Voici une étonnante chronique, parue vendredi dernier, de Rafaële Germain, dans une collaboration spéciale au quotidien de Montréal, La Presse. Je vous la présente in extenso pour deux raisons. D’abord, c’est une chronique de femmes. Deuxièmement, elle donne le point d’une femme sur la relation très particulière de Nicolas Sarkozy avec sa nouvelle compagne, Carla Bruni. Je n’aime pas les potins. Je les évite. Dans le cas présent, je fais exception. Pour montrer, aux lecteurs francophones, un point de vue largement débattu, dans nos médias québécois, qu’ils soient imprimés ou électroniques, et cela dans des termes similaires à ceux que vous allez lire.

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Coucher avec le président de la République

Rafaële Germain

La Presse

Collaboration spéciale

« Puis toi ? a demandé la jeune femme à son amie. Tu coucherais avec Sarkozy?
- Moi je coucherais avec un gnome s’il était président de la République française
», a répondu l’amie.

- « Ben… Sarkozy est pas trop loin du gnome, si tu veux mon avis.

- Whatever. N’importe quoi pour pouvoir dire que j’ai couché avec un chef d’État. C’est une maudite bonne anecdote, quand même, non? » Qu’est-ce que t’as fait hier soir?“. « Oh, pas grand-chose. Missionnaire avec le président ».

- Tu penses que c’est ça que Carla Bruni s’est dit ?

- Non. Je pense que Sarkozy s’est dit : n’importe quoi pour pouvoir dire que j’ai couché avec une mannequin.

- « Ouais, peut-être ». Une pause. « Tu penses vraiment qu’ils font ça dans la position du missionnaire ? »

La discussion s’est poursuivie. Il est plus petit qu’elle ; elle a la voix d’une carpe aphone ; c’est rien qu’un fasciste étroit d’esprit ; elle est rien qu’une « guidoune » qui couche avec tout ce qui fait plus de 100 millions par année ou, accessoirement, gouverne une puissance mondiale (consensus finale des filles : non, pas de missionnaire. Si jamais ils le font, c’est elle qui est sur le dessus).

Les jeunes femmes, au bout du compte, avaient moins de compassion pour Carla que pour Nicolas. Un président fier d’être à droite, anytime. Mais une femme qui collectionne les hommes puissants comme d’autres les coquillages ou les photos de coucher de soleil, ça passe mal.

Machine médiatique


Tout a déjà été dit - trop a déjà été dit sur ce couple à la fois étrange et parfait que forment Carla Bruni et Nicolas Sarkozy. Étrange pour des raisons évidentes, parfait parce qu’on pourrait difficilement imaginer pareille machine médiatique, ils sont du bonbon à paparazzi, de l’engrais à conversation vide.

Dans quelques années, j’en suis certaine, qu’ils soient encore ensemble ou non, des gens écriront sur cette relation déconcertante et démesurée, parce que tout est encore bon à dire et à redire sur l’histoire de la belle et la bête, sur les appétits des hommes de pouvoir et sur le pouvoir des femmes fatales.

Je n’ai pas d’affection particulière pour Carla Bruni, ses disques sont jolis, elle aussi, elle a écrit une chanson pour un homme qui a le même prénom que moi et que les gens me chantent encore quand ils ont pris un verre de trop. Son tableau de chasse est assez impressionnant, et on est en droit de questionner la pureté des intentions d’une jeune femme qui se donne à Donald Trump (pour qui je commence à avoir une certaine admiration, ne serait-ce qu’à cause de l’opiniâtreté qu’il démontre en persistant à porter son improbable toupet). Mais dans toutes, absolument toutes les conversations sur le sujet de son couple avec Sarkozy que j’ai entendues, les mots « pute » ou « guidoune » ou « salope » ont été prononcés. Et j’en ai entendu des conversations. TOUT le monde en parle, tout le monde est littéralement excité par la chose. Les plus polies parlaient de « profiteuse ».

Moi je crois que si quelqu’un profite de cette relation, c’est lui. Et que si elle en profite aussi, tant mieux. Je me demande pourquoi on assume toujours le pire, pourquoi on a choisi d’emblée de faire de cette histoire quelque chose de laid et de pervers (parce que c’était facile), et si on va un jour cesser de honnir les femmes qui se comportent comme on croit que seuls les hommes devraient pouvoir le faire.

Je sais, le sujet est plus qu’éculé et les femmes qui se veulent libérées radotent là-dessus dans les fonds de bar, mais la bigoterie me fait de la peine, surtout celles des femmes par rapport à leurs semblables. Aimons-nous donc les unes les autres.

Rafaële Germain, La Presse, le vendredi 18 janvier 2008

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Source : Cyberpresse

Je vous recommande également, de Cyberpresse, la lecture de cette autre analyse, Le Sarko-show: le feuilleton continue, signée par Nadielle Kutlu : « Je suis une amadoueuse, une chatte, une Italienne », confiait Carla Bruni en février 2007 au magazine Madame Figaro. « Je m’ennuie follement dans la monogamie. L’amour dure longtemps, mais le désir brûlant, deux à trois semaines ». Telle est la nouvelle conquête du président français, qui deviendra visiblement la première dame de France. Depuis près de deux mois maintenant, Nicolas Sarkozy, 52 ans, entretient une idylle avec l’ancien mannequin italien, Carla Bruni, 39 ans, fille de l’une des familles les plus riches de l’Italie du Nord. Désire-t-elle encore ardemment son nouvel amant ?

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