Le retour de quatre anciens premiers ministres de France sur la scène de l’actualité politique mérite d’être souligné. Laurent Fabius, Lionel Jospin, Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin ont, dans un court laps de temps, pris la parole et commenté à leur façon l’action du gouvernement.
Laurent Fabius
Laurent Fabius est le fils d’André Fabius, antiquaire, famille d’origine juive ashkénaze, et de son épouse, Louise, née Mortimer. Il passe ses années de lycée à Janson-de-Sailly. Après le baccalauréat, il s’inscrit en hypokhâgne à Louis-Le-Grand. Il est admis à l’École normale supérieure, où il passe l’agrégation de lettres et intègre parallèlement l’Institut d’études politiques de Paris. Lors de ses études à Sciences-Po, il est responsable de la Conférence Olivaint. Élève de l’École nationale d’administration, promotion François Rabelais (1971-1973), il sort dans les trois premiers et devient auditeur au Conseil d’État. Il est nommé maître des requêtes en 1981. À la suite de l’échec du projet de réforme de l’éducation mise en œuvre par Alain Savary, François Mitterrand décide de changer de Premier ministre, et remplace Pierre Mauroy par Laurent Fabius le 17 juillet 1984 à ce poste. À 37 ans, il est le plus jeune Premier ministre de la République. Arrivé dans une situation de crise, il poursuit la « politique de la rigueur » afin de maîtriser la dette de l’État et l’inflation. En conséquence, le Parti communiste refuse de participer à son gouvernement.
C’est Laurent Fabius qui déclarait le 24 juillet 1984 : « Mesdames, messieurs les parlementaires, modernisation ou déclin, c’est en ces termes que voici quelques mois je posais devant l’Assemblée nationale le grand choix de notre stratégie. Nous sommes dans une de ces périodes où tout bascule et où tout se transforme - l’économie, la technologie, la culture et les mœurs -, où l’avenir éclate sous les yeux du présent. Je pense à ce texte admirable de l’historien Georges Duby évoquant le temps des cathédrales à la fin d’un siècle reculé, et qui pourrait parfaitement s’appliquer aujourd’hui : « Tourmentés, les hommes de ce temps le furent certainement plus que leurs ancêtres, mais par les tensions et les luttes d’une libération novatrice. Tous ceux d’entre eux capables de réflexion eurent en tout cas le sentiment, et parfois jusqu’au vertige, de la modernité de leur époque. Ils avaient conscience d’ouvrir les voies. Ils se sentaient des hommes nouveaux ».
Est-ce l’homme nouveau qui a critiqué le projet gouvernemental d’instauration de franchises médicales en ces termes : « Maintenant, on va demander aux malades de payer pour les malades », a-t-il observé. « Vous ne vous soignez pas par plaisir et la Sécurité sociale, jusqu’à présent, c’est de demander des efforts financiers. Il pourrait y avoir des efforts pas seulement sur les revenus du travail mais aussi sur les revenus du capital, et puis il y a sûrement des économies de dépenses à faire », a-t-il estimé. « Mais enfin, là, vraiment, les gens, c’est à partir de janvier, (qu’ils) vont s’apercevoir de ce qu’est la taxation des malades ». S’opposant au gouvernement de droite, Laurent Fabius a fait le rappel des valeurs de la gauche qui sont, selon lui, parfaitement actuelles et qu’il faut revendiquer : « l’égalité, la laïcité et la solidarité ».
Faut-il rappeler que Laurent Fabius s’engageait en juillet 1984 à former un comité parlementaire pour réfléchir sur les problèmes du système de retraite : « Je proposerai donc à deux parlementaires de la majorité et à deux parlementaires de J’opposition d’examiner ensemble les problèmes qui sont liés, en France, à cette grave question qu’est l’allongement de la durée de la vie et l’avenir, à long terme préoccupant, de notre système de retraite. Leurs travaux et leurs propositions feront l’objet d’un rapport public. Si cette expérience est fructueuse -je ne le sais pas encore -, je souhaite qu’elle puisse être généralisée ».
L’objectif de 1984 était évidemment que le peuple ait le sentiment que les choses bougent : « Notre but n’est pas que, d’ici à 1986, tous les problèmes, comme magiquement et d’un coup, soient résolus. Notre but est que, alors, nous puissions dire aux Français : « Nous vous avons demandé des efforts, c’est vrai. Nous vous les avons demandés parce qu’ils étaient indispensables. Nous avons toujours cherché à les répartir le plus équitablement possible. Ces efforts commencent à porter leurs fruits ; il faut poursuivre le chemin, en pensant à vous, mais tout autant à vos enfants. Le peuple alors jugera, dans un sens ou dans un autre, en toute liberté ».
Voilà qu’en 2007, Laurent Fabius, ex-candidat à l’investiture PS, dit croire que « les Français sont en train de s’apercevoir que le paquet fiscal pourrait devenir le boulet fiscal de la droite ». Reprenant le propos du psychanalyste Jacques Lacan, « le réel, c’est quand on se cogne », il a prédit : « la droite va se cogner », en escomptant « un contre choc de méfiance ».
Lionel Jospin
Né dans une famille protestante et militante de gauche, Lionel Jospin est issu du second mariage de son père Robert Jospin, un enseignant pacifiste membre du parti socialiste SFIO, avec une sage-femme, Mireille Dandieu. De son premier mariage, Robert Jospin a eu deux enfants : un fils, Maurice, dit Mowgli, futur journaliste et jazzman, ami de Claude Luter, et une fille, Hélène. De l’union de Robert et Mireille Jospin naîtront quatre enfants : Agnès, Lionel, Olivier et Noëlle. De Meudon, où elle occupe un appartement, puis une villa avec jardin, la famille vient en 1948 s’installer à Paris, dans le quartier de la Bastille, boulevard Richard-Lenoir.
Issu d’une famille de gauche, mais rebuté par le stalinisme et la politique coloniale de la SFIO, Lionel Jospin rejoint le mouvement trotskiste au début de 1965. Il militera d’ailleurs à l’UNEF contre la guerre d’Algérie. Sous l’influence d’un ami éducateur, Michel Lautrec (1937-2000), il fait partie du groupe Lambert, Organisation communiste internationaliste (OCI) où il milite sous le pseudonyme de Michel, en hommage à son initiateur. En 2002, le soir du premier tour, il annonce son retrait de la vie politique française : « […]Au-delà de la démagogie de la droite et de la dispersion de la gauche qui ont rendu possible cette situation, j’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conclusions en me retirant de la vie politique, après la fin de l’élection présidentielle ».
En juin 1997, le Premier ministre Lionel Jospin déclarait : « L’histoire de notre pays a vu se succéder des phases de confiance et des moments de doute. Le chemin suivi fut incertain, douloureux parfois, exaltant souvent. Chacun sent qu’aujourd’hui nous traversons une période de difficultés. Il nous faut les surmonter. J’entends à cette fin me saisir pleinement du mandat que les Français nous ont confié. Redonner à notre pays une chose précieuse entre toutes et qui, pourtant, lui a progressivement échappé : un sens. [...] La France, ce n’est pas seulement le bonheur des paysages, une langue enrichie des oeuvres de l’esprit ; c’est d’abord une histoire. Une histoire où s’est forgé le "modèle républicain". [...] L’immigration est une réalité économique, sociale et humaine qu’il faut organiser, contrôler et maîtriser au mieux, en affirmant les intérêts de la Nation et en respectant les droits de la personne. La législation sur la nationalité, le droit des étrangers et l’immigration, rendue complexe et parfois incohérente par trop de modifications successives, fera l’objet d’un réexamen d’ensemble ».
« L’évolution du monde et de notre société, les nouvelles technologies, rendent nécessaires aujourd’hui une adaptation de l’État et un vaste effort de rénovation du service public. Ces réformes doivent impliquer l’adhésion des fonctionnaires. La qualité de la fonction publique, le sens de la responsabilité des agents publics sont les meilleurs gages de la réussite de la réforme de l’Etat. Nous mettrons fin à la politique de suppression des emplois de la fonction publique. [...] La montée du chômage, l’évolution de la démographie fragilisent nos systèmes de retraite par répartition. Nous devons les consolider en concertation avec l’ensemble des partenaires sociaux. Les dispositions récemment adoptées en faveur des fonds de pension qui peuvent porter atteinte aux régimes par répartition seront remises en cause. La solidarité doit s’exercer au bénéfice de tous sans exception. Une loi contre les exclusions sociales sera à cette fin présentée au Parlement ».
Lionel Jospin, 70 ans, premier ministre de 1997 à 2002, commente l’actualité. Interrogé sur France 5, déclare, sur la question de savoir si la nouvelle législation sur les heures supplémentaires donnerait du pouvoir d’achat, que cela dépendrait « de ce qu’on va rependre aux salariés ». En termes clairs, Lionel Jospin accuse le gouvernement de vouloir « reprendre » aux salariés les éventuels bénéfices de cette mesure : « Le slogan de Nicolas Sarkozy, travailler plus pour gagner plus, signifie qu’il est exclu qu’on gagne plus si on ne travaille pas plus. C’est à dire que la question de l’augmentation des salaires qui serait légitime ». Il est intéressant de se rappeler ce jugement que portait Lionel Jospin sur le candidat Nicolas Sarkozy le 17 mars dernier : « M. Sarkozy, qui joue les hommes neufs malgré une carrière commencée dans son plus jeune âge, on pourrait presque dire dès l’enfance…, est l’incarnation même du pouvoir sortant ». Par la même occasion, Lionel Jospin déclarait : « Avec M. Sarkozy, nous serions dans un accaparement et une fusion des pouvoirs, alors qu’il faut au contraire veiller à l’indépendance de chacun d’eux, pour garantir les libertés et les droits des citoyens ». Vox Populi, Vox Dei. La France a choisi son camp.
Jean-Pierre Raffarin
Né le 3 août 1948 à Poitiers, Jean-Pierre Raffarin est le fils de Jean Raffarin, qui fut secrétaire d’État à l’Agriculture du Gouvernement Mendès France en 1954, et de Mme, née Renée Michaud. Il a deux sœurs (Jacqueline Raffarin, née en 1938, et Françoise, épouse Vilain, née en 1947) et un frère, Gérard Raffarin (né en 1939). En 1978, suite à la démission de son père, il devient président de la société anonyme de crédit immobilier rural de la Vienne, structure fondée en 1956 par Jean Raffarin et affiliée au Crédit immobilier de France. En 2002, Jacques Chirac hésite entre lui et Nicolas Sarkozy comme Premier ministre. La présence de Jean-Marie Le Pen au second tour l’incite à choisir, le 6 mai, Jean-Pierre Raffarin, jugé moins à droite que le maire de Neuilly.
En 2003, il conduit la réforme des retraites, celle de la décentralisation et de l’assurance maladie, en dépit de plusieurs grèves et manifestations. Son médiatique ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, lui fait de l’ombre et l’importance prise par celui-ci, comme le grand investissement du président de la République dans les affaires de l’État, réduisent son champ d’action. L’importante baisse de sa popularité, un temps stable et élevée, comme la cinglante défaite aux élections régionales de 2004 (sa région, comme toutes les autres à l’exception de l’Alsace et de la Corse, passe à gauche) sont interprétées comme étant dues à une politique sociale insuffisante (Wikipedia).
En juillet 2002, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin déclarait : « Notre action a l’ambition de redonner l’espoir aux Françaises et aux Français. La source de cet espoir, Mesdames et Messieurs les députés, vous le savez, elle est dans l’unité nationale. Je ne souhaite pas faire de la division un principe gouvernemental ; je ne souhaite pas opposer les Français les uns aux autres. On ne gouverne pas pour les villes contre les villages, pour les consommateurs contre les éleveurs, pour les salariés contre les entreprises, pour les intérêts des uns contre les intérêts des autres … Nous voulons gouverner pour tous ! » […] « Notre pays attend des décisions éclairées mais des décisions fermes. C’est ensemble que nous construirons ces décisions. Le Parlement est en effet le cœur de notre démocratie, le lieu où tous les Français se sentent représentés, le lieu où est pensé et défendu l’intérêt général ». […] « Le système actuel des retraites est menacé par le vieillissement de notre population. Le principe de solidarité entre les générations exige la sauvegarde du régime par répartition pour assurer un bon revenu à tous les retraités. [...] Le temps n’est plus à la création de nouvelles commissions, la rédaction de nouveaux rapports. Le temps est aujourd’hui à la prise de décisions, après concertation. Cette réforme doit aboutir à une plus grande équité entre les Français, tout en tenant compte des spécificités et des différents statuts et évidemment de la diversité des situations, notamment démographiques ».
Le 24 septembre dernier, Jean-Pierre Raffarin confiait avoir « le sentiment » que l’amendement sur les tests ADN adopté par les députés sera supprimé par les sénateurs. Il n’avait pas tort. Il se distanciait lui-même de cet amendement adopté par la majorité : « Je ne crois pas que le lien biologique soit le lien exclusif de la structure familiale ». Le Haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté Martin Hirsch, opposé à cet amendement, ayant déclaré qu’il allait essayer de convaincre les sénateurs de le retoquer, Jean-Pierre Raffarin avait soutenu lui-même deux choses : qu’il était proche de la position de Martin Hirsch et qu’il eut été meilleur d’attendre 2009, c’est-à-dire la loi sur la bioéthique pour cadrer ce dossier.
Jean-Pierre Raffarin préfère la « concertation » aux décrets pour mener à bien la réforme des régimes spéciaux de retraite : « On ne décrète pas des réformes sociales, il faut discuter », a-t-il déclaré lors d’un débat au forum citoyen de Libération à Grenoble, même si « le gouvernement a raison de vouloir aller vite ».
Invité du « Grand Jury RTL-« Le Monde »-LCI », Jean-Pierre Raffarin s’est déclaré « pas favorable à l’expression publique des conseillers » du président de la République, qui multiplient les interviews. « Il est bien que les ministres puissent s’exprimer et que les conseillers conseillent ». Enfin, il juge « imprudente » l’idée de supprimer l’automaticité d’un référendum en France pour toute nouvelle adhésion à l’Union européenne : « Tant que le débat avec la Turquie n’est pas clarifié », a-t-il précisé (AFP).
Dominique de Villepin
Né au Maroc, alors encore sous protectorat français, Dominique Galouzeau de Villepin est le fils de Xavier de Villepin, sénateur centriste puis UMP, et d’Yvonne Hétier, première conseillère de tribunal administratif. Il passe la majeure partie de sa jeunesse à l’étranger : en Afrique, aux États-Unis, en Amérique latine et spécialement au Venezuela. Passionné de sport, d’histoire et de littérature, il est aussi un écrivain qui a publié, outre un ouvrage sur l’épopée napoléonienne, plusieurs essais, et deux recueils de poèmes en 1986 et 1988.
À l’image de Mikhaïl Gorbatchev, Dominique de Villepin est le mal-aimé de la France. Celui par contre qui est bien aimé à l’étranger. Imposant un personnage parfois qualifié, dans les portraits de la presse, d’aristocrate et poète, il est l’incarnation de l’opposition du président français à la guerre en Irak voulue par les États-Unis d’Amérique : « Une telle intervention pourrait avoir des conséquences incalculables pour la stabilité de cette région meurtrie et fragile. Elle renforcerait le sentiment d’injustice, aggraverait les tensions et risquerait d’ouvrir la voie à d’autres conflits ».
Dominique de Villepin restera, pour plusieurs dont l’auteur de ces lignes, le diplomate de la clairvoyance : « l’option de la guerre peut apparaître a priori la plus rapide. Mais n’oublions pas qu’après avoir gagné la guerre, il faut construire la paix. Et ne nous voilons pas la face : cela sera long et difficile, car il faudra préserver l’unité de l’Iraq, rétablir de manière durable la stabilité dans un pays et une région durement affectés par l’intrusion de la force ».
Il prononce au Conseil de sécurité des Nations unies un discours qui lui vaut d’être applaudi, chose rare en cette enceinte : « C’est un vieux pays, la France, un vieux continent comme le mien, l’Europe, qui vous le dit aujourd’hui, qui a connu les guerres, l’occupation, la barbarie. Un pays qui n’oublie pas et qui sait tout ce qu’il doit aux combattants de la liberté venus d’Amérique et d’ailleurs. Et qui pourtant n’a cessé de se tenir debout face à l’Histoire et devant les hommes. Fidèle à ses valeurs, il veut agir résolument avec tous les membres de la communauté internationale. Il croit en notre capacité à construire ensemble un monde meilleur ».
Le 23 septembre dernier, Dominique De Villepin déclarait, sur Radio J M : « Nicolas Sarkozy a une ambition, il faut qu’il apprivoise cette ambition et qu’il s’apprivoise lui-même pour atteindre la sérénité ». M. de Villepin s’est en outre « inquiété » d’un certain « alignement » de la France en matière de politique étrangère sur une administration américaine « finissante » et qui « s’est beaucoup trompée », notamment sur l’Irak. Sur l’Iran, Dominique de Villepin croit que : « les conséquences pour la communauté internationale d’une frappe », éventualité reprise à son compte par Paris avec fracas ces derniers temps, « seraient incalculables » (AFP).
« Je vous confirme ce soir que je vais m’investir à fond à Neuilly pendant les mois qui viennent », a déclaré M. David Martinon, lors d’une soirée électorale organisée à l’issue d’une élection cantonale partielle à la mairie de Neuilly, en présence de l’actuel président de la République et ancien maire de la commune Nicolas Sarkozy.
Dominique de Villepin pose une question qui n’est pas dénuée de grand intérêt : « Est-ce que c’est compatible avec des fonctions de porte-parole ? L’avenir nous le dira. Je fais partie de ceux qui pensent qu’on ne peut bien faire en politique que ce qu’on fait à temps complet ». Question posée en raison du fait que David Martinon confirme vouloir briguer la mairie de Neuilly en cumulant ses fonctions de porte-parole de l’Élysée. Le Parisien (du samedi 29 septembre), confirmait que Nicolas Sarkozy avait reçu cette semaine David Martinon et Arnaud Teullé dans son bureau de l’Élysée. Le premier sera maire, a décidé le chef de l’État, et le second son premier adjoint. Les électeurs de Neuilly ont peut-être un peu leur mot à dire ? Le conseiller du chef de l’État, Henri Guaino, avait confirmé que le porte-parole de l’Élysée, David Martinon, était le dauphin de Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
Une dépêche française indique que : « Le Président entend conduire les élections locales sur le thème du renouvellement et de la jeunesse. Des désignations hors du profil classique sont attendues dans de nombreuses villes tenues par la gauche ». Il serait intéressant de sonder l’opinion de la population française sur l’hypothèse de voir Georges W. Bush débarquer dans une ville de la profonde Amérique pour y imposer le candidat de son choix. Qui plus est, candidat qui occuperait les fonctions de porte-parole du président des États-Unis d’Amérique.
L’ancien premier ministre de Villepin trouve particulièrement curieuse cette pratique selon laquelle : « toutes sortes de conseillers du chef de l’État risquent de gêner l’action du premier ministre, qui pourrait éprouver du mal à coordonner l’action des ministres ». « C’est une petit révolution à l’américaine qu’on essaie de faire. Elle n’est pas encore au point », ironise Dominique de Villepin (Le Monde).
Dominique de Villepin a également soulevé un autre lièvre : « Je regrette que l’UMP n’ait pas voulu se doter d’un président pour occuper toute la place qui devrait être celle du parti majoritaire, en tant que force de proposition, de critique, de vigilance », a-t-il expliqué. Et de poursuivre : « Si nous voulons que nos idées puissent être débattues et l’emporter, nous avons besoin de ce laboratoire qu’est l’UMP, a-t-il ajouté. Il a été décidé que le président de la République, venant d’être élu, il ne fallait pas le remplacer après sa démission de la présidence de l’UMP ». « Ce n’est pas tout à fait le raisonnement qui avait prévalu dans les années qui ont précédé l’élection de Nicolas Sarkozy ». Nicolas Sarkozy a voulu que l’UMP adopte une direction collégiale à six membres pour se substituer au poste de président, jusqu’à la prochaine élection présidentielle, en 2012. Comme l’indique Dominique de Villepin : « Nicolas Sarkozy a joué tout son rôle comme président de l’UMP et il doit une partie de son élection à son rôle au sein du parti ».Sur l’ouverture du gouvernement à des personnalités de gauche, l’ancien premier ministre regrette que « les ministres de l’ouverture se fassent peu entendre » et trouve « dommage » qu’une « partie de leur différence » se soit « perdue en chemin ».
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En conclusion, comme le souligne Dominique De Villepin : « Je crois que les Français ont le goût de l’aventure collective. Ils sont bien sûr fortement individualistes mais ils ont besoin de rêver, ils ont besoin de partager. Or, nous partageons par l’aventure collective que nous vivons et quand cette aventure nous exalte, quand elle sollicite le meilleur de nous-mêmes, quand elle s’appuie sur de grands idéaux, eh bien elle nous grandit. Quand au contraire, elle s’appuie sur des peurs, quand elle s’appuie sur des rivalités, quand elle s’appuie sur des égoïsmes, eh bien elle nous abaisse et elle nous flétrit ! »
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