mercredi 21 mars 2007

Chronique d’un échec annoncé

Un sondage conjoint réalisé par l’agence AP et le centre Ipsos révèle que six Américains sur dix considèrent que la campagne militaire irakienne est une erreur et souhaitent qu’elle se termine le plus vite possible. Selon un sondage réalisé pour la chaîne CNN, seuls un peu plus de 30 % des Américains soutiennent encore la guerre. Ils étaient plus de 70 % juste après le début des hostilités.

Un sondage publié par la BBC révèle qu'une majorité de Britanniques (60 %) croit que la guerre était une erreur. Un peu moins du tiers des répondants estiment qu'elle était justifiée. 55 % pensent que leur pays est moins en sécurité aujourd'hui qu'il y a quatre ans, alors que seulement 5 % affirment le contraire.

Cette erreur historique a déjà coûté à l’Amérique, selon un décompte du site internet Iraq Body Count, la vie de 3.217 de ses soldats, un bilan auquel il faut ajouter 24.000 blessés graves et 500 milliards de dollars pour financer les opérations militaires. Seulement il semble bien que l’heure du paiement définitif n’est pas pour demain. Le montant total pourrait atteindre et même dépasser les 1000 milliards de dollars. Ni la guerre en Corée ni celle au Vietnam n'avaient coûté autant.

Dans une déclaration publiée à l'occasion du quatrième anniversaire de l'invasion de l'Irak, le 19 mars, le pasteur Samuel Kobia, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises (COE) déplore : « la multiplication des carnages et des destructions" due au fait que "les partisans de cette guerre tragique s'obstinent à vouloir atteindre leurs objectifs militaires. « Nous entendons les cris de la population irakienne, des femmes, des enfants et des civils innocents en proie à la souffrance, à l'angoisse et au désespoir », déclare le secrétaire général, en citant des études qui font état de plus de 600 000 victimes irakiennes, directes et indirectes, de la violence engendrée par l'invasion de 2003, ainsi que de plus de 1,6 million de personnes déplacées à la suite de la guerre.

Depuis l'invasion, environ 2 millions d'Irakiens ont fui l'Irak et 1,8 million sont des déplacés à l'intérieur de leur propre pays, selon des données du Haut Commissariat pour les réfugiés des Nations unies.

Le nombre de morts reste difficile à évaluer. Selon le site Internet Iraq Body Count, quelque 58 800 civils sont morts depuis le début de la guerre. Au moins 3205 soldats américains, 132 Britanniques et 124 membres de la coalition ont également perdu la vie.

Plus des 75% des Irakiens estiment qu’ils vivent dans des conditions précaires. On constate également une baisse de 14% dans le soutien à la démocratie et une hausse de 8% en faveur d’un homme fort et d’un État islamique. Quelque 43% des Irakiens jugent leur vie meilleure qu'avant l'invasion de mars 2003, 36% la jugent pire et le reste ne voit guère de différence, selon ce sondage. Surtout, sur les plus de 2000 personnes interrogées, la proportion d'optimistes a fortement chuté en deux ans.

Seulement 18% ont confiance dans les forces de la coalition dirigée par les États-Unis et 86% craignent qu'un membre de leur foyer ne soit victime de la violence, selon un sondage publié par la BBC, les chaînes de télévision américaine ABC News et allemande ARD et le quotidien USA Today. De plus, 53 % des Irakiens disent ne pas faire confiance à leur propre gouvernement, contre 33 % en 2005. En ce qui concerne leur vie quotidienne, les Irakiens se montrent désabusés. Moins de 40 % jugent que la situation générale va s’améliorer, contre 71 % il y a trois ans.

78 % des sunnites interrogés pour ce dernier sondage estiment que l’invasion était absolument une erreur, tandis que 70 % des chiites pensent toujours que le renversement de Saddam Hussein a été positif.

Si quatre Irakiens sur cinq sont opposés à la présence des soldats américains, seulement un tiers veulent qu'ils partent immédiatement.

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Sources

Société Radio-Canada

Yahoo Actualités

Associated Press

IPSOS