«La Providence n’a crée le genre humain, ni entièrement indépendant, ni tout à fait esclave. Elle trace il est vrai autour de chaque homme un cercle fatal dont il ne peut sortir ; mais dans ces vastes limites, l’homme est puissant et libre ; ainsi des peuples.»
Tocqueville (De la démocratie en Amérique)
Le quotidien « Asharq Al Awsat » souligne que les autorités iraniennes ont mené une vague répressive à l’encontre des femmes et des filles qui osent violer la règle en matière vestimentaire et qui sortent sans leur tenue islamique en vigueur. Cette répression devient traditionnelle, tous les ans, à l’approche de la chaleur de l’été qui oblige les femmes à quitter le voile intégral pour des tenues plus dévêtues, adéquates avec la saison estivale. Les Iraniennes tentent de quitter en effet leur tchador noir avec les beaux jours.
Les autorités iraniennes viennent de lancer une nouvelle campagne contre les femmes contrevenant au code vestimentaire islamique en vigueur dans le pays. Avec l'arrivée des beaux jours, un nombre croissant de jeunes citadines éprouvent un besoin plus que naturel de dévoiler une partie de leur chevelure, et de souligner leurs formes avec des vêtements cintrés. Les hommes ne sont pas en reste : le port de t-shirts révélant d'éventuels pectoraux, ainsi que des cheveux dressés sur la tête et fixés avec du gel est très en vogue parmi les jeunes hommes de la capitale.
Musulmane ou non, une femme en république islamique d’Iran est obligée de se voiler. Comme le fait remarquer Iran Resist, alors que les habitants de Téhéran s’attendaient à une politique pour combattre les vols, les viols, les enlèvements et autres crimes tous plus odieux les uns que les autres et qui sont tous en augmentation, le nouveau successeur au commandant des forces de maintien de l’ordre du grand Téhéran ne s’est focalisé que sur le voile des femmes et le T-shirt des garçons.
Selon l’agence Fars, les premières contrevenantes aux canons de la mode islamique ont été averties, dans un premier temps, et emmenées dans un centre correctionnel si elles protestaient. Les journaux ont publié en une des photos de femmes policières en tchador noir tançant de jeunes Téhéranaises vêtues d'habits cintrés aux couleurs vives. Sont notamment visés, précise Iran Resist, les voiles non opaques et dans des matières translucides, les cheveux qui dépassent surtout s’ils sont colorés, les maquillages outrageants, les foulards tombants, les foulards non noués et pour les hommes, tout vêtement avec des emblèmes offensants et des chaînes avec des insignes particuliers (genre Têtes de mort). Les personnes arrêtées devront également signer un engagement écrit à ne pas recommencer et ne pourront repartir lorsque leurs familles auront apporté des vêtements appropriés. Comme toujours, silence radio au niveau des féministes attitrées du régime.
Le code vestimentaire islamique iranien exige de ne découvrir que le visage et les mains. Il est observé par un grand nombre de femmes qui portent le tchador, un long voile noir couvrant le corps de la chevelure jusqu'aux pieds. Dans l'Iran actuel, 60 % de la population a moins de 20 ans, c'est-à-dire qu’elle est née après la chute du régime impérial. L'Iran est un pays conservateur musulman, ne l’oublions pas.
Eric Butel : « La jeunesse actuelle apparaît comme le décalque inversé de la jeunesse révolutionnaire. Elle se caractérise par sa démobilisation (déconscientisation dans le vocabulaire révolutionnaire), sa dépolitisation, son peu de respect de la pratique religieuse. Le nouveau sujet se construit désormais autour de l'argent, de la consommation et des loisirs au détriment de la participation politique, qui compte tenu de l'absence de pluralisme et de démocratie, apparaît comme le champ clos des catégories sociales vassales du pouvoir » (L'individu postislamiste en Iran : la nouvelle jeunesse, in Cemoti, n° 26).