Selon la Tribune juive, la France oublie Gilad Shalit pour ne voir qu’Ingrid Betancourt. Ce n’est pas la première fois que cet appel refait surface en France. « Nul besoin de test ADN », écrit La Tribune juive, « pour reconnaître à Gilad Shalit sa citoyenneté. C’est un otage français autant qu’Israélien, comme l’a fortement rappelé le 6 juillet dernier le président de la République. Or, si des pétitions circulent pour obtenir la libération du jeune soldat enlevé en Israël et retenu depuis près de cinq cents jours quelque part à Gaza, une gêne bizarre semble paralyser nos leaders d’opinion d’ordinaire plus prompts à la défense des droits de l’homme. Y aurait-il deux poids, deux mesures? Des otages innocents et d’autres coupables ? Nous considérons à Tribune Juive qu’il convient pourtant d’agir de la même façon pour Gilad Shalit, prisonnier du Hamas, que pour Ingrid Betancourt, otage des FARC. C’est la raison pour laquelle nous vous invitons à relayer notre appel et signer notre pétition ». Le site consacré à Gilad Shalit est plus direct : « Sur le Parvis de l’Hôtel de Ville de Paris, il est juste d’avoir apposé le portrait de la citoyenne franco-colombienne Ingrid Betancourt. Nous demandons que, de la même manière, le portrait du citoyen franco-israélien Guilad Shalit soit apposé, afin, comme pour Ingrid Betancourt, d’exiger avec force sa libération ».
Le soldat Gilad Shalit a été enlevé le 25 juin 2006 et est détenu, depuis, dans la bande de Gaza. Un commando du Hamas mène une attaque contre un poste militaire israélien à la lisière de la bande de Gaza. Deux soldats sont tués, tandis qu’un autre, un jeune caporal de 19 ans, Guilad Shalit, est capturé. Un an plus tard, rapportait le Nouvel Obs, le soldat israélien Gilad Shalit affirmait, le lundi 25 juin 2007, que sa santé ne cessait de se dégrader, dans un message audio diffusé par la branche armée du Hamas, un an jour pour jour après son enlèvement. « Depuis un an que je suis en prison, ma santé s’est détériorée et j’ai besoin d’une hospitalisation prolongée », affirmait en hébreu le soldat israélien dans son message.
Après cet appel du soldat Gilad Shalit, le vice-Premier ministre israélien, Eli Yishaï, avait appelé à des négociations avec les islamistes du Hamas en vue d’une libération du soldat Shalit. « À mon avis, il faut parler avec le Hamas pour permettre un retour de Gilad Shalit chez lui ». Israël considère le Hamas, qui ne reconnait pas l’existence de l’État hébreu et prône la poursuite de la lutte armée, comme une organisation terroriste avec laquelle il refuse officiellement tout contact. Eli Yishaï précisait, dans les circonstances, qu’il appelait à des pourparlers avec le Hamas uniquement en vue d’un « échange de prisonniers » et « sans aucun rapport avec la politique, car ce mouvement réclame la destruction d’Israël ».
Uri Ariel, député du parti d’extrême-droite Union nationale, voyait les choses autrement : il s’était dit convaincu que « le Hamas n’a l’intention de libérer personne. Tout ce qu’il veut c’est être reconnu comme un interlocuteur politique légitime. Tout ce battage médiatique n’est destiné qu’à créer un écran de fumée ».
Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de France, avait, par la même occasion, émis un communiqué dans lequel il se montrait favorable à un échange de prisonniers : « Cette détention, que nous avons condamnée, n’a que trop duré. Ceux qui détiennent Gilad Shalit doivent immédiatement le libérer. Je saisirai toutes les occasions en vue d’obtenir cette libération. Je rappelle que la France a condamné les arrestations de parlementaires et de ministres palestiniens. La France est favorable à un échange de prisonniers, qui permettrait à Gilad Shalit, comme à de nombreux Palestiniens, de recouvrer la liberté ».
Début juillet 2007, les négociations pour la libération soldat Gilad Shalit, conduites sous la médiation de l’Égypte, ont échoué à plusieurs reprises et sont devenues, depuis, plus compliquées depuis la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas. Les ravisseurs réclamaient la libération par Israël de centaines de prisonniers palestiniens en échange de celle de Shalit. Ils voulaient la libération de toutes les femmes, tous les mineurs et de 1.000 autres prisonniers arabes, dont des responsables de groupes militants palestiniens.
En décembre dernier, une réunion interministérielle israélienne devait examiner la possibilité de modifier le statut de prisonniers impliqués dans des attaques meurtrières. Cette modification devait permettre aux autorités de libérer un plus grand nombre de détenus en cas d’échange de prisonniers, alors que des contacts se poursuivent en vue de la libération du soldat israélien Gilad Shalit, détenu dans la bande de Gaza. « Nous sommes dans une telle situation que si nous continuons avec les critères que nous utilisions jusqu’alors, il n’y aura plus personne à libérer », avait souligné Ephraïm Sneh, un député siégeant dans la très influente Commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset. « Si nous voulons libérer des prisonniers (…) et obtenir la libération de Gilad Shalit, nous devons élargir ces conditions de libération ».
Par la même occasion, le vice-ministre de la Défense, Matan Vilnaï, avait envisagé la libération de Marwan Barghouthi, le leader du Fatah en Cisjordanie emprisonné en Israël. Binyamin Ben Eliezer, ministre des Infrastructures, avait déjà proposé en septembre d’inclure Barghouthi dans un accord d’échange concernant le soldat Shalit. Marwan Barghouthi avait été arrêté par l’armée israélienne, en 2002, et condamné, en juin 2004, à cinq peines de prison à vie pour son implication dans quatre attentats meurtriers. Très populaire parmi les Palestiniens, il est souvent présenté comme un possible successeur du président palestinien, Mahmoud Abbas. Officiellement Israël ne négocie pas avec le Hamas, mais des contacts se sont noués par divers intermédiaires, notamment l’Égypte, en vue d’obtenir la libération du caporal Shalit dans le cadre d’un échange de prisonniers.
Alors que des rumeurs circulent sur la libération de Marwan Barghouthi, un haut responsable israélien dément au début de janvier qu’Israël envisage de libérer l’ex-dirigeant du mouvement Fatah en Cisjordanie en échange de son soldat Gilad Shalit. « Des négociations sont en cours pour la libération de Gilad Shalit mais une libération de Barghouthi n’est pas à l’ordre du jour », a déclaré aux journalistes ce responsable, qui a requis l’anonymat.
En décembre, « le Hamas voulait mettre un terme au dossier Gilad Shalit dès que possible », avaient précisé des sources au Jerusalem Post. « Ils sont même prêts à accepter une liste plus petite de prisonniers palestiniens en échange de Shalit ». Selon ces sources, le Hamas était disposé à échanger le soldat franco-israélien Shalit contre 500 prisonniers palestiniens, y compris des membres du Fatah.
Les bombardements, par Israël, de Gaza qui ont coûté la vie à 26 Palestiniens depuis mardi, dont le fils du dirigeant le plus en vue du mouvement, Mahmoud Al-Zahar, Hossam, 21 ans, ainsi que Rami Farahat, fils d’une députée, ont compromis tout le processus d’échanges de prisonniers. Le Hamas est clair. « Pas d’avenir pour Israël (si) ces crimes se poursuivent », a affirmé, lors d’une conférence de presse, le chef en exil du mouvement islamiste Hamas, Khaled Mechaal, à l’adresse des dirigeants israéliens, notamment du Premier ministre Ehud Olmert. Après le « massacre de Gaza, il n’y aura ni calme, ni échange (de prisonniers) avec Gilad Shalit », a averti M. Mechaal. Le chef du Hamas a demandé par ailleurs à l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas d’« arrêter les négociations absurdes » qu’elle mène avec Israël. Pour sa part, Mahmoud Abbas a déclaré que : « ce qui s’est passé à Gaza est un massacre, une tuerie contre le peuple palestinien. Notre peuple ne peut pas passer ces massacres sous silence ». Jeudi, douze roquettes ont été tirées depuis Gaza. Huit d’entre elles se sont abattues en territoire israélien, dont quatre dans la ville de Sdérot, sans faire de victime. Et de l’autre côté, ce même jeudi, le Premier ministre Ehud Olmert promet la guerre aux activistes de la bande de Gaza responsables des tirs de roquettes contre l’État juif. Et le dialogue se poursuit : les dernières opérations de Tsahal dans la bande de Gaza, selon l’Autorité palestinienne les a qualifiées de « gifle » infligée à George Bush.
En novembre dernier, le député UMP, Rudy Salles, ainsi que les avocats de la famille du soldat Shalit, Maîtres Zerbib et Altit, avaient lancé un appel général à la mobilisation générale : « Parce qu’il y a rien de pire que l’oubli, et parce que nous sommes sans nouvelle de Guilad depuis un an et demi, il faut que les autorités françaises jouent leur rôle pour la libération de cet otage ».
Pour libérer le soldat Gilad Shalit, il faudra plus que des négociations. Il faudra aussi cesser les roquettes du côté du Hamas et les bombardements du côté d’Israël. Pour l’heure, que peut faire de plus la France pour libérer le soldat franco-israélien Gilad Shalit ? Au milieu de ces roquettes et de ces bombardements, où se trouve le soldat Gilad Shalit ?
(Sources : AFP, Des Infos, Jerusalem Post, Figaro, Le Monde, Nouvel Observateur, Presse canadienne)
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