Trois millions de visiteurs au Tibet, annonce le Quotidien du peuple en ligne. En effet, le Tibet a reçu 2,56 millions de touristes chinois et étrangers durant les huit (8) premiers mois de l’année 2007, soit une hausse de 70,6 pour cent sur une base annuelle et a engrangé 2,78 milliards de yuans de revenus touristiques. Selon les estimations du département touristique du Tibet, le nombre total de touristes pourrait atteindre les 3,8 millions, dépassant ainsi le total de l’année précédente dans cette région du sud-ouest.
Ce dont ne parle pas le Quotidien du peuple en ligne est l’appel lancé par Human Rights Watch (HRW), l’organisation de défense des droits de l’Homme, pour que la Chine libère sans délai sept adolescents tibétains qui seraient emprisonnés pour avoir rédigé des slogans en faveur de l’indépendance du Tibet. Soupçonnés d’avoir écrit des slogans en faveur d’un Tibet libre et appelant au retour du Dalaï Lama sur les murs du poste de police du village d’Amchok Bora, les adolescents, qui ont tous entre 14 et 15 ans, font partie d’une quarantaine de jeunes gens arrêtés par la police autour du 7 septembre. « Arrêter des adolescents pour crime politique montre à quel point les choses ont peu changé au Tibet », soutien l’organisation Human Rights Watch.
Matthieu Ricard, fils du philosophe Jean-François Revel, vit depuis trente-cinq ans dans l’Himalaya. Au début, avec pas plus de 30 euros par mois. Pendant vingt ans, il a étudié les textes tibétains, déconnecté du reste du monde. Paru en 1997, Le Moine et le Philosophe, livre de dialogues avec son père, a été tiré à 350 000 exemplaires en France et traduit dans 23 langues. Or, nous apprend Le Temps, le moine n’avait « pas envie de dépenser cet argent pour acheter une maison en Sologne, ni de voir l’État en prendre la moitié ». Il a créé une fondation et y consacre tous ses droits d’auteur - pas loin d’un million d’euros à ce jour. Cet argent a fait boule de neige, attirant d’autres bienfaiteurs. En plus de ses nombreuses activités (il est entre autres le traducteur du Dalaï Lama), Matthieu Ricard supervise aujourd’hui une trentaine de projets humanitaires à l’enseigne du réseau Karuna.
Le moine Ricard est tourné résolument vers l’action : « Au Tibet, dans une vallée où nous travaillons, la Banque mondiale a dépensé 250 000 dollars et pris un an et demi pour évaluer un projet qu’elle n’a finalement pas réalisé. Dans la même vallée, pour 400 000 dollars, nous avons construit en treize mois une école pour 800 enfants, qui dessert 26 villages. Et la décision a été prise en deux jours ».
Le Tibet ne serait rien, bien évidemment, sans son Dalaï Lama qui parcourt, tel un pèlerin, le monde en quête de liberté. Annexé il y a cinquante-six ans, par Mao, cette région reste pour Pékin une question aussi névralgique que Taïwan, l’île démocratique qui persiste à narguer le continent. Le 21 septembre 1987, le Dalaï Lama présentait, à Washington, un plan de paix en cinq points pour le Tibet au Congrès des États-Unis. Il le reformulera le 15 juin 1988 au Parlement européen de Strasbourg, officialisant ainsi une proposition de négociation, qui, il l’espérait, servirait de base pour la résolution de la question du Tibet (Wikipedia).
Ce plan de paix contenait cinq éléments fondamentaux :
- Transformation de l’ensemble du Tibet en une zone de paix ;
- Abandon par la Chine de sa politique de transfert de population qui met en danger l’existence des Tibétains en tant que peuple ;
- Respect des droits fondamentaux et des libertés démocratiques du peuple tibétain ;
- Restauration et protection de l’environnement naturel du Tibet, ainsi que cessation par la Chine de sa politique d’utilisation du Tibet dans la production d’armes nucléaires et pour y ensevelir des déchets nucléaires ;
- Engagement de négociations sérieuses à propos du statut futur du Tibet et des relations entre les peuples tibétain et chinois.
En 1989, le Dalaï Lama, qui vit en exil en Inde, avait reçu le prix Nobel de la Paix pour son action non violente contre l’occupation chinoise au Tibet. En 2007, le dignitaire bouddhiste entreprend, de Vienne à Washington, une nouvelle tournée, quasi officielle, qui va propulser à nouveau la question tibétaine au premier plan et donner du fil à retordre à la propagande chinoise.
La tournée du Dalaï Lama fait déjà grand bruit, fort de l’appui que vient de lui déclarer l’Allemagne qui soutient officiellement les revendications d’autonomie religieuse et culturelle du Tibet et cela, à quelques heures (ce dimanche) d’une rencontre, vivement dénoncée par Pékin, du dignitaire bouddhiste avec la chancelière Angela Merkel. Le porte-parole adjoint du gouvernement allemand, Thomas Steg, souligne à juste titre que le Dalaï Lama ne demande pas l’indépendance, mais a des revendications d’autonomie religieuse et culturelle. La Chine avait convoqué vendredi l’ambassadeur d’Allemagne à Pékin pour lui faire part de sa mauvaise humeur. Elle a une nouvelle fois averti l’Allemagne des risques d’une dégradation des relations bilatérales si la chancelière, Angela Merkel, reçoit le Dalaï Lama, comme elle en a l’intention. En août dernier, la chancelière allemande s’était rendue en Chine où elle avait abordé ouvertement les droits de l’homme et rencontré quelques journalistes chinois critiques du régime.
Les capitales qui s’apprêtent à accueillir le Dalaï Lama reçoivent l’avertissement rituel : « Sous une apparence religieuse, le dalaï-lama est un exilé politique engagé de longue date dans des activités sécessionnistes. La Chine s’oppose à tout contact officiel de quelque pays que ce soit avec lui ». Le premier ministre canadien Stephen Harper est le suivant sur la liste et George W. Bush sera le point d’orgue.
Le premier ministre, Paul Martin, avait été le premier leader canadien à rencontrer le Dalaï Lama, mais la rencontre s’était faite en terrain neutre. L’actuel premier ministre, Stephen Harper, tente donc d’aller plus loin que son prédécesseur en invitant le chef spirituel tibétain sur une propriété du gouvernement fédéral. Le Dalaï Lama visite Ottawa à l’invitation des Parlementaires amis du Tibet, un groupe de sénateurs et députés de tous les partis. L’an dernier, la Chambre des Communes avait accordé au Dalaï Lama la distinction honorifique de « citoyen honoraire du Canada », une décision qualifiée d’ « absurde » par Pékin. Selon le Globe and Mail, des responsables chinois œuvrent en coulisse pour tenter d’empêcher la tenue d’une rencontre à caractère officiel entre les deux hommes. Depuis l’arrivée des conservateurs au pouvoir, les relations Canada-Chine ont connu un regain de tension à propos du cas de Huseyin Celil, un imam canadien d’origine chinoise condamné à la prison en Chine.
Le 27 octobre prochain, le président américain devrait assister personnellement à la remise au Dalaï Lama, dans la rotonde du Capitole, de la médaille d’or du Congrès. Comme l’indique Le Figaro, le Times rapporte que le président américain n’aurait accepté d’assister à l’ouverture des Jeux de Pékin, le 8 août prochain, qu’avec l’intention de « faire passer cette pilule » tibétaine à son homologue chinois. La Maison-Blanche aurait également pressé Hu Jintao d’autoriser le Dalaï Lama à se rendre en Chine, avant les Jeux Olympiques. « La Chine sait traiter d’État à État, mais elle a le plus grand mal à contrer les campagnes d’opinion, les médias étrangers ou les mouvements humanitaires », dit Shi Yinhong, expert des relations internationales à l’Université du peuple. Pour Pékin, rien ne serait pire que de voir gâchée la fête de l’été 2008.
En éditorial, le New York Times prévenait, le 15 septembre dernier, les autorités américaines : « More than anything, administration officials need to remind the Chinese that the whole world will be watching, and that the Olympics, which extol human dignity in sports competition, give China an opportunity to prove that it truly has advanced as far as it claims ».
En Birmanie, sixième jour consécutif de manifestations, plus de 4 000 moines ont marché pacifiquement dans les rues de Mandalay, la deuxième ville de Birmanie, dans le centre du pays, tandis que 1 500 autres défilaient en silence à Rangoun. Ils se sont regroupés sous le nom générique d’« Alliance des moines bouddhistes de Birmanie ». Ils ont passé devant la maison de la dissidente Aung San Suu Kyi, où la lauréate du Nobel de la Paix 1991 est assignée à résidence depuis mai 2003, qui les a salués.
Les moines sont très respectés en Birmanie, un pays essentiellement bouddhiste. C’est une menace pour la junte militaire au pouvoir car des acteurs symboliques de la société manifestent contre elle. Tout cela découle d’une augmentation sensible du coût de la vie, notamment du carburant. « Les devoirs d’un moine sont avant tout de respecter les rites, propager le bouddhisme et ouvrir des écoles religieuses, explique Marie-Sybille de Vienne, maître de conférence à l’Institut des langues et civilisation orientales à Paris. Ils n’ont pas de rôle social à assumer, pas plus que caritatif vis-à-vis de la communauté, et encore moins un rôle politique ». Les manifestations visent à signifier que le régime n’a pas leur caution. « On estime à près de 800 000 le nombre de moines dans toute la Birmanie, poursuit Marie-Sybille de Vienne. Il y a des centaines de monastères dont certains accueillent près de 700 moines ! »
Mais comme la Chine à l’égard des moines tibétains, en 1988 déjà, les congrégations religieuses bouddhistes avaient mené la fronde contre le régime de Rangoun. L’armée avait réprimé les moines, tuant près de 3000 personnes.