lundi 3 décembre 2007

« La France ne peut être la France sans la grandeur » (De Gaulle)

En début de semaine, l’actualité poursuivra son battement au rythme d’une humanité qui ressemble de moins en moins au nom qu’elle porte. Il serait bien inutile de s’alourdir sur la question. Je n’en ai ni le goût ni la détermination.

Je cherchais un sujet pour ouvrir cette chronique du lundi. Une lecture, au hasard de mes « navigations » sur Internet, a suscité ma curiosité et je ne m’attendais pas à être submergé de souvenirs et, ma foi, d’un peu de nostalgie. Une petite dépêche, anodine, relatait une anecdote sur la famille Belmondo et le Grand Charles de Gaulle y était mentionné.

Pour le Québécois que je suis, de Gaulle, c’est et ce sera toujours, au cours d’un après-midi à Montréal, cette merveilleuse reconnaissance du Québec, dont nous rêvions, d’un Québec libre. De Gaulle, c’était le grand Charles qui avait affronté la colère des fédéralistes en lançant cette phrase inespérée qui allait marquer le Québec et toute une génération de francophones en Amérique du Nord. Tout cela c’était hier avec, pour aujourd’hui, un peu plus de chagrin. Et nous rêvions. « La clé de voûte de notre régime, c’est l’institution d’un président de la République désigné par la raison et le sentiment des Français pour être le chef de l’État et le guide de la France », écrivait le Général de Gaulle dans ses mémoires. Quelques uns, dont j’étais, rêvaient à cette République.

Il y avait dans ce général – qui n’a jamais cédé ou troqué la noblesse de son titre – une sagesse transcendante qui a longtemps fasciné l’étranger que je suis. Je revois, encore aujourd’hui, en cet homme, ce qui a marqué la France. « On ne fait rien de grand sans de grands hommes, et ceux-ci le sont pour l’avoir voulu ». Et « la grandeur ne se divise pas », disait-il. En concluant que : « la politique la plus coûteuse, la plus ruineuse, c’est d’être petit ». Plusieurs disaient du Québec qu’il était petit. Tout cela est du passé.

Pour revenir au motif premier de cette chronique, je me contenterai de porter à votre connaissance, sans rien y ajouter, un court article lu sur le site du Figaro. Il est éloquent et traduit bien cette grande époque gouvernée par un grand général.

« Quand est-ce que tu referas ton vrai métier ? », lui demandait souvent son père lorsque Belmondo enchaînait au cinéma grand rôle sur grand rôle et faisait exploser le box-office. Aux yeux du papa, le « vrai métier », c’était le théâtre. Quand Jean-Paul raconte ça, arrivent les souvenirs, les nostalgies, les éblouissements d’un enfant que ses parents emmenaient à La Comédie- Française : le rideau rouge, les dorures, les trois coups. « Chaque fois, j’avais le cœur prêt à exploser ». Plus tard, en 1986, quand il monte enfin sur les planches pour jouer Kean, son père est mort mais c’est pour lui qu’il joue. Et reviennent, tendrement obsédants, l’ombre et l’exemple du père qui, à 84 ans, continuait à dessiner, à sculpter dans la pierre, à visiter les musées. « Pourquoi tu vas au Louvre, papa ? » « Mais pour apprendre, mon petit ». A 84 ans ! C’était ça, Paul Belmondo, un artiste discret, sensible, authentique, mais que nos responsables de la Culture n’ont pas jugé utile de célébrer lorsqu’il est mort en 1982. L’annonce avait fait à peine douze lignes dans les colonnes du Monde. Cela, Jean-Paul ne l’avait pas digéré. C’est vrai, quoi : aujourd’hui, il suffit qu’un jeune artiste expose trois tubes de néon ou un lapin rose en plastique pour que l’on hurle au génie. Mais les soixante années de carrière de son père, ponctuées de chefs-d’œuvre, qui s’en souciait ? Si, pourtant : « A la fin des années 60, raconte Jean-Paul, mon père et moi avons été invités à l’Élysée par de Gaulle. Bien sûr, sur les marches, c’est moi que les photographes mitraillaient. On entre. Là-dessus, de Gaulle ! L’éléphant aux petits yeux marche droit vers mon père, comme s’il ne me voyait pas, lui tend la main et gronde : « Monsieur Paul Belmondo, je vous admire beaucoup ! » puis il se tourne vers moi, comme s’il me découvrait, et me dit : « Et pour vous, mon garçon, ça commence… » Formidable, non ? Les choses exactement en place : mon père d’abord, le grand artiste… et puis moi. « Ça commence ! » Et j’avais déjà fait quarante films ! Je débordais de joie. C’était de Gaulle » Véronique Prat, Le Figaro.

Monsieur Belmondo, père, s’en est allé avec un souvenir impérissable. « Les choses capitales qui ont été dites à l’humanité ont toujours été des choses simples », comme l’a démontré le grand Charles de Gaulle.

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