lundi 12 novembre 2007

Les Québécois doivent changer leur façon de voir le fédéralisme canadien

« Reconquérir le Canada - un nouveau projet pour la nation québécoise » est un ouvrage collectif en faveur du fédéralisme. Parmi les 14 auteurs, signataires de l’ouvrage, il faut compter, outre André Pratte, éditorialiste de La Presse, Benoît Pelletier, ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes au gouvernement du Québec, Martin Cauchon, ancien ministre fédéral de la Justice et Marc Garneau, ancien astronaute, Daniel Fournier, homme d'affaires, Marie Bernard-Meunier, ancienne diplomate, François Pratte, candidat conservateur dans Outremont. L’ouvrage a été lancé la semaine dernière à Montréal.

L’objectif de l’ouvrage est de combler une sorte de vide ou, à tout le moins, actualiser et moderniser l'argumentaire fédéraliste, a expliqué M. Pratte, au cours d'une rencontre avec la presse. Pour cela, plus question d'être timide dans sa ferveur fédéraliste. Il faut être fier d'être Canadien et Québécois et admettre les avantages de demeurer au sein du Canada.

Le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes du gouvernement du Québec, Benoît Pelletier, s’est dit convaincu que : « Le Canada doit être vendu non seulement sous l'angle intellectuel, mais aussi sous l'angle des émotions. Les arguments, dans le passé, étaient centrés sur l'économie, les avantages intellectuels de l'adhésion au Canada. Les gens avaient peur de vendre le Canada sur la base des sentiments, de la passion pour le Canada, de la fierté du Canada ». André Pratte, éditorialiste de La Presse, donne deux exemples de places à prendre : l'insuffisance des liens entre le Québec et chaque autre province, ainsi que les difficultés à trouver des Québécois pour siéger à des organismes ou des commissions mis sur pied par le fédéral. « Le Québec, malgré son immense territoire, est trop petit pour son potentiel. Voilà pourquoi nous pensons qu'il faut reconquérir le Canada », soutient à nouveau le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes.

À ces arguments, l’éditorialiste André Pratte ajoute : « Pour aller de l'avant, les Québécois doivent changer leur façon de voir le fédéralisme et le Canada, abandonner à jamais leur perspective d'éternelle victime, de perdant, une image qui ne correspond pas à notre expérience au sein du Canada ». Monsieur Pratte tire cette conclusion du constat qu’il fait des quarante dernières années : « Malgré l'évolution politique phénoménale des dernières années, malgré un apparent affaiblissement de l'option souverainiste, l'argumentaire en faveur du développement du Québec au sein du Canada, lui, ne s'est pas tellement renouvelé. Le constat aussi que, malgré l'évolution spectaculaire qu'ont connu le Québec et l'ensemble du Canada au cours des 40 dernières années, le débat politique au Québec se fait essentiellement dans les mêmes vieilles ornières ».

Les auteurs formulent et défendent quatre (4) convictions dans ce livre :

  • Que le Québec est mieux à même de se développer au sein du Canada « qu'en recherchant une indépendance qui est de plus en plus illusoire » à l'heure de la mondialisation.
  • Que les Québécois doivent changer leur façon de voir le fédéralisme et le Canada pour aller de l'avant et « abandonner à jamais leur perspective d'éternelle victime, de perdant, une image qui ne correspond pas à notre expérience au sein du Canada ».
  • Que les Québécois doivent profiter pleinement du potentiel que leur offre leur appartenance au Canada, notamment en prenant toute leur place dans les institutions fédérales et en renforçant leurs relations avec toutes les autres provinces.
  • Que le Québec a déjà en main tous les outils pour relever les nombreux défis auxquels il est confronté et que c'est là où réside sa vraie autonomie.

Selon Benoît Pelletier, ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes au gouvernement du Québec : « Loin d'être un frein au développement du Québec, le fédéralisme canadien est au contraire un merveilleux tremplin pour l'ensemble des Québécois et des Québécoises ».

Pour le chef adjoint du Parti libéral, Michael Ignatieff, qui avait défendu la reconnaissance du Québec comme nation durant la dernière course à la direction du Parti libéral, ce livre provoquera sans doute aussi une réflexion dans le reste du Canada : « C'est une très bonne journée pour le Canada. Nous avons une collection d'essais qui disent qu'il n'y a pas de contradiction entre une fierté nationale québécoise et une appartenance canadienne. C'est la chose essentielle. Et je partage ce sentiment ».

Les intérêts du Québec seront-ils désormais mieux servis ? C’est un autre débat.

(Sources : Cyberpresse, La Presse canadienne)

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