samedi 3 février 2007

Hérouxville... et les immigrants


On en parle beaucoup. Beaucoup trop peut-être, mais personne n'est indifférent au code de conduite qu'impose à ses futurs immigrants une petite municipalité du Québec : Hérouxville. Courage ou naîveté ? C'est selon. Une chose est claire : Hérouxville est maintenant sur la carte, au premier de l'actualité.

Il faut analyser le cas d'Hérouxville dans son ensemble et non seulement dans ses particularités.
Hérouxville est une petite municipalité du Québec. 1300 personnes l'habitent. Située près de Grand-Mère, en Mauricie, Hérouxville n'a accueilli à ce jour aucun immigrant. Pourtant, son conseil municipal vient d'adopter un code de conduite de cinq pages pour encadrer l'immigration. Il y est expressément dit qu'il est désormais formellement interdit de lapider les femmes, de les exciser et de se promener à visage couvert dans le village. Hérouxville avertit également tout éventuel immigrant que les Québécois ont l'habitude de faire des sapins de Noël, qu'ils se font soigner indifféremment par des hommes ou des femmes, que les viandes de porc et de boeuf se côtoient sur l'étal du boucher et que les garçons et les filles se baignent ensemble dans la même piscine. André Drouin, conseiller municipal à Hérouxville, a réalisé, lui-même, un sondage auprès de 196 habitants du village. A la question : «Croyez-vous que les hommes et les femmes ont la même valeur ?» 193 concitoyens ont répondu oui, il y eût un indécis et... deux non. A la question : «Accepteriez-vous que l'on vous empêche de faire un arbre de Noël ?», la réponse fut unanime : un gros non. A la question : «Accepteriez-vous qu'il devienne illégal de boire de l'alcool ?», il y eût également un autre gros non. A la dernière question : «Croyez-vous qu'un infirmier peut soigner une femme ?», cent quatre-vingt-quatorze personnes sur 196 ont répondu : oui.

Y a-t-il matière à mépris ? Jamais de la vie. Pourquoi des questions simples seraient-elles suspectes aux yeux des bien-pensants urbains et demi-urbains ? Détenons-nous le monopole de la vérité ? Pour ma part, me concernant, je suis convaincu que non. La Municipalité régionale de Comté de Mékinac compte environ une dizaine de petites municipalités, dont bien évidemment Hérouxville. Les élus locaux se posent la question à savoir s'ils ne devraient pas sonder leurs élus (élues) relativement à l'adoption d'une politique d'immigration, non pour la restreindre mais pour la favoriser. L'état de la question est le suivant : toute personne, qu'elle soit urbaine ou immigrante, qui souhaite s'installer dans cette MRC devrait pouvoir apprécier le mode de vie local, les us et coutumes de la région, et les valeurs sacrées et incontournables qu'entendent protéger les citoyens qui habitent, depuis des lustres, ces municipalités. En quoi cette démarche est-elle méprisable ?

Il faut cesser de croire que Montréal et Québec sont le poumon du Québec. Je préfère un poumon en santé en région qu'un poumon malade dans une cité urbaine écrasée. Après avoir habité personnellement en région, mes choix m'ont dicté un retour à Montréal. Je ne regrette pas cette décision mais j'ai, pour la vie en région, le plus grand respect tant pour la géographie qu'elle offre que pour les gens qui l'habitent. Je préfère en conclusion la candeur des habitants d'Hérouxville au scepticisme et à la morosité des urbains par trop bien assis sur leurs préjugés.

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