vendredi 25 mai 2007

L'histoire rattrape KLM

Un reportage accuse la compagnie hollandaise d’avoir permis à des responsables nazis de s’enfuir en Argentine avec des documents falsifiés. La Suisse aurait délivré des passeports de remplacement à ces Allemands. Cyberpresse rappelle qu’un documentaire de la télévision hollandaise, diffusé il y a dix jours, prétend que KLM, la compagnie nationale des Pays-Bas, aurait aidé des nazis à traverser l’Atlantique via la Suisse au moyen de documents falsifiés, voire même sans papiers. A lire : Le Temps

Luc van Dongen est maître assistant d’histoire à l’Université de Lausanne. Son doctorat traite des Allemands, Italiens et Français compromis qui se sont réfugiés en Suisse pour ensuite s’enfuir en Argentine ou ailleurs avec des documents falsifiés. La Suisse n’exigeait pas de visa de sortie et la commission de contrôle alliée n’opérait pas en Suisse. Un arrangement secret aurait donc été passé début 1946 avec Swissair - qui prenait alors les réservations pour KLM et d’autres compagnies - pour que les noms puissent être soumis à la légation américaine : « J’ai reconstitué les trajectoires de 400 à 500 personnes au moyen du Fonds du Ministère public de la Confédération et de mes recherches dans les archives à l’étranger. L’éventail de compromission de ces personnes est large et leur présence sur sol helvétique diffère selon les cas. Certains ont simplement transité pour rejoindre l’Espagne, d’autres ne sont restés que quelques années avant de rejoindre leur pays; dans cette optique, il ne fallait pas fuir trop loin. J’ai également retrouvé des personnes qui se sont installées et qui sont enterrées en Suisse », explique Luc van Dongen. « Les gouvernements français et italien avaient connaissance du phénomène mais ont préféré ne pas ouvrir la boîte de Pandore, en n’enclenchant pas la machine judiciaire. Il y a une certaine ambiguïté. Au regard des accords de cette époque, la Suisse était tenue de renvoyer les personnes accusées d’un délit de droit commun, mais pas dans le cas de raisons purement politiques ».

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