jeudi 3 mai 2007

Ehoud Olmert et Paul Wolfowitz - La laideur du pouvoir

N'oublie pas de montrer ma tête au peuple : elle est bonne à voir !


Georges Jacques Danton



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L’attrait du pouvoir


Deux rapports accablants remettent en cause deux hommes de pouvoir : Ehoud Olmert et Paul Wolfowitz. Dans le premier cas, c’est un homme de pouvoir qui doit son poste à une élection. Dans le deuxième cas, c’est un homme de pouvoir qui doit son poste à une nomination. Les deux rejettent tout appel à la démission dédaignant les erreurs qu’on leur impute.


Ehud Olmert


Une commission d’enquête, présidée par l'ancien juge de la Cour suprême Eliyahu Winograd, désigne Olmert, Peretz et l'ancien chef d'état-major Dan Halutz comme les premiers responsables de l'incapacité d'Israël à vaincre le Hezbollah, lors de la guerre du Liban : « Le Premier ministre a agi avec précipitation sans prendre l’avis de personnes plus expérimentées ». « Nous estimons que le Premier ministre est responsable, tant sur le plan professionnel que personnel, de graves défaillances dans les décisions qui ont été prises ainsi que dans le processus qui a précédé les opérations militaires ». Mati Ben-Avraham, d'IsraëlValley, écrit : « Des conclusions d’une sévérité sans précédent envers le premier ministre Ehoud Olmert, le ministre de la Défense Amir Peretz et l’ancien chef d’état-major Dan Haloutz. [...] En traduction libre, sans prendre de gants, la commission Winograd a qualifié le trio de charlatans ».


La réponse du Premier ministre Olmert : « C'est un rapport très dur qui traduit les échecs, notamment de la direction politique de ce pays et moi en tête, mais je ne pense pas qu'il soit opportun que je démissionne. Nous allons agir pour appliquer immédiatement les recommandations de la commission ». Le slogan du Premier ministre pour sa survie : « seuls ceux qui se trompent sont à même de corriger les erreurs! ».


Paul Wolfowitz


Paul Wolfowitz, 63 ans, est arrivé à la tête de la Banque Mondiale en juin 2005. Il a été nommé par le président Georges W. Bush. Il était auparavant secrétaire adjoint à la Défense dans l'administration Bush et à ce titre l'un des principaux architectes de la guerre en Irak. Paul Wolfowitz est accusé de népotisme, soit d'avoir favorisé l'octroi d'une promotion et d'une forte augmentation de salaire à sa compagne britannique, employée de la Banque Mondiale. Il a été entendu lundi par le « comité ad hoc » chargé de déterminer s'il a commis une infraction aux règles de la Banque.


M. Wolfowitz s'estime toujours légitime et il a recruté comme défenseur Robert Bennett, l'ancien avocat du président Bill Clinton quand il était accusé de harcèlement sexuel. Ils plaident que le président a été de bonne foi et que « les accusations de conflit d'intérêts sont complètement fausses » : « Je ne démissionnerai pas face à des accusations de conflit d'intérêt de toute évidence fausses. Je ne pense pas que de le faire aiderait les intérêts des pauvres dans le monde entier qui sont censés être notre principale préoccupation […] Le but de cette campagne de calomnie, je crois, est de chercher à donner raison à une prophétie selon laquelle je serais un dirigeant inefficace et devrais démissionner pour cette unique raison, même si les charges éthiques (retenues contre moi) sont injustifiées ».


Selon des sources non identifiées citées par le Washington Post, la commission chargée d'étudier l'affaire a conclu à une infraction des règles éthiques mais elle débattrait toujours pour savoir si elle doit recommander sa démission.


L’opinion publique


Le cas de Ehud Olmert


Un vent de fronde souffle à Kadima, le parti d'Ehud Olmert (AFP). Des membres de la formation centriste, y compris des ministres comme la vice-Première ministre, s'entendent pour appeler leur chef à quitter le pouvoir. Le flot de critiques est si fort que pas une voix soutenant le Premier ministre ne se fait entendre à l'exception de la sienne, de ses avocats et de ses proches. Tous les journaux sont unanimes. Les titres vont de « Un pistolet sur la tempe » d'Olmert, en une du Yédiot Aharonot, à « Olmert vers la sortie » pour le Maariv et « Olmert a échoué » pour le Haaretz (AFP).


Selon un tout récent sondage, près de 70 % des personnes interrogées veulent la démission d'Olmert contre 15% qui l'estiment apte à rester en fonction. Les électeurs sortiront dans la rue pour une grande manifestation : ils exigeront la démission du Premier ministre et d'Amir Peretz jeudi à Tel Aviv. Cette manifestation est convoquée par des organisations de gauche et de droite, des associations de réservistes et de familles des quelque 160 soldats et civils israéliens tués lors de la guerre de l'été dernier au Liban.


Un pourvoi a été déposé devant la Cour suprême d'Israël en vue de démettre Ehud Olmert de ses fonctions.


La vice-Première ministre demande au Premier ministre de démissionner. Le ministre israélien sans portefeuille Eytan Cabel a annoncé sa démission du gouvernement d'Ehud Olmert. « A la suite de la publication de ce rapport, je ne peux pas rester dans un gouvernement dirigé par Ehud Olmert », a affirmé Eytan Cabel qui appelle le Premier ministre à la démission. De plus en plus délesté par les siens, la Maison Blanche affirme, après la désignation d'Ehud Olmert comme responsable d'un « échec sévère » dans la conduite de la guerre du Liban en 2006, que le Premier ministre israélien est « essentiel » aux efforts de paix dans le conflit avec les Palestiniens.


Le cas de Paul Wolfowitz


De son côté, Paul Wolfowitz a de plus en plus de difficultés à trouver, à l’exception du président américain Georges W. Bush, des partisans qui le soutiennent. Des pays européens, France et Allemagne en tête, souhaitent sa démission, alors que le soutien des pays nordiques, entre autres, commençait à lui échapper, selon des responsables de l'institution et d'autres sources proches du dossier. Le Parlement européen entend « signifier à Wolfowitz que son retrait serait un geste bienvenu pour éviter que la politique anticorruption de la Banque ne soit discréditée ». Wolfowitz doit affronter de nombreux appels à la démission de la part du personnel de la Banque, mais aussi d'anciens directeurs de l'établissement, d'associations humanitaires et de représentants Démocrates. Un groupe de 42 anciens responsables de l'institution internationale a publié une lettre ouverte dans le Financial Time où ils appellent M. Wolfowitz à se retirer. « Il n'y a qu'une façon pour M. Wolfowitz de poursuivre la mission de la Banque : il devrait démissionner », affirment-ils.


Relativement à l’appui que reçoit Paul Wolfowitz de Georges W. Bush, notons au passage que, pour la première fois, le président américain ne figure pas sur la liste des cent personnalités les plus influentes du monde publiée chaque année par l’hebdomadaire américain Time. « Nous pensons que Bush, à ce moment précis de son mandat, n’a plus autant d’influence que ce que sa charge de président des États-Unis lui confère automatiquement », a expliqué Adi Ignatius, rédacteur en chef adjoint du magazine pour expliquer ce choix éditorial.

Conclusions


Il convient de reprendre ici cette constatation réaliste de Montesquieu : « C'est une expérience éternelle, que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites » (De l'esprit des lois).


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