dimanche 4 février 2007

La Chine fait des affaires en Afrique, pas de l’humanitaire !

Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, Hu Jintao a fait du continent africain une de ses priorités en matière de coopération. Le président chinois Hu Jintao entame sa deuxième tournée en moins d'un an et sa troisième en Afrique depuis son arrivée au pouvoir. D'ici le 10 février, il aura traversé au pas de charge 8 pays d'Afrique : Cameroun, Namibie, Seychelles, Liberia, Zambie, Mozambique et enfin le Soudan.



Le nouveau secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait demandé au président chinois de soulever la question de l'envoi d'une troupe mixte de l'ONU et de l'Union africaine au Darfour lors de son passage à Khartoum. Avant le début de la tournée africaine de Hu Jintao, un responsable aux Affaires étrangères chinoises avait affirmé que son séjour au Soudan « ne renforcera pas seulement les relations bilatérales mais aussi la paix et la stabilité dans la région ». Dans le communiqué distribué par la délégation chinoise aux journalistes à l’aéroport de Khartoum, il n’était plus question que de consolider les relations amicales et la coopération entre la Chine et le Soudan. « Le Darfour fait partie du Soudan et c'est à vous de résoudre le problème », aurait dit Hu Jintao au président Omar Hassan al Bachir. Le président chinois est en voyage d'affaires et il vient de le rappeler de façon brutale en négligeant les appels de la communauté internationale sur la question du Darfour : le Soudan vend une grande partie de son pétrole brut à la Chine, dont l'économie en pleine expansion consomme beaucoup d'énergie, et lui achète des armes.

Le commerce entre la Chine et le Soudan s'est rapidement développé. Au cours des 11 premiers mois de l'an dernier, il a atteint 2,9 milliards de dollars. La Chine, qui absorbe 60 pour cent de la production pétrolière soudanaise, est déjà le premier partenaire économique étranger du pays. La China National - Petroleum Corporation (CNPC), possède 40 % des actions de la Greater Nile Petroleum Operating Company (GNPOC), qui elle-même contrôle deux des plus importants gisements pétroliers dans le Haut-Nil occidental, au Soudan. La Chine a accepté d'accorder au Soudan un prêt sans intérêt de 12,8 millions de dollars américains et un don de 5,1 millions pour divers projets.

De nombreuses organisations des droits de l'homme ont dénoncé les activités des compagnies chinoises qui ont provoqué des expulsions en masse des populations civiles par l'armée soudanaise. Les Chinois – ils sont quelques milliers dans la région - ont notamment construit le pipe-line qui relie les champs pétroliers du Sud à la mer Rouge et achèvent un barrage sur le Nil. Des milliers d`expatriés chinois travaillent aussi dans le bâtiment.


Le ministre chinois des Affaires étrangères Li Zhaoxing, interrogé, lors de sa tournée en Afrique du 31 décembre au 7 janvier dernier, sur le rapprochement de Pékin avec des pays accusés de violations des droits de l'Homme, notamment le Soudan et la République centrafricaine, avait répondu : « Savez-vous ce que signifient les droits de l'homme? C'est fondamentalement le droit de survivre et de se développer ». Le ministre chinois vient d’effectuer une visite au Bénin, en Guinée équatoriale, en Guinée-Bissau, au Tchad, en République Centrafricaine, en Érythrée, et au Botswana.
La Chine s'installe en Afrique sans prendre en compte les questions des droits de l’homme ou les facteurs écologiques. Elle démontre une non-ingérence et une indifférence complète à l’égard de ces réalités en négociant directement avec des despotes africains qui apprécient le fait qu’aucune condition ne soit exigée aux relations bilatérales, comme c'est souvent le cas avec les pays occidentaux. La Chine s’impose en Afrique par le principe d’investissements paraissant fort généreux.

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