mercredi 5 décembre 2007

Selon Statistiques Canada, le français recule au Canada et au Québec

Au Canada, un habitant sur cinq est né à l’étranger, ce qui fait du pays l’un des plus multiculturels du monde, devant les États-Unis et juste derrière l’Australie, selon le dernier recensement rendu public par Statistiques canada. Fait à noter : pour la première fois, les allophones, c’est-à-dire les personnes dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais, représentent le cinquième de la population du Canada. Ces allophones formaient 20,1 % de la population, en hausse par rapport à 2001 (18,0 %). Le poids des francophones a diminué, passant de 22,9 % à 22,1 %, tout comme celui des anglophones, qui est passé de 59,1 % en 2001 à 57,8 % en 2006.

Environ 1,1 million de personnes se sont établies au pays, entre 2001 et 2006 et plus de la moitié se sont installés en Ontario, comparativement à 17,5 pour cent au Québec. En 2006, près de 60 pour cent (58,3 %) d’entre eux provenaient d’Asie, y compris du Moyen-Orient. L’Europe, qui a longtemps fourni au Canada sa main-d’œuvre, arrive désormais deuxième. Les nouveaux arrivants nés en Europe forment le deuxième groupe en importance (16,1 %) parmi les immigrants récents. Par le passé, l’Europe était la principale région d’origine des immigrants. En 1971, les immigrants originaires de l’Europe représentaient 61,6 % des nouveaux arrivants au Canada. De plus en plus d’immigrants arrivent aussi d’Amérique du Sud et d’Afrique. Statistiques Canada estime à 10,8 % la proportion d’immigrants récents nés en Amérique centrale, en Amérique du Sud et dans les Antilles, en légère hausse par rapport à 2001 (8,9 %). Par ailleurs, en 2006, 10,6 % des nouveaux arrivants au Canada étaient nés en Afrique, en légère hausse également par rapport à 2001 (8,3 %). Pendant ce temps, les régions rurales où éloignées qui demeurent relativement homogènes voient leur population fondre.

Plus de 850 000 personnes, nées à l’étranger, soit 144 600 de plus qu’en 2001, habitent au Québec. Ce qui fait que le Québec, qui a longtemps eu un pourcentage d’immigrants inférieur à la moyenne canadienne, est en train d’effectuer un rattrapage rapide. Les immigrants représentent désormais 11,5 pour cent de la population de la province, soit la proportion la plus forte jamais enregistrée dans l’histoire de la province. Toutefois, ce pourcentage demeure toutefois largement inférieur à celui de l’Ontario, dont 28,3 pour cent des résidants sont nés à l’étranger. Un fait demeure : c’est l’Ontario qui reste la terre de prédilection des nouveaux arrivants.

Les immigrants qui adoptent le Canada s’installent en très grande majorité dans les grandes villes. Les trois plus grandes régions métropolitaines du pays - Toronto, Vancouver et Montréal - attirent plus de 60 pour cent des étrangers, révèle l’organisme fédéral, Statistiques Canada. À elle seule, la métropole québécoise a accueilli 165 300 nouveaux arrivants au cours de la dernière période de recensement. C’est plus qu’à tout autre moment au cours des 25 dernières années.

L’arrivée d’immigrants a de profondes répercussions sur le paysage linguistique du pays. En effet, d’après Statistiques canada, la majorité (70,2 %) des personnes nées à l’étranger ont déclaré avoir une langue maternelle autre que le français ou l’anglais. La plus grande proportion a déclaré les langues chinoises. Près de 1 034 000, selon les estimations, ont déclaré avoir une des langues chinoises comme langue maternelle, en hausse de 18,5 %, soit 162 000 personnes. L’italien (6,6 %), le pendjabi (5,9 %), l’espagnol (5,8 %), l’allemand (5,4 %), le tagalog (4,8 %) et l’arabe (4,7 %) venaient ensuite. Un million de personnes, vivant au pays, parlent des dialectes chinois mais Statistiques Canada a recensé plus de 200 autres langues maternelles. La situation est un peu différente au Québec, où quelque 17,5 pour cent des nouveaux arrivants au Québec ont appris le français dans leur tendre enfance et le parlent toujours.

Statistiques canada révèle que, si un nombre plus important que jamais d’immigrants parle le français à la maison, la langue française perd du terrain, partout au pays. Le nombre de francophones a augmenté entre 2001 et 2006 mais leur poids relatif a diminué. Ils ne représentent plus que 22,1 pour cent de la population. Cette donnée est comparable au 22,9 pour cent de 2001 et au 26,1 pour cent de 1971.

L’an dernier, le Québec comptait 5,7 millions de personnes ayant la langue française pour langue maternelle, soit 79,6 pour cent de la population. C’est la première fois depuis 1931 que la proportion est inférieure à 80 pour cent. D’après Statistiques canada, cette baisse est attribuable à une légère hausse de la population anglophone de la province ainsi qu’à l’accélération de l’immigration allophone au cours des cinq dernières années. Mais pour la première fois, plus d’allophones ont adopté la langue de Molière que celle de Shakespeare comme principale langue d’usage au foyer entre 2001 et 2006.

Au Québec, le français était la langue la plus souvent parlée à la maison par 81,8 % de la population, ce qui constitue une baisse par rapport à 2001 (83,1 %). Environ 10,6 % des Québécois parlaient surtout l’anglais à la maison, soit un pourcentage pratiquement inchangé par rapport à 2001. Enfin, 7,6 % parlaient surtout une langue autre que le français ou l’anglais à la maison, en hausse par rapport à 2001 (6,5 %). Cette progression s’explique également principalement par l’immigration.

La situation est fort différente à l’extérieur du Québec où les nouveaux arrivants s’intègrent généralement à la majorité anglophone. Si l’on ne tient pas compte du Québec, les francophones ne comptent plus que pour 4,1 pour cent de la population canadienne. La diminution de leur poids remarquée entre 2001 et 2006 prolonge une tendance observée depuis plus d’un demi-siècle. Le nombre de francophones a toutefois légèrement augmenté en Ontario et en Alberta.

Les points saillants

  • Près du cinquième des personnes vivant au Canada en 2006 étaient nées à l’étranger. C’est la proportion la plus élevée enregistrée depuis les années 1930 ;
  • Cela fait du Canada un pays plus multiculturel que les États-Unis - où 12,5 pour cent de la population est née à l’étranger - mais moins que l’Australie ;
  • Plus de 60 pour cent des immigrants vivent dans les villes de Toronto, Vancouver et Montréal. À peine 5 pour cent s’établissent dans les régions rurales ;
  • La plupart des nouveaux arrivants au Canada proviennent d’Asie et du Moyen-Orient. L’Europe, qui a fourni au pays la majorité de ses immigrants tout au long du XXe siècle, se classe désormais deuxième ;
  • Environ 20 pour cent de la population canadienne n’a ni le français, ni l’anglais comme langue maternelle ;
  • Plus d’un million de personnes vivant au Canada ont l’un ou l’autre des dialectes chinois comme langue maternelle. Dans certaines banlieues de Toronto et de Vancouver, les anglophones sont maintenant minoritaires ;
  • Le français a perdu du terrain partout au pays, y compris au Québec. Cette situation est principalement attribuable à l’accélération de l’immigration ; les francophones représentent désormais 22,1 pour cent de la population ;
  • Moins de 10 pour cent des anglophones du Canada parlent aussi français. À l’extérieur du Québec, la proportion chute à 7,4 pour cent ;
  • Parmi les francophones, 42,4 pour cent disaient pouvoir soutenir une conversation en anglais en 2006. Au Québec, un francophone sur trois se dit bilingue comparativement à 83,6 pour cent des francophones hors Québec ;
  • La proportion de francophones qui se sont dits bilingues a diminué depuis 2001 dans presque toutes les provinces. Statistiques canada considère ce résultat comme une anomalie et croit qu’un courriel anonyme invitant les francophones hors Québec à se déclarer unilingues « pour protéger les services en français » pourrait être à l’origine de ce phénomène.

(Sources : Statistiques Canada)

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