mois de son départ de la Maison Blanche, user de toute son influence pour obtenir un gel total de la colonisation, notamment ce projet de construction de 307 nouvelles habitations à Har Homa, un quartier de Jérusalem-Est faisant partie d’un ensemble de quartiers juifs où vivent environ 180.000 Israéliens ? Condoleezza Rice, par qui le message passe, a déclaré que Washington s’opposait « depuis le tout début » au projet d’israélien d’implantations à Jérusalem-Est, qui attise les tensions avec les Palestiniens. Elle a également prévenu que ce voyage du président américain ne débouchera pas sur des avancées spectaculaires des négociations de paix
Georges W. Bush a déclaré qu’il s’attendait de l’Autorité palestinienne un « engagement ferme » à faire cesser les tirs de roquettes sur Israël à partir de la bande de Gaza mais aussi un démantèlement, par Israël, des colonies sauvages en Cisjordanie. Pour la communauté internationale, toutes les colonies dans les territoires occupés depuis juin 1967 sont illégales, qu’elles aient ou non obtenu l’agrément officiel israélien. Olmert a répondu dans le sens que le président américain souhaitait : « Nous respecterons nos engagements pour ce qui concerne les colonies sauvages ». Mais du développement des nouvelles colonies, rien.
Pour rester un peu dans l’anecdotique, au président américain, cycliste amateur, Ehud Olmert a offert un maillot de l’équipe israélienne de cyclisme avec son nom brodé au dos, ainsi qu’un appareil de positionnement par satellite (GPS) conçu pour la petite reine avec en mémoire les sentiers de randonnée proches de son ranch de Crawford (Texas) et ceux d’Israël, a indiqué un haut responsable israélien. « A mon ami George Bush, de la part d’un sportif à un autre sportif », a écrit Ehud Olmert au président américain (Le Figaro).
Monsieur Bush rencontrera également le président palestinien Mahmoud Abbas. Il lui réitérera sa demande pressante de mettre fin aux violences – tirs de roquettes sur les populations juives. Monsieur Abbas devra démontrer qu’il est en autorité et qu’il peut obtenir un meilleur contrôle sur les populations de sa juridiction. Sauf que le Fatah et le Hamas sont des frères ennemis. Que demander de plus à Mahmoud Abbas qui n’exerce son autorité que sur une partie des territoires palestiniens ? C’est pourquoi, il fallait s’y attendre, George Bush évitera de se rendre dans la bande de Gaza, où une vingtaine de milliers de partisans du Hamas sont descendus dans la rue, hier, pour condamner sa présence dans la région.
Y a-t-il un seul jour sans qu’il ne soit question de l’Iran et où Georges W. Bush ne met pas au premier rang de ses déclarations le pays perse ? Il a, du Moyen-Orient, prévenu l’Iran ce mercredi qu’il s’exposait à de « graves conséquences » en cas d’incident comme celui survenu dimanche dans le détroit d’Ormuz et que « toutes les options (étaient) sur la table » pour répondre à une éventuelle attaque. Pour le président américain, cette confrontation navale dans le détroit d’Ormuz, par où transite une part considérable du trafic pétrolier mondial, est une « provocation » de l’Iran. Le gouvernement iranien a tenté de minimiser la confrontation qu’il a qualifiée d’ « ordinaire ». Une vidéo, fournie par le Pentagone, filmée depuis le pont du navire américain Hopper, montre des vedettes rapides approchant de trois navires de guerre américains, le USS Hopper, le USS Port Royal et le USS Ingraham. On y voit les vedettes rapides de couleur bleu, cinq selon le Pentagone, d’abord des points à l’horizon, s’approcher du destroyer.
Video - Confrontation