Le 5 mai 2005, Kevin Geldart a quitté sans autorisation l’unité de psychiatrie de l’hôpital de Moncton. Il s’est rendu dans un bar du centre-ville. Son comportement était bizarre. La police a été appelée sur les lieux. Les agents se sont servis de pistolets Taser à décharge électrique pour maîtriser M. Geldart. Sous l’effet des décharges électriques de 50 000 volts, l’homme a perdu connaissance. À son arrivée à l’hôpital, les médecins ont constaté son décès.
Selon l’expert J. Patrick Reilley venu témoigner à l’enquête sur la mort de Kevin Geldart, le pistolet paralysant Taser pourrait être l’arme des policiers qui comporte le moins de risques. Spécialiste de l’hôpital John Hopkins de Baltimore, aux États-Unis, en matière d’effet de l’électricité sur le corps humain et, notamment, de l’utilisation des pistolets paralysants de type Taser, monsieur Reilly a dû admettre que très peu d’études ont été effectuées sur l’utilisation des pistolets paralysants sur les humains. (Radio-Canada)
Depuis juin 2001 jusqu’à ce jour, plus de 212 personnes sont mortes aux États-Unis après avoir été touchées par une arme incapacitante – l’année 2005 ayant fait à elle seule 61 victimes –, et les chiffres continuent de croître.
Amnesty International est en particulier préoccupée par le fait que des personnes vulnérables tels que les enfants, les infirmes, les femmes enceintes et les personnes ayant une maladie mentale soient aussi soumises à ces décharges électriques, qui sont assimilables dans certains cas à de actes de torture ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Le Tazer, c’est cette « arme de poing non létale », un pistolet d’une portée de 6 à 7 mètres qui projette deux fils à aiguilles transmettant une décharge de 50 000 volts et capables de percer une épaisseur de vêtements de 5 cm. La victime reçoit alors une décharge de 50.000 volts qui peut être renouvelée au besoin. Sous le coup de cette décharge, la victime s’effondre au sol, agitée de convulsions. Démonstration.
Le pistolet à décharge électrique Taser X26 avec caméra équipe des policiers dans plusieurs pays comme le rappelle un billet, daté du 7 février 2007, sur le blog français de ce constructeur américain. Selon Amnesty International, « ces pistolets paralysants ont été utilisés par les policiers pour venir à bout d’élèves difficiles, de personnes non armées souffrant de troubles mentaux ou en état d’ébriété, de suspects qui s’enfuyaient après avoir commis un délit mineur ou de personnes ayant eu une altercation avec des policiers ou n’ayant pas obtempéré immédiatement à un ordre. [...] 230 sociétés dans 35 pays fabriquent, distribuent ou font le courtage d’armes à décharges électriques. Huit pays représentent une part substantielle de la production mondiale de ces armes, à savoir la Chine, Taiwan, les États-Unis, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud, la République tchèque, le Mexique et la Russie. […] Amnesty International s’inquiète de ce que les armes à décharges électriques se prêtent aisément aux abus. Aux États-Unis, des policiers auraient utilisé des pistolets Taser contre des personnes qui étaient déjà menottées et maîtrisées ». Autre exemple édifiant.
Aux États-Unis, ces pistolets paralysants et autres armes à décharges électriques sont utilisés par plus de 7000 des 18000 services chargés du maintien de l’ordre. L’augmentation du nombre d’utilisateurs ne cesse de croître tant aux États-Unis qu’au Canada et partout dans le monde.
Cyberpresse nous apprend que 133 agents du métro de Montréal (SPVM) seront munis de ces « pistolets Taser ». Selon le Centre canadien de recherches policières (CCRP) : « il n’existe pas présentement de travaux de recherches ou de preuves établissant une relation de cause à effet dans l’utilisation d’un DAI (pistolet Taser) et la mort ». L’organisme estime que les armes électriques « sont des outils d’application de la loi efficaces et qu’ils sont sécuritaires dans la vaste majorité des cas ». Le métro de Montréal (SPVM) refuse de suivre la recommandation d’Amnesty International, soit la suspension de l’utilisation de cette arme en attendant qu’une enquête indépendante et rigoureuse soit menée sur la dangerosité de cette arme sur la vie humaine. « Nous introduisons graduellement les dispositifs à impulsions depuis 2001. Nous le faisons toujours en nous assurant du respect des règles de sécurité », assure l’inspecteur au service à la communauté de la région ouest de Montréal, René Allard.
Parce qu’il n’existe pas de preuves établissant une relation de cause à effet dans l’utilisation d’un DAI (pistolet Taser) et la mort, est-ce une raison suffisante pour en autoriser son utilisation dans le métro de Montréal ? La réponse est non. Non au Taser. Les Montréalais ont le devoir de contester cette décision des fonctionnaires de la police avant qu’une mort ne vienne démontrer toute l’ignominie. Il faudra rappeler au maire de Montréal qu’un bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil (Abraham Lincoln).
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