Deux visions, en une semaine, déclenchent deux polémiques : en l’Europe, il faut « stopper l’islamisation », selon l’association danoise anti islamique et, en Amérique, selon le représentant républicain Tom Tancredo, « si les États-Unis sont l’objet d’une attaque à l’arme nucléaire, il faut frapper les sites saints de la Mecque et Médine en représailles ».
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« Stop the islamisation of Europe » (SIOE) se veut une manifestation anti-islamique et rassemble notamment l’association danoise anti islamique SIAD, l’association britannique No Sharia et l’association allemande Pax Europa. En France, on retrouve sur ce site l’équivalent de cette organisation. L’association danoise anti islamique avait, le mois dernier, annoncé son intention d’organiser une manifestation devant le Parlement européen le 11 septembre prochain, soit six ans exactement après les attentats commis aux États-Unis. L’association, d’origine danoise et qui se dit indépendante de tout parti politique, considère qu’ « islam et démocratie sont incompatibles à cause des enseignements du coran lui-même », selon son site internet. Elle entend également organiser d’autres manifestations dans le monde le 11 septembre, notamment aux États-Unis, au Canada et en Australie.
La ville de Bruxelles reçoit chaque année entre 500 et 600 demandes pour des manifestations, mais au cours des cinq dernières années, seulement six ont été interdites. Le bourgmestre de Bruxelles, Freddy Thielemans, vient d’en interdire une septième, après s’être entretenu avec la police et d’autres services, soit cette manifestation contre la « progression des pratiques de l’Islam ». Les autorités de la ville de Bruxelles ont, comme l’indique Le Monde, évoqué des raisons de sécurité pour interdire la manifestation, soulignant les « messages haineux et explicitement xénophobes des organisateurs ». La mairie affirme que « l’importante communauté résidant sur ce territoire » aurait été « heurtée » et qu’il convenait d’éviter « des troubles de l’ordre public ».
L’un des organisateurs, le Danois Anders Gravers, avait été entendu par diverses autorités belges pour défendre son projet. Les organisateurs assurent n’avoir aucun lien avec des partis d’extrême droite, mais ils désirent l’arrêt de « l’invasion » des pratiques islamiques en Europe. Le Vlaams Belang flamand et le Parti pour la liberté (PVV) du député néerlandais Geert Wilders avaient appelé leurs membres à se joindre à cette manifestation du 11 septembre qui aurait aussi recueilli le soutien d’eurodéputés d’extrême droite.
Un site, engagé dans ce débat, Novopress.info, analyse en ces termes la position du bourgmestre de Bruxelles : « Le maire a peur des musulmans, et il se comporte déjà comme un dhimmi, comme si le critère d’autorisation d’une manifestation était, non pas le respect de la liberté d’expression, mais le respect de l’islam. On apprécier l’expression « allochtone », qui évite de dire « musulman » (même le mot est tabou), mais souligne qu’il s’agit d’une communauté étrangère… qui dicte les décisions du maire sans même avoir besoin de s’exprimer ».
L’ire de l’organisation se porte sur la loi islamique, qui viole, selon elle, l’égalité et la démocratie. Selon le fondateur de « Stop the islamisation of Europe » (SIOE) : « Le cœur de l’islam sunnite est l’Arabie saoudite, et celui de l’islam chiite est l’Iran. Aucune personne sensée ne peut décrire ces pays comme modérés ». Pour tenter de comprendre les prises de position de cette organisation, Certains sites « engagés », comme Bureau audiovisuel francophone, donnent leur appui à la cause de « Stop the islamisation of Europe » (SIOE). En page titre, le lecteur pourra trouver un article qui campe bien les positions du BAF : « Le mot “islamophobie” est un piège ». L’auteur écrit : « Loin de désigner un quelconque racisme, le mot islamophobie est clairement pensé pour disqualifier ceux qui résistent aux intégristes : à commencer par les féministes et les musulmans libéraux » […] Hier encore, à l’occasion de l’affaire Rushdie ou Scorsese, la presse et les associations de droits de l’homme se soudaient pour dire non aux “croisés de l’ordre moral” que sont les intégristes. Aujourd’hui, c’est tout le contraire. Les opposants au voile sont traités de “croisés de la laïcité” voire “d’ayatollahs de la laïcité” dans les pages du Monde. Tandis que les militants et les militantes intégristes de l’UOIF sont invités sur tous les plateaux télé pour y jouer les victimes ».
Pour le Bureau audiovisuel francophone : « Notre liberté de parole qui a été gagnée depuis de nombreux siècles par des victoires sur des régimes tyranniques qui ont coûté de nombreuses guerres sanglantes, est maintenant en train d’être retirée à la seule fin de protéger les musulmans d’être offensés. Personne n’a le droit de ne pas être offensé ». Le site donne la parole à Charlotte Westergaard (cadre du SIAD) : « Le plus grand danger vient de nos politiciens qui font la promotion de valeurs islamiques au détriment de nos propres valeurs. De la manière dont les choses se passent, tous les Européens non-musulmans finiront par payer les taxes aux musulmans, comme certains de leurs ancêtres le faisaient du temps de l’Empire Ottoman. Bien entendu, les politiciens pensent qu’ils en seront exemptés, jusqu’à ce que l’imam du coin vienne frapper à leur porte ».
La question des mosquées a été traitée ici même sur ce blog. « Pas de mosquées supplémentaires avant que nous voyions des églises à La Mecque », proclame notamment le mouvement Stop the Islamisation of Europe (SIOE) qui réfute toute idée d’un « islam modéré », « parce que l’islam est tout le contraire de la modération ».
Les organisateurs de la manifestation anti-islamique ont annoncé qu’ils allaient contester en justice la décision d’interdiction de ce rassemblement prise par le bourgmestre Freddy Thielemans. « Nous ne voulons pas créer de troubles ou de problèmes. Nous demandons simplement le respect de nos droits en tant que citoyens », a expliqué Udo Ulfkotte, membre de Pax Europa, qui se défend d’être islamophobe.
Pendant que se déroule à Bruxelles ce débat sur la légalité – ou la légitimité - ou non d’interdire une telle manifestation, aux États-Unis, Tom Tancredo, représentant républicain du Colorado au Congrès américain, a lancé le 5 août dernier, un pavé énorme dans la mare de la tolérance : Tom Tancredo a déclaré sur les ondes d’une radio de Floride que si des attentats à l’arme nucléaire étaient commis contre les États-Unis, l’Amérique répondrait par des frappes sur la Mecque et d’autres hauts lieux de l’Islam. Des propos « complètement fous », s’est indigné le département d’État américain. Tancredo poursuit : « Je pense que ce genre d’attaques contre les États-Unis est imminent et que la meilleure dissuasion est de menacer de frapper les sites saints de la Mecque et Médine en représailles. C’est l’unique moyen qui dissuadera toute personne ou organisation d’attaquer les États-Unis » a poursuivi Tancredo, selon le site Iowa Politics.
« Ce genre de discours tenu par un responsable élu, est préjudiciable à la guerre contre le terrorisme et ne représente pas les sentiments du peuple américain », a affirmé le président de l’institut, James Zogby, ajoutant qu’ «un tel langage irresponsable ne fait que creuser davantage le gouffre entre les États-Unis et le monde arabe et Musulman ».
« Laissez-moi juste dire qu’il est absolument outrageant et répréhensible pour quiconque de suggérer des attaques contre des sites saints, qu’ils soient musulmans, chrétiens, juifs ou de quelque autre religion », a commenté Tom Casey, le porte-parole du département d’État américain. Pour son adjoint, Adam Ereli, ces remarques offensantes à l’Islam, quelle qu’en soit l’origine, sont « un affront et insulte pour nous tous ». « Le gouvernement des États-Unis respecte l’Islam en tant que religion et respecte ses lieux saints », a-t-il ajouté, soulignant que les USA sont un pays de diversité religieuse et que les citoyens américains, qu’ils soient musulmans, chrétiens ou juifs respectent la dignité et le caractère sacré des autres religions. « Nous croyons, que nous faisons partie d’une seule famille humaine et que les ennemis de cette famille sont ceux qui utilisent le nom de la religion pour poursuivre une idéologie de violence et de haine totalement contraire aux enseignements auxquels toute personne de foi croit, quelle que soit sa religion ».
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