samedi 8 septembre 2007

80 % des actes de violence diffusés à la télévision canadienne proviennent de productions américaines

Le Parents Television Council (PTC), association créée aux États-Unis en 1995, est reconnu pour les controverses politiques qu’il crée autour du contenu télévisuel. Par exemple, suite à l’incident de Janet Jackson au Super Bowl en 2004, lorsqu’on a vu son sein, des milliers de plaintes ont été faites auprès de la Commission Fédérale de la Communication. En 2005, le conseil était responsable d’environ 95% de toutes les plaintes pour indécences faites à la Commission Fédérale de la Communication.


Selon une nouvelle étude de cette très conservatrice association, relayée par l'Agence France Presse, les enfants sont assaillis d'images violentes ou à caractère sexuel toutes les 3,5 minutes aux heures de grande écoute à la télévision américaine. Le réseau qui s'inscrit au premier rang de cette violence télévisuelle est la Fox, la chaîne réputée pour être la plus « outrageante », affirme le PTC, qui, avec 20,58 occurrences d'images violentes ou sexuelles, fait deux fois pire que ses rivales. La chaîne ABC quant à elle tient la palme des séries à contenu le plus sexuel. L'étude a relevé 2.246 images sexuelles ou blasphématoires soit 12,48 par heure diffusée toutes chaînes confondues.


Selon le Parents Television Council, les scènes contenant de la violence ont augmenté de 52,4 pour cent par rapport à une étude similaire réalisée en 2001 dans les programmes diffusés dans ces cases horaires. Aux heures de grande écoute, sur les grands réseaux non-câblés, les enfants assistent ainsi à 4,19 actes de violences en une heure - près du triple pour la chaîne Fox (11,37 par heure) - et 3,76 scènes de sexe.


Richard Hétu, notait dans La Presse, édition de février 2007, que, selon le même organisme, le PTC, avant le 11 septembre 2001, les scènes de torture étaient plutôt rares à la télévision américaine. De 1996 à 2001, il y en a eu 102, et de 2002 à 2005, le nombre est passé à 624. Personne ne s’étonnera d’apprendre que la série 24 est championne de la catégorie.


En 1998, l'UNESCO avait mené une enquête auprès d'enfants de 23 pays et découvert que 91 pour cent d'entre eux avaient accès chez eux à la télévision. L'étude ne concernait pas uniquement les États-Unis, le Canada ou l'Europe, mais également des pays arabes, d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique. Plus de 51 pour cent des garçons vivant dans des zones de guerre ou de forte criminalité s'identifiaient aux héros des films d'action, de préférence à n'importe quels autres et, chose étonnante, 88 pour cent des enfants étudiés reconnaissaient immédiatement le personnage joué par Arnold Schwarzenegger dans Terminator. Selon le rapport de l'UNESCO, Terminator « semble illustrer parfaitement l'attitude que les jeunes croient nécessaire d'adopter dans des situations difficiles ». Dix ans plus tard, il serait intéressant de connaître à quel héros s’identifient maintenant ces garçons qui vivent dans des zones de guerre ou de forte criminalité.


En 2003, le Parents Television Council rapportait, qu’aux États-Unis, en plus d’une augmentation de la quantité de scènes de violence dans les heures de grande écoute entre 1998 et 2002, on y voyait de plus en plus d’armes à feu, de sang et de morts.


Au Canada, Guy Paquette et Jacques de Guise, tous deux professeurs à l'Université Laval, ont étudié durant sept ans la programmation de six grands réseaux de télévision canadiens, des films aux comédies de situation, en passant par les téléséries et les émissions pour enfants (à l'exception des dessins animés). Ils ont découvert que, de 1993 à 2001, les épisodes de violence physique avaient augmenté de 378 pour cent. En 2001, on en retrouve en moyenne 40 par heure.


De cette étude, il ressort que 80 pour cent des actes de violence diffusés au Canada proviennent de productions américaines. Ainsi, la plus grande proportion de violence sur les chaînes francophones s'expliquerait par leur tendance à diffuser davantage de films américains, ce qui est probablement attribuable à leurs budgets restreints. La violence que l'on retrouve dans les productions canadiennes est surtout diffusée par les réseaux privés, où les épisodes violents sont trois fois plus nombreux qu'à la télévision d'État. En moyenne, sur l'ensemble des chaînes publiques ou privées, 87,9 pour cent de tous les actes de violence sont présentés dans des émissions ayant été mises en ondes avant 21 heures, et 39 pour cent avant 20 heures, donc à un moment de la journée où les enfants sont susceptibles de regarder la télévision.


Fait à noter : les films américains sont distribués dans plus de 150 pays et l'industrie du cinéma aux États-Unis fournit la grande majorité des cassettes vidéo ou des DVD vendus à travers le monde. De leur côté, les émissions de télévision américaines sont diffusées dans plus de 125 pays et la chaîne MTV atteint plus de foyers à l'étranger que sur le marché intérieur.


En 2002, les entrées dans les salles de cinéma du monde entier ont rapporté 20 milliards de dollars américains. Et c'est sans compter les énormes revenus que génèrent désormais la vente et la location de films sur vidéo ou DVD et tous les produits dérivés. Mais, aussi élevés soient-ils, ces profits ne sont pas comparables à ceux de l'industrie du disque, le média le plus important à l'échelle mondiale. En 2002, les ventes y ont atteint la somme de 32 milliards de dollars américains, dans un marché où les jeunes consommateurs sont majoritaires. Les jeux vidéo suivent de près : en 2002 ils ont généré un chiffre d'affaires global de 30 milliards de dollars américains.


En 2002, les entrées dans les salles de cinéma du monde entier ont rapporté 20 milliards de dollars américains. Et c'est sans compter les énormes revenus que génèrent désormais la vente et la location de films sur vidéo ou DVD et tous les produits dérivés. Mais, aussi élevés soient-ils, ces profits ne sont pas comparables à ceux de l'industrie du disque, le média le plus important à l'échelle mondiale. En 2002, les ventes y ont atteint la somme de 32 milliards de dollars américains, dans un marché où les jeunes consommateurs sont majoritaires. Les jeux vidéo suivent de près : en 2002 ils ont généré un chiffre d'affaires global de 30 milliards de dollars américains.


En 2006, le même organisme, le Parents Television Council faisait part de son mécontentement sur le contenu des émissions pour enfants diffusées outre-atlantique. Dans un rapport intitulé « Wolves in Sheep’s Clothing : A Content Analysis of Children’s Television », l’organisme dénonçait les travers de ces programmes qui font, selon lui, l’apologie de la violence, du sexe et d’un langage grossier. L’étude était basée sur les contenus des grands réseaux américains (ABC, FOX, NBC, The WB, ABC Family, Cartoon Network, Disney Channel et Nickelodeon).


Bref, la question est simple : peut-on échapper à cette invasion de la culture de la violence qui émane des films, des fictions, de la télévision, des produits vendus par les États-Unis d’Amérique ? Sans être outre mesure puritain ou pudibond, pouvons-nous nous émouvoir encore devant tant de violence à la télévision à des heures de grande écoute ? Le commerce a raison de la culture. Il semblerait qu'aucun pays n'y échappe.


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