Dieu est le nom que depuis le début des temps jusqu’à nos jours les hommes ont donné à leur ignorance.
Max Nordeau
Jerry Miller, 48 ans, a, en 1982, été condamné pour vol et enlèvement avec circonstances aggravantes, identifié par des témoins. Il a, bien évidemment, toujours clamé son innocence. Jeune Afro-Américain de 22 ans, il venait de quitter l'armée quand il est arrêté pour l'enlèvement et le viol d'une femme à Chicago en 1981, dans un garage. Deux garagistes, qui prétendent avoir vu l'auteur des faits, l'identifient formellement. Tout comme la victime, lors du procès qui se déroule l'année suivante. Jerry Miller nie, lors de l'audience. « J'étais dévasté, se souvient-il dans le Chicago Tribune. Le juge m'a affirmé que la preuve était accablante. J'étais complètement déprimé ».
Innocence Project, (IP), organisation new-yorkaise à but non lucratif qui œuvre pour disculper des détenus condamnés à tort, travaille sur 200 dossiers probables d’erreurs judiciaires, et examine des centaines d'autres qui lui parviennent régulièrement. Saisie du dossier Miller, en 2005, Innocence Project avait, l’an dernier, persuadé les procureurs de faire pratiquer des analyses ADN sur du sperme trouvé sur les vêtements de la victime. Les résultats ont permis d'innocenter M. Miller, et de découvrir le véritable violeur, un homme dont l'ADN était enregistrée dans un fichier national parce qu'il avait été entre-temps condamné pour un autre crime.
En liberté conditionnelle depuis mars 2006, Miller vivait dans la banlieue de Chicago et avait retrouvé un travail. Mais il portait toujours un bracelet électronique. Il restait sujet aux restrictions et humiliations imposées aux agresseurs sexuels qui ont purgé leur peine. Jerry Miller vient d’être innocenté, grâce à une analyse ADN.
Comme Jerry Miller, 60% des innocents condamnés par erreur sont noirs, alors que cette minorité représente seulement 12% de la population américaine.
« Nous savons qu'il y a des milliers d'innocents qui croupissent en prison », répond Peter Neufeld, cofondateur de l'« Innocence Project ». « Il faut une révolution de la justice criminelle, pour garantir que les autres disciplines de la médecine légale soient aussi solides et fiables que les tests ADN ».
Une analyse menée par l'association sur ces 200 erreurs judiciaires montre que les mêmes facteurs reviennent souvent : dans 77% des cas, et notamment dans celui de M. Miller, une mauvaise identification par des témoins visuels est en cause. Dans 65% des cas, des analyses de laboratoire - groupe sanguin, empreintes digitales, traces de pas ou de morsure etc. - n'ont pas été menées avec la rigueur nécessaire. Dans 25% des cas, la police a extorqué de faux aveux, et dans 15% des cas, elle a utilisé le témoignage, souvent intéressé, d'un compagnon de cellule. Signe positif à ces comportements erratiques : c'est la 200ème fois depuis 1989 qu'un détenu est reconnu innocent suite à une analyse ADN.
L’ADN
Chaque être humain porte donc dans chaque cellule de son corps une « mécanique » technique surpuissante : un microchip avec trois gigabits de capacité de stockage, qui extrait des informations électromagnétiques de son entourage, qui stocke cette information et qui peut également la retransmettre, possiblement modifiée (Alain-Yan Mohr, L’ADN communique dans l’univers, Sciences et Recherches, 30 juillet 2006)
D'un point de vue biologique, ces données sont nécessaires à la compréhension de notre passé, vis-à-vis de notre évolution depuis l'apparition des premières cellules et de notre place dans le monde, en regard des autres espèces. D'un point de vue plus pratique, l'analyse de ces données peut nous permettre de comprendre le fonctionnement de certaines maladies, et ainsi nous aider à lutter contre elles.
L'ADN n’est pas seulement responsable de la construction du corps humain mais elle sert aussi comme stockage de données et dans la communication. Des linguistes russes ont constaté que le code génétique, particulièrement dans les 90 % d'ADN débarras soi-disant inutiles, suit les mêmes règles que toutes nos langues humaines : « L’ADN humain est un internet biologique et supérieur à bien des égards à l’internet artificiel. Une récente recherche scientifique russe explique directement ou indirectement des phénomènes comme la clairvoyance, l’intuition, les actes de guérison spontanés et à distance, l’auto-guérison, les techniques d’affirmation, les auras lumineuses peu communes de certaines personnes (à savoir des maîtres spirituels), l’influence mentale sur la météorologie et bien plus. En outre, il est prouvé qu’il existe un type de médecine entièrement nouveau dans lequel l’ADN peut être influencé et reprogrammé par des mots et des fréquences SANS couper et remplacer des gènes isolés » (Sciences et Recherches, mai 2006).
A la fin du XXe siècle, cent ans après la découverte des empreintes digitales, la révolution génétique a mis à la disposition de la justice un outil qui fait appel à la molécule d’ADN, appelée « empreintes génétiques ». L’information responsable des caractères héréditaires est contenue sous la forme d’un code à quatre lettres imprimé dans la molécule d’ADN. Chaque personne présenterait une signature unique, un peu comme un code-barre du commerce.
Un article de A.J. Jeffreys, V. Wilson et S.L. Thein, paru, dans la revue Nature en 1985, intitulé Hypervariable minisatellite regions in human DNA, a suscité beaucoup d’intérêt. Pour la première fois, il fournissait une méthode relativement simple pour identifier un grand nombre de régions hautement variables dans l’ADN humain. Cela permettait de disposer de marqueurs pour la recherche en génétique humaine et ouvrait en même temps le domaine du génotypage de l’ADN en médecine légale. Les applications possibles ont mené alors à un brevet sous le terme d’« empreintes digitales génétiques » (en anglais : DNA fingerprints) pour l’identification des individus et pour l’établissement des relations de parenté.
Dans chaque noyau cellulaire d'un être humain, la substance ADN crée une combinaison individuelle spécifique qui peut être récoltée puisqu’elle est présente dans toute sécrétion ou tissu du corps humain. Cette technique, qui ne cesse de se perfectionner, est maintenant incontournable que ce soit dans des affaires civiles comme les recherches en paternité ou dans les enquêtes criminelles. Elle peut permettre d'accuser mais aussi d'innocenter un condamné, comme le cas Miller le montre bien.
Les chercheurs ne se sont pas contentés d'étudier les marqueurs présents sur l'ADN des chromosomes, mais également ceux de l'ADN des mitochondries (les « centrales énergétiques » des cellules), très intéressants parce qu'ils peuvent se retrouver dans des échantillons de moins bonne qualité (cheveux, os, etc.). Mais il n'y a pas que les empreintes génétiques ou digitales. Cambrioleurs, assassins ou violeurs ont une pratique commune de repérage de la présence (ou non présence) de leurs victimes : coller une oreille sur une vitre, une porte ou un panneau pour déceler les sons. Or une empreinte d'oreille, par essence unique pour chaque individu, peut être détectée et « lue ». La science au service de la justice !
La Caroline du Nord, a mis sur pied des « Commissions de l'Innocence » ayant pouvoir de rouvrir les affaires dans lesquelles un condamné clame son innocence. Dans le comté de Cook (Illinois), dont dépendait Jerry Miller, le Parquet a créée une unité spéciale ADN pour réexaminer les affaires où l'innocence semble crédible.
Beaucoup en tous cas reconnaissent les nombreuses failles du système. Certains, poussant leur logique à son terme, ont prononcé des moratoires sur les exécutions capitales dans leur État.
« Je veux ne jamais envoyer au trou un type qui n'a rien fait, jamais », lance Robert Milan, haut responsable du bureau du procureur du comté de Cook (Illinois). (AP)