vendredi 8 juin 2007

On peut tuer dès l'âge de neuf ans mais en retour l'espérance de vie ne dépasse guère les vingt ans

Selon la station d’information continue, Info690, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) confirme qu'un gang de rue particulièrement violent a commencé à faire son apparition à Montréal. Les membres du groupe MS-13, connu pour être le plus violent et le mieux organisé de l'histoire des États-Unis, tuent pour tuer, pour se protéger ou encore pour inspirer le respect. Le groupe n'est pas encore implanté et il compte à peine quelques membres qui sont suivis de très près par la police. Mara Salvatrucha ou MS 13, sont les deux noms du gang le plus violent et le plus organisé des États-Unis. « Mara » désignerait une espèce de fourmi qui dévore tout sur son passage. « Salvatrucha » vient de « Salvatrucho » et veut dire jeune combattant salvadorien. Quant à l'origine du nombre 13, il représente d'une part la 13e lettre de l'alphabet, M, associée à la « eMe », la mafia mexicaine avec laquelle MS-13 collabore.


Pour plusieurs observateurs de l’actualité criminelle, les cliques qui composent la Mara Salvatrucha sont terrifiantes. De telles « cliques » sont les cellules d’une mara qui s’installent dans chaque quartier avec l’objectif de contrôler et d’établir des « opérations de choc » contre les bandes rivales, le recrutement de nouveaux membres, la distribution de drogue, le vol et le racket. Elles sont composées de 30 membres au maximum, qui pour la plupart sont des jeunes de 12 à 15 ans. Pour entrer dans une clique, l’aspirant doit supporter une épreuve connue sous le nom de « cortón » qui consiste en une raclée par 6 membres pendant un laps de temps d’environ 13 secondes. C’est ainsi que se règlent également les problèmes de discipline ainsi que la consommation exagérée de drogue destinée à la vente.


Dans cette clique, on peut tuer dès l'âge de neuf ans et l'espérance de vie ne dépasse guère les vingt ans. C'est un gang qui connaît une progression foudroyante : mille membres en 1990, cinquante-mille aujourd'hui. Reconnaissables à leurs tatouages, ces jeunes des quartiers pauvres d'Amérique centrale ont parfait leur éducation à la violence au contact des gangs noirs de Los Angeles.


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Les maras trouvent leur origine aux États-Unis pendant les années 1970 dans un dur contexte de marginalisation et de xénophobie qui a affecté principalement les enfants des immigrants mexicains et centre-américains. Plusieurs études expliquent le phénomène comme une forme de survie de ces groupes confrontés aux conditions difficiles que la société américaine leur imposait. Les deux bandes les plus importantes sont apparues dans les rues 18 et 13 de Los Angeles, où elles ont acquis leurs noms : Mara 18 et MS-13 ou Mara Salvatrucha (MS). Le phénomène a atteint l’Amérique centrale à la fin de la guerre froide, quand les États-Unis ont réalisé leurs premières déportations massives d’immigrants illégaux vers les pays qui avaient échoué dans leurs expériences révolutionnaires après la chute du bloc socialiste.


Au début des années 1980, comme l’explique la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du gouvernement du Canada, qui s’est penchée sur la question de la bande Mara Salvatrucha, une violente guerre civile, qui allait durer pendant plus de 12 ans, éclate en El Salvador. Environ 100 000 personnes sont mortes et plus de un million de Salvadoriens s’enfuient vers les États-Unis. Les réfugiés et immigrants salvadoriens s’installent en premier lieu dans le sud de la Californie et à Washington, D.C. Leur arrivée, dans les rues du quartier Rampart de Los Angeles, n’est pas acceptée immédiatement par la communauté hispanique locale. Par conséquent, vers la fin des années 1980, quelques réfugiés membres de La Mara et du FMNL fondent, à Los Angeles, la bande de rue Mara Salvatrucha (MS).


La Mara Salvatrucha s'est initialement formée à des fins de protection mais elle se taille rapidement la réputation « d'être organisée et extrêmement violente ». Ses activités vont du trafic de drogue à la vente d'armes, du racket au grand banditisme. La Mara Salvatrucha a tendance à être mêlée à davantage d'activités criminelles que les autres cliques criminelles : vols d'automobiles, vente de stupéfiants, contrebande d'armes, détournement de voitures, meurtre, viol, intimidation de témoins, vente illicite d'armes à feu et voies de fait graves. En matière de stupéfiants, la Mara Salvatrucha vend des drogues usuelles comme la cocaïne, la marijuana, l'héroïne et la méthamphétamine. Elle impose même une « taxe » aux prostituées et aux narcotrafiquants non-membres de la bande qui travaillent sur son « territoire ». L'omission de payer entraînera fort probablement de la violence.


Le général mexicain Jorge Carrillo Olea, spécialiste en sécurité nationale, prévoyait en 2005 que la Mara se transformerait en un phénomène touchant des dizaines de millions de désœuvrés émigrant de par le monde en essayant de se construire une vie, là où c’est impossible, « à moins que nous ne nous libérions du libre-échangisme et de la globalisation ». Les représentants des gouvernements de l’Amérique Centrale et du Nord tiennent fréquemment des réunions d’urgence sur la sécurité, dans le but de freiner la prolifération rapide de ces groupes. Il s’agit de gangs transnationaux essentiellement composés de jeunes d’Amérique centrale victimes du chômage, et désormais liés au crime organisé.


Les membres de la Mara Salvatrucha se distinguent par leurs tatouages. Le crâne rasé, le front, les joues, le cou et les membres tatoués de caractères cabalistiques ou des lettres MS-13, signe de leur appartenance, ils font fuir sur leur passage les résidents du quartier, effrayés à la vue de ces marauds sans foi ni loi. Il existe beaucoup de bandes hispaniques, notamment la Mara Salvatrucha, qui utilisent le chiffre « 13 » de même que les termes sureno et SUR pour s'identifier, y compris des gangs de rue et de prison de l'extérieur de la Californie. Les tatouages, propres à la bande Mara Salvatrucha, formés des lettres « M » ou le « MS », en plus du « 13 » ou du « SUR ». Un autre tatouage usuel est le « Salvadorian Pride ». Un membre aura également le nom de sa clique tatoué sur son corps. Les membres de la MS se font aussi tatouer des pentagrammes et d'autres symboles occultes. Ces symboles peuvent semer la confusion et donner ainsi la fausse impression que cette pratique s’inspire du satanisme. Le signe de la main le plus utilisé par les membres de la MS est la lettre « M » formée de trois doigts la main orientée vers le bas. Ce signe peut ressembler au signe de la fourche utilisé par les bandes « Folk et People Nation »du Midwest, pointée vers le haut ou vers le bas. Les symboles utilisés comme tatouages sont aussi utilisés dans les graffitis et les écrits personnels.


La Mara Salvatrucha est présente dans trente-trois États américains et conquiert chaque année de nouvelles contrées. Depuis qu'elle s'est formée en Californie et à Washington, D.C., la Mara Salvatrucha a étendu ses activités en Oregon, en Alaska, au Texas, au Nevada, en Utah, en Oklahoma, en Illinois, au Michigan, à New York, au Maryland, en Virginie, en Géorgie, en Floride, au Canada et au Mexique. La MS se distingue des autres bandes de rue traditionnelles des États-Unis par les liens qu'elle entretient avec des membres et des factions de la MS en El Salvador. La Mara Salvatrucha est véritablement une bande internationale.


Les membres de la bande de la Mara Salvatrucha restent en contact avec les groupes aux États-Unis et en El Salvador pour plusieurs raisons particulières. En El Salvador, une grenade à main se vend entre 1 et 2 $US et un fusil M-16 se vend entre 200 et 220 $US. Ce contact et les alliances permettent aux membres de la bande MS d'avoir accès à des munitions de style militaire, ainsi que d'établir un réseau de trafic illicite d'armes à feu aux États-Unis.


Deux événements ont, en 2004, jeté une lumière crue sur la Mara. À moitié dévêtu, le torse rongé par des animaux sauvages, le corps meurtri et sodomisé de Javier Calzada, 21 ans, a été retrouvé un matin de 2004 par le sergent Alan Patton dans une forêt du Texas. « On aurait dit une scène de film d'horreur », confiait peu après l'officier de police. Quelques mois plus tard, le cadavre violé de Brenda Paz, 17 ans et enceinte, était découvert sur les rives de la rivière Shenandoah, en Virginie. Membre de MS-13, c'est elle qui avait attiré Javier Calzada, un jeune homme innocent qu'elle avait choisi au hasard dans la rue, vers le piège infernal. Arrêtée peu après par la police, elle avait été contrainte d'intégrer le « witness protection program » et s'était transformée en informatrice, un « crime » que le gang ne pardonne jamais.


A peu près à la même époque, à des milliers de kilomètres de là, au Honduras, un bus transportant 28 passagers était bloqué le long de la route par le gang. Armés de mitraillettes et de grenades, les maras allaient massacrer hommes, femmes et enfants et envoyer le message suivant au président Ricardo Maduro : « Attaquez-vous à nous et nous continuerons les tueries ».


La police et les tribunaux ont adopté deux méthodes principales afin de s'attaquer aux activités criminelles de la MS : arrestation/détention et déportation. Entre avril 1994 et août 1995, le Service d'immigration et de naturalisation (Immigration and Naturalization Service - INS) a arrêté et déporté en El Salvador plus de 100 membres de la bande MS. Actuellement, nombre de membres de la bande Mara Salvatrucha vivent clandestinement aux États-Unis et craignent d'être déportés. Si un membre de la bande est déporté en El Salvador, il risque d'être attaqué par l'escadron de la mort Sombra Negra (l'Ombre noire). La Sombra Negra et des groupes semblables sont légendaires en Amérique centrale. Les membres de bandes, de même que les citoyens, pensent que la Sombra Negra est composée de policiers et de militaires rebelles qui prennent pour cible les criminels indésirables et les membres de bandes afin de faire « justice » eux-mêmes. Tandis que l'existence de ces escadrons de la mort est officiellement niée par les gouvernements des pays de l'Amérique centrale, beaucoup de membres de la MS aux États-Unis croient en leur existence et craignent d'être ciblés par ces escadrons après leur déportation. Les membres honduriens de la bande MS craignent la même chose. La Sombra Negra a revendiqué la responsabilité des assassinats de plusieurs membres de la bande MS en El Salvador. L'existence ou la croyance en l'existence de ces escadrons de la mort pourrait aussi fortement motiver les membres radicaux de la bande MS à venir aux États-Unis (Valdez 2000).


La violence se transpose maintenant à travers certains blogs, comme en témoigne celui-ci.


 


Sources :


Brecha (http://www.brecha.com.uy), Montevideo, 5 mai 2006


Commission de l'immigration et du statut de réfugié du gouvernement du Canada


Forum FNNation