lundi 30 juillet 2007

Referme ton Coran. Pense et regarde librement le ciel et la terre (Omar Khayyâm).

Brigitte Brault, correspondante de RFI en Afghanistan, écrit, relativement à l’enlèvement des 22 Sud-Coréens que le temps n’est pas à la tolérance en Afghanistan, ni pour le droit des femmes, ni pour la liberté de pensée religieuse. Les 22 Sud-Coréens en sont les victimes. Pour la plupart des Afghans il est intolérable de penser que des chrétiens sont venus parler de leur religion dans un pays musulman.

Les Sud-Coréens étaient toutes et tous des membres de l’Église presbytérienne Saem-Mul. Ils sont pour la plupart âgés entre 20 et 35 ans. Ils ont été enlevés le 19 juillet alors qu’ils circulaient à bord d’un autocar privé sur l’axe Kaboul-Kandahar (sud), dans des zones sous contrôle des insurgés. Le président Hamid Karzai a critiqué cet enlèvement qu’il a jugé contraire à la culture afghane et musulmane. « Cela apportera la honte sur la dignité du peuple afghan ».

Selon un porte-parole à Ghazni, qui dit représenter les taliban, Shari Hanaf, dix-sept sud-coréennes sur les 22 sont malades et pourront avoir accès aux médicaments transmis par des anciens. Au départ, ils étaient 23. Bae Hyung-kyu, un pasteur de 42 ans, a été retrouvé, mercredi 25 juillet, dans le désert, près de Qarabagh, criblé de balles. « Nous avons tué un Sud-coréen parce que le gouvernement (afghan) n`est pas honnête dans ses négociations ». Un avertissement des taliban : « Nous demandons au gouvernement de la Corée du Sud, à son Parlement et à son peuple de faire pression sur le gouvernement afghan pour qu’il accepte nos demandes ou nous allons tuer d’autres otages », a déclaré leur porte-parole, Qari Yousef Ahmadi.

Les ravisseurs exigent la libération de huit militants détenus dans les geôles afghanes dont les noms ont été transmis à Kaboul. Ils ne réclameraient aucune rançon, contrairement à ce qu’ont affirmé des responsables afghans. Le gouvernement sud-coréen a délégué, à Kaboul Baek Jong-Chun, représentant de la présidence pour la sécurité et la diplomatie.

Il faut ajouter aux 22 Sud-Coréens, actuellement prisonniers des taliban, deux ingénieurs allemands et quatre de ses collègues afghans, enlevés le 18 juillet dans la province de Wardak (100 km au sud de Kaboul), pour lesquels ils exigent aussi un échange de prisonniers : « Pour leur libération, nous voulons que le gouvernement (afghan) relâche dix prisonniers talibans, ou nous allons les tuer ». Le corps d’un des Allemands a été découvert et présentait des blessures par balles, mais les causes de la mort ne sont toujours pas officiellement connues.

Dans un communiqué officiel, émis dimanche, le président afghan Hamid Karzaï a souligné que son gouvernement n’épargnerait aucun effort pour obtenir la libération des 22 otages Sud-Coréens. Le communiqué ne dit pas si les efforts du président viseront également la libération de l’ingénieur allemand et de ses collègues afghans. La publication de ce communiqué coïncide avec la rencontre du président afghan et Baek Jong-chun, émissaire du président sud-coréen Roh Moo-hyun.

Les taliban semblent peu préoccupés par l’avis du Conseil rassemblant les principaux responsables religieux du pays selon lequel le prophète Mahomet, fondateur de l’Islam, enseignait que personne n’avait le droit de tuer des femmes, des enfants ou des anciens. Les autorités afghanes réclament d’abord la libération sans condition des 16 femmes otages avant de négocier. Les taliban ont proposé d’échanger huit Sud-Coréens contre le même nombre des leurs prisonniers avant d’entamer de nouvelles négociations sur le sort des autres otages.

Pour compliquer davantage la situation, les taliban auraient dispersé les otages par petits groupes à différents endroits, selon les autorités afghanes. Le chef de la police de Ghazni, Alishah Ahmadzai, ne prévoyait pas de lancer une opération pour tenter de secourir par la force les otages et « mettre ainsi leur vie en danger ». Le gouverneur de Ghazni, Mirajuddin Pathan, a également déclaré que le gouvernement ne souhaitait pas recourir à la force pour libérer les otages. Pourtant, samedi, Munir Mangal, vice-ministre afghan de l’Intérieur, affirmait à Reuters qu’en cas d’échec du dialogue, les autorités auraient recours à « d’autres moyens », laissant entendre qu’un recours à la force était envisagé.

Pour Qari Mohammad Yousuf, porte-parole des taliban, « d’autres discussions sont inutiles. Nous avons donné au gouvernement une liste de prisonniers taliban qui devraient être relâchés et c’est notre principale revendication ». Le pape Benoit XVI a, à l’occasion, dimanche, de la prière de l’Angelus à Castel Gandolfo, appelé les taliban à « relâcher leurs victimes indemnes ». Youssouf Ahmadi a aussitôt répondu : « Pourquoi le pape ne condamne-t-il pas les pertes infligées aux civils par les troupes étrangères ? Elles bombardent des innocents ».

Que dire de plus. Que faire de plus. Prier, pour ceux qui croient. Réfléchir, pour ceux qui ne croient pas. Méditer, pour ceux qui élèvent leur esprit, sinon leur cœur. Antoine de Saint-Just, (1767-1794) écrivait dans L’esprit de la révolution : « Un peuple est libre quand il ne peut être opprimé ni conquis, égal quand il est souverain, juste quand il est réglé par des lois ».


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Dernière heure

Aujourd’hui lundi,

« Nous avons tué l’un des otages de sexe masculin à 18h30 ce soir (14h00 GMT) parce que le gouvernement de Kaboul n’a pas entendu nos demandes répétées », a déclaré à Reuters par téléphone Qari Mohammad Yousuf, porte-parole du mouvement.

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