Benazir Bhutto fut chargée d’assumer le lourd héritage politique de son père, Zulfikar Ali Bhutto, renversé par un coup d’État militaire en 1977 et exécuté. Elle n’avait pas peur d’affronter la mort, disait-elle. La mort n’avait pas peur de cette femme qui l’affrontait ainsi, impunément. Jusqu’à ce jour. Elle est revenue au pays. Elle croyait dans un idéal. Elle l’a défendu. Une première fois, la mort est passée à côté. Cette fois-ci, la mort a gagné. Deux fois Premier ministre de la République Islamique du Pakistan, de 1988 à 1990 et de 1993 à 1996, elle fut aussi par deux fois, démise de ses fonctions pour « corruption » et « mauvais usage » du pouvoir. Âgée de 54 ans, elle est décédée dans un hôpital de Rawalpindi. « Elle est morte en martyre », a déclaré Rehman Malik, un responsable de sa formation.
Beaucoup de choses se diront sur cette femme unique, volontaire, décidée, moderne dans un pays anachronique. Huit années d’exil auront séparé Benazir Bhutto de son pays. Jusqu’à cet été, Benazir Bhutto était accusée par le pouvoir Pakistanais de diverses charges, dont la corruption. Elle revenait avec l’engagement d’un partage du pouvoir. Elle a exigé la démission de ce pouvoir, incarné par Pervez Musharaf. Au moment de son retour, elle fait l’objet d’une première tentative d’assassinat. Elle quitte pour revenir aussitôt. Résolument tournée vers le progrès de son pays et son accession vers la démocratie, Benazir Bhutto se sait en danger. Qu’importe. « Je sais que je suis un symbole de ce que les soi-disant djihadistes, talibans et Al-Qaïda craignent le plus », avait écrit Benazir Bhutto dans son autobiographie : « Je suis une femme, dirigeante politique, qui lutte pour apporter la modernité, la communication, l’éducation et la technologie au Pakistan ».
Il est trop tôt pour jeter les bases d’une analyse conjoncturelle, comme a tenté maladroitement de le faire Bernard-Henri Lévis. Et surtout pour distribuer les blâmes sans discernement.
Réfléchissons sur ces images.
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