A en croire une enquête de l'Institute for Public Policy Research, la Grande-Bretagne considère ses jeunes comme une menace, plus que dans d'autres pays européens. Le taux de natalité en baisse et une société vieillissante pourraient contribuer notamment à l'intolérance à l'égard d'une jeunesse tapageuse. « Les adultes ne supportent plus les enfants bruyants dans les rues », juge Stuart Waiton, du groupe de recherche Generation Youth Issues.
Signe de cette peur, il ne se passe pratiquement pas un seul jour sans que les adolescents fassent la Une des médias. Pour les tabloïds, ils sont les «hoodies» (terme venant du mot «capuche') ou les «chavs» (pour les vêtements de sport portés par les jeunes issus de la classe ouvrière), prompts au «binge-drinking» (biture express), enclins à commettre des actes de délinquance...
Le gouvernement a sa propre terminologie pour les jeunes en difficulté, de NEETS - « not in employment, education or training » (jeunes sans emploi, en dehors du système d'éducation ou de formation) - à ASBOs - « anti-social behavior orders » (mesures ordonnées en cas de comportement antisocial).
L'UNICEF affirmait en février 2007 que les jeunes en Grande-Bretagne sont les plus malheureux des pays développés. La Grande-Bretagne dégringole à l'avant-dernière place du classement pour ce qui est de la pauvreté des enfants, et carrément en dernière position pour la rubrique «relationnel», qui mesure des facteurs comme le nombre de familles monoparentales, ou le temps passé en compagnie d'amis ou de proches. Les jeunes Britanniques sont en tête du classement pour les comportements à risques, boisson, drogue et sexe. Près d'un tiers des 11-15 ans auraient déjà été ivres deux fois ou plus, soit le niveau le plus élevé de tous les pays étudiés.
«Il y a toujours eu en Grande-Bretagne une culture un peu anti-enfants», observe Julia Margo, l'un des auteurs d'un rapport sur la jeunesse britannique de l'Institute for Public Policy Research, groupe de réflexion de centre-gauche. «Il y a (aussi) un grand nombre d'enfants qui traînent dans les rues sans rien à faire», dit-elle. Le tout «contribue à la pédophobie».
D'après l'enquête de l'institut, les adultes britanniques, plus que ceux d'autres pays européens, ont peur des jeunes. Face à des adolescents en train de vandaliser un abribus, les Britanniques ne sont que 34% à dire qu'ils tenteraient de les arrêter, contre 65% d'Allemands et 52% d'Espagnols.
À l'enquête de l'UNICEF, Londres avait pourtant répliqué que ces données avaient été réunies entre 2001 et 2003 et que des progrès avaient été enregistrés depuis dans nombre de secteurs. L'opposition avait pointé du doigt l'effondrement des valeurs familiales, et la culture du «moi d'abord», le parlementaire conservateur Alan Duncan déplorant une érosion de l'autorité.
Rare voix adulte à soutenir les jeunes, l’éditorialiste Barbara Ellen salue, pour sa part, dans The Observer, leur esprit de rébellion, qui a si souvent donné naissance à des sous-cultures dignes d’intérêt, punk ou pop : « When listening to British children talking about the spiritual wasteland that is their existence, those nice Unicef people with their clipboards failed to include the most crucial factor of all - the contrary bolshie nature of the people they were talking to; the fact that British teenagers have always loved nothing more than to pose, bitch, rebel, slag everything and everyone off, and blow endless anti-establishment raspberries ».
Sources : Cyberpresse, 20minutes, De ce côté-ci de l’Amérique