Selon Wikipedia, Saïd EL Jaziri est un imam malékite (né en Mai 1967 à La Marsa, Tunisie) qui a quitté son pays, la Tunisie, après avoir fait un séjour en France, pour ensuite trouver exil au Canada et fonder une mosquée, Al-Qods, à Montréal. Il fait l’objet d’une décision d’expulsion du Canada. Il sera renvoyé dans son pays d’origine, la Tunisie, lundi, à moins d’avis contraire.
La communauté musulmane de Montréal est divisée sur le renvoi de l’Imam Saïd EL Jaziri du Canada : « Ce n'est pas parce que l'on n'aime pas ce qu'il dit qu'on va l'envoyer à la torture. Est-ce qu'on va envoyer le doc Mailloux à Guantanamo pour ses propos contre les Noirs ? », commente Asmaa Ibnouzahir, coordonnatrice de l'organisme Présence musulmane, tout en désapprouvant, au plan strictement humain, la décision du gouvernement canadien d’expulser le religieux.
Le parcours de cet Imam est chaotique, c’est le moins qu’on puisse dire. Imam à la mosquée de Nice en France, il omet (ou oublie, selon la version), à son arrivée au Canada, en tant que réfugié, de mentionner qu'il laisse derrière lui un casier judiciaire criminel. En 1994, Saïd EL Jaziri est accusé devant la justice française pour « violences volontaires et dégradations ». En réalité, il a été condamné pour complicité de coups et de blessures lors d'une manifestation devant sa mosquée. En mars de la même année, la France l’expulse. Il s’installe à Montréal en 1997 et obtient en 1998 son statut de réfugié.
Saïd EL Jaziri devient un homme des médias. Il multiplie, en tant que religieux islamique, déclarations par-dessus déclarations et recherche – dans ses communications publiques – la présence indispensable des caméras de télévision. Il indispose sa communauté par des déclarations et un comportement qui lui sont propres. Parmi ses déclarations publiques, il y a cette annonce de la création d'une grande mosquée à Montréal. Il demande la création de tribunaux de la charia au Québec. Il s’engage dans une manifestation publique, à Montréal, contre les caricatures de Mahomet. Certains membres de la communauté musulmane québécoise l'accusent de projeter une image radicale des musulmans.
Au cours d’une émission de télévision, l’imam a imposé aux invités et à l’animateur que soit banni l’alcool au cours du repas. Il a accusé un prêtre catholique, député fédéral du Bloc québécois, d’homosexualité. L’imam a fait bondir les invités lorsqu’il a sous-entendu que l'homosexualité est une maladie qui se guérit et que la démission d'André Boisclair, ex-chef du Parti québécois était en partie due à son orientation sexuelle.
L'imam de 40 ans est marié à une femme née au Canada, qui est enceinte de plus de six mois. Ils attendent leur premier enfant. Lors d’une de ses rencontres avec la presse, Nancy Adams, l’épouse de l’imam, soutient qu’Immigration Canada reproche, en réalité, à son époux d’être un homme public. « C'est un personnage qui parle beaucoup et qui dérange, parce qu'il bouleverse les courants de pensée. La façon de penser des gens, ici, est différente de certaines idéologies que la communauté musulmane véhicule. Clairement, ça dérange ».
En 2005, Immigration Canada décide d’ouvrir une enquête sur ce nouveau personnage public dont le comportement est de plus en plus questionné par la communauté musulmane de Montréal. Premier coup d'éclat, après avoir appris que les autorités canadiennes tentaient de le dépouiller de son statut de réfugié, l'imam se barricade pour une première fois dans sa mosquée de la rue Bélanger. Il réfute ces allégations et soutient que son casier judiciaire a été effacé après qu'il eut accepté de collaborer avec les forces de sécurité françaises. Déchu de sa citoyenneté, en 2005, convoqué à nouveau, en 2006, par Immigration Canada, Saïd EL Jaziri omet de se présenter. Il se barricade, pour une deuxième fois, en guise de protestations, dans sa mosquée Al-Qods à Montréal. « Des jeunes musulmans qui parlent de l’islam, ils n’en veulent pas », avait déclaré l’imam tout en militant pour la construction d’une grande mosquée au centre-ville de Montréal. Il affirmait, dès lors, que de riches donateurs d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Qatar et du Koweït étaient prêts à financer le lieu de culte.
Depuis, rien ne va plus pour l’imam contesté. Le 15 de ce mois, Saïd EL Jaziri fait l'objet d'un mandat d'arrêt, par les services frontaliers du Canada, en vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Saïd EL Jaziri n'a plus de statut légal et est, en conséquence, détenu au Centre de prévention de l'immigration. Sa détention est justifiée par les risques présumés de fuite. La Commission de l'immigration et du statut des réfugiés s'est penché sa situation.
Il a épuisé tous ses recours juridiques pour repousser son expulsion. Il se dit convaincu d’être expulsé en raison de ses opinions et non pour avoir tenté de camoufler son casier judiciaire français. « Aujourd'hui, le Canada envoie des soldats pour la démocratie, pour donner des leçons de démocratie et de liberté d'expression. Mais les caméras aujourd'hui voient l'imam controversé dans ses idées, alors c'est pour ça qu'il est expulsé. Tout le monde le voit », déplore-t-il. Force est de reconnaître, selon l'avocate de l'imam, Nawal Benrouayene, que la bataille juridique est apparemment terminée pour Saïd Jaziri. « Demander au gouvernement fédéral un décret spécial pour stopper le processus de déportation de l'imam serait illusoire puisque la décision est politique », a déclaré l’avocate. Son client n'aura probablement aucune aide et lui-même ne fait plus confiance au système.
Plusieurs croient que l’imam exagère la menace qui pèse sur lui dans l'éventualité d'un renvoi en Tunisie. Selon madame Adams, l’épouse de l’imam : « Mon mari a encore des marques sur son corps. C’est un gouvernement de dictature (en Tunisie). Les risques ont été établis par Amnistie internationale. Le document que nous avons fourni (à Immigration Canada) montre que des personnes ont subi des représailles sérieuses en Tunisie pour le simple fait d’avoir présenté des demandes d’asile politique à l’étranger ». La Fédération internationale des droits de l'homme estime que les craintes de l'imam sont en partie fondées.
Après une audience de près de quatre heures, la Commission a jugé qu'il risquait de disparaître et a ordonné qu'il soit détenu jusqu'à son expulsion. La décision de la commissaire a été très mal accueillie par les membres de la mosquée Al-Qods. Des proches de Saïd Jaziri s'étaient dits prêts à donner d'importantes sommes d'argent pour obtenir sa libération. Le sort en est jeté.
(Sources : La Presse canadienne, Canoë, Cyberpresse)
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