Je suis incapable de prendre congé ce week-end. Colère et chagrin feront de ce congé hebdomadaire un week-end noir. Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine… mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue. Albert Einstein.
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Un rédacteur d’Agoravox a souligné vendredi le cas d’Angelica Cardina Loyan CAJAMARCA, 11 ans, menacée d’expulsion avec sa mère, madame Anna Elisabeth CAJAMARCA Arigoso. Je ne pouvais croire qu’une pareille situation d’immigration se répèterait en Belgique. Car c’est bien en Belgique que cela se passe ! Je dis bien : « se répèterait » car nous avons vécu, au Canada, une situation similaire.
Oumou Toure, 24 ans, avait reçu un avis d’expulsion du gouvernement du Canada. Retour obligatoire vers la Guinée pour cette jeune mère. La Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada avait refusé sa demande d’asile. Oumou Toure a donné naissance à une jeune fille, maintenant âgée de deux ans et demi. Comme un malheur ne vient jamais seul, Oumou Toure était hantée à l’idée de devoir laisser sa jeune fille ici, au Québec, et de retourner seule en Guinée. Sa fille est née au Canada. Elle est donc citoyenne canadienne. L’enfant aurait pu faire face à la mutilation génitale si elle avait été envoyée dans ce pays d’Afrique. Mme Toure, elle-même victime de cette pratique, se désolait et envisageait même l’abandon de sa fille du fait qu’elle ne pourrait pas la protéger de cette odieuse mutilation. Immigration Canada, devant la levée de boucliers, a donné asile à la mère et à sa fille.
Revenons au cas d’Angelica Cardina Loyan CAJAMARCA, 11 ans, et de sa mère, Anna Elisabeth. Elles sont équatoriennes, habitent depuis bientôt 4 ans en Belgique et n’ont jamais fait de demande de régularisation. Elles n’ont pas d’avocats. Elles vivaient à St Josse où la petite allait à l’école. La maman est militante pour la défense des sans-papiers. Elles sont maintenant enfermées depuis le 30 juin dernier au centre 127 bis à Steenokkerzeel, lieu où sont incarcérés des immigrés clandestins en attente d’expulsion. Angelica et sa mère attendent depuis le 30 juin 2007 d’être expulsées. Selon RTL, Angelica décrit ses conditions de détention dans le centre fermé soulignant qu’ «on ne sort qu’une minute par jour. Sinon, on ne fait que manger, puis dormir. Il y a un professeur qui vient. Mais c’est pour les tout-petits. Il y en a dix ici ». Évoquant son souhait de rester en Belgique, Angelica affirme qu’elle a bien l’intention de reprendre les cours en septembre. « Ma maman avait d’ailleurs décidé à la rentrée de m’inscrire dans une école néerlandophone pour faire de moi une vraie Belge », dit encore la fillette.
L’Office des étrangers a indiqué vendredi, en fin d’après-midi, que les deux Équatoriennes doivent être rapatriées lundi soir, entre 18h00 et 19h00, à bord d’un vol Bruxelles-Quito via Amsterdam.
Le 17 juillet dernier, Rafael Correa, chef de l’État équatorien, s’est rendu en personne au « 127 bis » de Steenokkerzeel. Lui-même ancien étudiant de l’université de Louvain et marié à une Belge, il a rencontré Ana Elizabeth Cajamarca Arizaga, militante pour la défense des sans-papiers, et sa fille Angelica, 11 ans. Ému, il aurait longuement serré la maman et sa fille dans ses bras avant de dénoncer « l’atteinte aux droits de l’homme », que représenterait, selon lui, l’incarcération de l’enfant.
Le quotidien Le Monde rapporte qu’un journaliste du journal Le Soir, ébranlé par l’histoire d’Angélica, aurait déclaré : « Nous avons envie de pleurer aussi. De rage. Et de honte pour un système qui oblige une fillette à passer ses vacances à l’ombre ».
Freddy Roosemont est le patron de l’Office des étrangers de Belgique. L’appel du président équatorien, Rafael Correa, relayé par diverses personnalités belges, dont le délégué général aux droits de l’enfant, n’a pas ému ce fonctionnaire : « Nous ne nous laissons pas influencer par l’avis d’un chef d’État étranger ». Le ministère des affaires étrangères, sollicité par l’ambassadeur d’Équateur, s’est quant à lui déclaré incompétent. Il n’a jamais si bien dit. Pourtant, un juge avait ordonné, il y a une semaine, la libération de la fillette et de sa mère. Le parquet avait fait appel mais le dossier n’a pu être traité par le tribunal compétent. La compétence est encore une fois en cause ici.
Comme le souligne Le Monde : « La détention de mineurs a été à plusieurs reprises jugée illégale, mais une dizaine d’autres enfants qu’Angelica sont pourtant sous les verrous à Steenokkerzeel ».
Le père, également en situation illégale mais laissé libre, a écrit au roi Albert II et au premier ministre Guy Verhofstadt ainsi qu’au leader du parti démocrate-chrétien flamand, Yves Leterme, chargé de former le prochain gouvernement, pour plaider la cause de sa fille. Le Soir a réservé sa Une à un entretien avec la jeune fille, intitulé « Angelica : je veux être une vraie Belge », avec en sous-titre « Je suis triste » sanglote la petite Équatorienne ».
« Les enfants des centres sont frappés de voir leurs parents ne plus être capables d’assumer leur rôle », a déclaré la députée fédérale Ecolo Zoé Genot après s’être rendue au centre 127 bis à Steenokkerzeel. La délégation a rencontré deux autres enfants kosovars. Actuellement, dix enfants seraient enfermés au centre 127bis. L’Université catholique de Louvain-la-Neuve a, à son tour, interpellé le Formateur Yves Leterme. Elle demande au futur gouvernement de ne plus placer des familles avec mineurs dans des centres fermés mais de prévoir des espaces ouverts respectueux des droits humains.
Tout le monde veut la vertu mais personne n’a les pouvoirs de l’acquérir : « Je ne suis pas le ministre de l’Intérieur », a indiqué Yves Leterme, soulignant qu’il y avait un gouvernement en place et insistant sur le respect des institutions et des législations. « Cela m’émeut en tout cas », a conclu Yves Leterme. « On verra pendant les négociations comment répondre à ces drames humains », a-t-il ajouté. Le délégué général aux droits de l’Enfant, Claude Lelièvre, a appelé vendredi le ministre de l’Intérieur à surseoir à l’expulsion d’Ana Cajamarca et de sa fille Angelica : « avant de prendre une mesure d’expulsion, il faut tenir compte du contexte familial d’Angelica, qui a plus d’attaches en Belgique qu’en Équateur. Or, ces conditions ne sont pas connues de l’Office de l’étrangers », a rappelé le délégué général. Il cite le fait qu’Angelica a un oncle et une tante qui vivent légalement en Belgique. Sa mère vit avec un Belge et son père est toujours en Belgique, même s’il est en séjour illégal (RTL).
Geert De Vulder, porte-parole de l’Office des étrangers, le confirme : « Angelica et sa mère seront expulsées lundi soir, entre 18h00 et 19h00, à bord d’un vol Bruxelles-Quito via Amsterdam ». Parole de fonctionnaire !
Dix autres enfants attendent ce châtiment infâme de la Belgique.