« Les gens comprennent que le problème, ce n’est pas que le chef de l’équipe, que la difficulté ne se trouve pas que là. Elle se situe aussi beaucoup sur le fond des choses »
André Boisclair , ex-chef du Parti québécois
La victoire
Le 15 novembre 2005, André Boisclair est devenu le sixième chef de l’histoire du Parti québécois . « Ce soir, plus que jamais, j’ai confiance dans notre parti, a-t-il lancé. Après cinq mois de campagne, je me sens heureux dans cette grande famille, ma famille, celle du Parti québécois ». […] « J’ai la conviction qu’au lendemain d’un oui à la souveraineté, il n’y aura plus qu’un camp. Il n’y aura que des Québécois et des Québécoises. […] Ce soir, plus que jamais, tout devient possible ».
Le chef
En septembre 2006, monsieur André Boisclair, chef du Parti Québécois déclarait : « Notre défi n’est pas de fédérer les mécontents, mais de proposer une alternative » tout en ajoutant que « Les Québécois veulent un gouvernement qui inspire confiance, qui dit ce qu’il va faire ».
En septembre 2006, André Boisclair, dans un entretien radiophonique avec le docteur Réjean Thomas s’avouait : « non « charismatique » et revenait à plusieurs reprises sur ce qu’il appelait « les maudits journalistes » qui le poussent dans ses « derniers retranchements » et le forcent donc à dire des « mots creux ». Sa difficulté avec la presse tient selon lui à un « conflit de générations » : « Parce que je suis plus jeune qu’eux [les chroniqueurs et les éditorialistes], ils s’imaginent qu’ils pourraient faire bien mieux que moi ». (Le Devoir, 30 septembre 2006)
Quand des « maudits journalistes » ont, en octobre 2006, demandé à M. André Boisclair s’il comptait suivre la démarche prévue dans le programme, il a refusé d’être lié par ce qu’il a qualifié d’ « analyse fine des textes ». Comme l’indiquait André Pratte, de La Presse : « M. Boisclair qualifiait le programme de bien fait et intelligent et s’engageait à le porter dans l’opinion publique. On découvre aujourd’hui qu’au contraire, M. Boisclair s’oppose à ce texte, aussi intelligent soit-il, et qu’au lieu de le porter, il le laisse tomber à la première occasion ! » (La Presse, mercredi 11 octobre 2006)
La défaite et les querelles
A la fin du mois d’avril 2007, le chef du Parti québécois, monsieur André Boisclair, après une humiliante défaite aux dernières élections, lançait cet appel : « Le défi, en ce moment, ce n’est pas de partir. Le défi, c’est de travailler ensemble et de faire équipe comme jamais ». Cette déclaration fut faîte au cours d’un point de presse tenu à l’issue d’une réunion de deux jours du caucus des 36 députés du PQ.
Au cours de ce même point de presse, monsieur Boisclair constatait que « les Québécois sont fatigués de voir les membres du Parti québécois se disputer sur la place publique », tout en poursuivant qu’il y a « une tradition au sein du Parti québécois qui veut que, parce que quelqu’un a sa propre idée, il oublie la situation de l’équipe et du parti dans son ensemble. Ce comportement doit cesser ». […] « Ce n’est pas parce que, parfois, nous pouvons diverger d’opinion que, pour autant, il faut quitter le parti », a soutenu le chef péquiste.
Dans une entrevue diffusée à l’émission Les coulisses du pouvoir, André Boisclair attaque Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois : « Si Gilles Duceppe rêve la nuit de devenir chef du PQ, il devrait d’abord s’occuper de son parti et penser à l’avenir du mouvement souverainiste plutôt qu’à ses intérêts personnels ». […] « Si M. Duceppe est prêt à porter l’habit - on dit qu’il se couche le soir avec l’habit de chef du Parti québécois -, quelles sont les conséquences pour le mouvement souverainiste ? Et si M. Duceppe fait le choix d’envoyer le message de dire “le Bloc c’est fini, puis il faut tous qu’on rentre à Québec’’, ce message-là et cette décision-là ne peuvent reposer sur un seul homme ». M. Boisclair a invité Gilles Duceppe à se mêler de ses affaires : « Je fais mon travail qui est celui de chef du Parti québécois en ce moment. Je pense que M. Duceppe aussi doit faire la même chose ».
Le départ
Le mardi 8 mai 2007, André Boisclair démissionne. L’histoire d’un échec jamais avoué : « Malgré une issue que je n’aurais pas souhaitée, je suis quand même fier d’un certain nombre de réalisations. Premièrement, nous avons été en mesure de redynamiser le membership du parti qui en avait bien besoin depuis quelques années, des dizaines de milliers de nouveaux membres se sont joints au Parti québécois depuis près de deux ans. Nous avons aussi renoué avec notre base dans toutes les régions du Québec en allant les rencontrer chez eux, en les écoutant parler de leurs préoccupations. Nous avons également tenu deux conseils nationaux thématiques, l’un sur l’éducation et l’autre sur l’environnement, dont les résolutions sont venues enrichir la feuille de route présentée par la Parti québécois lors de la dernière campagne électorale ».
Monsieur Boisclair poursuit en ces termes son bilan : « Après le résultat de l’élection du 26 mars, le Parti québécois devait prendre acte du jugement des Québécois et procéder à une réflexion profonde sur ses orientations et aussi sur ses façons de gouverner. Il était normal aussi que le parti évalue mon leadership dans ce nouveau contexte. J’assume d’ailleurs avec humilité ma part de responsabilité dans la défaite. Toutefois, l’intensité de la remise en question du leadership ne me permet pas de procéder à l’essentielle réflexion que doit faire le parti sur le fond des choses, dans la sérénité nécessaire pour conduire un tel exercice. J’aurais bien aimé contribuer à cette réflexion comme chef du parti, ce n’est désormais plus possible, quelqu’un d’autre devra y présider ».
En conclusion, monsieur Boisclair déclare : « 25 ans après l’exclusion du Québec de la Constitution canadienne, les fédéralistes s’avouent incapables de réformer la Fédération et l’Action démocratique du Québec de Mario Dumont commence déjà à reculer sur son vague désir d’autonomie. Je suis profondément convaincu que ce peuple francophone en Amérique reprendra un jour ses droits et qu’entre la résignation tranquille et sa liberté, cette brave nation choisira la liberté ».
Connaissez-vous beaucoup d’hommes qui attribuent leurs échecs à leur incapacité ? (Gustave Thibon - Extrait de L’équilibre et l’harmonie)