mardi 5 juin 2007

Conjuguer la vie. Dites-moi votre âge et je vous dirai le temps de conjugaison : passé, présent ou futur

Prédire est un art difficile, surtout prédire le futur. (Niels Bohr)


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Réflexions sans but précis. Le droit aux errances philosophiques.


La futurologie, peut-on lire sur Wikipedia, est la science qui étudie les différents scénarios possibles du futur, à partir des données technologiques, économiques ou sociales du passé et du présent, en se basant sur des techniques et des modèles scientifiques. Le terme exclut les prédictions obtenues par des moyens supernaturels, ainsi que celles concernant le court terme (par exemple les estimations sur les fluctuations boursières). C'est une science spéculative.


Il y eut, au début du siècle, le futurisme, mouvement littéraire et artistique qui rejetait la tradition esthétique et exaltait le monde moderne, en particulier la civilisation urbaine, les machines et la vitesse. « Nous, les futuristes, avons comme unique programme l’orgueil, l’énergie et l’expansion nationale », se réclamait le Premier manifeste politique du futurisme. Comme l’indique l’Encyclopédie Ebabylone : « le futurisme est certainement l'un des mouvements d'avant-garde qui a le plus choqué. Il prône en effet l'amour de la vitesse, de la violence, de la machine, le mépris de la femme, la guerre « comme seule hygiène du monde ». C'est aussi l'un des mouvements qui, avec le surréalisme, connaît le plus de guerres internes ». Plus qu'un mouvement, le futurisme devient un art de vivre. Le mouvement deviendra art officiel fasciste sous Mussolini et mourra avec ce dernier.


Pour revenir au Manifeste du futurisme, il existe de troublantes ressemblances avec le temps présent et un discours de revendications. Il serait plus simple de dire que l’histoire se répète, par manque de créativité ?


« C'est en Italie que nous lançons ce manifeste de violence culbutante et incendiaire, par lequel nous fondons aujourd'hui le Futurisme parce que nous voulons délivrer l'Italie de sa gangrène d'archéologues, de cicérones et d'antiquaires...


· Nous voulons chanter l'amour du danger, l'habitude de l'énergie et de la témérité.


· Les éléments essentiels de notre poésie seront le courage, l'audace, et la révolte.


· La littérature ayant jusqu'ici magnifié l'immobilité pensive, l'extase et le sommeil, nous voulons exalter le mouvement agressif, l'insomnie fiévreuse, le pas gymnastique, le saut périlleux, la gifle et le coup de poing.


· Nous déclarons que la splendeur du monde s'est enrichie d'une beauté nouvelle: la beauté de la vitesse. Une automobile de course avec son coffre orné de gros tuyaux tels des serpents à l'haleine explosive...


· Une automobile rugissante, qui a l'air de courir sur de la mitraille, est plus belle que la Victoire de Samothrace.


· Nous voulons chanter l'homme qui tient le volant dont la tige idéale traverse la terre, lancée elle-même sur le circuit de son orbite... »


F. T. Marinetti - (Le Figaro le 20 février 1909)


J’ai la vague impression, à écouter nos politiques, à analyser le monde qui nous entoure, à regarder vivre l’humain dans sa sphère d’individualité, à le voir aux prises avec un désir effréné de courir après des objectifs utopiques, que nous sommes soumis à un cycle de redondances dont seule l’histoire en connaît les mécanismes.


L’homme est-il si inquiet qu’il lui faut impérativement connaître ce que le sort, le hasard, la providence, Dieu, Yahvé, Allah, lui réserve demain ? Pourtant, maintenant, dans le présent, ne vaudrait-il pas mieux « vivre simplement pour que les autres puissent simplement vivre », comme le disait Gandhi ?


Je suis arrivé à un âge où prédire l’avenir me fait fuir et où je préfère revoir les grands passages de ma vie à travers des étapes de grand bonheur ou, parfois, de grand malheur.


Comme l’histoire se répète ! (Res repetita placent !) Vivre à la vitesse grand V. S’inquiéter du lendemain pour atteindre un meilleur enrichissement matériel. « Nous tâchons de soutenir [le présent] par l’avenir et pensons à disposer les choses pour un temps où nous n’avons aucune assurance d’arriver. […] Nous ne pensons presque point au présent et si nous y pensons, ce n’est que pour en prendre des lumières, pour disposer l’avenir. Le présent n’est jamais notre but. Le passé et le présent sont nos moyens, le seul avenir est notre objet. Ainsi, nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre; et nous disposant toujours à être heureux, il est indubitable que nous ne le serons jamais » (Blaise Pascal).


Parfois les mots sont éminemment éphémères pour exprimer le présent, suffisamment importants pour exprimer le passé et totalement inutiles pour prédire l'avenir.



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