samedi 1 septembre 2007

Videotron régresse, Internet progresse, le client encaisse

Au Japon, plus 90% des foyers ont une climatisation, près des deux tiers des 48 millions de foyers nippons sont abonnés à un service d’accès à haut-débit par ADSL, câble ou fibre optique (FTTH) et 95% de l’ensemble est dans une zone couverte par au moins l’une de ces technologies. En 2010, 30 millions de maisonnées devraient avoir souscrit un abonnement par fibre (FTTH), en plus des millions d’autres se contentant du câble ou de l’ADSL. Par ailleurs, la taille moyenne de l’ensemble des foyers ne cesse d’augmenter et leur équipement d’origine de se sophistiquer.

Le développement de la fibre optique dans le monde est incontestable : l’Asie décroche le premier rang, selon un rapport du FTTH Council. Hong Kong, la Corée du Sud et le Japon sont les leaders mondiaux en termes de connexions par fibre optique à domicile (FTTH), selon un classement mondial effectué sur la base des travaux conjoints menés par les branches régionales du FTTH Council (Asie-Pacifique, Europe, Amérique du Nord). Selon le premier classement officiel des déploiements FTTH, Hong-Kong mène la danse avec 21,2 % des foyers connectés par fibre optique, suivi de la Corée du Sud avec 19,6 % et du Japon avec 16,3 %. Les pays scandinaves occupent les trois places suivantes, avec la Suède (7,2 %), le Danemark (2,9 %) et la Norvège (2,5 %). Taiwan, l’Italie, la Chine, les Pays-Bas et les États-Unis ferment la marche avec des taux de pénétration compris entre 1,4 et 1 %.(Vnunet)

La France comptait fin juin 14,2 millions d’abonnés à l’Internet au haut débit, selon les chiffres publiés par l’Arcep. Toutes les lignes téléphoniques (métropole et Dom) sont aujourd’hui théoriquement raccordables" en internet haut débit, rapporte l’Arcep. Par ailleurs, France Télécom a indiqué lundi être en discussion avec les grandes maisons de disques dans le but de proposer à ses abonnés haut débit en France le téléchargement de musique illimité.

L’unique câblo-opérateur français, Numericable, rend la fibre optique accessible à plus de 1,1 million de foyers. Numericable a indiqué à Reuters que le groupe investissait 200 millions d’euros par an dans son réseau de fibre optique, soit un total de 800 millions entre 2006 et 2009. Numericable ne veut pas jouer les modestes : « Nous sommes, serons et resterons de loin les leaders de la fibre optique en France », a affirmé Olivier Gérolami, directeur général de l’opérateur. Numericable a annoncé avoir franchi le cap du million de prises raccordées à la fibre optique en France. Depuis 2005, le câblo-opérateur a pu effectuer des investissements massifs pour déployer la fibre optique à grande échelle, fait sans précédent en France. C’est un triple enjeu, industriel, technologique, mais aussi de société pour le pays. Selon l’hebdomadaire l’Express : « le câblo-opérateur propose un forfait « Net ultra haut débit », facturé 29,90 euros mensuels (45 $CN), et qui comprend un débit descendant de 100 Mbit/s, la location du modem, 30 adresses e-mail et 500 Mo par boîte e-mail. Le débit montant est limité à 5 Mbit/s, ce qui en décevra plus d’un, mais le plafond de 50 Go de données mensuelles échangées a, lui, été supprimé. A ce tarif, la télévision et la téléphonie illimitée ne sont pas incluses ». Il a également annoncé l’arrivée d’un kiosque de vidéo à la demande, en partenariat avec Canal Play ou Arte VOD, à compter de fin septembre. Il proposera à ses clients des formules d’abonnement.

France Télécom (Orange) de son côté poursuit le « prédéploiement » de son offre fibre optique FTTH ( fiber to the home) dans plusieurs villes ou arrondissements de France. Les fibres installées seront également ouvertes aux autres opérateurs. Le client pourra choisir son opérateur selon les différentes offres proposées. L’offre sera triple : avec 100Mb/s en réception et 10Mb/s en émission, le client bénéficiera de la téléphonie illimitée, la réception TNT, l’accès à la Vidéo sur demande maison 24/24 et les bouquets Canal. Prix de base : 44,90 euros (64.86 $CN).

Par ailleurs, France Télécom a indiqué être en discussion avec les grandes maisons de disques dans le but de proposer à ses abonnés haut débit en France le téléchargement de musique illimité. « Nous sommes en discussions avec les grands labels dans le but de proposer le catalogue le plus fourni possible », a déclaré une porte-parole de l’opérateur historique de télécommunications.

Neuf Cegetel offre pour sa part 100Mbit/s ainsi que la possibilité de regarder plusieurs chaînes en HD (multi- channel) dans plusieurs pièces (multi-room) au tarif désormais normalisé de 29,90€ (43.19 $CN) par mois. La technologie choisie sera celle de la FTTH ( fiber to the home). Le FAI promet déjà un million de logements raccordés à cette technologie dès la fin 2009 et 250 000 clients connectés.

Après Orange, Neuf Cegetel et Numericable, le groupe Iliad (la maison mère de Free) annonce le lancement de son offre très haut débit en fibre optique. Les freenautes de deux arrondissements parisiens vont découvrir les joies d’un débit annoncé à 100 Mbp/s en réception et de 50 Mbp/s en émission L’opérateur ne changera pas sa formule. Le tarif historique ne bouge pas d’un centime : pour 29,99 euros (43.19 $CN) par mois l’abonné aura accès à un confortable 100 Mb/s en voie descendante et à 50 Mb/s en upload (FTTH ou point à point). L’offre comprend également l’abonnement téléphonique (dégroupage total), les appels fixes illimités, un bouquet de chaînes de TV à travers 2 boîtiers Freebox (la Freebox Optique et la Freebox HD et son magnétoscope numérique). Iliad a annoncé qu’il comptait investit 1 milliard d’euros dans la fibre d’ici 2012. Plusieurs analystes estiment que toutefois que l’offre de l’opérateur possède des atouts indéniables d’un point de vue technique et tarifaire. Malheureusement elle reste réservée à une clientèle très faible puisque cantonnée aux 15e et 20e arrondissements de Paris.

Fait intéressant à noter : les opérateurs (FAI) se vouent les uns les autres une forte concurrence. La fibre optique est un nouveau sujet de conflit entre France Telecom et Free. Selon les informations du Nouvel Observateur, la filiale d’ Iliad a déposé plainte, début juillet, contre l’opérateur historique devant le Conseil de la concurrence. Objet de la discorde : le déploiement de la fibre optique. Free affirme avoir du mal à accéder aux infrastructures du réseau d’Orange, alors que ses premières offres en fibre optique doivent voir le jour à la rentrée. France Telecom (Orange) possède un grand nombre d’infrastructures en ce secteur. Mais elle poserait une condition à la location de l’infrastructure : sa disponibilité. Or, dans la majorité des cas, FT décline les demandes de location pour indisponibilité. Si France Telecom a en effet décidé d’ouvrir cette location, du moins sur le papier, l’initiative aura eu surtout pour effet de contrecarrer les plans d’investissements des acteurs en matière de fibre optique. Des projets qui entrent nécessairement en concurrence avec ses propres initiatives.

Aux États-Unis, Verizon a investi des milliards pour amener la fibre optique directement dans les foyers, dit M. Grant. Ça prendra au moins 10 ans, mais ce sera un excellent investissement. Bell investit discrètement du côté de la fibre optique. Mais pour le moment, le câble de Vidéotron est plus rapide que le réseau de Bell.

La société américaine Corning vient d’annoncer une nouvelle génération de fibre optique qui va permettre d’accélérer le développement de cette technologie chez les particuliers. Alors que la fibre optique classique est rigide et relativement fragile, la nouvelle technologie de Corning, à base de nanostructures, est aussi robuste qu’un câble de cuivre et environ 100 fois plus souple qu’une fibre classique. Les nanostructures permettent de modifier l’indice de réfraction de la fibre en fonction de l’angle de torsion, ce qui permet de garder un fonctionnement optimal quelle que soit la position de la fibre. Cette technologie devrait permettre d’accélérer le développement de la fibre dans les habitations et dans les immeubles, ce qui pose problème actuellement. Une des raisons de l’utilisation de la technologie VDSL (notamment) vient de la difficulté de câbler des immeubles en fibre optique (comparativement à la classique paire de cuivre). Gros avantage de la technologie de Corning, sa nouvelle fibre est compatible avec les équipements actuels.

Sur le site de Quebecor, l’entreprise Videotron est présentée en ces termes : « Vidéotron est un chef de file en nouvelles technologies, grâce notamment à son système de télévision interactive illicoMC et à son réseau à large bande qui lui permet d’offrir, entre autres services, l’accès Internet haute vitesse par modem câble et la télévision en modes numérique et analogique, la Vidéo sur demande et la télévision haute définition ». Ce que ne dit pas Québécor, par contre, c’est que pour recevoir, en services combinés, la télévision, l’internet (vitesse extrême) et la téléphonie, il en coûtera aux consommateurs environ 150 $ par mois. Rien à voir avec la fibre optique. En matière de convergence, Quebecor ne l’applique qu’au seul marketing de son réseau de télévision, TVA, et de ses publications, Journal de Montréal et Journal de Québec.

Isabelle Dessureault, vice-présidente des affaires corporatives de Vidéotron, déclarait en 2006 : « La nécessité d’exploiter la fibre optique n’est pas aussi grande pour nous, car le câble a encore beaucoup de potentiel. Il suffit de faire les investissements pour élargir la bande passante. En août dernier, Bell a d’ailleurs acheté VDN, un câblodistributeur montréalais. C’est la reconnaissance que notre technologie par câble est supérieure ».

Vidéotron n’en démord pas : « l’avenir appartient aux entreprises qui sauront le mieux regrouper leurs services. La société croit avoir trouvé la formule gagnante. « Nous sommes le seul fournisseur à avoir une approche réelle de guichet unique, dit Isabelle Dessureault, vice-présidente aux affaires corporatives de Vidéotron. Nos préposés sont formés pour tous nos produits. Nous ne fonctionnons pas en silos ».

Sur le site de Vidéotron Service Affaires, on peut y lire que : « l’entreprise possède une dorsale rejoignant la majorité des régions métropolitaines du Québec. Dans son ensemble, le réseau est constitué de 200 000 km de fibre optique à large bande. Les ramifications de ce réseau permettent une connectivité directe avec les réseaux de l’Ontario, de l’est du Québec, des provinces maritimes et des États-Unis. De plus, les nombreux partenariats nous permettent de desservir des clients à travers le monde. Vidéotron Service Affaires offre à sa clientèle la largeur de bande requise pour tout type de transmission ». Ce qui est bon pour les grandes entreprises n’est pas nécessairement bon pour le commun des consommateurs. Version Videotron.

Le chiffre d’affaires de Quebecor s’est établi à 2,3 milliards $, une baisse de 2,3 pour cent par rapport au deuxième trimestre de l’an dernier, principalement à cause des plus faibles résultats financiers de l’imprimeur Quebecor World, qui a vu ses revenus diminuer de 134 millions $, soit 8,2 pour cent, à 1,5 milliard $.

Selon la Presse canadienne, la clientèle toujours croissante de Vidéotron a permis au géant des médias Quebecor d’afficher à son deuxième trimestre un bénéfice net trois fois plus important que celui de l’an dernier, malgré un léger recul de son chiffre d’affaires. Le nombre de clients du service de téléphonie IP a franchi à la fin juin le cap du demi-million d’abonnés, soit 530 700, enregistrant au deuxième trimestre une hausse de 12,3 pour cent par rapport à la même période l’an dernier.

Quebecor a indiqué être prête à investir jusqu’à 500 millions $ au cours des trois prochaines années pour lancer son propre réseau de téléphonie sans fil au Québec. « Nous avons été très clairs jusqu’ici pour signifier que nous allons offrir la meilleure technologie possible lorsque nous nous lancerons sur ce marché, avec les bonnes conditions. Ce montant reflète le coût d’une fréquence et celui d’un très bon réseau », a estimé le président et chef de la direction de Vidéotron, Robert Dépatie.

Alain McKenna, du site Technaute, pose la question : « D’un côté, Vidéotron a formé une Coalition nationale pour obtenir une bande de fréquence et ainsi devenir un opérateur indépendant de réseau sans fil. Son argument : plus de concurrence, plus d’innovation. De l’autre, Vidéotron qui recule en matière d’accès à Internet en limitant son fameux forfait illimité. N’est-ce pas un peu contradictoire ? Pas du point de vue de Vidéotron, évidemment ».

« Le sans fil est un tout autre univers », illustre Isabelle Dessureault, porte-parole du groupe québécois. « Si jamais on lance un réseau sans fil, ce sera un réseau bien distinct ». Contrairement à la bande passante de son réseau câblé, qui doit être partagée pour faire de la place pour la télévision, le téléphone et Internet. Même si les réseaux finissent par se rejoindre au niveau du contenu (la magie d’Internet, bien sûr), l’infrastructure n’est pas la même, explique en essence Mme Dessureault.

La convergence, chez Videotron, est de déshabiller Pierre pour habiller Paul. À compter du 1er octobre, le fournisseur d’accès Internet mettra fin à son forfait haute vitesse Extrême illimité. Le nouveau forfait, qui conserve le même nom, permettra uniquement l’utilisation mensuelle de 100 gigaoctets combinés, donc des gigaoctets à gérer entre le téléchargement et le chargement sur Internet. En facturant un dollar et demi par gigaoctet supplémentaire. Chez Vidéotron, on affirme que cette décision n’affectera qu’une minorité de consommateurs. Une décision qui ne fait pas que des heureux sur les forums Internet. Même si le forfait devient moins intéressant, Videotron conserve quand même le coût du forfait à 64.90 $ par mois pour un engagement d’un an et 74.90 $ sans engagement. Vidéotron, dont le propriétaire Quebecor gère aussi les magasins Archambault et le réseau TVA, affirme ne pas établir cette limite dans le but de contrer le piratage. « C’est certain qu’on fait tous partie d’une même famille, dit Manon Brouillette. Et notre position sur le piratage est claire. Mais cette procédure ne vise pas à contrer le piratage. C’est un autre débat ». Vidéotron n’a pas l’intention de baisser le prix de son abonnement au forfait Internet haute vitesse extrême.

Il y a plus odieux dans ce comportement cavalier de Videotron : l’Union des consommateurs soutient dans sa requête que l’entreprise a décidé « bien avant l’été 2007 » d’abolir les téléchargements illimités. Or, l’entreprise « a omis d’en informer ses clients au moment où ils se sont abonnés ou qu’ils ont renouvelé leur abonnement », écrit-on. La porte-parole Isabelle Dessureault a refusé de préciser à quel moment la décision a été prise par Vidéotron, se limitant à dire que c’est « au cours de l’été ».

Comme plus de 40 000 abonnés à ce forfait, Céline Faucher a appris dernière qu’elle sera soumise à une limite mensuelle de 100 gigaoctets dès le 1er octobre. Et qu’elle devra payer 1,50$ pour chaque gigaoctet supplémentaire. Elle fulmine. « C’est vrai que 100 gigs, c’est beaucoup, mais avec la venue de la télé par l’internet qui ne tardera pas, avec YouTube et les sites du genre, la facture montera vite », a-t-elle dénoncé. Isabelle Dessureault, porte-parole de Vidéotron, dit comprendre la grogne suscitée par la décision de l’entreprise. Mais du même souffle, elle soutient que la vaste majorité des 860 000 abonnés à l’internet profiteront de l’imposition d’une limite aux gros utilisateurs. « C’est une décision d’un fournisseur de masse, pour protéger le réseau et s’assurer que la performance que nous offrons présentement se poursuive », a-t-elle affirmé pendant un entretien téléphonique.

Pour bien montrer le respect de cette entreprise, Videotron, à l’égard de sa clientèle, Benoît Cauchy s’est fait répondre qu’il devrait payer 120$ pour résilier son contrat. « Je sais maintenant que ce n’est pas vrai pour cette pénalité, car c’est eux qui ont changé les règles du jeu », a-t-il souligné. Damien Cussac, étudiant en logiciel, soutient pour sa part s’être fait dire que seuls les pirates informatiques dépassaient la limite de 100 gigas. « On voit que les consommateurs utilisent les sites de partage et on veut maintenir un service de qualité et un produit fiable », dit Manon Brouillette, vice-présidente au marketing chez Vidéotron.

Vidéotron risque de rater vraiment le virage des nouvelles générations, par manque de vision et au seul motif de protéger sa convergence au détriment du consommateur, et les intérêts de ses actionnaires. Pour information à madame Isabelle Dessureault, vice-présidente aux affaires corporatives, Vint Cerf, l’un des pères fondateurs d’Internet a prédit que la télévision atteindra bientôt son seuil « iPod ». Comme il est tout naturel pour les gens de télécharger leur musique préférée dans leur lecteur MP3, il deviendra bientôt tout aussi naturel de télécharger dans notre ordinateur les émissions que nous voulons regarder. Monsieur Cerf, qui est maintenant le vice-président de Google, ajoute que cette transition sera facilitée du fait que 85 % de toutes les émissions que nous regardons sont préenregistrées ; il serait donc très facile de programmer l’ordinateur pour les télécharger quand nous voulons les regarder. Évidemment, la télé en direct ne disparaîtra pas complètement ; elle est nécessaire pour couvrir les grands événements sportifs et les catastrophes et pour présenter les informations. Le nombre de vidéos téléchargées devrait quadrupler d’ici quatre ans et les fournisseurs préviennent déjà que si cette prévision s’avère exacte, des embouteillages monstres se produiront dans les infrastructures et les utilisateurs en paieront la note. Selon Vint Cerf, c’est de la foutaise ; il ajoute qu’il y a vingt ans, les experts avaient prévu l’effondrement des infrastructures lorsque les gens commenceraient à utiliser Internet en masse.

Pendant que Videotron taxe les internautes de pirates, pour ceux-là qui dépassent les 100 gigas, les décideurs de l’entreprise devraient consulter l’offre de Free TV sur Internet pour réaliser que pendant que l’entreprise de câble stagne, les services augmentent en nombre et en qualité. Cette vision échappe totalement aux administrateurs de Videotron. Viendra un jour où le consommateur pourra se passer de Videotron pour regarder l’avenir.

En terminant, combien ont coûté, en mégaoctets, aux consommateurs de la vitesse extrême de Videotron, la retransmission le 27 août dernier, sur le site de videotron.com/divertissement, la retransmission de la deuxième saison du « lab » de Jean-Marc Parent, constituée de 12 spectacles-web diffusés en direct sur le portail Canoe.ca ?

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