lundi 5 février 2007

Aux armes citoyens ! La santé, plus tard !


Les préoccupations budgétaires de Georges W. Bush pour l’année 2008 : la guerre en Irak, la guerre en Afghanistan et la guerre globale contre le terrorisme. Il faut dire que monsieur Bush a de la suite dans les idées. Le président américain demande au Congrès qu'il lui accorde une enveloppe supplémentaire de 145 milliards de dollars pour le poste des dépenses militaires américaines en 2008.

Le président demandera une somme additionnelle de 100 milliards de dollars – destinée au Pentagone - pour subvenir aux besoins d'une mission en Irak qui ne pourra se satisfaire des 70 milliards déjà accordés. Le budget de fonctionnement du gigantesque ministère américain de la Défense, le Pentagone, sera quant à lui haussé de 10,5 pour cent, ce qui le portera à 481 milliards de dollars.

Pour éviter de creuser davantage le déficit américain, le président Bush propose de supprimer ou de réduire le financement d'une centaine de programmes intérieurs, essentiellement liés aux politiques sociales. Les budgets de Medicare et Medicaid, des programmes d'assurance-santé pour des millions d'Américains à la retraite, pauvres ou handicapés, seront ainsi amputés substantiellement.

D'inspiration libérale, le système d'assurance maladie américain ne repose ni sur le principe d'une couverture généralisée de la population ni sur celui d'un financement public par le biais de prélèvements obligatoires. Il existe trois types de couverture aux États-Unis : l'assurance maladie privée qui est le plus souvent liée à l'emploi, Medicare qui couvre les personnes de plus de 65 ans ainsi que les personnes gravement handicapées, sans considération de revenus, et Medicaid qui prend en charge les familles les plus pauvres


D'après une étude réalisée par l'association Families USA, un tiers des Américains de moins de 65 ans a été privé, entre 2002 et 2003, d'assurance-santé. Au total, près de 82 millions de personnes ont perdu tout remboursement de leurs frais médicaux pendant une période moyenne de six mois. Elles étaient trop jeunes pour avoir accès à l'assurance médicale gratuite (Medicare), réservée aux 65 ans et plus, ainsi qu'aux personnes handicapées, et pas assez pauvres pour bénéficier du programme Medicaid, destiné aux personnes les plus démunies. Les minorités ethniques et les jeunes de moins de 25 ans sont les moins «couverts». Près de 60 pour cent des hispaniques et 43 pour cent des Noirs sont privés de protection médicale. Parmi les Blancs, 23,5 pour cent n'en bénéficient pas non plus.

Selon une autre étude menée par le Commonwealth Fund, menée auprès de 4 350 adultes, 41 pour cent des américains - en âge de travailler - avec des revenus moyens ou modérés, n’ont pas bénéficié d’une couverture d’assurance santé pendant au moins une partie de l’année 2005. Une “augmentation dramatique” depuis les 28 pour cent de 2001,

Pour Sara Collins, qui a participé à l’étude, cela représente une «explosion de la crise de l’assurance chez les personnes à revenus moyens». Pour rappel, 45,8 millions d’américains n’avaient pas la moindre couverture santé en 2004, selon le bureau du recensement américain.

D’autres résultats de l’étude

  • 28 pour cent d’américains n’ont pas bénéficié d’une couverture santé en 2005. Contre 24 pour cent en 2001.
  • Pour les gens qui gagnent moins de 20 000 dollars annuellement, le taux grimpe à 53 pour cent. Il était à 49 pour cent en 2001.
  • 59 pour cent des gens sans assurance et qui souffrent d’une maladie chronique, comme l’asthme ou le diabète, n’ont pas suivi leur médication à la lettre en raison des coûts des médicaments.
  • Pour 41,1 pour cent des américains, le coût a été un facteur d’empêchement pour un rendez-vous chez le médecin. Contre 9,2 pour cent pour ceux qui bénéficient d’une assurance privée.
  • 51 pour cent des femmes qui ne sont pas assurées n’ont pas eu accès à des examens de mammographie en deux ans, contre 22,8 pour cent pour celles couvertes par une assurance.
  • 76,3 pour cent des hommes, entre 40 et 64 ans, qui n’ont pas d’assurance n’ont pas eu accès à des tests pour la détection du cancer de la prostate dans les deux dernières années. Contre 52,2 pour cent pour ceux bénéficient d’une assurance.

Avec l’escalade des frais médicaux, des primes d’assurance et la situation économique morose, de nombreux travailleurs n’ont plus les moyens de payer une assurance. En 2001, 1,4 million d’Américains ont perdu leur assurance santé. Le pire est que la plus grande proportion de ces personnes (soit 800.000 personnes) avait, d’après les chiffres du Census Bureau, des revenus supérieurs à 75.000$ par an.

En 1971, la part de la richesse nationale consommée par les dépenses de santé était de 7,4 pour cent au Canada et de 7,6 pour cent aux États-Unis. Trente ans plus tard elle est de 9 pour cent au Canada, où tous les citoyens sont couverts par les assurances-maladie provinciales, alors qu’elle atteint 14,6 pour cent aux États-Unis, où près d’un sixième de la population (44 millions de personnes en 2002) ne dispose d’aucune forme de couverture. Si l’on y ajoute ceux qui, à un moment au cours des années 2002 et 2003, n’ont pas été couverts, la part de la population ayant peu ou pas accès à l’assurance-maladie s’élève 32,2 pour cent (2) – voire plus de 40 pour cent si l’on inclut aussi ceux qui n’ont pas une bonne couverture. Soit, dans ce dernier cas, un doublement en une dizaine d’années (3).

En 2005 les dépenses militaires ont atteint environ 1,81 trillions de dollars (en valeur actuelle). Elles ont augmenté de 33 billions soit 3,5 pour cent depuis 2004, et de 34 pour cent pour la période 1996-2005. Les États-Unis sont responsables de 80 pour cent des augmentations des dépenses militaires pour 2005, et les dépenses de l'administration américaine représentent environ 50 pour cent des dépenses totales militaires de toute la planète.

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