La France ne cessera de m’étonner. Pas un blog, pas un quotidien, pas un hebdo, pas un mensuel, pas une télévision ou une radio qui n’ait traité de l’affaire : « Si j’avais quelque chose à dire sur Cécilia, je ne le dirais certainement pas ici », a postillonné le président à une par trop curieuse journaliste américaine, Lesley Stahl, du réseau CBS. De quelle initiative s’est-elle autorisée pour poser la question qui allait indisposer le président de la République française ? Depuis l’affaire, beaucoup d’encre et de salive ont coulé.
Tout un chacun a eu son mot à dire, son opinion à donner, sa vision à communiquer de l’affaire. Puisqu’affaire il y a.
Deux mondes se sont affrontés lors de cette entrevue : la liberté de presse américaine qui peut aller jusqu’à l’impertinence et l’interdiction d’impertinence à l’égard d’un président français. Nous vivons avec cette réalité, en Amérique du Nord, de constater que, parfois, des journalistes peuvent pousser trop loin l’impertinence à l’égard de la classe politique. Nous sommes toujours surpris du protocole guindé et rigide des rencontres de presse à l’Élysée. Le président Georges W. Bush, lors d’une de ces rencontres, avait apostrophé un journaliste, qui lui posait une question, en lui demandant, en boutade, pourquoi, en l’absence de journée ensoleillée, il gardait sur le bout de son nez ses verres fumés ? Le journaliste n’a pas relevé la remarque mais quelqu’un a chuchoté à l’oreille du président que le journaliste, en question, était aveugle.
Pour revenir au président Sarkozy, comme le rapporte Libération, le président a lâché le mot : « Quel imbécile ». Sur la vidéo, dont des extraits ont été mis en ligne par CBS, on le voit lever les yeux au ciel et soupirer « quel imbécile », apparemment en direction de son collaborateur, qui aurait dû briefer la journaliste qu’il y avait des questions à ne pas poser. Dans un coin, on aperçoit David Martinon, le porte-parole du Président. L’équipe de CBS a rapporté que Nicolas Sarkozy est allé plus loin en remettant en cause le travail de Monsieur Martinon, le traitant même « d’enfant ». Il a ensuite quitté le plateau prétextant : « Je n’ai pas le temps, j’ai un travail important (…) Je ne suis pas en colère, je suis pressé ». Dans son élan, faut dire que le président s’est quand même montré poli : « Allez, au revoir. Bon courage », a-t-il adressé à la journaliste complètement médusée. « Où est le problème? ». Frontière de langue, elle n’a pas saisi sur le champ l’incongruité de sa question. Encore une fois, autre pays, autres mœurs.
Par la magie de l’Internet, cette saute d’humeur a fait le tour du monde. Il va sans dire. Le président de la République traite son directeur des communications de « Quel imbécile ». Il est remarquable, qu’après une recherche exhaustive de l’ensemble des revues de presse, personne ne se soit inquiété des états d’âme de l’imbécile. C’est ce monsieur Martinon qui va, j’imagine, continuer, dans l’avenir, à représenter le président dans ses relations de presse. Bonjour, la crédibilité, comme nous disions si bien chez nous. Et c’est ce même jeune professionnel qui devrait se présenter aux prochaines élections municipales de Neuilly. Bon il risque d’y avoir quelques encornures qui vont rendre inconfortable la campagne électorale municipale.
À propos, comment va monsieur David Martinon ? Quelqu’un lui a-t-il posé la question ?
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