vendredi 27 avril 2007

Après l'IRAK : la guerre des mots à Washington

L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien.


Georges S. Patton, Général américain


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Une autre semaine difficile pour Georges W. Bush.


Forte de l’appui des Américains, la loi liant le financement de la guerre en Irak à un calendrier de retrait vient d’être adoptée :


« 55 % des Américains estiment qu'« une victoire en Irak » n'est plus possible, tandis que 36 % pensent le contraire ».


« 56 % des Américains sont d'accord avec les démocrates pour fixer une date pour le retrait des troupes américaines d'Irak, alors que 37 % d'entre eux approuvent au contraire le président américain George W. Bush sur cette question ».


(Sondage publié mercredi par NBC et le Wall Street Journal )


Et c’est parti !


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La Chambre des représentants américaine a approuvé mercredi, en dépit de l'assurance qu'il sera bloqué par un veto présidentiel, le projet de loi sur le financement de la guerre en Irak. Adopté par 218 voix contre 208, il doit encore être voté au Sénat, avant d'être soumis au président George W. Bush, qui devrait y opposer son veto la semaine prochaine. la loi de financement prévoit d'octroyer 124,2 milliards de dollars (91 milliards d'euros) au financement de la guerre en Irak, mais exige que le retrait des troupes commence le 1er octobre, voire même plus tôt si le gouvernement irakien ne respecte pas certaines conditions.


Comme la Chambre des représentants, le Sénat américain vient d'adopter ce jeudi à son tour le projet de loi de financement de la guerre en Irak fixant au 31 mars 2008 l'objectif de retrait de la majeure partie des troupes américaines, malgré la menace de veto présidentiel. « Le président a échoué dans sa mission de rendre la paix et la stabilité au peuple d'Irak », a souligné le sénateur Robert Byrd, ajoutant qu'« il est temps de rapatrier nos troupes ».


« Il est cynique d'affirmer que la guerre est perdue parce qu'on croit que ça donne un avantage politique », a déclaré le vice-président Dick Cheney. Duncan Hunter, est entré dans la controverse en demandant au sénateur Harry Reid de quitter son poste, sous prétexte qu'il serait « irresponsable », « démoralisant » pour les militaires et « encourageant » pour les terroriste de déclarer la guerre « perdue ». Le sénateur John Kerry a qualifié l'attitude du vice-président d' « aussi inquiétante qu'inintelligente ».


Le débat a monté d’un cran lorsque le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid a déclaré : « Le vice-président Dick Cheney s’est fait traiter de «chien d'attaque» par un chef démocrate ». « Le président lâche souvent son chien d'attaque, connu sous le nom de Dick Cheney ».


« Il est venu pour m'attaquer, non seulement moi mais le groupe démocrate », a poursuivi M. Reid, en précisant qu'il n'allait pas s'engager dans « un match où l'on se renvoie des noms d'oiseaux avec quelqu'un dont la popularité atteint 9 % ».


« Les sacrifices supportés par nos militaires et leur famille exigent mieux que les chèques en blancs demandé par le président, mieux qu'une guerre sans fin - ils exigent un plan pour mener cette guerre à sa fin », a déclaré la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi.


« Nos troupes sont embourbées dans une guerre civile sans ennemi clairement identifié et sans stratégie claire permettant de garantir notre succès », a déclaré le chef de la majorité démocrate à la Chambre des représentants, Steny Hoyer. « Al-Qaïda va considérer ça comme le jour où la Chambre des représentants a jeté l'éponge », a déclaré pour sa part le représentant républicain Jerry Lewis.


« Les démocrates choisissent de faire une déclaration politique », a répliqué le président Bush à la Maison-Blanche. « C'est leur droit, mais c'est mauvais pour nos troupes, et c'est mauvais pour notre pays. Accepter le projet de loi des dirigeants démocrates reviendrait à accepter une politique qui contredit directement le jugement de nos chefs militaires ».


« Je crois fermement que les hommes politiques à Washington ne devraient pas dicter aux généraux comment faire leur travail », a poursuivi le président américain. « Et je pense qu'un calendrier de retrait artificiel serait une faute. Un calendrier de retrait artificiel dirait à un ennemi "attends qu'ils s'en aillent". Il dirait aux Irakiens "ne faites pas d'efforts pour atteindre vos objectifs, ce serait décourager les troupes". Par conséquent, je rejetterai vivement tout calendrier de retrait artificiel et/ou les politiciens de Washington qui essayent de dicter à ceux qui portent l'uniforme comment faire leur travail ».


« Nous pouvons quitter l'Irak, comme nous l'avons fait au Liban, comme nous l'avons fait au Vietnam, comme nous l'avons fait en Somalie, et laisser derrière nous le chaos », a déclaré le chef des républicains à la Chambre, John Boehner.


En réponse à cette guerre des mots, le gouvernement irakien a estimé que la décision du Congrès adressait un message dangereux aux terroristes.


Comble de l’affrontement, une commission parlementaire américaine vient de lancer une procédure de citation à comparaître contre Condoleezza Rice, relativement à l'Irak, mais Condy ne se présentera pas invoquant, selon le département d'État, une prérogative de l'exécutif. L'initiative de la commission a été vivement condamnée par le chef des républicains à la Chambre, John Boehner, qui a dénoncé du « théâtre politique » : « Cette enquête a plus pour but d'obscurcir (les faits) que de réagir aux menaces qui pèsent contre ce pays maintenant et dans l'avenir prévisible ».


 


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De retour le lundi 30 avril 2007