Les pays dont certains de leurs ressortissants sont détenus illégalement à Guantanamo feront-ils preuve de la même audace que le Parquet de la capitale bavaroise ? Les États-Unis auront-ils à répondre un jour devant un tribunal international de leurs décisions qui ont mené en droite ligne à un déni des droits humains manifestes depuis le 11 septembre 2001 ? Maher Arar, ingénieur canadien, a été déporté par les États-Unis en Syrie où il a été détenu puis torturé. Après avoir été entièrement disculpé par une Commission royale d’enquête, le Canada a dû présenter ses excuses à monsieur Arar et lui offrir une compensation financière de 10 millions de dollars. Les États-Unis refusent toujours de reconnaître l’innocence de monsieur Arar. Un autre cas s’ajoute à celui de monsieur Arar.
« A notre demande, le Tribunal d’instance de Munich a délivré un mandat d’arrêt contre treize ravisseurs présumés de Khaled el-Masri pour soupçon de séquestration et blessure corporelle grave », a annoncé le Procureur général du Parquet de la capitale bavaroise, August Stern, à la radiotélévision publique NDR. La justice allemande a annoncé avoir délivré 13 mandats d’arrêt contre des agents supposés de la CIA, soupçonnés d’avoir enlevé en 2003 en Macédoine l’Allemand d’origine libanaise Khaled el-Masri, cas le plus notoire de transfèrement secret attribué au service d’espionnage américain. Khaled el-Masri a été arrêté en Macédoine à l’occasion d’un voyage fin 2003. Il affirme avoir ensuite été séquestré, puis remis à des agents américains qui l’ont conduit en Afghanistan, emprisonné, battu, harcelé, puis libéré au bout de cinq mois sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. Selon plusieurs médias, il avait été arrêté à la suite d’une confusion entre son nom et celui d’un homme soupçonné d’être lié aux auteurs des attentats islamistes du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
Washington considère que ses accusations concernent des activités secrètes, que la CIA ne peut ni confirmer ni démentir sans nuire à la sécurité nationale. Quant aux autorités allemandes, elles ne cessent de répéter qu’elles n’ont pas favorisé l’enlèvement, qualifiant « d’infâmants » tous les soupçons sur une contribution active ou un « silence complice» de Berlin.
La question se pose : combien de victimes restent inconnues de ces pratiques inacceptables de la part d’un pays qui prêche la démocratie dans le monde ?
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