Mordechaï Vanunu, technicien à la centrale nucléaire de Dimona (dans le désert du Neguev), est celui par qui le scandale arrive. Il dénonce publiquement, en 1986, la fabrication d’armes atomiques par son pays Israël. Il est kidnappé par le Mossad et emprisonné pendant 18 ans. Il est libéré le 21 avril 2004. Il est toujours vu comme un ennemi de l’État. Après sa sortie de la prison d’Ashkelon, Mordechai Vanunu est à nouveau accusé d’avoir parlé à des étrangers, notamment à des journalistes et à des diplomates. Le 2 juillet 2007, les juges israéliens rendent leur sentence : six mois de prison et, en plus, six mois avec sursis. Il a interjeté appel du jugement le 2 juillet 2007, suspendant ainsi l’exécution de sa peine.
Décembre 2006. Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, est en visite à Berlin. Il accorde une interview à la télévision allemande N24 Sat1. À mots à peine couverts, il admet que son pays possède bien l’arme atomique. C’est la consternation à Jérusalem. Le premier ministre vient de rompre avec la doctrine israélienne de l’ambiguïté sur la question nucléaire. Le premier ministre répond à une question sur la bombe atomique : « Nous n’avons jamais menacé un pays d’annihilation. L’Iran menace ouvertement, explicitement et publiquement de rayer Israël de la carte. Pouvez-vous dire qu’il s’agit du même niveau de menace lorsqu’ils (les Iraniens) aspirent à avoir des armes nucléaires, comme la France, les Américains, les Russes et Israël ? » Ehud Olmert s’indignait, en cours d’entrevue, que la presse internationale puisse comparer les projets nucléaires de l’Iran à ceux d’autres pays comme les États-Unis, la Russie, la France. Et bien évidemment, Israël.
Classé sixième puissance nucléaire mondiale, Israël a affirmé, en refusant de signer le traité de non prolifération des armes nucléaires (TNP) en 1968, son intention de poursuivre son programme nucléaire militaire sans aucun contrôle international. Le pays possèderait, aujourd’hui, selon des experts étrangers, jusqu’à 200 ogives nucléaires pouvant équiper des missiles à longue portée. Il faut comprendre qu’Israël ne fournit à quiconque la liste de son inventaire. Le vice-Premier ministre de l’époque, Shimon Peres, insistait pour qu’Israël maintienne sa politique d’ambiguïté sur le nucléaire. C’est pourquoi l’État hébreu refuse toujours de se soumettre à des inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et de signer le Traité sur la non-prolifération nucléaire. « Israël est actuellement le seul des huit États disposant de l’arme nucléaire à maintenir le plus grand flou sur cette capacité » (Avner Cohen, Le Dernier Tabou. Le secret de la situation nucléaire d’Israël et ce qu’il faut en faire (en hébreu), Kinneret, Zmora-Bitan, Dvir, Or Yehouda, Israël, 2005, 334 pages).
Septembre 2007. Selon des documents obtenus par Associated Press, Israël multiplie les démarches auprès de l’AEIA pour être exempté des lois prévenant du traité de non prolifération afin d’importer légalement des matériaux nucléaires. Cette initiative fait suite à l’accord intervenu entre les États-Unis et l’Inde qui remet en cause les règles du NPT, en autorisant les américains à livrer du combustible nucléaire à l’Inde, bien que cette dernière ne soit pas signataire du NPT et qu’elle refuse de laisser l’AEIA visiter ses installations nucléaires. Les Israéliens ont commencé à examiner comment leur pays pourrait profiter des mêmes dispositions de cet accord. Ils ont proposé que les États-Unis demandent une exemption aux vérifications de l’AEIA sur toutes les installations nucléaires, indique un diplomate qui précise que Washington a refusé cette demande.
Le 6 septembre dernier, Israël détruit, dans le plus grand secret, une usine d’armement dans la région de Deir-Ezzor, en Syrie. Pour ce faire, il lui fallait l’accord de Washington. Israël a dépêché, en Syrie, des commandos pour s’emparer de « matériel » d’origine nord-coréenne « lié au nucléaire », affirme le Sunday Times, dans son édition du 23 septembre. Le raid du commando israélien a été dirigé directement par Ehoud Barak.
Le 22 octobre dernier, le professeur Mahmud Saada, expert palestinien et membre d’une commission internationale de médecins chargés de la « sauvegarde à l’égard des guerres nucléaires et des radiations », annonce, dans une interview publiée dans le quotidien arabe al-Hayat, que les radiations émanant du réacteur israélien de Dimona, et les scories nucléaires de trois dépôts souterrains adjacents, seraient la cause de cas rares de cancer dont sont atteints des enfants palestiniens du district de Daheriyeh, au sud de Hébron (Cisjordanie).
Le professeur Mahmud Saada demande que les institutions internationales fassent les démarches nécessaires pour obliger Israël à « arrêter le stockage souterrain des scories dans les zones habitées », pour « installer une station de surveillance des radiations nucléaires » et « construire un hôpital pour soigner les maladies dues aux radiations ». A l’ouest de Daheriyeh, ont été enregistrés des pourcentages de césium 137 semblables à ceux que l’on trouve à trente kilomètre du réacteur de Tchernobyl. Dans le passé, le Programme pour la protection de l’environnement des Nations Unies (Unep) avait déjà mis en évidence, à plusieurs reprises, que le programme atomique et de dépôt des scories nucléaires, poursuivi depuis des décennies par Israël, continue à se dérouler sans aucun contrôle. Les autorités israéliennes avaient, il y a quelques années, fait distribuer des médicaments pour atténuer le risque du aux radiations dans certains centres habités du Neghev, proches de la centrale de Dimona (Mondialisation).
Le lundi 5 novembre dernier, le directeur général des Affaires étrangères d’Israël, Aharon Abramovitz, lance une attaque en règle contre l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) lors d’un discours prononcé à Jérusalem à l’occasion d’un forum. « Au lieu d’être un élément qui contribue aux efforts déployés par la communauté internationale, l’Agence agit pour les mettre en échec », déplore-t-il. « L’Agence internationale de l’énergie atomique néglige sa mission de prévention de la prolifération nucléaire mais s’érige en obstacle face à ceux qui tentent de préserver le statu quo ». Les déclarations de Mohamed ElBaradei, appelant à dialoguer avec l’Iran, « plutôt que de l’isoler », sapent les efforts de plusieurs années pour ralentir le développement du programme nucléaire de Téhéran. Un nouveau rapport de l’AIEA est attendu en novembre sur le programme nucléaire iranien et doit servir de base pour des discussions au sein de l’ONU en vue d’un éventuel durcissement des sanctions.
Le 6 novembre dernier, Dany Gillerman, l’ambassadeur d’Israël aux Nations Unies, s’en est pris au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. L’organisme se focaliserait trop sur les actions de l’État hébreu, acharnement qui n’est pas justifié, selon ce dernier, et qui permet à de nombreux pays de violer les droits de l’homme sans que le Conseil ne s’en préoccupe et qui ignorerait délibérément les actes terroristes perpétrés par les Palestiniens en Israël. Israël a fait l’objet de 12 condamnations par le nouveau conseil des droits de l’homme de l’ONU au cours des derniers mois, particulièrement en raison de ses actions en territoires palestiniens.
Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohammed ElBaradei, est sur la sellette. Israël a réclamé jeudi son renvoi. Selon l’État hébreu, Mohammed ElBaradei « met en danger la paix dans le monde ». Pour le vice-Premier ministre israélien, Shaoul Mofaz, la chose est entendue : « La politique suivie par ElBaradei met en danger la paix dans le monde. Son attitude irresponsable qui consiste à enfouir sa tête dans le sable en ce qui concerne le programme nucléaire iranien, doit amener à son renvoi ». Selon le ministre, « ElBaradei affirme ne pas avoir de preuves concernant le programme nucléaire iranien alors qu’il dispose sur sa table de renseignements recueillis dans plusieurs pays et qu’il est à la tête d’une organisation chargée précisément d’exploiter ce genre d’informations ». « Comment peut-il d’un côté prétendre que l’Iran pourrait avoir la bombe atomique d’ici trois ans tout en affirmant ne pas disposer de preuve que ce pays développe un programme nucléaire militaire », s’interroge Ephraïm Asculai, chercheur à l’Institut pour les Études sur la Sécurité Nationale de Tel Aviv. El Baradeï avait estimé, dans une entrevue au quotidien Le Monde, qu’il faudrait encore de trois à huit ans à l’Iran pour se doter de l’arme nucléaire, si tant est, avait-il dit, que ce soit son objectif.
Une certaine effervescence règne à Jérusalem. La radio publique, citant des responsables israéliens, a indiqué que la délégation à Washington avait fourni des renseignements très précis et « d’une grande résolution » aux États-Unis, faisant ainsi allusion à des photos satellite. Qui plus est, Mahmoud Ahmadinejad annonce, mercredi 7 novembre, que l’Iran dispose de 3 000 centrifugeuses opérationnelles pour l’enrichissement de l’uranium. « Aujourd’hui, nous avons atteint 3 000 machines », déclare hier le président iranien devant une foule rassemblée dans la ville de Birdjand, dans la province orientale du Khorassan du Sud. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait annoncé, fin août, que l’Iran faisait tourner 1 968 centrifugeuses et que 656 autres étaient testées ou en cours d’installation. « La Chine respecte le droit de l’Iran à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire mais soutient le maintien du système international de non-prolifération », a expliqué le Premier ministre chinois, Wen Jiabao.
Il ne fait aucun doute que le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohammed ElBaradeï, vit des heures difficiles. Plusieurs commentateurs l’accusent « d’être tombé dans les mains de l’Iran », voire de « se laisser bercer par la propagande islamique de Téhéran ». A Vienne où elle est basée, l’agence refuse de commenter les déclarations israéliennes contre M. ElBaradei, de nationalité égyptienne.
Mince consolation pour ElBaradeï, selon le Jerusalem Post, le Premier ministre Ehoud Olmert est considéré par le public israélien comme le ministre le plus corrompu du gouvernement, selon les résultats d’une enquête présentée mercredi soir 7 novembre lors de la Conférence pour la société à Sdérot. Alors que 42 % des personnes interrogées l’année dernière estimaient qu’Olmert était « corrompu, voire très corrompu », 56 % d’entre elles ont pris cette position cette année. Les deux seules femmes du gouvernement, la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, et la ministre de l’Éducation, Youli Tamir, ont été qualifiées de « ministres les plus honnêtes du gouvernement ».
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