mercredi 28 novembre 2007

Annapolis - Religion et politique ne font pas bon ménage

Depuis quelques semaines, Georges W. Bush en a été informé. Le Tout-Puissant va frapper à nouveau les États-Unis, ont averti, en début de novembre, des rabbins israéliens d’extrême droite dans une lettre ouverte, SOS Israël, au président américain. SOS Israël est un mouvement d’extrême droite qui protège la terre d’Israël en respect de la Torah d’Israël. C’est ce même groupe qui avait publié des citations en l’honneur des soldats israéliens qui avaient refusé d¹obéir aux ordres et de participer au désengagement. Il faut signaler, parmi les signataires, les rabbins Dov Wolfa, Yekutiel Rap, Gedalia Axelrod, Dov Lior (rabbin en chef de Kiryat Arba et Hebron), et Yaakov Yossef, fils de l¹ancien Grand Rabbin Ovadia Yossef.

La question qui se pose est la suivante : George W. Bush, qui s’expose au « courroux de Dieu » s’il n’annule pas la conférence de paix sur le Proche-Orient d’Annapolis, a-t-il entendu ce message de SOS Israël, et encourra-t-il le châtiment divin pour croire, contre la volonté divine, à la création d’un État palestinien : « La terre d’Israël appartient au peuple d’Israël. Dieu punit quiconque force Israël à renoncer à sa terre ». Les rabbins exigent l’annulation du sommet d¹Annapolis car il risque de provoquer « la colère du Tout-Puissant » sur l’Amérique entière. Le président en a été formellement averti, déclare le rabbin Meir Druckman, l’un des signataires de la lettre SOS Israël. « Ayez pitié de vous-mêmes, de l’Amérique que vous aimez et de vos citoyens. Baissez les bras que vous avez levés contre le Créateur. Aidez le peuple d’Israël à lutter sans compromis contre le terrorisme qui le menace. Alors, avec un cœur pur vous pourrez réellement prier : May G.od bless America – Que D.ieu bénisse les États-Unis », écrivent ces rabbins.

Le désastre, causé par l¹ouragan Katrina serait, selon SOS Israël, le résultat du soutien américain à l’expulsion de près de 10.000 Juifs de leurs maisons dans le Goush Katif et les incendies, en Californie, sont également un signe annonciateur. L’expulsion des Juifs du Goush Katif et de la Samarie du Nord a en effet été achevée le 23 août 2005, date à laquelle la dépression tropicale à l’origine de Katrina a été détectée sur les Bahamas, relève le site Blogdei. « Nous avons écrit au président Bush, un homme qui croit à la Bible, pour l¹avertir du terrible danger auquel il expose son pays en accueillant pareille conférence » dit le rabbin Meir Druckman.

Le rabbin Meir Druckman déclare : « Il ne fait aucun doute que l’inondation de La Nouvelle-Orléans provoquée par Katrina a été la punition de Dieu pour avoir évacué les colonies ». Comme l’indique le rabbin Druckman : « Qui peut vraiment ignorer la main de Dieu qui réclame un œil pour un œil, après ces centaines de milliers de sans-abri, ces centaines de victimes et ces milliards de dollars de perdus ? »

Georges W. Bush n’a pas saisi l’ampleur du courroux de Dieu et il persévère dans ses fautes graves : « Malgré ces conséquences, nous nous retrouvons encore une fois face à une initiative qui consiste à expulser des Juifs de Judée et de Samarie et de confier leurs villes à des organisations terroristes. Et, une nouvelle fois, les organisateurs sont le président Bush et la secrétaire d’État, Condoleezza Rice ».

Selon SOS Israël : « cette fois, le Tout-Puissant avertit l’Amérique à l’avance : si la plaie de l’eau ne suffit pas, il enverra les flammes. Déjà, des centaines de milliers de familles ont fui les terribles incendies de Californie, et nous vous posons la question : allez-vous réellement vous entêter à poursuivre ce plan maléfique ? »

SOS Israël ne fait pas l’unanimité. Tant s’en faut. Le Haaretz publie, ce vendredi, une pétition de soutien à M. Olmert, sur une page entière, signée par des universitaires et des officiers du cadre de réserve, dont 80 généraux, membres du Conseil pour la paix et la sécurité, une association apolitique d’experts. « La rencontre d’Annapolis est une opportunité à ne pas rater (…) la situation actuelle, en l’absence d’un accord négocié, est dangereuse pour les deux peuples et l’ensemble de la région », soutiennent les experts (Le Monde).

Évoquant la malédiction de Dieu, Khalid Amayreh - Ma’an, cité par Info-Palestine, écrit, à propos de Georges W. Bush : « Ce type, qui a prétendu que Dieu lui-même lui avait indiqué quoi faire, n’a jamais eu le courage moral de dire : « J’ai commis une erreur, Mea Culpa, Mea Maxima Culpa ! » Non. Bien au contraire, il a inventé toutes sortes de prétextes, d’histoires invraisemblables et de mensonges patents pour justifier sa nature criminelle et ses projets malfaisants. Mais il est vrai que, très souvent, les criminels ne font montre d’aucun remords, ni même du moindre intérêt pour leur crime et ceux qui en ont été les victimes… Et cela nous amène inéluctablement à cette question : les peuples du Moyen-Orient, en particulier, et les peuples du monde entier, de manière générale, peuvent-ils s’en remettre au tout premier des assassins et des menteurs du monde pour contraindre Israël à faire la paix ? N’oublions pas qu’il s’agit en l’occurrence de l’homme qui a osé qualifier Ariel Sharon, ce criminel de guerre patenté, d’ « homme de paix » ! »

À la lecture de ces écrits, le parcours expiatoire de Georges W. Bush sera long et laborieux. Alors que David Welch, le sous-secrétaire d’État américain en charge des questions du Proche Orient, qualifie d’« opportunité pour tous ceux qui voudraient prendre des mesures en faveur de la paix » cette grande conférence d’Annapolis, le Premier ministre, Ehud Olmert, déterminé à aller de l’avant, se dit convaincu, à quelques jours de la réunion internationale de paix sur le Proche-Orient, que le maintien du statu quo sur le conflit israélo-palestinien est « dangereux » pour Israël. Le maintien du statu quo pourrait même avoir des conséquences plus graves qu’une réunion non réussie. « Je suis parvenu à la conclusion qu’il n’était plus possible de maintenir le statu quo entre nous et les Palestiniens », a-t-il déclaré.

Selon Guy Senbel, de Guysen International News, la rue israélienne s’inquiète de voir ainsi partir un Premier ministre qui donne l’image de brader la sécurité d’Israël, dans l’absence de concertation claire et de déclaration d’intention précise. L’analyste écrit : « Annapolis apparaît comme le théâtre des solutions à mettre en place pour résoudre le légendaire « conflit » israélo-palestinien, comme si chaque concession territoriale ou financière israélienne réalisée depuis ces vingt dernières années n’avait pas compté ».

Cette affirmation de Guysen International News est par contre contredite par un sondage . En effet, une très large majorité d’Israéliens (près de 70%) soutiennent la Conférence sur la paix au Proche-Orient d’Annapolis parrainée par les États-Unis mais n’en attendent aucun résultat pour la résolution du conflit israélo-palestinien, selon un sondage publié la semaine dernière par le quotidien « Yediot Ahronot ». Du côté de la Palestine, un peu plus de 70% des Palestiniens interrogés souhaitaient que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas participe à ce sommet mais 57% ne pensent pas que ce sommet permettra un quelconque progrès dans le processus de paix. Il reste des douches de résistance du côté de Gaza : plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi dans la Bande de Gaza contre la tenue de la conférence sur le Proche-Orient, craignant que de telles négociations ne puissent être profitables pour les Palestiniens.

Les ministres de la Ligue arabe ont finalement décidé de venir à Annapolis, expliquant que leur participation a aussi pour but de s’assurer que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, affaibli, ne soit pas conduit à des concessions trop importantes à Israël. Les pays arabes ne soutiendraient aucun accord qui ne comprendrait pas un retour de tous les territoires conquis par Israël lors de la guerre des Six jours de 1967. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saud al-Faysal, a confirmé la présence de son pays, l’Arabie Saoudite, à Annapolis tout en avertissant les autorités américaines que : « nous ne sommes pas prêts à participer à un show théâtral, avec des poignées de mains et des réunions qui n’expriment pas de positions politiques ». La Syrie, adversaire de longue date de l’État juif, a annoncé vendredi que les États-Unis avaient accepté d’inscrire la question du Golan à l’ordre du jour d’Annapolis, mais qu’elle réservait sa participation éventuelle à la lecture du programme des discussions.

Guy Senbel, de Guysen International News, écrit : « l’expression « conflit israélo-palestinien » est devenue caduque depuis que les Palestiniens sont partagés entre les terroristes, les partisans de la guerre permanente contre Israël d’une part et les modérés qui désirent l’instauration d’un État sur des bases démocratiques d’autre part. Hamas et Fatah sont même en guerre, terrible et sanglante. […] Israël aujourd’hui n’est pas en conflit avec l’Autorité palestinienne. […] Olmert et Abbas affirment désormais se battre ensemble contre le Hamas et les mouvements terroristes palestiniens ».

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